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Être italien : voyage dans l’imaginaire national des Italiens

Par Giovanni Stranieri : Professeur de langue et culture italiennes - Classes préparatoires aux grandes écoles, lycée Claude Fauriel, Saint-Étienne
Publié par Alison Carton-Kozak le 10/10/2022

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La construction de l’État italien à partir de 1861 a été accompagnée et justifiée par la fixation progressive d’un roman national. Cette narration sera poussée jusqu’à la caricature et à l’imposture par le fascisme tout-puissant, ce qui explique la longue phase de mise en sommeil des thèmes de la patrie, de la nation et de l’identité nationale, qui coïncide avec les quatre premières décennies de l’après-guerre. Puis, au début des années 1990, la réflexion sur ce qu'"être italien" signifie est devenue un sujet de discussion et de clivage à tous les niveaux de la société.

Introduction

En Italie, pendant la Guerre froide, les thèmes de la patrie, de la nation et de l’identité nationale ont connu une longue phase de mise en sommeil voire de refoulement. Puis, au début des années 1990, la réflexion sur l’histoire, la définition et les limites de ce qu' "être Italien" signifie a soudainement essaimé des cercles académiques pour devenir un sujet de clivage à tous les niveaux de la société, des débats parlementaires aux ragots de comptoir (Isneghi 2006).

Ainsi a-t-on vu, d’abord, exploser une inédite "question septentrionale", les succès électoraux de la Lega Nord poussant au paroxysme une opposition Nord-Sud qui constituait la mauvaise conscience et l’échec cuisant de la construction de l’État-nation issu du Risorgimento. L’unité de la nation a été radicalement remise en question, à la fois sur le plan de l’histoire et sur ceux, plus concrets et douloureux, de l’architecture institutionnelle et de la redistribution des ressources qui ont été repensées dans le sens d’un fédéralisme de fait. Parallèlement, quatre millions d’étrangers sont venus s’installer dans un pays qui n’avait jamais connu d’immigration massive et plus d’un million d’enfants issus de parents étrangers sont nés sur le sol italien. Ce phénomène a fini par oblitérer le précédent, ce que reflète – entre autres – la transformation de la Lega Nord sécessionniste (le nom complet du parti depuis 1997 étant Lega Nord per l’Indipendenza della Padania), anti-méridionale et anti-italienne, en principal parti souverainiste, arborant le drapeau de la défense de tous les Italiens face à la "submersion migratoire". Aussi la société italienne est-elle en passe de devenir une société multiculturelle et métissée mais elle peine à s’adapter aux évolutions et aux accélérations dues à la globalisation économique, aux crises financières et aux bouleversements géostratégiques en cours.

En 2011, la célébration des 150 ans de l’État italien, ponctuée d’expositions, colloques et commémorations qui ont duré toute l’année, a été l’occasion d’un inventaire des forces et des idées en présence. Des institutions aux partis politiques, des universités aux associations, les Italiens ont été amenés à réinterroger leur conception de la nation, l’appartenance de tous les Italiens à une même patrie sur un pied d’égalité, la possibilité, l’opportunité et les modalités de l’intégration des résidents étrangers dans la communauté nationale : en un mot, tout ce que signifie "être italien" au XXIe siècle. Ces débats ont été fortement perturbés et mis à l’épreuve par la crise des réfugiés ouverte par la guerre en Libye. Depuis, deux sujets paraissent particulièrement polarisants, que ce soit dans les débats parlementaires ou dans l’opinion publique : le droit de nationalité, avec l’introduction du droit du sol qui ne cesse d’être reportée de législature en législature, et la place respective des différentes religions dans une société qui avait été jusque là très majoritairement de confession ou de culture catholique. Ces sujets sont loin de se résumer à des questions juridiques ou réglementaires. Ils paralysent la vie politique et traduisent les doutes et les divisions de la société réelle, qui semble s’être engagée sur la voie d’un inventaire identitaire tourmenté, ressuscitant un vieux roman national largement remisé après 1945, valorisant une nostalgie éperdue du "miracle économique", cherchant une place satisfaisante dans un monde globalisé, mettant en question pour la première fois des normes culturelles que seule une minuscule minorité avait jusque là nuancées ou critiquées, dans l’indifférence plus ou moins générale.

