Sélection de ressources pour le programme de spécialité LLCER italien de terminale générale
Le programme de langues, littératures et cultures étrangères (classe de terminale) est paru au Bulletin officiel spécial n°8 du 25 juillet 2019.
En classe terminale, le programme de langues, littératures et cultures étrangères en italien se décline dans trois thématiques : «Voyages», «Art du contraste» et «Laboratorio italiano ».
Chaque thématique comprend trois axes d’étude pour lesquels des objets d’étude sont proposés à la fin de ce programme.
En prenant appui sur les compétences acquises en classe de première, on veille, pour chaque thématique, à adopter une approche esthétique du réel conjuguée à une approche philosophique, historique, sociologique et politique. Les grandes dates de la construction de la nation italienne sont identifiées, tout comme les courants stylistiques propres à la langue et à la culture italiennes ainsi que la variété de leur expression (littérature, théâtre, arts visuels et arts graphiques, etc.). Le programme de la classe terminale a en effet pour objectif de porter un regard distancié sur les objets d’étude en favorisant une approche diachronique sans pour autant négliger les problématiques de l’italianité dans un monde contemporain globalisé. Pour servir ce dessein, l’autonomie des élèves et la formation de leur esprit critique sont renforcées : on encourage l’initiative individuelle tout comme les projets collectifs dont témoigne le dossier personnel de l’élève.
Thématique « Voyages »
La littérature de voyage (dite hodéporique) raconte depuis toujours et dans toutes les langues les formes multiples de voyage (découverte, exploration, quête, fuite, errance, exil, etc.). Si longtemps l’Italie fut davantage hôte de ces périples, en tant que terre de conquêtes et d’invasions innombrables au cours des siècles, berceau de vestiges antiques et de la renaissance des arts, laboratoire de la pensée politique et du progrès scientifique, destination privilégiée du très aristocratique Grand Tour et aujourd’hui pôle majeur du tourisme mondial, elle n’en fut pas moins une grande pourvoyeuse de voyageurs, explorateurs, artistes et écrivains en quête de découvertes à travers le monde. Cette tendance, aujourd’hui renforcée par l’accroissement des mobilités et l’universalisation des relations et échanges, a produit un renouvellement particulièrement riche des récits de voyage (narratifs, poétiques, artistiques, iconographiques, cinématographiques) par les auteurs italiens, d’origine italienne, ou italophones d’origine étrangère.
Ainsi se pose en Italie, avec une acuité particulière, la question des frontières qui définissent et structurent le voyage et des identités qui lui préexistent et en découlent. L’Italie est par excellence un espace où depuis toujours on navigue, on franchit, on explore les frontières et où se pose donc avec évidence et complexité la question de l'identité et des identités, que l’on peut décliner et explorer à travers tous les prismes – local, régional, national ou européen ; social, politique et économique ; culturel, artistique et linguistique.
Ces questionnements sont abordés selon trois axes – Terra incognita, Mare nostrum, L’Italie en voyage(s) – dont l’étude permet de traverser, voire transgresser, les frontières entre les genres (fictionnel, poétique, musical, iconographique, cinématographique, etc.), car le voyage invite à réfléchir sur l’adaptation, la représentation, l’interprétation, et à mettre en résonance les thèmes, les lieux, les époques.
Axe d’étude 1 : Terra incognita
Cet axe propose un premier type de voyage : le voyage intérieur qui, par la mise en abyme et la distanciation, permet de mieux se connaître et, ainsi, de connaître l’autre et l’ailleurs.
Qu’il prenne la forme d’un apprentissage (voyage pour se chercher soi-même et se comprendre), qu’il se réalise par le Grand Tour (passage obligé, pour certains écrivains et artistes entre Lumières et Romantisme, comme initiation à la vie) ou qu’il soit un simple voyage de papier (la littérature et l’art comme moyen de voyager dans l’espace et dans le temps), le voyage est un motif récurrent de la culture et de la production culturelle italiennes, tant littéraires que plus généralement artistiques.
Le voyage, réel ou imaginaire, devient une métaphore de la vie et ses étapes caractéristiques (départ, métamorphose, découverte de sa vraie identité, glorification ou renoncement, retour, etc.) permettent de mieux comprendre le monde, voire de découvrir de nouveaux mondes, et parfois même d’en conquérir.
