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Chapitre 5. L’orthographe de l’anglais américain

Par Vincent Hugou : Maître de conférences en linguistique anglaise - Sorbonne Université (CELISO, UR 7332), Olivier Glain : Professeur des universités en linguistique anglaise - Université Jean Monnet de Saint-Étienne (UR ECLLA)
Publié par Marion Coste le 07/05/2025

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Les paragraphes qui suivent proposent une étude linguistique du système orthographique de l’anglais américain selon une approche essentiellement synchronique. Il s’agit aussi d’y décrire des variantes purement graphiques et non des variantes graphiques qui affectent également le signifiant oral, bien que localement (ex. pudgy/'pʌdʒi/ US/podgy /'pɒdʒi/GB). Pour plus de détails, le lecteur se référera aux chapitres sur le lexique de l’anglais américain.

1. L’orthographe de l’anglais et ses principes de fonctionnement

1.1 Particularités de l’orthographe de l’anglais

• Des correspondances entre phonèmes et graphèmes très variables

La langue anglaise, telle qu’elle est écrite aujourd’hui, est bien connue pour son orthographe plutôt opaque et irrégulière. Il faut entendre par cela qu’il n’y a pas toujours de correspondance parfaite entre graphèmes (ou, pour simplifier, les lettres) et phonèmes (ou, pour simplifier, les sons). Cet état de fait trouve son explication en bonne partie dans l’histoire de la langue et si l’on veut d’ailleurs pousser la précision aussi loin qu’il est possible, on peut même avancer que chaque graphie a sa propre histoire, souvent étonnamment compliquée.

Une telle discordance entre graphie et prononciation n’est pas aussi marquée dans des langues comme l’espagnol, l’italien ou l’allemand, qui ont réussi à adapter leur écriture à l’évolution de la prononciation. Fayel et Jaffré (2008) fournissent à cet égard des chiffres éloquents : l’espagnol, par exemple, compte 29 graphèmes pour 25 phonèmes, alors que l’anglais totalise 561 graphèmes pour 41 phonèmes.

Ainsi, dans une langue comme l’anglais, un phonème vocalique – les consonnes étant en général plus stables que les voyelles – peut correspondre à plusieurs graphèmes (ex., le phonème /eɪ/ correspond, entre autres, aux graphèmes <a> rate, <ay> pay, <ey> hey, <ea> great), et un graphème à plusieurs phonèmes (ex. le graphème <i> correspond, entre autres, aux phonèmes /ɪ/ bill, /aɪ/ nice, /iː/ machine). Un exemple fétiche est celui du graphème <gh> qui peut notamment correspondre à /f/ dans draught, à /p/ dans hiccough, voire à /k/ dans lough. Il s’agit d’un cas extrême. En réalité, dans un assez grand nombre de cas, un phonème dispose de deux ou trois possibilités de transcription graphémique seulement et de manière prévisible.

• D’où des discussions au fil des ans autour d’une réforme de l’orthographe

Une orthographe alphabétique idéale serait donc celle qui ne contiendrait que des relations biunivoques quel que soit le sens considéré (correspondances graphème/phonème et correspondances phonème/graphème). Cet idéal n’a jamais été atteint. Pourtant, périodiquement, la question de la réforme de l’orthographe est revenue à l’ordre du jour et a été plus ou moins vivement ressentie selon les époques. De nombreux réformateurs britanniques, comme Bullokar, Hart et Mulcaster au 16ème ou Butler au 17ème siècle, et américains, comme Webster au 19ème siècle se sont efforcés d’apporter des modifications générales et parfois plus ciblées. Certaines réformes, perçues comme nécessaires, ont d’ailleurs abouti (des familles entières de mots ont été harmonisées, comme les mots en -ick écrits désormais -ic grâce à Webster : musick, publick deviennent music, public). Cependant, d’autres propositions, moins modérées, n’ont jamais rencontré le succès escompté (ex. la graphie wimmin pour women prônée par Webster en 1806).

Si l’orthographe anglaise est non phonémique, c’est-à-dire plutôt opaque et irrégulière, il serait faux de conclure qu’elle n’est qu’un ensemble hétéroclite et arbitraire de cas particuliers. Ce désordre orthographique n’est en réalité qu’apparent. L’orthographe de l’anglais constitue un système.

1.2 L’orthographe : un système

• Un ensemble organisé

D’un point de vue prescriptif, l’orthographe désigne la façon d’écrire un mot qui est considérée comme la seule correcte. L’accent est alors mis sur la notion de maîtrise ou non-maîtrise. D’un point de vue descriptif et linguistique, celui qui nous occupe ici, l’orthographe est l’ensemble des règles et des usages qui régissent la manière d’écrire les mots d’une langue, selon une norme. Dans cette perspective, l’orthographe d’une langue donnée constitue à un moment T un système et un ensemble de sous-systèmes, c’est-à-dire un tout organisé, avec sa logique propre. On peut dire qu’une orthographe est « bien formée » si elle est en conformité avec les règles en vigueur. Dans le cas contraire, on peut dire qu'elle est « mal formée ». Les formulations faisant état d’une orthographe « élégante », « conseillée » ou « fautive » relèvent, elles, du jugement et n’ont pas leur place dans la description d’un système.