1. Le roman national et ses vicissitudes

La construction de l’État italien à partir de la proclamation du Royaume d’Italie en 1861 a été accompagnée et justifiée par la fixation progressive d’un roman national. Non sans difficultés et oppositions (que l’on pense, entre autres, à ce qu’en dit Gramsci dans les Cahiers, 6, 7 et 9), celui-ci a été véhiculé et durablement imposé par l’école publique, le service militaire obligatoire et un calendrier de commémorations et de liturgies nationales (Tobia 1991). Comme ailleurs, les élites au pouvoir ont sélectionné les faits et les représentations censés justifier l’unification d’espaces et de sociétés qui étaient auparavant divisés et divers, dans une perspective téléologique (Anderson 1983 ; Debarbieux 2015). Ici, sans doute plus qu’ailleurs, les références à un passé au moins bimillénaire, et le plus prestigieux qu’il soit, ont fourni à ce récit une légitimité symbolique qui en fait une vulgate relativement consensuelle, en Italie et dans tout le monde occidental.

Ce récit est issu de l’une des narrations élaborées par les élites intellectuelles de la Péninsule depuis le XIVe siècle. En 1847, il est condensé dans le texte du Canto degli Italiani, composé par Goffredo Mameli. Il projette les origines de la nation italienne sur la première Italie unifiée par les Romains, dont l’Italie et les Italiens contemporains doivent ainsi être considérés comme les descendants directs (De Francesco 2020). Mameli appelle cette Italie bimillénaire à se "réveiller" ("l’Italia s’è desta") et à remettre sur sa tête le casque du général Scipion ("dell’elmo di Scipio s’è cinta la testa"), qui la libéra des armées d’Hannibal, avant de porter la guerre en Afrique et d’annexer l’empire de Carthage. C’est l’esprit invincible de cette Italie romaine qui aurait réémergé, au fil de l’histoire, pour animer la lutte contre d’autres étrangers, du XIIe au XVIIIe siècle. Au fil de l’hymne, Mameli en mentionne quelques épisodes : la victoire d’une ligue de communes lombardes à Legnano contre les troupes de l’empereur Frédéric Ier (1176) ; le soulèvement de la Sicile contre l’occupation angevine (1282), désigné comme les Vêpres siciliennes ; la geste héroïque du chef de l’armée florentine Francesco Ferrucci, mort au combat contre les troupes de l’empereur Charles Quint (1530) ; celle du très jeune Balilla, célébré comme l’initiateur de la révolte des Génois contre l’occupant autrichien (1746) ("Dall’Alpi a Sicilia dovunque è Legnano, Ogn’uom di Ferruccio ha il core, ha la mano, i bimbi d’Italia si chiaman Balilla, il suon d'ogni squilla i Vespri suonò") (Foro 2005, p. 106).  

La nation italienne remonterait donc tout droit à l’Antiquité romaine. Cette identification offre à la fois l’héritage le plus prestigieux à la nation moderne et une perspective universaliste, autrement dit une vocation impériale. Néanmoins, elle aurait pu être présentée, sans rien perdre de sa force, comme le substrat d’un certain nombre de contributions postérieures mais il n’en fut rien. Dans la narration qui triomphe au XIXe siècle, l’identité romaine est présentée comme une monade cristalline transcendant l’histoire. À la limite, la tentative de fusion romano-gothique sous le règne de Théodoric (493-526), qui compte les derniers grands écrivains latins (ou "italiens" ?), Cassiodore et Boèce, est traitée avec bienveillance car ce règne emprunt de latinité s’étendait sur toute la Péninsule et même au-delà. En revanche, après l’éphémère réunification opérée par Justinien (553), l’invasion des Lombards (Longobardi) est perçue comme une catastrophe pure et simple. Elle est, en effet, le point de départ, en 568-569 après J.-C., de la fragmentation territoriale que le Risorgimento viendra clore. Pour Alessandro Manzoni, auteur, entre autres, du Discorso sopra alcuni punti della storia longobardica in Italia (1822), la faute principale de ce peuple barbare tient à son caractère inassimilable par le génie latin et romain qui en avait subi la domination brutale le réduisant à "un volgo disperso che nome non ha" (Adelchi, chœur de l’acte III).