Propositions de ressources de la Clé
- Mario Monicelli, Viaggio con Anita (François Albertini, 10/12/2015). Cette chronique ciné analyse le périple cinématographique de Guido Massacesi, un employé de banque romain, qui se rend au chevet de son père. Pour rejoindre son village natal, il est accompagné d'Anita, une Américaine en Italie depuis quelques jours. Un voyage réel en forme de voyage dans l'histoire familiale.
- Dal viaggio immaginario alla fantascienza : Landolfi, Solmi, Zanzotto "In una rete di linee che si intersecano" (Rosanna Maggiore, 11/09/2015). Dans cet article, Rosanna Maggiore montre de quelle manière le rapport entre le poète lunaire par excellence, Giacomo Leopardi, et les écrivains du XXe siècle change face à une nouvelle phase historique qui voit, entre autres, l’exploration de l’espace et la conquête de la lune. En littérature, on passe du mythe de la lune à sa parodie, du voyage imaginaire à la science-fiction.
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Elsa Morante, L’isola di Arturo (1957) (Caterina Sansoni, 08/11/2018). Fiche de lecture du deuxième roman d'Elsa Morante, Premio Strega en 1957.
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Paolo Cognetti, Senza mai arrivare in cima. Viaggio in Himalaya (2018) (Ninon Chevrier, 16/06/20). Fiche de lecture du roman dans lequel l'auteur milanais relate son voyage au Népal, entre réflexion personnelle et réflexion spirituelle.
Objets d’études |
Références littéraires | Autres références culturelles |
Voyage d'exploration |
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Voyage introspectif |
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Voyage imaginaire |
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Axe d'étude 2 : Mare nostrum
La Méditerranée, Mare nostrum de l’Antiquité, mérite sans aucun doute que l’on interroge son caractère ambivalent : porte de l’Europe et de l’Orient, pont ou barrière entre le Nord et le Sud ? Ces contradictions pourtant indissociables se trouvent concentrées dans un mythe originel, celui d'Ulysse, qui parcourt la littérature et l'art italiens, incarnant tour à tour, voire simultanément, l’aventure, le voyage à la recherche de soi, la soif de savoir, la fascination de l’inconnu, la nostalgie.
Par sa forme et sa position géographique – à la fois condensé d’Europe et porte ouverte sur d’autres continents et horizons –, l’Italie et la Méditerranée qui la baigne sont depuis toujours un carrefour de migrations et un espace d’échanges entre populations et cultures. Territoire profondément multiculturel, longtemps pays de départ, aujourd’hui terre d’accueil, l’Italie cumule un grand nombre de richesses et de paradoxes engendrés par les trajectoires migratoires des Italiens et de ceux qui aspirent à le devenir.
Cet axe permet d’aborder la question du retour et de la distance entre rêve et réalité : réel ou projeté, le retour ne s’accomplit pas toujours de façon positive et demeure souvent à l’état de rêve.
Propositions de ressources de la Clé
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Éléments de réflexion sur "Le chant d'Ulysse" dans Si c'est un homme de Primo Levi (Damien Prévost, 04/11/2011). Cet article propose une analyse et des pistes de réflexion sur un extrait du "Chant d'Ulysse" de Se questo è un uomo. Dans ce chapitre, Primo Levi voyage. Il voyage dans le camp, mais aussi dans sa mémoire à travers le souvenir du chant XXVI de l'Enfer.
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Franco Mimmi, Lontano da Itaca (Maurizia Morini, 16/09/2018). Dans ce roman, le journaliste Mimmi s'intéresse au mythe d'Ithaque et en parallèle à celui d'Ulysse. Il choisit de représenter le héros dans l'univers domestique de l'île.
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Un percorso di lettura attraverso i Poemi conviviali de Pascoli (Francesca Sensini, 14/01/2011). L'article propose en particulier des réflexions sur Il sonno di Odisseo.
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Constantinople / Istanbul dans les récits italiens du XIXe siècle : pratiques d’écriture cumulatives et collectives (Armelle Girinon, 29/09/2017). Ces recherches, qui utilisent comme premiers matériaux les récits nés de voyages ou de séjours prolongés en Orient, visent à analyser les procédés des représentations italiennes de Constantinople / Istanbul au XIXe siècle et au début du XXe siècle.
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Andrea Segre, L'ordine delle cose (2017) (Rosanna Maggiore, Giovanni Gafà, 15/03/2018). Chronique cinéma du film de Segre, dans lequel Corrado Rinaldi, un haut fonctionnaire du Ministère de l'Intérieur italien incarné par Paolo Pierobon, est chargé de gérer les flux migratoires de la Lybie vers l'Italie.
