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« L'anglais américain dans tous ses états » - Glossaire

Par Olivier Glain : Professeur des universités en linguistique anglaise - Université Jean Monnet de Saint-Étienne (UR ECLLA), Vincent Hugou : Maître de conférences en linguistique anglaise - Sorbonne Université (CELISO, UR 7332)
Publié par Marion Coste le 07/05/2025

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Ce glossaire complète l'étude ((L'anglais américain dans tous ses états)).
affixation

Processus de création de mots nouveaux qui consiste à ajouter un ou des affixes (préfixes et suffixes) à un radical ; par exemple, on obtient appreciation à partir de appreciate ou misinformation à partir de information.

allophone 

Réalisation / prononciation effective d’un phonème. Par exemple un [p] « aspiré » (noté [ph]) et un [p] « non aspiré » (noté [p]) sont des allophones du phonème /p/.

antériorisation 

Prononciation plus à l’avant de la bouche d’un phonème. Dans l’évolution de la voyelle de goose, la voyelle se trouve antériorisée car ce n’est plus véritablement une voyelle d’arrière.

assimilation

Processus par lequel une consonne se trouve influencée par un son voisin ; par exemple, dans these shoes /'ðiːz 'ʃuːz/, le /z/ final de these peut être influencé par le /ʃ/ initial de shoes, ce qui peut aboutir à une assimilation de type /'ðiːʒ 'ʃuːz/ ou /'ðiːʃ 'ʃuːz/

chaîne parlée 

Ce terme désigne une séquence de sons produits à l’oral. On l’utilise pour décrire la façon dont les mots sont prononcés dans le discours, par opposition à la façon dont ils seraient prononcés individuellement. Par exemple, les phénomènes de liaison sont des phénomènes de chaîne parlée ; dans I took an egg, on n’entend pas les mots prononcés de façons séparée (I – took – an – egg) mais on entend un [k] prononcé au début du mot an et un [n] prononcé au début du mot egg. Les assimilations sont également des phénomènes de chaîne parlée, comme le sont les réductions : si on prononce le mot to [tuː] de façon isolée, on le prononcera la plupart du temps [tə] dans la chaîne parlée.

collocation

Combinaison de mots caractéristique, association fréquente de mots. Par exemple, have a day off est une collocation ; make a face est une collocation plus typiquement américaine (pull a face en est une aussi).

consonnes coronales

Consonne dont le lieu d’articulation est situé dans la zone dentale ou alvéolaire ou post-alvéolaire. (voir https://www.internationalphoneticassociation.org/sites/default/files/IPA_Kiel_2015.pdf)

consonnes sourdes 

Consonnes qui ne sont pas produites avec la vibration des cordes vocales ; la voix n’est pas sollicitée (ex. /p, t, k, s/).

consonnes voisées

Consonnes qui ne sont produites avec la vibration des cordes vocales ; la voix est sollicitée (ex. /b, d, g, z/).

créole

Un créole est un pidgin qui est devenu la langue maternelle d’une communauté. Un pidgin est une langue qui est utilisée par des locuteurs sans pour autant être la langue maternelle d’aucun d’entre eux. Elle se caractérise par des structures grammaticales simplifiées, un lexique réduit et une variation stylistique limitée. Quand un pidgin devient un créole, la langue se trouve complexifiée.

délabialisation

Terme qui signifie qu’un son à l’origine prononcé avec les lèvres arrondies, c’est-à-dire avec une certaine labialisation, perd cet arrondissement. Si [ɒ] (prononcé avec les lèvres arrondies) devient [ɑ] (prononcé sans arrondissement des lèvre), on dit qu’il se délabialise (voir labiales).

dentalisé

Qui se trouve prononcé avec les dents. Par exemple, [t, d] sont en général articulés au niveau de la zone alvéolaire en anglais (la petite bosse entre les dents et le palais). Chez certains locuteurs ou dans certains accents, ils sont articulés au niveau des dents (comme en français). Ils se trouvent alors dentalisés.

dérivation

Processus qui consiste à obtenir un mot à partir d’un autre, par exemple en ajoutant un préfixe ou un suffixe à son radical. On obtient ainsi appreciation à partir de appreciate par dérivation.

dialecte

Variété d’une langue. L’anglais du Sud des États-Unis, de Londres ou de Boston sont des variétés ou des dialectes de l’anglais.

exonormatif

Se dit d’un développement de normes linguistiques qui s’appuie sur des normes extérieures à la communauté. Par exemple, les premiers colons en Amérique du Nord suivaient les normes britanniques de l’anglais.

fall-rise

Le fall-rise ou ton creusé est un contour intonatif (un ton) qui se caractérise par une chute suivie d’une montée. Ce contour est fréquemment utilisé lorsque le locuteur exprime des réserves, une contradiction vis-à-vis de propos précédents, un contraste, un avertissement. Il peut également indiquer une implication émotionnelle dans les propos.