Cette lecture est le résultat de la matrice idéologique de la "non-fusion", qui puise ses racines dans les sources médiévales, dès le VIe siècle, quand l’Église attribue aux "nefandissimi Langobardi" la faute d’avoir assujetti les Romains en les privant de leurs droits politiques (Gasparri 1990). Plus tard, les papes se sont souvent posés en défenseurs de la romanité – jouant sur l’ambiguïté entre le registre universaliste, renforcé par la dimension religieuse, et le registre "italien", contre les empereurs germaniques. Par exemple, Grégoire VII fait appel à "tous les Italiens" contre les prétentions des empereurs germaniques, tandis que les communes lombardes s’unissent "pour l’honneur et la liberté de l’Italie et pour préserver intacte la dignité de l’Église de Rome". Au milieu du XIVe siècle, Pétrarque exalte les victoires de Scipion l’Africain (Africa, 1338-1347) et reproche aux princes d’Italie leur désunion qui permet à "la tedesca rabbia" de venir violenter le "latin sangue gentil" alors que Marius et César avait versé tant de sang barbare (Italia mia, vers 1344). Il construit, tout au long de son œuvre, une vision de l’Italie – dont il fixe les confins sur le modèle de l’Italie augustéenne –, des Italiens – ethnonyme qu’il utilise bien volontiers en alternance avec Latini – et de l’identité italienne qu’il dessine en opposition à la barbarie transalpine : "sumus enim non Greci, non barbari, sed Itali et latini" (Contra eum qui maledixit Italie).

Cette vision sera durablement reprise par la plupart des intellectuels du Rinascimento italien, dont elle sera, en quelque sorte la conscience politique. Enfin, ce discours antigermanique et plus généralement "ultramontain" – incluant les Français et les Espagnols –, atteindra son paroxysme au XVIe siècle, après le schisme protestant et le sac de Rome par les lansquenets de Charles Quint (1527) : l’antigermanisme des Italiens sera désormais à la fois politique, identitaire et confessionnel.

Quant à l’héritage byzantin – rappelons que Venise entretient des relations vitales avec l’empire d’Orient jusqu’à la chute de celui-ci et qu’une grande partie de l’Italie méridionale appartient à Byzance jusqu’à la fin du XIe siècle –, il est desservi par une propagande médiévale de long cours visant les "nefandissimi Graeci", déloyaux puis schismatiques, qui remontait au pape Étienne II (752-757). Dès cette époque, la papauté entreprend la "déromanisation" de l’empire d’Orient, désormais qualifié de "grec" et d’ "ennemi", comme le montre une lettre du pape Paul Ier (757-767) à Pépin le Bref : "Nefandissimi Graeci, inimici sanctae Ecclesiae Dei et orthodoxae fidei expugnatores" (Codex Carolinus, 30, p. 536, r. 14 et passim). Enfin, l’héritage arabe était exclu d’office, compte tenu du fait religieux et de son emprise limitée dans le temps et dans l’espace. En effet, cette emprise ne dura que deux siècles et ne concerna que la seule Sicile.

Pourtant, des lectures concurrentes ont bien existé (Cammarosano 1990). Dante Alighieri est désespéré par le déclin des pouvoirs universalistes du Moyen Âge, appelant de ses vœux le retour du pape et la restauration de l’autorité impériale (germanique) dans une Italie qui, sans eux, n’est plus "donna di provincie ma bordello" (Divina Commedia, Pg, vi, 78). Plus tard, Machiavel (Istorie fiorentine) regrette que les Lombards aient été empêchés de mener à terme la fusion qu’ils avaient bien entamée selon lui avec les Romains conquis, à cause de l’opposition de la papauté et de l’invasion franque. Encore au XIXe siècle, Vincenzo Cuoco et Giuseppe Micali cherchent les origines des Italiens dans les peuples italiques "autochtones" soumis par Rome. C’est sur la base de ses différentes narrations et dans le sillon de l’Histoire des Républiques Italiennes du Moyen âge de C.-L.-Simonde de Sismondi que Carlo Cattaneo propose, au milieu du XIXe siècle, l’idée d’une nation italienne bâtie et à bâtir par intégration de tous les héritages des États préexistants, des régions et des villes qui s’apprêtaient à la fonder et qui, parfois, étaient des nations en devenir (De Francesco 2020). Une telle nation serait une nouvelle entité dotée d’une identité plurielle que la structure républicaine et fédérale du futur État refléterait.