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Lampedusa, le drame de la porte de l'Europe (Emanuela Alice Scialoja, 08/05/2012). Au cours de sa conférence, Alice Scialoja reprend les événements des dernières années qui ont rythmé la vie de l'île de Lampedusa. Évidemment, ces événements sont tous plus ou moins liés aux problèmes des flux migratoires à destination de l'Europe. La décision récente de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, l'accord italo-libyens et la drammatique année 2011 seront évoqués et illustrés par cette journaliste qui est restée de nombreuses semaines sur place et nous livre quelques unes de ses photographies pour illustrer son discours.
Objets d’études | Références littéraires | Autres références culturelles |
Le mythe d'Ulysse |
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Méditerranée, porte de l’Orient, pont entre Septentrion et Midi |
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Partir ? Revenir ? Le voyage, entre rêve et réalité |
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Axe d’étude 3 : L’Italie en voyage(s)
Les multiples voyages dont l’Italie a été tantôt le point de départ, tantôt la terre d’accueil, de façon contrainte ou volontaire, mais encore les innombrables déplacements, incursions, explorations dont elle a été tour à tour le sujet et l’objet impliquent que l’on s’intéresse aux empreintes que tous ces cheminements ont laissées sur le territoire italien, dans ses frontières nationales contemporaines, en-deçà et au-delà de celles-ci, selon les époques abordées.
La question des frontières, réelles ou imaginaires, revendiquées ou contestées, intérieures et linguistiques, a nourri de nombreuses expressions littéraires et culturelles, notamment au sein de la Mitteleuropa. Dans une période plus récente, le rapport à l’espace et la question du déplacement sont à l’origine d’une foisonnante littérature de la migration.
Parce que l’italianité doit être pensée aussi bien en Italie que hors d’Italie, on s’intéresse également aux innombrables ambassadeurs et médiateurs de la culture italienne et du made in Italy (hommes et femmes, idées, œuvres artistiques, patrimoine culinaire, réalisations technologiques, etc.) à travers le monde.
L’on peut enfin étudier la mutation de l’expérience du voyage, devenue pratique du tourisme et du, tourisme de masse, les dégâts engendrés par les politiques volontaristes de valorisation touristique qui ont suscité une contre-culture touristique faite de nouvelles formes de voyage et de consommation plus responsables et durables (écotourisme, agritourisme, Slow Food).
Propositions de ressources de la Clé
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Gianfranco Rosi, Fuocoammare (2016) (Giovanni Gafà, 006/03/2018). Cette chronique ciné propose une introduction au film-documentaire de Gianfranco Rosi consacré aux migrants de Lampedusa
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Intervista a Pietro Bartolo (Rosanna Maggiore, 29/03/2018). Dans cet entretien, Pietro Bartolo, médecin à Lampedusa, revient sur son livre Lacrime di sale et sur le film de Gianfranco Rosi, Fuocoammare
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Mario Rigoni Stern e Primo Levi : due viaggiatori atipici (Armelle Girinon, 14/09/2012). Dans cet article, l'auteure se demande en quoi La tregua, ll sergente nella neve e Quota Albania peuvent être considérés comme de récits de voyage à travers une réflexion sur le voyage comme quête.
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Le seduzioni della guerra (Paolo Giordano, 19/09/2014). Dans ce texte, l'auteur italien revient sur son voyage avec les troupes italiennes en Afghanistan et analyse le rapport entre guerre et littérature.
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Intervista a Carlo Petrini, fondatore di Slow Food (Carlo Petrini, Maurizia Morini, 09/12/2011).
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Carlo Petrini, fondateur de Slow Food : "Le goût et le coût sont-ils compatibles ?" (Carlo Petrini, 01/12/2011). Petrini évoque ici la raison d'être de l'Università delle scienze gastronomiche et nous invite à réfléchir sur la notion "d'externalité négative".
Objets d'études | Références littéraires |
Autres références culturelles |
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Migrations |
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Frontières réelles et imaginaires, revendiquées et contestées |
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L’Italie vue parle voyageur ; le voyageur en Italie |
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Voyageur ou touriste ? |
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Thématique « L'art du contraste »
L’art du contraste, c’est l’art de mettre en valeur, de faire ressortir des caractères, des qualités, des traits par l’opposition des contraires ou des différences, et surtout la mise en relation d’éléments en apparence divergents ou simplement dissonants. Par bien des aspects, l’Italie semble exceller dans l’expression de cette ambivalence : elle a su mettre en résonance les contrastes de ses peuplements successifs au point d’en extraire son identité, ou plutôt ses identités.