Différents types de régularités sont traditionnellement distinguées : il existe d’une part des régularités qui peuvent être décrites sous forme de règles (ex. l’adjonction de -ness à un adjectif en -y entraîne régulièrement une modification orthographique de la terminaison, comme dans happy+-ness qui génère happiness). Il existe d’autre part des règles grapho-tactiques, qui sont de type probabiliste (ex. le digraphe <ck> ne peut survenir qu’après une voyelle monographe relâchée, d’où la graphie autorisée broke et pas *brocke ou jock et pas *jok).

Il est aussi d’usage de séparer l’orthographe lexicale de l’orthographe grammaticale, laquelle concerne les marques morphosyntaxiques comme le pluriel, le génitif ou le <s> de la troisième personne. Cette dernière ne revêt qu’une importance secondaire dans une langue comme l’anglais.

• Autres facteurs qui conditionnent l’orthographe de l’anglais

Bien que l’orthographe anglaise soit régie par un certain nombre de régularités, elle est aussi conditionnée par d’autres facteurs, tels que l’analogie, l’esthétique visuelle, l’évitement de l’homonymie et l’étymologie. Ces facteurs peuvent entrer en contradiction ou au contraire se combiner :

  • l’analogie correspond à la mise en harmonie de mots entre eux, parce qu’ils entretiennent des similitudes de forme et/ou de sens. Beaucoup plus nombreux sont les cas d’analogie morphologique. Crépin (1994, 105) cite le <l> indûment ajouté à could (cuðe en vieil anglais), par analogie avec should et would.
  • l’esthétique visuelle correspond à la « perception globale » du mot, sa « visualisation ». L’orthographe phonétique wimmin, évoquée plus haut, n’a jamais été retenue parce qu’elle dénature la manière dont on perçoit le mot dans son ensemble et parce qu’elle porte atteinte à l’histoire de ce mot de très haute fréquence. À cela s’ajoute le fait que l’idée de pluriel est perdue, puisqu’on ne peut plus rattacher de façon visible le mot à sa famille, par analogie avec men et children, voire brethren.
  • l’évitement de l’homonymie. Ainsi, bell et belle comme by et bye ont moins de chances de s’orthographier de manière identique, car il n’y aurait plus de distinction à l’écrit.
  • le principe étymologique, c’est-à-dire le souci de conserver le lien avec l’étymologie, vient parfois brouiller le principe phonologique de l’orthographe. Il en va du nom debt, prononcé /det/, et où le rapport avec le latin debitum fut conservé à l’écrit par les gens de plume et les imprimeurs, mais au mépris de l’analogie avec d’autres mots comme bet, get, let, met, net, pet, etc. qui auraient permis de prédire *det. À l’inverse, les besoins de simplification jouent contre l’origine du mot dans maneuver en anglais américain, au profit d’une orthographe plus phonétique. L’orthographe britannique manœuvre, quant à elle, reste identique au français, la langue prêteuse.

• Des variantes graphiques en concurrence

Dans la mesure où un système ne se constitue que progressivement, il arrive alors que plusieurs variantes coexistent à un moment donné de son histoire. Une variante finit souvent par être éclipsée, mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, en anglais britannique, love et la graphie fantaisiste luv, voire lurv cohabitent, mais ces deux dernières graphies se spécialisent en se doublant d’une nuance affective ou humoristique. En français, par exemple, les deux graphies clé (plus phonétique) et clef (plus proche de l’étymologie) continuent de s’opposer une concurrence farouche.

Dans le même ordre d’idées, il est alors aussi possible de dire que l’on assiste à une situation de concurrence entre l’anglais américain et l’anglais britannique, dans la mesure où des variantes se partagent le terrain. Si les deux systèmes orthographiques ont leurs caractéristiques propres, ils ne sont pas pour autant totalement étanches. La zone qui les sépare peut être floue et fluctuante.

• Une concurrence toute relative : porosité des frontières entre orthographe américaine et orthographe britannique

Comme dans l’exemple de clé et clef ci-dessus en français contemporain, l’orthographe américaine peut être affaire de tendance et d’appréciation personnelle. Ainsi, si certaines orthographes sont bien établies de part et d’autre de l’Atlantique, comme tire US/tyre GB, d’autres sont sujettes à variation même sur le territoire américain. Par exemple, le principe selon lequel l’anglais américain favoriserait -og et l’anglais britannique -ogue, comme dans dialog/dialogue, est surtout valable en théorie. Dans la pratique, ce principe est à la seule discrétion du locuteur américain et peut varier en fonction du genre de discours (ex., selon que l’on ait affaire à un discours scientifique ou à un discours publicitaire). C’est aussi le cas du pluriel busses, souvent considéré comme américain, alors que dans les faits, la forme buses est bien plus fréquente (Cummings, 1988, page 25), ou encore de gage et indorse qui, bien qu’américains, sont détrônés dans l’usage américain par gauge et endorse. Les mêmes raisonnements peuvent être tenus à propos de l’orthographe britannique qui se montre parfois indécise et ouverte à la variation. Ainsi, l’orthographe dite « britannique » pour connexion n’est plus guère usitée et connection est la forme qui prévaut, comme aux États-Unis et dans le reste du monde anglophone (Baker, 2017, 49). L’orthographe program, dite « américaine », supplante de plus en plus programme, notamment dans le monde de l’informatique et peut-être sous l’influence de Instagram. Aucun locuteur britannique n’écrirait *Instagramme.