Mais cet idéal culturellement pluriel et institutionnellement fédéral se révéla perdant. La nouvelle Italie définira une latinité et une romanité "nationalisées" comme les catalyseurs d’une identité commune aux sociétés établies au sud des Alpes, en concurrence voire en méprisante opposition avec le reste de l’Europe et notamment avec l’empire d’Autriche, dernier avatar à la fois des invasions barbares ("Noi siamo da secoli calpesti, derisi", écrit Mameli) et des empires multiethniques et donc oppresseurs des identités nationales si chères au XIXe siècle. C’est sur la base de cette tradition – comptant parmi ses producteurs la papauté et certains des plus grands intellectuels de l’Europe médiévale et moderne – que le processus politique et militaire qui mène à la constitution du Royaume d’Italie a été appelé à partir de la fin du XIXe siècle "Risorgimento" et qu’a été défini le "canon risorgimental" (Banti 2000 ; Pécout 2004, p. 7-24). Ce terme affirme comme une évidence que le nouvel État italien n’est pas une construction inédite. Bien au contraire, il répond à une volonté de renaissance voire de résurrection d’une nation italienne qui fut jadis souveraine, avant de subir une longue suite de dominations étrangères, tout en conservant intactes ses énergies et sa civilisation. Avec des nuances importantes, les protagonistes du Risorgimento et de l’Unité italienne – de Foscolo à Mazzini, de Leopardi à Garibaldi à Manzoni, de Verdi à Carducci à Crispi – n’ont pas douté du rapport de filiation directe et exclusive qui liait l’Italie à la culture latine et à la romanité, républicaine ou impériale, suivant le point de vue. Quant à la romanité catholique, si les positions ont été moins unanimes parmi les élites, elle était une évidence de tous les jours pour l’immense majorité des Italiens.

Le nouvel État se présenta ainsi comme la "Troisième Rome", après la Rome antique et celle de la Renaissance (ou celle des papes, pour les néo-guelfes comme Vincenzo Gioberti). Le royaume se donna Rome pour capitale dès que cela fut possible, en 1871, et très vite le tropisme colonial qui guidait ses ambitions fut justifié par le désir ou le devoir de renouveler les fastes de l’Empire de Rome en Afrique. Finalement, cette identification exclusive des Italiens avec les Romains fut l’étoile polaire de la politique intérieure et extérieure du Royaume, pénétra dans la conscience collective des Italiens et fut largement relayée à l’étranger. L’école inculqua aux Italiens la conscience de cette descendance privilégiée et exclusive ; les guerres coloniales et le service militaire obligatoire tâchèrent de forger à nouveau les "vertus romaines" du peuple ; l’urbanisme, l’architecture, les commémorations et les liturgies nationales créèrent une "religion nationale" dont le colossal monument du Vittoriano, inauguré en 1911 à Rome, sera le temple.

Quand le fascisme prit le pouvoir, il ne fit que porter à son paroxysme ce phénomène d’identification. Il tira l’orgueil national vers un nationalisme exacerbé ; il obligea le système scolaire à distiller une éducation classique et catholique, en excluant tout autre héritage et horizon culturel ; il multiplia les fouilles des vestiges antiques en détruisant le patrimoine médiéval ; il persécuta les dialectes et les communautés alloglottes. La construction de l’Italien nouveau le coupait de ses multiples racines, en les remplaçant par une unique racine "romaine", caricaturalement archéologique. Par ailleurs, cette "romanité" fasciste était factuellement fausse, à peu près autant que les "aryens" d’Hitler : "Rome" est pour le Duce le simulacre du pouvoir totalitaire et d’un impérialisme brutal, anachronique et autoillusoire, deux aspects certes présents dans l’histoire romaine mais loin de la représenter entièrement (Giardina, Vauchez 2000, p. 232-268). En poussant trop loin la caricature et l’imposture, le fascisme fera exploser le projet unificateur du Risorgimento, qu’il voulait achever.

2. La République de la Guerre froide

L’écroulement de ce projet idéal et de son incarnation institutionnelle – la monarchie de la maison de Savoie puis le régime fasciste qui s’y est enkysté en 1922 – survient en 1943. Le débarquement des alliés en Sicile, la chute du régime et l’occupation allemande transforment l’Italie en champ de bataille, mettant un terme brutal à l’expansion territoriale qui avait abouti à l’annexion des dernières "terres irrédentes", aux frontières nord-orientales, avec les traités de Saint-Germain-en-Laye (1919) et de Rapallo (1920), et à la proclamation de l’empire italien (1936). En même temps, pour la première fois depuis 1861, les Italiens se battent entre eux : partigiani de la résistance antifasciste et repubblichini restés fidèles à Mussolini et à l’alliance avec l’Allemagne nazie s’entretuent dans celle qu’on a commencé à appeler une guerre civile seulement à partir de 1975 (Giorgio Bocca, Indro Montanelli, Claudio Pavone et d’autres). Vingt ans plus tard, Ernesto Galli della Loggia publie La morte della patria (1998), avançant l’idée que la fin du fascisme et la guerre civile ont détruit l’idée même de patrie bâtie autour du récit risorgimentale exacerbé par le fascisme et que ni la Résistance ni la République n’ont réussi à la revitaliser.