En-deçà et au-delà des stéréotypes qui peuplent l’imaginaire comme la réalité de l’Italie, il convient d’interroger ces contrastes pour parvenir à une compréhension fine de ce qu’est l’italianité.
Métaphore ou emblème de ces contradictions mêlées et créatrices, la ville italienne nous invite à observer la communion naturelle entre paysage et culture, entre vestiges du passé et marques du présent, dans une sorte d’évidence qui fait des centres villes des livres d’art et d’histoire à ciel ouvert, où le particulier engage vers l’universel. Cette tension peut être une clé de lecture pour l’ensemble des problématiques contemporaines qui plongent leurs racines dans le passé. Il s’agit de travailler ici sur les facteurs de permanence plus que sur les ruptures, afin de mettre au jour les contrastes féconds qui fondent les identités de l’Italie et des Italiens, entre sacré et profane, rire et drame.
Axe d’étude 1 : Identité et identités
Il s’agit d’interroger et de mettre à distance les clichés sur l’Italie, en prenant soin de marquer les singularités de l’identité italienne, héritées d’un processus de construction, long et mouvementé, parfois paradoxal, parfois chaotique, dont l’issue peut se révéler aussi surprenante qu’harmonieuse.
De nombreuses contradictions et tensions méritent ainsi d’être explorées et aplanies, qu’elles relèvent de la croyance religieuse, du sentiment d’appartenance (à la cité, au territoire, à une communauté), de la représentation des relations et de la distribution des rôles entre hommes et femmes, de l’usage linguistique (langue nationale, régionale ou dialecte) ou encore de la pratique politique.
Il convient également de déconstruire les multiples images d’Épinal (farniente, dolce vita, latin lover, mamma, mammone, velina, mafioso, etc.) qui, derrière l’image d’une Italie apparemment connue de tous, masquent souvent une réalité inconnue ou méconnue, méritant d’être (re)découverte. Il importe d’analyser aussi bien les fondements de ces clichés que leur part de vérité, manifestation d’une réalité sans aucun doute complexe à saisir, afin de démêler les traits qu’ils révèlent, déforment ou omettent d’une italianité ni uniforme ni univoque.
Propositions de ressources de la Clé
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Intervista a Saverio La Ruina (Saverio La Ruina, Maurizia Morini, 10/09/2014). L'acteur, auteur et metteur en scène d'origine calabraise revient sur la question du plurilinguisme de ces oeuvres, écrites en calabrais mais aussi en italien et en français. Il présente son choix d'interpréter de personnages féminins et de mettre en scène la condition féminine méridionale.
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Dario Fo : lettura de L'osceno è sacro (Giorgio Carpintieri, 07/07/2011). Giorgio Carpintieri, directeur du Théâtre Étoile Royale et acteur présente la lecture d'un extrait de L'osceno è sacro di Dario Fo. Il met en évidence la valeur expressive de cette langue "inventée" de Fo, entre iitalien et dialectes, et de laquelle émerge le sens.
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Emma Dante, Via Castellana Bandiera (Maurizia Morini, 05/06/2014). Cette chronique cinéma est consacrée au film d'Emma Dante. Il se déroule à Palerme et met en scène l'affrontement têtu entre les passagers de deux voitures coincées dans une ruelle, celle de la famille de Samira, qui habite de la Via Castellana Bandiera, et celle d'un couple de femmes vivant à Milan et qui se trouve à Palerme pour un mariage.
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Paolo Cognetti, Le otto montagne (2016) (Lucile Drezet, 02/06/2020). Fiche de lecture du roman vainqueur du Prix Strega en 2017.
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Les banderoles des supporters ultras de Rome (Bernadette Tinti, 14/04/2022). Les striscioni affichés par les ultras dans les stades permettent de réfléchir aux spécificités culturelles italiennes : l’ancrage d’une identité plurielle dans des territoires et des langues multiples, des logiques symboliques de représentation de soi et d’autrui, l’importance d’appartenir au groupe, et l’art de jouer avec les mots.