graphème

Un groupe de lettres représentant une prononciation particulière. Par exemple, en français, le graphème <eau> représente la prononciation [o], comme dans eau. En anglais, le graphème <ai> correspond à la prononciation [eɪ], comme dans aim.

i neutralisé

Dans certains environnements, il n’y a pas de contraste entre /ɪ/ et /iː/. Par exemple, happy peut se prononcer ['hæpɪ] ou ['hæpiː] sans que cela ait une influence sur la compréhension du mot. On parle alors de i neutralisé et l’on transcrit /i/. Parfois, la prononciation de ce i se trouve à mi-chemin entre une voyelle courte et relâchée de type /ɪ/ et une voyelle longue et tendue de type [iː]. On rencontre /i/ en position finale (happy, phoney, he), en position non accentuée devant une voyelle (ex. react, create, appreciate)

koinè

Une lingua franca, une langue commune.

labiales

Les labiales sont des phonèmes produits avec les lèvres (ex. /p/, /b/).

(non) labialisé

Se dit d’un son prononcé sans arrondissement des lèvres. Par exemple [iː, ɪ, e, ɑ] sont non labialisés ; [ʊ, uː, ɒ, ɔː] sont au contraire labialisés.

monophtongaison

Lorsqu’une diphtongue (une voyelle à deux éléments) devient une voyelle simple (une voyelle à un seul élément), on dit qu’elle est monophtonguée et on parle de monophtongaison. Par exemple, /aɪ/ devient souvent /aː/ dans les accents du Sud des États-Unis.

nativisation

Il s’agit de l’une des étapes du modèle dynamique de Schneider : celle au cours de laquelle la variété d’anglais commence à acquérir des caractéristiques qui lui sont propres et qui la démarquent des autres variétés. Pour Schneider, il s’agit de la phase la plus intéressante et la plus riche.

palatalisation / coalescence

Les termes palatalisation ou coalescence du yod désignent un processus par lequel le yod /j/ « fusionne » avec la consonne qui le précède pour créer une consonne de type /ʃ, ʒ, tʃ, dʒ/ ; par exemple, tune /'tjuːn/ → /'tʃuːn/, dune /'djuːn/ /'dʒuːn/, assume /ə'sjuːm/ /ə'ʃuːm/, presume /prə'zjuːm/ /prə'ʒuːm /. Ces cas, toujours situés en syllabe accentuée, sont presque inexistants en anglais américain par rapport à d’autres variétés. En revanche, les cas de coalescence / palatalisation du yod en position non accentuée aboutissent de façon presque systématique à une prononciation avec /ʒ/ en anglais américain. Par exemple, Parisian se prononce /pə'rɪʒən/ plutôt que /pə'rɪzjən/, associate est réalisé /ə'soʊʃieɪt/ plutôt que /ə'soʊsieɪt/. Le terme palatalisation désigne aussi certains processus par lesquels /s/ se trouve rétracté (avec une articulation plus en arrière de la bouche et donc plus proche du palais) pour devenir /ʃ/. Par exemple, street /'striːt / /'ʃtriːt /, grocery, /'ɡroʊsəri/ /'ɡroʊʃəri /. Enfin, la coalescence de /nt/ désigne le processus par lequel /n/ et /t/ se trouvent confondus en un [n] un peu plus long, comme dans winter /'wɪnər/, twenty /'tweni/, center /'senər/, want to (la graphie <wanna> pour désigner want to révèle de façon assez explicite la forme que prend ce phénomène).

phonème

Il s’agit d’une unité distinctive dans la prononciation dans une langue. Les phonèmes correspondent aussi à des catégories mentales. Par exemple, /ɪ, æ, ɔɪ, f, θ, k/ sont des phonèmes de l’anglais.

pidginisation

Processus de création d’un pidgin (voir créole et pidgin).

prescriptivisme

Deux approches qui relèvent de philosophies différentes s’opposent lorsqu’il s’agit de parler d’une langue : le prescriptivisme et le descriptivisme. Les prescriptivistes se concentrent sur la façon dont ils estiment que la langue devrait être parlée. Par exemple, considérer que l’énoncé It is I est correct, alors que It is me ne l’est pas, est un argument qui relève du prescriptivisme, comme l’est celui qui consiste à « interdire » l’usage d’une préposition en fin de phrase (ex. This is the girl I was talking about). Le descriptivisme, au contraire, décrit la langue telle qu’elle est véritablement utilisée par les locuteurs, sans jugement de valeur.

réalisé

Synonyme de prononcé. On peut par exemple dire que le phonème /æ/ est en général réalisé (prononcé) de façon moins ouverte (c’est-à-dire avec la mâchoire moins ouverte) en anglais américain qu’en anglais britannique.