Toutefois, le 2 juin 1946, le référendum qui abolit la monarchie et instaure la république, marque la volonté d’une refondation institutionnelle basée sur un net refus du nationalisme, de ses liturgies et de son vocabulaire. Sur ce thème, la nouvelle Italie se veut intraitable, oblitérant toute valorisation des symboles patriotiques que le fascisme avait confisqués (Pécout 2004, p. 30). La nouvelle constitution définit une citoyenneté universaliste, basée sur des valeurs résolument supranationales qui établissent bien davantage un pont avec la Renaissance et les Lumières qu’une continuité avec le Risorgimento. Dans la vie publique, l’on assiste ainsi à la quasi-disparition de l’adjectif "nazionale" (si cher au fascisme), remplacé un peu partout par "pubblico", "civile", "di Stato". De même, le drapeau se fait rare sur les façades des bâtiments publics, n’y apparaissant qu’à l’occasion des quelques fêtes et commémorations nationales qui survivent. Parmi celles-ci, même la Festa della Repubblica, le 2 juin, a pu être supprimée en tant que jour férié, entre 1977 et 2001 ! En résumé, pendant quatre décennies, l’orgueil national et le patriotisme se font très discrets pour ne pas dire honteux dans leurs manifestations publiques et cela change fondamentalement l’ "être italien" par rapport aux 82 ans qui courent de 1861 à 1943.

Pourtant, être italien, tout comme être français ou d’ailleurs, nécessite aussi un horizon politique et historique qui fournisse un cadre et une perspective collective. Alors, la République exalte la Résistance (la dotant d’une majuscule) comme le moment de régénération du peuple italien, chargé d’en racheter l’égarement national-fasciste, dans le combat pour la libération et le retour aux libertés démocratiques. Dès 1946, le 25 avril – en 1945, ce jour-là, les dernières troupes allemandes quittent Milan et l’Italie – est institué comme fête nationale et le caractère férié de cette date ne souffrira pas d’exception jusqu’à nos jours. Mais cela ne cesse de diviser les Italiens, dont une minorité, en partie silencieuse, pointe le caractère partial de cette narration, son instrumentalisation par les communistes et le devoir de commémorer le sacrifice des compatriotes restés fidèles au fascisme.

En même temps, le nouveau contexte international génère des horizons alternatifs qui détournent les Italiens, tout comme les Allemands de l’Ouest, d’une trop difficile résolution du "problème national". Les deux grands partis qui dominent la scène politique ont en commun de faire référence à des instances supranationales : la Démocratie chrétienne incarne, d’une part, la fidélité au magistère moral de l’Église et à son programme de christianisme social, et, d’autre part, le parti atlantiste auquel le pays est sommé d’adhérer dans le contexte de la Guerre froide. En face, le parti communiste assume sa complète fidélité au grand frère soviétique, du moins jusqu’en 1956 et encore pour beaucoup jusqu’en 1968. Le champ politique est donc polarisé autour d’enjeux qui dépassent et ignorent même la question de l’identité nationale. Ce dépassement est également assuré par la création en 1957 de la CEE, dont l’Italie est très fière d’être l’un des membres fondateurs. L’europhilie des Italiens sera une constante des cinquante années à suivre, jusqu’à la crise financière de 2008. Comme pour les Allemands de l’Ouest, cet enthousiasme sans bornes a été expliqué entre autres par le soulagement qu’une patrie européenne (à venir, certes) apportait à la conscience voire à l’inconscient collectif de ces deux pays atterrés par le naufrage honteux de leurs nationalismes respectifs. Enfin, sur le plan sociétal, un horizon inédit, tout autant alternatif et non-national, est constitué, à partir des années 1950, par le "miracle économique". Le consumérisme et le culte du benessere, plus tard l’hédonisme individualiste des années 1980, fondent un imaginaire nouveau dans lequel les Italiens peuvent remplacer le rêve de puissance politique et militaire brisé en 1943 par le nouveau rêve d’être une puissance économique de premier plan, encore une fois selon un mode de représentation que l’on retrouve en RFA.