Objets d'études | Références littéraires | Autres références culturelles |
Le Nord et le Sud, |
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Passé et présent dans la ville et dans le paysage |
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Hommes et femmes, réalités et représentations |
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Axe d’étude 2 : Le sacré et le profane
Pendant de longs siècles, L’Italie a hébergé une civilisation dont les multiples dieux étaient accueillis au sein de la communauté des hommes et célébrés par quantité de constructions architecturales, de récits, de rites et de croyances. Elle est ensuite devenue le berceau du monothéisme chrétien, conduisant à une destruction partielle puis à un remodelage, uneréappropriation et une sacralisation du paysage et de l’urbanisme païens.
On ne peut donc s’étonner que cette terre, héritière d’une histoire religieuse contrastée et plurimillénaire, soit porteuse de tensions tantôt destructrices tantôt fructueuses entre sacré etprofane, faisant osciller sans cesse la frontière entre les deux (que l’on pense par exempleau prolongement et aux traces du culte marial dans les grandes figures maternelles, dans les arts, en littérature comme au cinéma).
Les centres villes historiques italiens en sont peut-être le plus éclatant témoignage, puisqu’on y trouve mêlées, emboîtées et juxtaposées, architectures païennes et chrétiennes, puisque leurs édifices religieux et civils, privés et publics, abritent une multitude d’œuvres d’art sacré inspirées de mythes profanes, puisqu’enfin ils sont profondément imprégnés du souvenir de divers cultes et miracles. Ils constituent encore aujourd’hui le lieu, la scène et le décor du Carnaval, des processions et d’autres fêtes, qui opèrent une forme de catharsis salutaire. Enfin, la présence territoriale, institutionnelle et politique du Vatican, résidence du pape sur le sol italien, détermine sans aucun doute un rapport singulier au sacré et au profane, ainsi qu’à la laïcité.
Propositions de ressources de la Clé
- La représentation du "torbido ingegno" de Caravage dans la littérature artistique italienne du Seicento (Ismène Cotensin, 06/03/2012). La peinture en clair-obscur du peintre, sa représentation jugée triviale de certaines scènes religieuses ont choqué nombre de ses contemporains. Son art, mais aussi sa personnalité ont été au cœur de polémiques animées, notamment dans les biographies qui lui ont été consacrées durant le XVIIe siècle. Cet article propose un parcours littéraire, dont le fil conducteur est la représentation du « torbido ingegno » de Caravage, au sein des ouvrages de Vies d’artistes.
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Lea, de Marco Tullio Giordana (2016) (Marco Tullio Giordana, Susanna Longo, 05/03/2017) La Clé propose un entretien avec le réalisateur de Lea à l'occasion de la sortie du film.
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Federico Fellini, Il Casanova di Federico Fellini (1976) (Irène Jacob, Nathalie De Biasi, 06/02/2020). Dans cette présentation du film, Irène Jacob revient sur la genèse du film et sur des anecdotes de tournage, où se mêle Carnaval, libertinage et réflexion sur l'anti-héroïsme du protagoniste.
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La personificazione di Roma : tra fasti e decadenze (Juan Carlos D'Amico, 27/11/2012). Juan Carlos D'Amico propose une conférence sur la personnification de Rome entre le IVe et le XVIe siècle. Il évoque comment ces représentations sont le support d'un discours politique pour cette ville capitale : la Rome antique, la capitale de la chrétienté, les rapports complexes qu'elle entretient avec le Saint Empire Romain Germanique, son évocation chez Dante, Cola di Rienzo, Pétrarque...
Objets d'études | Références littéraires | Autres références culturelles |
Le sacré au service du pouvoir Spiritualité et temporalité Religion d’État, religion dans l’État |
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Terre des miracles |
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Axe d’étude 3 : Le rire et le drame
En Italie, l’art du contraste se décline également dans la tension oxymorique et créatrice qui anime les deux pôles d’un même rapport au réel que sont le rire et le drame. Plus encore, le questionnement sur l’identité et la remise en cause des stéréotypes passent (et se dépassent) par le rire et les larmes, prenant appui sur une capacité singulière des Italiens à l’autodérision, mise en scène avec un humour souvent grinçant (umorismo et/ou autolesionismo) aussi bien au théâtre, à l’opéra que dans la chanson populaire et au cinéma.
Cette aptitude à se moquer de soi va souvent de pair avec une forme d’auto-complaisance, qui n’est pas sans lien toutefois avec un sens aigu du caractère dramatique de l’existence. Le répertoire de la chanson de variété, dont la mélodie simple et entêtante mêle avec emphase mélancolie, passion et rêverie, en est une bonne illustration.
