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«Cartas para que la alegría» d'Arnaldo Calveyra

Par Julia Azaretto : Étudiante-chercheuse
Publié par Christine Bini le 07/02/2009

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((Cartas para que la alegría)) est une pépite qui nous ramène vertigineusement vers la notion de jeu en poésie. Dans vingt-deux lettres-tableaux, Calveyra fabrique des jouets visuels, rythmés par les choses simples de l'enfance (un cerf-volant, le train du village ou la cloche de l'école), ayant, de surcroît, la vertu de dégager des arômes, des rires, des voix d'une très grande légèreté.

CALVEYRA Arnaldo, Lettres pour que la joie (Cartas para que la alegría), poésie, traduit de l' espagnol par Laure Bataillon, Actes Sud, 1983, 60 pages
Poète, dramaturge, essayiste, Arnaldo Calveyra, rétif aux genres étanches, est un écrivain argentin, résidant en France depuis environ quarante ans. À trente ans, il quitte l'Argentine, où il enseigne les lettres, et s'installe à Paris pour écrire une thèse sur les troubadours provençaux. Cartas para que la alegría a été écrit en 1959, et rassemble donc ses premiers poèmes. Ils sont empreints des paysages campagnards de la province d'Entre Ríos, où il a passé son enfance. Actes Sud a traduit et publié en français la plupart de son œuvre, comprenant onze titres, depuis 1983.

Cartas para que la alegría est une pépite qui nous ramène vertigineusement vers la notion de jeu en poésie. Dans vingt-deux lettres-tableaux, Calveyra fabrique des jouets visuels, rythmés par les choses simples de l'enfance (un cerf-volant, le train du village ou la cloche de l'école), ayant, de surcroît, la vertu de dégager des arômes, des rires, des voix d'une très grande légèreté.

Ces lettres pour que la joie... relèvent un défi stylistique majeur : celui d'opérer de légers décalages syntaxiques, pour faire dire aux mots autre chose que ce l'on entend couramment. L'écrit est là pour nous surprendre, mais pas à la façon du surréalisme. Dans son cas, il faut plutôt évoquer une imagination subtile qui façonne, au besoin, la structure syntaxique espagnole, pour aboutir à des images pétillantes qui rebondissent comme des billes, brisent une fenêtre opaque et ouvrent sur un sens nouveau. Des mots frais et dépoussiérés. Le titre, déjà, aiguise notre désir de lire les poèmes car il suggère là où le lecteur attend une finalité (induite par l'emploi du connecteur « pour que »), ce qui lui permet de mieux insister sur la joie. Le genre épistolaire est, en réalité, un alibi pour convoquer la voix de la mère. En ce sens, la lettre devient conte poétique - Calveyra maîtrise l'art des chutes - d'un adulte qui préserve ses souvenirs d'enfance comme un trésor que l'on sortirait de sa cachette pour le montrer à un ami. Les amateurs de poésie, ainsi que les lecteurs de contes et de littérature étrangère seront ravis et médusés par la singularité de cette écriture.

La publication bilingue à deux entrées, proposée par Actes Sud, comporte une très grande originalité, car elle invite le lecteur à pénétrer dans le monde récréé par la cadence du français. En effet, la traduction n'est pas là pour être comparée à un original. C'est le grand avantage de l'édition à double entrée par rapport à la classique présentation bilingue en vis-à-vis. Deux langues, deux mondes, des voix, qui rendent bien compte de la spécificité rythmique de chaque aire culturelle.

Pour citer cette ressource :

Julia Azaretto, Cartas para que la alegría d'Arnaldo Calveyra, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), février 2009. Consulté le 26/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/litterature/litterature-latino-americaine/poesie/cartas-para-que-la-alegria