Par ailleurs, aux côtés de ces nouvelles narrations, ressurgissent d’anciens récits que le canon risorgimental avait oblitérés. À partir des années 1960, les identités locales, avec leur histoire et leur archéologie, leurs langues et leurs littératures, leurs paysages et leurs traditions, sont fortement valorisées. Cela se traduit aussi, sur le plan institutionnel, par les statuts spéciaux accordés à la région Frioul-Vénétie Julienne (1963) et la très forte autonomie accordée à la Province autonome de Bolzano (1972), suite aux accords avec l’Autriche, pour désamorcer le séparatisme sud-tyrolien. Ces statuts viennent s’ajouter à ceux qui dès 1948 avaient été accordés aux régions Sicile, Sardaigne, Vallée d’Aoste et Trentin-Haut-Adige. L’école publique elle-même encourage l’apprentissage des langues régionales et valorise les dialectes. Les médias, la publicité, le cinéma et la littérature décrivent et valorisent le "Paese delle cento città", représentant ainsi comme une richesse la faible centralisation politique et culturelle du pays. Ces mouvements politiques, économiques et culturels semblent favoriser pour un temps un début de solution de la "question méridionale" : le "boom économique" permet en effet un rattrapage important du revenu moyen et de la productivité dans ces régions défavorisées et l’instruction y progresse également de manière spectaculaire. Ces évolutions sont encore accompagnées voire devancées par les nouveaux virages pris par la recherche en histoire et en archéologie. Ainsi fleurissent les études et les recherches sur les peuples préromains (des Vénètes aux Samnites, des Messapiens aux Sicanes), tandis que l’archéologie médiévale s’étend à l’étude des vestiges "germaniques", byzantins et arabes (Wickham 2003).

Cependant, le noyau dur de la narration risorgimentale reste ancré dans la culture de l’homme de la rue, dans les programmes scolaires et dans les médias de masse. Il s’agit de la narration élaborée avant 1861 : la définition d’un canon linguistique et littéraire commun et l’orgueil culturel de l’humanisme qui ont fondé la première identité agrégative des Italiens ; la culture chrétienne, catholique et romaine que la grande majorité des Italiens considèrent "naturelle" et "historique", par-delà même la question proprement religieuse de la foi et des actes qui en découlent ; l’héritage romain et latin, dont la quasi-totalité des Italiens s’enorgueillit tout naturellement. Ces titres privilégiés de latinité, de romanité, de catholicisme et de classicisme n’ont jamais cessé de rassurer une identité collective bousculée par l’histoire et sont brandis notamment à chaque fois que les Italiens perçoivent une attitude méprisante ou condescendante à leur égard.

3. Fin de la Guerre froide et globalisation : à la recherche d’un nouveau sens

À la fin de la Guerre froide, l’Italie prend sa part de triomphe dans la victoire occidentale contre l’empire soviétique, dont même le parti communiste s’était fortement éloigné depuis vingt ans. Le pays est immensément plus riche qu’en 1945 (entre 1987 et 1991, son PIB dépasse par moments ceux de la Grande-Bretagne et de la France). Tous les Italiens partagent l’exigence d’une vie moderne et le désir du confort, du benessere consumériste. Le "Belpaese" est célébré partout pour sa beauté, ses paysages, son art de vivre. Cependant, la chute du mur de Berlin et surtout la dissolution de l’URSS en 1991 produisent dans le pays une série de réactions qui vont obliger la société et les institutions à ne plus éluder la question "dure" de l’identité nationale, trop longtemps refoulée.

En effet, comme et plus que d’autres peuples, les Italiens doivent redéfinir leur place dans le monde après 1989 et pour cela se demander à quoi "ils servent", en élaborant un projet italien pour l’Italie, l’Europe et le monde à venir. En 1994, la revue Limes consacre un numéro thématique à cette question, riche de contributions éclairantes. Avec la fin de la Guerre froide, le pays a perdu la rente de position acquise aux yeux des États-Unis de "porte-avion" en Méditerranée et de rempart frontalier du rideau de fer. De même, l’accélération du processus d’intégration européenne lui soustrait des pans entiers de souveraineté. Il émerge progressivement la nécessité de retrouver des repères endogènes, de réinterroger la légitimité de récits, de symboles et d’horizons proprement nationaux, épurés des relents fascistes. De plus, une véritable soudure entre le Nord et le Sud du pays reste encore et toujours problématique.

Trois phénomènes aux relations complexes dominent cette nouvelle phase. Premièrement, les succès électoraux de la Lega Nord introduisent dans l’arène politique un révisionnisme antiunitaire, d’abord sécessionniste puis fédéraliste. Les idéologues de ce parti, notamment Gianfranco Miglio, puisent pour cela dans le filon alternatif des Cattaneo et des Sismondi pour réclamer a minima une organisation fédérale de l’État et n’ont pas de mal à mettre à nu les incohérences du processus d’unification. Ils puisent même dans le riche gisement d’identités locales, amplement documentées et vivantes, dans le riche passé de la République de Venise et de la Ligue lombarde, voire encore dans une improbable spécificité "celtique" des peuples du Nord, pour élaborer le projet d’une "Padanie" indépendante ou du moins souveraine comme l’État libre de Bavière. L’Italie centrale papale et surtout le Sud borbonico sont méprisés sur le plan de l’histoire (les libertés communales et le sens civique s’y sont moins ou point développés), de l’économie (le PIB du Nord compte à lui seul pour plus de la moitié du PIB national) et de la morale (le crime organisé y est beaucoup plus présent, le sens civique y est faible ou absent). Par réaction, l’on assiste à une réaction méridionale, dite neoborbonica, tout autant révisionniste et partiale dans sa lecture de l’histoire (Aprile 2010).