Propositions de ressources de la Clé
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La Clé propose un ensemble de ressources sur Dario Fo
- une communication de Pierre Katuszewski : Penser le théâtre avec Dario Fo
- celle de Marie-José Tramuta : Dario Fo, bête de scène, bête en scène
- celle de Brigitte Poitrenaud : Les choix scéniques de Dario Fo : Une esthétique minimaliste au service d'une exigence éthique
- celle d'Eva Susenna : Texte de théâtre : mode d'emploi
- celle de Jean-Claude Zancarini : Les deux fins de Morte accidentale et leur signification politique
- celle de Stéphanie Laporte : « Dans l'espace scénique vide, une femme ». Une lecture des monologues féminins de Dario Fo et Franca Rame
- une lecture de L'osceno è sacro
- une fiche de lecture du livre d'Adriano Sofri, La notte che Pinelli
- un entretien avec Jean-Claude Zancarini sur le "caso Pinelli"
- une réflexion sur la traduction de La Notte che Pinelli, d'Adriano Sofri
- un entretien Le corps à corps avec le contexte : langue et éthique dans La notte che Pinelli d’Adriano Sofri, par Jean-Claude Zancarini
- Dario Fo : lettura di "Mistero buffo" : une lecture par Giovanni Carpintieri -
Andrea Camilleri, Il birraio di Preston (Franca Pinnizzotto,12/02/2008) : une rélexion sur l'oeuvre et la personnalité de l'écrivain mais aussi sur la particularité de sa langue.
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L'Italia in musica - Indice : un large dossier portant sur la musique en Italie, sur une période allant du début du XIXème siècle aux années 1990. Les différents styles de musique sont illustrés grâce à de nombreux extraits sonores, et les principaux artistes de chaque période sont également évoqués.
Objets d'études | Références littéraires | Autres références littéraires |
La vie comme scène et la vie sur scène |
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Rire de soi-même pour mieux exister
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L'ironie comme élégance |
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Thématique « Laboratorio italiano »
L’Italie comme laboratoire, c’est à la fois un creuset d’influences politiques, esthétiques et scientifiques, mais aussi une forge où elles sont travaillées et expérimentées. De cette forge sont nées des formes au caractère très souvent précurseur, qui a fait d’elles des modèles, voire des contre-modèles maintes fois repris dans le monde.
L’Italie communale du Moyen Âge a ainsi vu naître une forme d’organisation politique, par certains aspects novatrice, qui évoluera au gré des besoins et des rapports de force, créant ainsi un contexte favorable à la théorisation de l’État à la Renaissance (le concept de Stato dans la réflexion machiavélienne en est une des illustrations majeures).
La production artistique, sur le fond comme sur la forme, a elle aussi connu une réception et une fortune exceptionnelles, qu’il s’agisse de l’« invention » du sonnet par les poètes siciliens, des innovations esthétiques et techniques de Giotto, de Leon Battista Alberti et de Léonard de Vinci.
Dans le domaine des sciences, nombreuses sont les figures de mathématiciens, physiciens, médecins qui ont marqué de leur empreinte le développement de leur discipline et contribué au progrès.
Cette fertilité n’est pas l’apanage d’une époque révolue : l’époque contemporaine, par sesmodèles économiques (made in Italy, distretti industriali), sa vie politique intense, complexe et parfois sombre, ses architectes, ses designers, ses stylistes, a montré que le « laboratoire » italien n’a pas cessé d’expérimenter et d’amorcer de nouvelles tendances, heureuses ou malheureuses.
Axe d’étude 1 : Cité et territoire
Depuis la fin de la domination romaine, et malgré l’absence d’unité administrative et politique, la péninsule italienne a néanmoins cherché à s’organiser territorialement, économiquement, politiquement. Elle s’est d’abord construite autour de cités autonomes qui cherchaient à étendre leur territoire aux dépens des cités voisines et réussissaient pour certaines — par exemple, Florence, Venise et Gênes — à exercer une influence majeure en Europe. Bien avant que l’unité italienne soit une réalité, Dante, Pétrarque ou Machiavel aspirent à une « Italie » non fragmentée par une juxtaposition de forces territoriales et politiques et non déchirée par des luttes fratricides. Et paradoxalement c’est dans ce même territoire désuni que le concept d’État (« Stato ») a trouvé ses théoriciens et ses défenseurs.
Les questions de cité et de territoire et les tensions qui en découlent ont alimenté un campanilisme encore vivace aujourd’hui, à l’origine d’une appréhension de l’espace qui distingue et superpose la communauté, le quartier, la ville, la région et la nation. Cependant, loin de toute simplification, les antagonismes naissant de cet état d’esprit n’empêchent pas l’intériorisation et l’expression d’un sentiment d’appartenance à une communauté élargie.