Il convient donc de garder à l’esprit que les distinctions entre « graphie US/graphie GB » dans cette section sont établies pour la commodité de l’exposé, mais que la réalité est souvent plus complexe.

L’avènement du World Wide Web aurait eu également un effet important sur l’orthographe qui, dans certaines pages du Web, serait préférentiellement américaine, quelle que soit l’origine – parfois non connue – du ou des rédacteurs (Venezky, 1999, 23 ; Crystal, 2006, 93). À cet égard, il est intéressant de faire remarquer que Fowler (1926, 63) donnait il y a presque cent ans les préconisations suivantes au sujet de l’orthographe de la « camomille » : « Ca- is the literary & popular form; cha-, which represents the Latin & Greek spelling but has no chance of general acceptance, would be better abandoned in pharmacy also ». Aujourd’hui, la graphie savante domine sur le Web et Harper (2001), l’auteur de The Online Etymology Dictionary, revient sur les prédictions de Fowler : « But for once pessimism seems undue; British English kept the older spelling, American English favored the classically correct one, and on the internet the American spelling seems to have prevailed ».

Sur la base de ces réflexions, nous dressons dans la section suivante une cartographie des différences entre l’orthographe américaine et l’orthographe britannique. L’exposé des faits est volontairement limité à des cas remarquables.

2. Examen des alternances orthographiques entre anglais américain et anglais britannique

Les différences orthographiques sont souvent envisagées dans la littérature sous forme de listes alphabétiques avec l’orthographe américaine et l’orthographe britannique en regard (ex. Davies, 2005). Certes, la présentation en colonnes a le mérite de donner une vision globale et claire des phénomènes, mais elle est aussi simplificatrice et ne permet pas d’accéder à la logique à l’œuvre. D’autres tentatives de classements peuvent être trouvées, parfois en parallèle des listes, notamment selon que la variation concerne une consonne ou une voyelle. C’est parfois chose délicate. Où ranger, par exemple, -er US/-re GB (center/centre), où variation vocalique et variation consonantique paraissent concomitantes ? Des classements en fonction du lieu de la variation dans le mot peuvent également être envisagés. Eux aussi posent parfois des questions. Par exemple, dans skillful, les deux <l> sont conservés en anglais américain, alors qu’ils ne le sont pas en anglais britannique où est favorisé skilful. À première vue, il est tentant de dire que la variation se manifeste au sein du mot. C’est en réalité l’adjonction du suffixe -ful qui déclenche le changement et sans lui, point de variation : on écrit toujours skill.

Il nous est alors apparu plus pertinent d’envisager les phénomènes en fonction de leur caractère systématique ou aléatoire.

  • Sont considérées tout d’abord des régularités descriptibles sous forme de règles et qui s’appliquent, pratiquement sans exception (il y en a toujours quelques-unes…), à l’ensemble d’une classe ou à une sous-classe de mots.
  • Les différences qui sont exposées ensuite touchent des mots isolément ou par petits groupes sans qu’il y ait de contextes toujours identifiables. Si la variation graphique n’est pas systématique, elle n’est pas toutefois laissée totalement au hasard. Nous examinerons ainsi tour à tour quelques cas de figure que nous regroupons par catégories, sans que soient toujours facilement démêlées toutes les motivations qui sont à l’origine des différences.

2.1 Cas pratiquement toujours systématisables

• Adjonction de terminaisons et maintien (ou pas) de l’intégrité de la base

Dans les verbes dissyllabiques accentués sur la première syllabe et se terminant par <l> et suivis du suffixe flexionnel -ed ou -ing, l’anglais britannique double volontiers la consonne : marvel donne marvelled/marvelling, travel donne travelled/travelling. En anglais américain, l’ajout de ces suffixes n’induit pas de changement orthographique et l’on obtient marveled/marveling et traveled/traveling, à l’instar des autres verbes dissyllabiques accentués sur la première syllable. En effet, tout locuteur anglophone écrit sans sourciller mentioned (*mentionned) ou happened (*happenned), et à l’inverse, quelle que soit la variété, double le <l> dans compelled (*compeled), ce verbe recevant l’accent primaire sur la seconde syllabe. L’anglais américain fait preuve d’une logique tout à fait convaincante.