réduction

Se dit en général d’une voyelle en position inaccentuée qui perd la valeur qui la distingue des autres voyelles car elle se rapproche de /ə/. C’est par exemple souvent le cas de la voyelle de have, qui se trouve réalisée sous la forme de /ə/, plutôt que de /æ/, lorsque have est auxiliaire, comme cela est le cas dans un énoncé tel que You could have done it.

rétroflexion

Le /r/ américain peut être caractérisé par une certaine rétroflexion : la langue est incurvée et la zone d’articulation se situe plus en arrière, c’est-à-dire plus proche du palais dur.

rhotique / non rhotique

Une variété rhotique est une variété dans laquelle tous les <r> graphiques sont prononcés. La plupart des variétés américaines sont rhotiques et tous les <r> y sont réalisés dans des mots comme hard ou return. Dans une variété non rhotique, seuls les <r> qui se trouvent devant une voyelle sont prononcés. Par exemple, seul le premier <r> de return est réalisé dans hard ou return.

segmental / suprasegmental

Un phénomène segmental concerne un phonème isolé. Un phénomène suprasegmental opère au-dessus du niveau du phonème, au-dessus du son isolé. Tel est le cas du l’accent de mot, du rythme ou encore de l’intonation.

symbole diacritique

Il s’agit d’un symbole qui vient compléter la transcription en phonèmes de façon à donner une indication supplémentaire en matière de prononciation. Les (symboles) diacritiques les plus utilisés nous informent sur les accents primaires et secondaires ('etˌ, comme dans /əˌpriːʃi'eɪʃən/) et sur la longueur de la voyelle (ː, comme dans /'ʃiːp/).

tapping / flapping

Processus phonétique très courant en anglais américain qui désigne la prononciation voisée de /t/ lorsqu’il apparaît après une voyelle accentuée et avant une voyelle non accentuée. Les dictionnaires de prononciations utilisent fréquemment le symbole /t̬/ pour faire référence à un flapped /t/ (ex. better /'bet̬ər/).

variété

Une variété d’anglais est le type d’anglais qui est parlé par un groupe d’individus. La variété est souvent définie géographiquement (ex. la variété new-yorkaise) mais elle peut aussi être ancrée dans une réalité plus sociale (ex. la variété African-American English). On utilise parfois le terme dialecte comme synonyme de variété, mais celui-ci est malheureusement souvent porteur de connotations négatives en français.

vélarisé / vélaire

L’adjectif vélaire fait référence à ce qui est relatif au voile du palais et aux sons qui s’articulent à l’arrière du palais, dans la zone du palais mou. Les phonèmes /k, g, ŋ/ sont des vélaires. Les termes vélarisation et vélarisé désignent principalement une articulation secondaire de /l/ qui est très fréquente en anglais américain : en plus de son articulation principale, qui se fait au niveau de la zone alvéolaire, c’est-à-dire la petite bosse qui est située entre les dents et le palais, l’arrière de la langue est relevé en direction du palais mou, comme lorsqu’un /u/ est produit. On parle aussi de /l/ sombre pour désigner ce /l/ vélarisé.

Vowel Shift

Ce terme désigne un changement articulatoire dans la production des voyelles. Par exemple, dans le Northern Cities Vowel Shift, la première évolution concerne la voyelle de trap, dont l’articulation devient plus fermée (ex. trap [trɛp] ou [trep]). Ce changement initial entraîne un changement en chaîne dans le système vocalique des villes du Inland North de la région des Grands Lacs. La voyelle de lot prend la place articulatoire de trap en étant prononcé de façon plus antérieure et un peu moins ouverte (ex. lot [læt]). Ensuite, thought devient une voyelle plus ouverte en prenant la place de lot (ex. thought [θɑːt]). strut vient à son tour occuper la place de thought en étant articulé en position plus postérieure (ex. strut [strɔt]). Enfin, dress se rapproche de la zone articulatoire précédemment occupée par strut (ex. dress [drʌs]).

voyelle antérieure

Se dit d’une voyelle articulée à l’avant de la bouche. Par exemple, /iː/, /e/ ou /æ/ sont des voyelles antérieures alors que /uː/, /ɔː/ ou /ɑː/ sont des voyelles postérieures, c’est-à-dire des articulées à l’arrière de la bouche.

Yod dropping

Dans les mots tels que dune, tune, assume, le /j/, appelé yod, peut être prononcé (ex. dune /'djuːn/, tune /'tjuːn/, assume /ə'sjuːm/). Cependant, il peut aussi « tomber » et disparaître (ex. dune /'duːn/, tune /'tuːn/, assume /ə'suːm/). On parle alors de yod dropping ou de yod elision, (élision du yod). Ce phénomène est très courant en anglais américain.

Pour citer cette ressource :

Olivier Glain, Vincent Hugou, L'anglais américain dans tous ses états - Glossaire, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2025. Consulté le 09/05/2025. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/langue/glossaire