La nécessité de faire face à ces querelles ainsi que la conviction que les idéologies du XXe siècle sont définitivement rendues à l’impuissance mènent alors à une remise à l’honneur du sentiment national et de ses symboles. Carlo Azeglio Ciampi, président de la République de 1999 à 2006, s’investit personnellement dans le retour du culte du drapeau, de l’amour de la patrie et d’un orgueil national revendiqué et apaisé, sans ambiguïtés ni nostalgies post-fascistes. Ce faisant, il parachève une évolution de la figure présidentielle qui s’était progressivement affirmée – au cours des "années de plomb", de la lutte contre les mafias et enfin lors de l’implosion de la "Prima Repubblica", au début des années 1990 – comme une référence identitaire nationale stable et consensuelle (Giacone 2014). Les célébrations des 150 ans de l’Unité, en 2011, fournissent l’occasion de mettre en scène la soudure entre Risorgimento et République issue de la Résistance, jetant un pont sur le traumatisme fasciste, instaurant pour la seule année 2011 le 17 mars – date de proclamation du Royaume d’Italie en 1861 – comme jour férié. De nombreuses publications académiques viennent étayer ce discours mais ce sont les récits et les romans du très populaire Antonio Pennacchi qui véhiculent sans doute le mieux ce nouveau cours auprès du grand public. L’auteur assume la volonté de célébrer ce que les Italiens ont réalisé de positif sous le fascisme voire grâce au fascisme, sans que cela se transforme en nostalgie ou sympathie pour la dictature, d’autant qu’il pointe également toutes les limites de la construction fasciste, l’écart entre la propagande et les réalisations concrètes. Il pointe du doigt l’ignorance et l’abandon qui ont frappé le patrimoine architectural bâti ou resté inachevé pendant le Ventennio : ainsi, les villes nouvelles de l’Agro pontino (une colossale opération de bonification des marécages menée par le régime entre 1929 et 1932, au sud de Rome), où l’auteur est né, n’ont pas été célébrées comme des chefs-d’œuvre du rationalisme italien "parce que c’est Mussolini qui les a faites". Pire encore, des grands projets restés inachevés, comme le quartier de l’EUR et Piazza Augusto imperatore, à Rome, sont restés des chantiers abandonnés jusqu’aux années 2000.

Ainsi la polarisation dialectique entre les tendances centrifuges (padane et neoborboniche) et le renouvellement du discours national aboutissait, somme toute, à une redécouverte de la légitimité historique et politique de se dire italiens, capables tout à la fois de revendiquer gloires et catastrophes du passé. Mais dans les mêmes années, l’on assiste à la montée en puissance d’un troisième phénomène, qui vient bousculer ce nouvel équilibre encore trop fragile. Dès 1991, avec l’arrivée de dizaines de milliers d’Albanais et de Roumains fuyant le chaos, puis d’ex-Yougoslaves fuyant la guerre, ensuite de gens provenant d’Afrique et d’ailleurs, l’Italie connaît une inédite immigration de masse. Le dernier recensement de la population (Istat 2017) fait état de cinq millions d’immigrés réguliers installés dans le pays dont un million sont des enfants d’origine étrangère qui y sont nés. Pour la première fois dans son histoire unitaire, l’Italie se découvre multiethnique et multiculturelle, sans y être préparée, ni culturellement ni juridiquement. Une société habituée à scruter en son sein les moindres différences locales ou régionales, accueille désormais les langues, les traditions, les modes de vie du monde entier ; une société habituée à se voir "blanche" et catholique voit augmenter le nombre d’étrangers extracomunitari, souvent non chrétiens ; enfin, dans un pays où le droit du sang reste la base de la transmission "naturelle" de la nationalité et de la citoyenneté, presque un dixième de la population en est exclu, y compris le million et plus d’enfants nés sur le sol italien de parents immigrés, scolarisés depuis la petite enfance en Italie et qui sont pourtant obligés de demander la nationalité italienne à 18 ans.