C’est aussi par extension de la règle précédente qu’il devient possible de comprendre les orthographes préférées aux États-Unis de biased (adjectif dérivé du participe passé du verbe bias), focused/ing, grueling (adjectif déverbal, issu de l’ancien participe présent du verbe aujourd’hui disparu gruel, au sens de « punir »), kidnaped/ing et worshiped/ing. Relèvent du même raisonnement les variantes américaines de cruel au comparatif et au superlatif : crueler, cruelest US/crueller, cruellest GB.

En ce qui concerne les suffixes dérivationnels, l’anglais américain est également davantage soucieux de préserver l’intégrité de la base. C’est une tendance générale en anglais (ex., care/careful, tradition/traditional), quelques différences orthographiques systématiques mises à part (happy/happiness, *happyness). Une fois de plus, la variété américaine exploite simplement plus avant une tendance déjà bien ancrée dans la langue. Les exemples suivants s’expliquent alors aisément :

  • Par exemple, counselor (counsel+-or), dryer (dry+-er), jeweler (jewel+-er), kidnaper (kidnap+-er), leveler (level+-er), peddler (peddle+-er), worshiper (worship+-er), plutôt que counsellor, drier, jeweller, kidnapper, leveller, pedlar (variante irrégulière à plus d’un titre), worshipper, qui sont préférés en anglais britannique.
  • Et aussi : fullness (full+-ness, plutôt que fulness), marvelous (marvel+-ous, plutôt que marvellous), woolen et wooly (wool+-en/-y, plutôt que woollen et woolly, alors que l’on a toujours wooden et jamais *woodden), clarinetist (clarinet+-ist, plutôt que clarinettist), skillful (skill+-ful, plutôt que skilful) et willful (will+-ful, plutôt que wilful).

Cependant, il existe des situations inverses où l’adjonction d’une terminaison, notamment un suffixe dérivationnel, affecte la base en anglais américain, là où la tendance est moins marquée en anglais britannique. Par exemple, les bases, souvent monosyllabiques, qui se terminent par un <e> muet et auxquelles on adjoint un suffixe comme -able, -ing ou -ment, voient leur signifiant altéré, puisque le <e> graphique est alors élidé. Sont préférées en anglais américain les orthographes likable, livable, lovable, ratable, sizable, unshakable, usable à likeable, liveable, loveable, rateable, sizeable, unshakeable, useable, mais aussi aging, awing, binging, eying, gluing, routing à ageing, aweing, bingeing, eyeing, glueing, routeing, ainsi que abridgment, acknowledgment, judgment à abridgement, acknowledgement, judgement. Si toutefois l’élision du <e> conduit à une ambiguïté, le <e> est maintenu, comme dans dyeing (verbe : dye) et singeing (verbe : singe), pour éviter la confusion avec dying et singing.

• Terminaisons différemment orthographiées

La terminaison -or US/-our GB ne souffre pas d’exceptions bien que Saviour (pour Jésus) et glamour puissent se lire aussi aux États-Unis. Selon Gramley (2012, 253), l’orthographe britannique serait perçue comme plus prestigieuse, comme si le personnage désigné (le Sauveur) ou l’idée de charme étaient alors auréolés de mystère ou de prestige.

Le choix de la terminaison -or fut remis au goût du jour par Webster (Mencken, 1937, 383 précise que Shakespeare hésitait déjà entre -or et -our), et il n’est pas étonnant de constater que cette terminaison ait rencontré un certain succès. Des mots comme ardor, color, humor, labor, odor, rigor, rumor, tumor et valor sont en effet plus simples (une lettre en moins), et ils conservent dans le même temps un rapport avec leur origine (on écrivait déjà color en latin). Ils s’alignent aussi sur le paradigme largement majoritaire des mots en -or, comme doctor, donor, horror ou translator. Enfin, orthographiés ainsi, ces mots rejoignent aussi élégamment l’ensemble des dérivés d’une même base : en adoptant humor et rigor, on justifie plus facilement humorous et rigorous, ce que ne fait pas l’anglais britannique en maintenant humour et vigour, d’une part, et humorous (et pas *humourous) et vigorous (et pas *vigourous), d’autre part.

Il en va aussi de -er US/-re GB, à part theatre qui coexiste avec theater aux États-Unis. Par exemple, dans le Theater District dans la ville de New York, les noms de théâtres s’orthographient presque tous à la manière britannique (Gershwin Theatre, Richard Rodgers Theatre, etc.). On se gardera aussi de penser que tous les mots en -re s’orthographient -er en anglais américain. Par exemple, la suite -acre en position finale demeure identique dans toutes les variétés (acre, massacre), car si l’on avait -acer, le <c> se prononcerait /s/, ce qui attenterait à l’intégrité du mot. De même, l’anglais britannique fait la distinction entre meter, l’appareil de mesure, et metre, l’unité de mesure.

Le suffixe -ize l’emporte aussi en anglais américain sur la forme plus britannique -ise, qui utilisait aussi jusqu’au 19ème siècle ce qui est aujourd’hui considéré comme américain. Les mots en -yze/-yse sont concernés au premier chef (analyze, paralyze US/analyse, paralyse GB), et aussi beaucoup d’autres mots, comme civilize, realize US/civilise, realise GB. Cependant, aucune alternance n’existe quand la suite <ise> ou <ize> n’est pas ressentie comme un suffixe. Par exemple, dans advise (le verbe, que l’on oppose au nom advice), arise, compromise, despise, exercise, improvise, televise et également capsize, prize et seize.