Propositions de ressources de la Clé
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Emilio Gentile, Né stato né nazione – Italiani senza meta (Maurizia Morini, 18/02/2011). Fiche de lecture du livre de Gentile dans lequel il trace un parcours riche et ironique à travers l'histoire italienne pour réflechir aux raisons de la situation actuelle italienne qu'il juge désorientée.
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Florence à l’époque de Dante (Elise Leclerc, 10/06/2021). Article sur Florence en plein essor économique et démographique, ce qui se traduit physiquement sur la ville et par des bouleversements sociaux et politiques qui laissent aussi leur empreinte sur la cité.
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Être italien : voyage dans l’imaginaire national des Italiens (Giovanni Stranieri, 10/10/2022). Réflexion sur le lien entre la construction de l’État italien à partir de 1861 et l'idée d'un imaginaire national.
Objets d'études | Références littéraires | Autres références culturelles |
L’Unité italienne : de la cité au territoire |
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Quels pouvoirs pour quels territoires ? |
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Que signifie « appartenir à un territoire » ? |
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Cités et territoire : entre concurrence et sentiment commun |
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Axe d’étude 2 : Moyen Âge, Humanisme et Renaissance
La fécondité du Moyen Âge italien s’est particulièrement illustrée dans deux domaines : dans la littérature d’une part, grâce aux inventions majeures, thématiques et formelles, de la poésie lyrique (sicilienne, siculo-toscane, stilnoviste, puis pétrarquienne), avec l’ample et inédite narration en vers du voyage ultra-mondain de Dante, avec la naissance de la prose narrative en langue vernaculaire inaugurée par Boccace ; dans le domaine religieux d’autre part, avec l’apparition du franciscanisme qui interprète de façon singulière le messagechrétien originel et participe activement au renouveau pastoral de l’Église.
Berceau de l’Humanisme et de la Renaissance, l’Italie puise dans ce Moyen Âge fécond tout en s’affranchissant de certaines formes de dogmatisme, et redécouvre les sources antiques à travers une démarche philologique nouvelle.
Elle voit se succéder de nombreuses innovations dans les domaines des arts, de la culture, des idées et des sciences. La conjonction de ces champs dans la pensée humaniste est caractérisée par l’érudition et par ses visées universelles. Cette pensée place l’individu au centre d’un monde qu’il a pour tâche d’étudier et de comprendre en s’appuyant sur un savoir qui renverse les hiérarchies disciplinaires et place non seulement les mathématiques et la logique, mais aussi la poésie et l’art au-dessus de la métaphysique et de la théologie.
La représentation du monde devient alors, à travers les arts et le théâtre, en passant par l’invention d’une langue, un moyen pour l’homme de se connaître et, en parachevant ses qualités naturelles, de faire de lui un homme accompli.
Propositions de ressources de la Clé
- Guido Guinizzelli, Guido Cavalcanti e il dire d'amore in rima: lettura e analisi di testi significativi (Donato Pirovano, 21/01/2016). Dans cette communication, Donato Pirovano (Université de Turin) propose une lecture critique des textes de Cavalcanti et de Guinizelli.
- Langue originelle et langue vulgaire entre De vulgari eloquentia et Divine Comédie (Stefano Corno, 10/09/2010). L'article traite de la réflexion sur la langue souvent présente dans l'œuvre de Dante, qu'il s'agisse de la recherche de la langue des origines, du procédé qui consiste à employer dans la Comédie des langues autres que l'italien pour leur confier un message particulier, ou encore de la tentative, dans le traité De Vulgari Eloquentia, de définir le caractéristiques du vulgare illustre.
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La Clizia de Machiavel : une comédie mineure du Cinquecento ? (Fanélie Viallon, 06/11/2020). Cet article met en regard les deux comédies de Machiavel, la Mandragola et la Clizia, représentées en 1526 et 1527.
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Atelier de la SIES sur les comédies italiennes de la Renaissance (Raffaele Ruggiero, 19/11/2020).
