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Une réécriture gourmande du roman de langue anglaise : celle du pasticheur

Par François Gallix : Professeur émérite de littérature anglaise contemporaine - Université de Paris IV-Sorbonne
Publié par Clifford Armion le 09/10/2009

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Cette communication a deux axes. Quelques considérations théoriques sur la technique du pastiche littéraire comme écriture imitative intertextuelle sont suivies d’ exemples extraits de la littérature de langue anglaise contemporaine (notamment Peter Ackroyd, David Lodge et Mark Crick), soulignant ce qu’A.S. Byatt appelle “greedy rewriting“, cette réécriture gourmande des textes canoniques qui fait littéralement revivre les récits des écrivains du passé proche ou lointain.

Cette communication a été donnée dans le cadre de la Journé d'étude sur l'intertextualité dans le roman contemporain de langue anglaise, organisée le 19 juin 2009 à Lyon 2 par le CARMA.

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Introduction : Les origines du pastiche 00:00
1. La différence entre pastiche et parodie 04:30
2. Les domaines d'utilisation du pastiche 09:47
3. Exemples d'utilisation du pastiche 16:37
4. Peter Acroyd, un maître pasticheur 20:51
5. Le pasticheur fou : Mark Crick 27:17
Conclusion : le plaisir particulier du pastiche 30:39

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Extrait de texte :

Introduction :

 

Dans  Boarding an Attic with Edgar Allan Poe (Comment parqueter un grenier avec Edgar Allan Poe'), Mark Crick propose un pastiche des histoires d'Edgar Poe. L'intrigue est la suivante : le narrateur, collectionneur impénitent, a accumulé une telle multitude de textes relatant les catastrophes du monde entier, qu'il est amené à parqueter le plancher de son grenier pour ajouter une pièce. Son ouvrage est si minutieux et si parfait qu'il oublie de se ménager une issue et se retrouve inexorablement emmuré.

 

I rolled back, my eyes trying in vain to pierce that ebon darkness, and cradling my injured hands I struggled towards the hatch that led below to the comfort of my living quarters. No feeble gleam relieved the profundity of that primeval gloom and my blistered fingers now began to feel their way across the new flooring, tracing each seam and joint towards the centre of that dome like cavern. The miasmatic vapours that rose from the drying glue lay like a mist on my blind path and the incubus of alarm settled on my soul. As I continued my course, my fingers probing ahead into the gloom like the antennae of some great insect, my sense of dread accelerated until a long low groan involuntarily escaped from my lungs. For you reader to conceive of the horror of my sensations is, I presume, utterly impossible. Time after time I extended my arm, hoping and praying to feel the void beneath me, the open hatch that would free me from this infernal chamber, so that now I would have rejoiced to find myself falling headlong to injury and freedom, even death. But at every turn my blind probing fell upon the resistance of well fitted, floor grade chipboard, made fast by my own labours.

Mark Crick. Boarding an Attic with Edgar Allan Poe. Sartre's Sink. The Great Writers' Complete Book of DIY. London: Granta Books. 2008. p. 85-86.

 

Pistes de lecture :

 

  • Après avoir lu un passage du texte, pensez-vous que Poe aurait pu l'avoir écrit, à la fois à cause de son thème (l'enfermement) et de son écriture ? Une comparaison avec La Barrique d'Armadillo, Le Chat noir, et L'Enterrement prématuré, de Poe pourrait enrichir la réponse. Si l'on adopte la définition de Gérard Genette  dans Palimpsestes (1982) : Je propose donc de (re) baptiser [...] pastiche l'imitation d'un style dépourvue de fonction satirique (p.40), ce passage confirme-t-il l'idée (qui ne fait pas l'unanimité) selon laquelle le pastiche est plutôt une imitation sérieuse qui s'inscrit dans le respect des grands modèles alors que la parodie est une transformation sur un mode humoristique, souvent satirique dont le but peut être de mettre en accusation les textes du passé. Si la parodie tend à se moquer du texte canonique, le pastiche adopte un ton plus neutre. Voyez-vous des éléments qui associerait la parodie au pastiche dans ce texte de Mark Crick ? S'agit-il ici d'une charge, d'une imitation ironique et moqueuse de Poe ou d'un vrai pastiche dans lequel Mark Crick rend hommage au texte de Poe par amour de ses contes auxquels il renvoie ses lecteurs ?
Pour citer cette ressource :

François Gallix, "Une réécriture gourmande du roman de langue anglaise : celle du pasticheur", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), octobre 2009. Consulté le 04/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/litterature/litterature-britannique/une-reecriture-gourmande-du-roman-de-langue-anglaise-celle-du-pasticheur