• Les digraphes et les ligatures

Les digraphes <ae> et <oe>, et plus anciennement les ligatures (c’est-à-dire ici deux voyelles entrelacées) <æ> et <œ>, dans les mots savants empruntés aux langues classiques, ont été simplifiés en <e> en anglais américain. Quelques illustrations peuvent être fournies avec encyclopedia US/encyclopaedia GB, esophagus US/oesophagus GB, esthetic US/aesthetic GB et fetus US/fœtus GB. En réalité, il s’agit là d’une tendance déjà bien amorcée en anglais, puisqu’aujourd’hui plus personne, même en anglais britannique, ne songe à écrire oecology ou praemium, comme on pouvait le trouver jadis.

Font toutefois figure d’exception de nombreux noms propres, comme Phoenix, capitale de l’Arizona (*Phenix), le nom du héros Oedipus, qui s’orthographie toujours ainsi (*Edipus), mais qui se prononce avec /e/ en anglais américain et le plus souvent /iː/ en anglais britannique, ainsi que le nom de l’Empereur romain, Caesar, quelle que soit la variété (*Cesar), et qui se prononce tout le temps avec /iː/. Les pluriels en <ae>, comme dans antennae et formulae, n’entrent pas dans les principes mentionnés ci-dessus. Si simplification il doit y avoir, c’est en recourant au morphème <s> du pluriel, ce qui donne antennas et formulas. Ce phénomène, qui n’est en rien limité à l’anglais américain, n’a donc rien à voir avec ce qui vient d’être décrit dans le paragraphe précédent.

2.2 Phénomènes d’application plus réduite

• Influence de la prononciation des digraphes

Le choix de gage en anglais américain, vis-à-vis de gauge, procède sans doute du fait que le digraphe <au> se prononce /eɪ/ uniquement dans gauge. Le paradigme des mots en <au>, très majoritairement prononcés /ɔː/ (RP) et /ɑː/ ou /ɑ/ (GA), a donc un caractère indiscutablement régularisateur et réduit une orthographe rare prononcée /eɪ/, à un modèle plus courant, à savoir <a + consonne + e> (comme dans cage, page, pane, etc.). Au premier abord, ce serait la même raison qui expliquerait l’alternance gray US/grey GB, dans la mesure où <ay> se prononce /eɪ/ dans un bien plus grand nombre de mots (bay, day, gay, hay, jay, may, etc.) que <ey> (on relève surtout fey, hey, survey, whey). À vrai dire, gray était courant en Grande-Bretagne jusqu’à récemment et les Américains ont conservé la forme plus ancienne. Une exception notable est toutefois à signaler : la compagnie de bus américaine s’appelle Greyhound et pas *Grayhound.

Un bref examen des variantes jail US/gaol GB, prononcées de façon identique dans les deux cas /dʒeɪl/, est aussi particulièrement éclairant. L’orthographe britannique est proche de « geôle », dont le mot est issu, mais comme le Britannique Fowler (1926, 210), ancien élève de l’Université d’Oxford, argumentait déjà : « [T]he very anomalous pronunciation of g soft before other vowels than e, i, & y […] is a strong argument for writing jail ». À cette remarque s’ajoute sans doute la très basse fréquence du digraphe <ao>. Gaol est donc, comme gauge, une variante à faible rendement.

Le désir de lisibilité se manifeste aussi dans des mots contenant <gh> et les digraphes vocaliques <ou> ou <au> : donut US/doughnut GB, plow US/plough GB et draft US/draught GB. Complètent la liste les variantes altho US (pour although), boro US (pour borough), et thru US (pour through), et aussi, parce qu’elles s’écrivent avec <gh>, hi (pour high), nite (pour night), et lite (pour light).

Nous retrouvons la même recherche de cohérence entre graphie et phonie dans -old/-olt US/-ould, -oult (mold, molt, smolder), -alk US/-aulk GB (balk et calk), et dans -ald- US/-auld- GB (caldron). Ces alternances concernent toutefois des séries limitées de mots.

Ce qu’il convient à présent de faire remarquer au sujet des cas de figure ci-dessus, c’est que la variante dite « américaine » n’est pas obligatoirement celle qui est la plus usitée dans cette variété. Ainsi, gauge reste plus fréquent que gage et les orthographes altho, boro, lite, nite et thru sont avant tout utilisées à des fins publicitaires (lite beer, hi-tech, etc.), ou par souci d’économie, sur des panneaux de signalisation routière par exemple. Elles ne constituent en rien la norme écrite en anglais américain. En revanche, les graphies donut, draft, et plow, ainsi que jail sont considérées comme standard en anglais américain et la forme britannique reste rare.