Objets d'études | Références littéraires | Autres références culturelles |
Un nouveau discours amoureux |
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Réflexion sur la langue |
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Place de l’homme dans le monde : invention de la perspective |
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Le théâtre à l’italienne : représentation d’un monde nouveau |
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Axe d’étude 3 : Découvrir, construire, inventer
L’histoire de l’Italie est parsemée de grandes découvertes, qu’elles aient été à l’origine mues par le désir de conquête de nouveaux territoires, à l’instar des Romains de l’Antiquité, ou par un désir de faire fructifier les activités et circuler les richesses. Les navigateurs, les marchands, les architectes, plus tard les industriels et les designers ont laissé des traces jusqu’aux confins du monde, révolutionnant parfois nombre de pratiques. Moyen Âge et Renaissance marquent une floraison des arts, en particulier de l’architecture qui a modifié le paysage urbain des villes et des campagnes italiennes, non sans faire des émules dans le monde entier.
Des grandes inventions scientifiques et techniques modernes à l’industrialisation de la société, de la production d’objets de design et de consommation de masse à la construction de grands ouvrages, l’époque contemporaine italienne est marquée par l’invention, la créativité et l’instauration d’une nouvelle relation entre l’art, l’artisanat et l’industrie. Le futurisme, en exaltant la vitesse, le dynamisme et l’énergie, a fourni un patrimoine divers et raffiné d’objets à la fois techniques et artistiques, donnant ainsi ses lettres de noblesse à la grande industrie. Sous l’ère fasciste, la politique volontariste du régime dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme a laissé une empreinte encore visible aujourd’hui dans degrandes villes (Rome, Milan, Turin) comme dans des cités créées ex nihilo (Carbonia, Littoria/Latina).
Le boom économique et l’industrialisation ont produit la « civilisation des machines », louée par certains écrivains et artistes, mais aussi une forme de déshumanisation dénoncée par d’autres. Le design italien a fait entrer l’art dans la vie quotidienne en proposant une stylisation d’ustensiles et d’objets destinée à embellir l’habitat tout en ne renonçant pas à la fonctionnalité. À travers les concours internationaux, les architectes italiens n’ont pas seulement modifié le paysage urbain de la péninsule mais ont aussi disséminé leurs œuvres par-delà ses frontières. Plus récemment, les architectes, ingénieurs et artistes ont su intégrer les préoccupations liées à la dégradation de l’environnement et impliquer les citoyens, en considérant l’architecture comme partie d’un écosystème urbain.
Propositions de ressources de la Clé
- Le Navigationi et viaggi de Ramusio : écrire le monde à Venise au XVIe siècle (Fiona Lesjone, 27/04/2015). Cette communication porte sur le géographe vénitien de la Renaissance Giovanni Battista Ramusio, auteur du recueil des Navigationi et viaggi publié en trois volumes entre 1550 et 1559. Ramusio ayant également été secrétaire de Chancellerie de la République de Venise pendant plus de cinquante ans, elle s’attache à identifier les liens entre ses fonctions professionnelles et son activité personnelle de géographe.
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La fin de l'humanité comme utopie (Amélie Aubert-Noël 05/01/2017). Cet article analyse les rapports possibles entre une narration apocalyptique mettant en scène l'élimination concrète (voire désirée) de l'humanité et la persistance d'un élan utopique, d'un espoir en l'avènement d'un monde nouveau et meilleur. Une réflexion sur la déshumanisation dans les dystopies.
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Paolo Volponi, Il pianeta irritabile (1978) (Amélie Aubert-Noël, 19/11/2016). Il pianeta irritabile (Einaudi, 1978), tout en présentant d’évidentes continuités thématiques et stylistiques avec les œuvres précédentes de Volponi, et en particulier avec Corporale, se détache par son appartenance à un genre littéraire inattendu, celui de l’anticipation. Dès les premières pages, le lecteur est en effet propulsé dans un monde dévasté par une série de guerres nucléaires et parcouru par de très rares survivants.
- Dante dans la pensée républicaine florentine (Coluccio Salutati, Leonardo Bruni) (Laurent Baggioni, 13/10/2014). L'article analyse la place de la lecture de Dante dans leur redéfinition de l’éthique républicaine, à une époque de profonde transformation du gouvernement florentin, qui évolue vers une forme oligarchique.
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Atelier de la SIES sur Galilée (Raffaele Ruggiero, 21/10/2022)
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Pour citer cette ressource :
Sélection de ressources pour le programme de spécialité LLCER italien de terminale générale, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), juin 2020. Consulté le 21/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/italien/se-former/programmes-denseignement/une-selection-de-ressources-de-la-cle-italienne-pour-le-programme-de-langues-litteratures-et-cultures-etrangeres-de-terminale-generale