En réaction à cette situation, la Ligue du Nord devient, en 2013, la nouvelle Ligue nationale, souverainiste et identitaire, remisant deux décennies de haine anti-méridionale. Elle se présente comme "le parti des Italiens d’abord" et mène une campagne sans concessions contre l’immigration et pour la défense de l’identité chrétienne du pays. De simplification en stigmatisation, un discours qui se prétend "naturel" et structuré prend forme qui défend une vision ethnique de la nation, blanche et chrétienne, qui ébranle – si besoin en était – le mythe des Italiens qui "ne sont pas racistes" (Mauri 2006, p. 77-94). La Ligue et plus récemment le parti Fratelli d’Italia, dernier avatar de la droite dure, exacerbent le ressenti d’un grand nombre d’Italiens qui ont l’impression d’être submergés par une immigration hors de tout contrôle. Des affiches électorales de la Ligue en 2013 à la rhétorique grossière d’Enrico Michetti, candidat malheureux de la droite aux dernières élections municipales de Rome, l’amalgame est facile entre les enfants d’immigrés nés en Italie et donc culturellement intégrés depuis leur naissance, les immigrés y résidant depuis des années et les réfugiés qui bien souvent ne demandent qu’à rejoindre un autre pays européen, pour ne pas parler du terrorisme islamiste. Plusieurs tentatives menées par la gauche d’instituer le ius soli ont déjà échoué, même quand Matteo Renzi, en 2015, l’avait habilement assorti de conditions précises assurant l’intégration à la culture nationale (ius culturae) (Limes 2016).

Conclusions

Il est d’usage de dire, au sud des Alpes comme à l’étranger, que l’Italie est un pays jeune. Pourtant, 161 ans constituent déjà un long chemin pour une communauté nationale, sans oublier qu’une langue et une culture prestigieuse étaient déjà partagées par les élites depuis plusieurs siècles. Au fil du temps, le sens de l’être italien a évolué, valorisant tel ou tel aspect et mettant en sommeil d’autres horizons qui ont ensuite été redécouverts le moment venu. En 1861, la monarchie a fait le choix de la centralisation "à la française", s’emparant de l’héritage romain et marginalisant les instances locales. Un tel choix a été considéré comme nécessaire, compte tenu de la fragilité initiale de l’édifice, des ambitions expansionnistes du nouvel État, de la nécessité de "faire les Italiens". L’exacerbation de ce discours sous le fascisme, outre l’annulation de la vie démocratique et les guerres désastreuses voulues par le régime, a produit la "submersion" des aspects extérieurs les plus voyants de ce roman national, sans pour autant le faire disparaître de l’action discrète et quotidienne de l’école et sans l’évincer de l’imaginaire collectif, à tous les niveaux de la société. Dans la nouvelle conjoncture ouverte par la fin de la Guerre froide et par l’accélération de la globalisation économique et culturelle, les Italiens ont entrepris de réfléchir à nouveaux frais aux spécificités de leur identité nationale. Ils ont vite compris qu’il leur fallait élaborer une conception forte de leur identité, pour exister dans la construction européenne, dans l’alliance atlantique, dans la compétition internationale, dans un monde en mouvement perpétuel dont l’Italie est devenue l’un des kaléidoscopes.

Si les positions restent diverses et conflictuelles, la réalité factuelle qu’il est donné d’observer aujourd’hui est celle d’une société capable de cicatriser au moins une partie des plaies ouvertes par l’opposition entre fascistes et antifascistes, entre communistes et anticommunistes, entre Nord et Sud, entre État central et autonomies locales et régionales. L’héritage du Risorgimento a ainsi pu être récupéré, dans le cadre d’une République dont les hautes instances gardent le cap d’une vision universaliste et ouverte de la citoyenneté, bien que le ius soli ne soit pas encore une réalité. Bien davantage que par le passé, les identités locales sont traitées, comme le dit Massimo Cacciari, comme la plus grande force et richesse du pays, pourvu qu’elles restent liées par un lien fort d’intégration politique et économique, par des valeurs communes. Aujourd’hui, pour Ernesto Galli della Loggia, les Italiens sont "plus italiens" qu’en 1861 et même par rapport à 1960.

Dans les années à venir, le degré d’intégration effective des immigrés à la communauté et à l’imaginaire national se chargera de valider ou non cette analyse optimiste.

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Pour citer cette ressource :

Giovanni Stranieri, "Être italien : voyage dans l’imaginaire national des Italiens", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), octobre 2022. Consulté le 02/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/italien/civilisation/xxe-xxie/politique-italienne/etre-italien-voyage-dans-l-imaginaire-national-des-italiens