• Questions liées au <e> final

Il semble plus difficile d’expliquer les alternances suivantes, où le <e> final, qui est muet, tend à disparaître en anglais américain : adz US/adze GB, aid US/aide GB (teacher’s aid), annex US/annexe GB, ax US/axe GB, net US/nett GB (net income), preterit US/preterite GB, tartar sauce US/tartare sauce GB, ton US/tonne GB. Le <e> peut être aussi considéré comme une lettre parasite dans phony US et story US (étage), qui sont largement préférés à phoney et storey. C’est en revanche whiskey qui supplante whisky aux États-Unis bien qu’il existe en théorie une différence culturelle entre les productions irlandaises et américaines (ex. Tennessee whiskey, Bourbon whiskey), et les productions écossaises ou qui s’en inspirent.

• Questions liées à la morphologie du pluriel

La formation du pluriel des noms en anglais s’effectue essentiellement par l’adjonction du morphème du pluriel <s>. Il existe quelques hésitations bien connues au sujet des pluriels des mots d’origine étrangère : parfois seule l’orthographe est variable, comme dans volcanos et volcanoes ; parfois orthographe et prononciation varient, comme dans antennae et antennas. Ces hésitations, qui déclenchent de nombreux débats, valent pour tous les locuteurs de l’anglais, mais il y aurait, dit-on, parfois des préférences plus ou moins marquées selon la variété d’anglais. Ainsi, bureaus et plateaus, à côté de bureaux et plateaux, auraient meilleure presse en anglais américain, tout comme fiascoes plutôt que fiascos. Citons à nouveau busses et gasses, deux variantes américaines de buses et gases.

• Lettres ou groupements de lettres perçus comme étrangers ou savants

C’est sans doute le souci d’incorporer les mots suivants dans la langue anglaise qui a déclenché la variation dans check US/cheque GB, disk US/disc GB, mollusk US/mollusc GB et, dans la même logique, maneuver US/manœuvre GB. L’anglais américain répugnerait davantage à terminer un mot par <c>, puisque les mots appartenant au vieux fonds de l’anglais dont la consonne finale se prononce /k/ s’orthographient très régulièrement avec <(c)k>. Les orthographes américaines ci-dessus s’alignent alors harmonieusement sur le paradigme existant : book, hack, nick, etc.

Ce serait le même besoin d’adapter des graphies savantes qui rendrait compte de la substitution de <qu> à <c>, dans licorice US/liquorice GB, ou de <qu> à <ck>, dans brusk US (vis-à-vis de brusque) ou burlesk (vis-à-vis de burlesque), tout comme l’est celle de <f> pour <ph> dans sulfur US/sulphur GB. Cependant, comme de nombreux autres mots restent affublés de graphèmes traditionnels (physique, et pas *fysique ou liquor, et pas *likor), aucune règle ne peut être véritablement dégagée de façon absolue.

Inversement, bien que certains mots aient traversé les frontières, ils restent encore étrangers à la langue. Ainsi, l’instabilité de l’orthographe de czar US/tsar, tzar GB est en corrélation avec l’étendue de ce mot (il ne s’emploie qu’en tant que titre de noblesse porté par un souverain de la Russie, bien que son usage se soit étendu à drug czar), et avec sa fréquence (on ne parle pas tous les jours des tsars, sauf peut-être dans un cours d’histoire).

On note aussi un ensemble de mots où l’alternance entre <i> et <y> se manifeste, sans qu’il y ait quoi que ce soit de systématique. D’un côté la préférence pour <i> semble répondre à un souci de simplification, avec cider US, plutôt que cyder, rare aujourd’hui, cipher US/cypher GB, dike US/dyke GB (« digue »), siphon US/syphon GB, tire US/tyre GB, mais d’un autre côté on trouve gypsy US/gipsy GB et pygmy US/pigmy GB. Il peut être tentant de ranger dans cette même catégorie indorse US (vis-à-vis de endorse), inclose US/enclose GB, inquiry US/enquiry GB, bien que les différences soient d’un autre ordre et concernent un préfixe.

• Les consonnes doubles

Un petit contingent de verbes se termine par un double <l> en anglais américain et un seul <l> en anglais britannique. Peut-être faut-il y voir des modèles sous-jacents : les nombreux mots en <all>, comme ball, call, fall, gall, hall, etc., les mots dont la finale est <oll>, comme roll, ou encore les mots en <ill>, comme bill, fill, still, etc. motiveraient respectivement la préférence pour appall, enthrall, install, enroll, extoll, fulfill, distill et instill en anglais américain. Mais l’analogie s’arrête là. Personne ne s’aventurerait à écrire *controll (pour control), ou *gamboll (pour gambol). Notons que lorsque l’un des verbes ci-dessus est pourvu d’un suffixe dérivationnel, le double <l> est conservé en anglais américain : enrollment, fulfillment, installment.

L’opposition consonne simple/consonne redoublée occupe aussi une grande partie du champ de la variation consonantique, comme il a été vu précédemment avec traveled US/travelled GB ou skillful US/skilful GB, où c’est un type de contexte particulier qui favorise la production d’une variante plutôt qu’une autre. D’autres fois, les raisons du phénomène ne peuvent cependant être déterminées avec précision. Une explication possible est que si la consonne double conserve la même valeur phonique que la consonne simple et qu’elle ne joue (plus) aucun rôle, elle tend à être supprimée. La question n’est pas nouvelle et s’est déjà posée tout au long de l’histoire de l’anglais (cf. Cummings, 1988, 6 au sujet de millionnaire, emprunté en l’état au français, et devenu millionaire par la suite parce que le second <n> n’était pas jugé utile). C’est d’ailleurs pourquoi, inversement, le doublement est de mise, quelle que soit la variété, lorsqu’un préfixe est porteur de sens. Ainsi, dans illegal, immature, irresponsible, où la consonne est doublée, on sent la force négative du préfixe. Le doublement de la consonne joue également un rôle distinctif dans cannon, que l’on oppose alors aisément à canon, ou dans Mary, que l’on distingue à l’écrit de marry.

Dans cette perspective, le doublement de la consonne n’est donc pas fonctionnel dans banister, caliper, calisthenics, carburetor, chili, fagot, filet, pita (bread) et wagon en anglais américain, là où l’anglais britannique a aussi à son actif des variantes avec la consonne médiane redoublée. Des remarques similaires peuvent être faites au sujet des consonnes finales dans chlorophyl US/chlorophyll GB, whir US/whirr GB, whiz US/whizz GB, dans la mesure où il n’y pas de risque d’ambiguïté, contrairement à des finales comme <n> dans in et inn, ou <t> dans but et butt.

• Groupes de lettres finales aisément identifiables

Les séries suivantes forment des micro-systèmes, dont les membres sont en nombre limité :

  • -ense US/ -ence GB uniquement dans defense, license, offense, pretense. C’est l’inverse avec le verbe practice US/practise GB. Dans les deux cas de figure cependant, l’anglais américain est plus régulier. Par exemple, defense s’aligne sur defensive (alors que defence ne s’aligne pas sur *defencive), et le verbe practice s’aligne sur practical (alors que le verbe practise ne s’aligne pas sur *practisal). Est ainsi éliminée toute contradiction interne au sein d’un même champ dérivationnel.
  • -am US/-amme GB dans gram, kilogram, program, etc.
  • -ction US/ -xion GB, comme dans connection, inflection, reflection, bien que l’on ait partout complexion et crucifixion.
  • -in, -on US/-ine, -one GB dans dentin, gelatin, glycerin, neuron, etc.
  • -let US/-lette GB dans cigaret, epaulet, omelet, avec cigarette qui oppose une concurrence assez forte même en anglais américain.
  • -og US/-ogue GB dans catalog, dialog, monolog, etc., mais pas dans synagogue ou vogue.

• Défigurations formelles plus ou moins volontaires

Certains mots de la langue familière, voire argotique sont ré-écrits à dessein (on parle de respelling en anglais). Ce qui est remarquable est que cette liberté orthographique peut alors jouer contre certains des grands principes étudiés jusqu’ici. Par exemple, le <c> final est, nous l’avons vu plus haut, souvent remplacé par <(c)k>, graphie plus conforme aux habitudes grapho-tactiques de l’anglais (ex. mollusk US/mollusc GB), alors qu’il se trouve par exemple dans spic, terme très péjoratif pour désigner une personne d’origine mexicaine. Il a aussi été observé plus haut que les graphies savantes tendent à être simplifiées (ex. sulfur US/sulphur GB), alors que les graphies phunky et phat (au sens de « great »), qui sont des ré-écritures de funky et de fat, les remettent au goût du jour. Pourquoi complexifier ce que l’on cherche à simplifier ailleurs ? C’est parce que les orthographes non conventionnelles cherchent précisément à se démarquer pour libérer des connotations affectives, pour générer de l’humour ou pour agir comme un signe de connivence entre les personnes qui utilisent ces mots.

Un autre cas est constitué par les euphémismes. Le dictionnaire de Chapman (1987, 242) répertorie quatre variantes graphiques pour Jesus, qui devient jeez aux côtés de jeeze, geez et jees. L’euphémisme joue ici sur le signifiant en le floutant (le terme de « floutage » est emprunté à Jamet et Jobert, 2010, 42), et les variantes graphiques reflètent des « degrés de floutage » (43) différents. Geez et jees paraissent ainsi plus éloignés formellement que le sont jeeze et jeez. Un des modes d’expression de l’euphémisme est la créativité graphique.

La défiguration formelle peut s’effectuer aussi à des fins commerciales, ce qui augmente alors d’autant la variation graphique. Trois exemples bien connus sont sox pour socks, EZ pour easy et le nom commercial de la pâte à modeler Play-Doh pour Playdough.

• Liste pêle-mêle d’exemples non commentés

À la lumière de ce qui a été exposé dans cette section sur l’orthographe, nous invitons le lecteur à réfléchir aux raisons qui pourraient expliquer les alternances suivantes :

Airplane US/aeroplane GB, artifact US/artefact GB, chamomile US/camomile GB, cozy US/cosy GB, curb US/kerb GB (« bord du trottoir »), dependent US/dependant GB (« personne à charge »), jewelry US/jewellery GB, karat US/carat GB, mustache US/moustache GB, naught US/nought GB, nerve-wracking US/nerve-racking GB, pajamas US/pyjamas GB, sissy US/cissy GB, skeptical US/sceptical GB, ’til US, vise US/vice GB (« étau »), yogurt US/yoghurt GB.

Quelques prénoms également (cités par Kövecses, 2000, 186) : Jeff US/Geoff GB, Mark US/Marc GB, ainsi que l’expression familière smart Aleck US/smart Alec GB, où Alec(k) n’est autre que le diminutif de Alexander.

2.3 Autres types de variations

• Mots composés

En ce qui concerne l’orthographe des mots composés, il faut bien garder à l’esprit que tout un chacun s’évertue à trouver des règles, mais que la grande règle est la contradiction. Les hésitations sont systématiques entre trait d’union et soudure et entre trait d’union et espace, quelle que soit la variété d’anglais. Nous avancerons que les Américains préfèrent la soudure graphique toutes les fois que cela est possible, mais le recours au trait d’union ou à l’espace est aussi envisagé si ces séparateurs facilitent la perception, c’est-à-dire la visualisation du groupe complexe ou s’ils permettent de lever une ambiguïté quelconque. Par exemple, bien que l’anglais américain favorise des compositions compactes, aucun locuteur américain ne se permettra d’écrire ?zooornithologist pour zoo(-)ornithologist, afin d’éviter la rencontre de trois voyelles identiques. Hargraves (2003, 31) fait état des alternances nighttime US/night-time GB et newlyweds US/newly-weds GB. Pourtant, dans la section « anglais britannique », le Online Cambridge Dictionary, qui est mis au goût du jour de manière régulière en s’appuyant sur de grands corpus en ligne, fait aujourd’hui le seul et unique choix des graphies nighttime et newlyweds dans ses entrées. On voit bien que la prudence s’impose dans le domaine de la composition.

Terminons par quelques mots relevant de phénomènes analogues, qui ont néanmoins une orthographe plus stable dans l’une et l’autre variété. Ainsi anymore, forever, insofar, no one, onto et percent sont-ils largement préférés en anglais américain à any more, for ever, in so far, no-one, on to et per cent.

• Signes auxiliaires

Certains mots empruntés au français à une époque relativement récente contiennent un <é> final. L’anglais américain conserve l’accent aigu d’autant plus que ces mots, en général di- ou tri-syllabiques, portent l’accent primaire sur la dernière syllabe dans cette variété. Le timbre fermé du <é> final se prononce /eɪ/. L’anglais britannique accentue plutôt ces mots sur la première syllabe, et bien que la voyelle finale se prononce de manière identique, elle ne porte pas toujours systématiquement l’accent aigu. Ainsi, negligée /neɡlɪ'ʒeɪ/ en anglais américain et negligee ou negligée /'neɡlɪʒeɪ/ en anglais britannique et cliché /kliː'ʃeɪ/ en anglais américain et cliche ou cliché /'kliːʃeɪ/ en anglais britannique. Une personne divorcée se prononce souvent /dɪvɔː'siː/ en anglais britannique, plutôt que /dəvɔːr'seɪ/, préféré en anglais américain. L’absence d’accent en anglais britannique a sans doute favorisé un rapprochement avec la finale <-ee>, sur le modèle de addressee, refugee, etc.

L’usage des majuscules et minuscules est sensiblement différent entre les deux variétés pour les acronymes qui désignent des noms propres. L’anglais américain préfère dans ce cas les capitales pour chaque lettre, alors qu’en anglais britannique seule la casse de la première lettre change. On aura par exemple AIDS US/Aids GB. Les sigles ont en général un point abréviatif en anglais américain, à l’instar d’abréviations latines comme i.e. : the D.T.’s US/the DT’s GB (delirium tremens). Les sigles AM et PM ne comportent pas toujours de points et on les rencontre parfois avec des majuscules en anglais américain : 4:30 AM US/4.30 am GB. On notera le double point entre les heures et les minutes dans la variété américaine. Enfin, les abréviations de titres de fonction comme Mister, Doctor ou encore de noms de rues comme Street, Avenue, etc. sont en général suivies d’un point en anglais américain. Par exemple, Mr. US/Mr GB, Bond St. US/ Bond St GB.

Nous avons pu ainsi montrer que l’orthographe de l’anglais américain, tout comme celle de la variété britannique a des spécificités qui lui sont propres et une cohérence interne. Contrairement au lexique, c’est un domaine assez stable et plus rares sont les transferts de certaines particularités orthographiques entre ces deux variétés de l’anglais.

Pour citer cette ressource :

Vincent Hugou, Olivier Glain, Chapitre 5. L’orthographe de l’anglais américain, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2025. Consulté le 10/05/2025. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/langue/chapitre-5-l-orthographe-de-l-anglais-americain