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Le récit de voyage à l’épreuve des langues : le cas des récits de voyage de Jacques Cartier (1534-1545)

Par Susan Baddeley : Maître de conférences - Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Publié par Clifford Armion le 30/09/2011

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Cet article analyse, à partir d'une série de textes du XVIe siècle relatant les voyages du capitaine Jacques Cartier vers le Canada, les enjeux politiques des initiatives d'exploration du Nouveau Monde à partir des années 1530, et la façon dont les traductions et éditions de ces récits de voyage, soumis à des aléas linguistiques et matériels, ont contribué à la fois à justifier ces voyages auprès de leurs commanditaires et à agir sur l'opinion publique des pays en présence.

Cet article est issu du recueil "La Renaissance anglaise : horizons passés, horizons futurs" publié par Michèle Vignaux. Le recueil est constitué de travaux menés dans le cadre de l'Atelier XVIe-XVIIe siècles, organisé de 2008 à 2010 pour les Congrès de la SAES (Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur) qui se sont tenus à Orléans, Bordeaux et Lille, respectivement sur les thématiques de « La résurgence », « Essai(s) » et « A l'horizon ». 

L'intérêt pour l'histoire des récits des voyages de Jacques Cartier au XVIe siècle m'est venu d'un petit livre dont j'ai fait le compte rendu pour Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance (LXXI, 2009, 670-672), par Mireille Huchon : Le français au temps de Jacques Cartier. Je me suis rendu compte en lisant ce livre que l'histoire éditoriale des récits des voyages de Cartier vers le Canada était passablement compliquée, et qu'il y avait probablement là « more than meets the eye ».  Traiter ce thème impliquait, en outre, de regarder de très près les traductions faites de ces récits, notamment les traductions anglaises faites par John Florio, le futur traducteur de Montaigne, et par le géographe Richard Hakluyt. Comme je travaille depuis plusieurs années sur les traductions faites, au XVIe siècle, du français vers l'anglais et de l'anglais vers le français, je me suis dit que cela pourrait constituer une « étude de cas » intéressante. Sans mauvais jeu de mots, je peux dire que je n'ai pas été déçue du voyage. L'horizon qui se dégage de ce jeu d'éditions de textes en différentes langues, décrivant les voyages et les tentatives de colonisation du Canada, est bien celui des rivalités entre pays européens, et notamment des pays séparés non pas par l'Atlantique mais par la Manche. Les récits de voyage et leur publication constituaient, en effet, un moyen pour les états européens de se livrer une sorte de guerre sans violence, et d'affirmer leur légitimité à s'installer dans diverses régions de ce « Nouveau Monde » et à exploiter les richesses qu'on trouverait dans ces pays.

1. Les voyages de Cartier

Quelques rappels chronologiques d'abord concernant les voyages faits par le capitaine malouin Jacques Cartier vers le Canada. Cartier n'était pas, bien sûr, le premier Européen à s'aventurer dans cette zone. Depuis au moins le début du XVIe siècle, des pêcheurs bretons allaient régulièrement pêcher la morue au large de la Terre-Neuve. En 1524 un Florentin, Giovanni Verrazano, avait entrepris à la demande du roi François Ier une expédition en mer dans cette zone, entreprise financée par de banquiers italiens installés à Lyon et à Rouen. Verrazano longea la côte entre la Floride et le Labrador, et en fit un compte rendu au roi, dont plusieurs cartes furent tirées, la plus célèbre étant celle de 1529 (http://www.heritage.nf.ca/patrimoine/exploration/verrazzano.html).

Cependant, peu de temps après ce voyage de découverte, la France s'engagea dans des guerres avec l'Italie : le désastre de Pavie en 1525 et l'emprisonnement du roi jusqu'en 1526 mirent fin provisoirement aux projets expansionnistes français. Mais en 1532 François 1er était revenu aux affaires, et Jacques Cartier, un navigateur de Saint-Malo, le rencontra lors d'un pèlerinage. Le roi le chargea alors de « la découverte de terres nouvelles dans le Nouveau Monde » (Bideaux, 1986, 10). À l'époque, la France se battait pour s'imposer face à l'Italie ; il importait bien sûr aussi de rivaliser avec les Portugais, avec les Espagnols, déjà bien installés en Amérique du sud, dont ils tiraient de très grands profits, et avec le grand rival du roi de France, celui qui l'avait emprisonné après Pavie : l'empereur Charles V.

Verrazano avait émis l'hypothèse que dans ces pays il y avait de l'or (il en jugeait d'après la couleur de la terre des côtes, vues depuis la mer). Le but de ce voyage était aussi de trouver, bien sûr, le fameux passage du nord-ouest dont on supposait alors l'existence, et qui permettrait de gagner la Chine sans avoir à passer au large de l'Afrique ni par le nord de la Russie.

Cartier entreprit donc pour François 1er trois voyages. Le premier, effectué entre avril et septembre 1534, lui permit de découvrir le golfe du Saint-Laurent et de nombreuses iles. Le rapport qu'il en fit a dû convaincre le roi de l'intérêt d'un tel voyage; il repartit donc en 1535 pour un deuxième voyage qui dura presque un an. Il passa l'hiver sur place, non sans difficultés (son équipage fut durement atteint de scorbut) et explora plus en avant dans les terres, encouragé par les récits de deux Indiens qui lui décrivaient un royaume fabuleux, du nom de Saguenay, supposé très riche notamment en minéraux et en pierres précieuses. Ces Indiens, il faut dire, avaient un certain don pour l'affabulation : ils avaient été ramenés en  France après le premier voyage, et avaient très bien compris que, s'ils voulaient rentrer dans leur pays un jour, ils avaient intérêt à dire à leurs hôtes ce que ces derniers avaient envie d'entendre.

Dès 1538, les Français projettent de s'installer de manière pérenne au Canada, l'occupation permanente du sol étant en effet, pour un état, la seule façon de justifier son appropriation d'une région et son exploitation. Cartier fit donc un troisième voyage, de 1541 à 1542. Il avait été prévu initialement qu'il fasse le voyage en compagnie de Jean-François de la Roque, seigneur de Roberval (surnommé le « Raleigh français » d'après Parks, 1930, 109), qui avait reçu du roi la mission d'y installer une colonie et d'évangéliser les populations locales. Le départ de Roberval étant retardé d'un an, faute de trouver les navires et les équipages nécessaires, Cartier rentra en France sans lui, ne pouvant plus faire face aux hostilités des indigènes, et la colonie fit long feu. Roberval revint en France en 1543, et mourut assassiné à Paris en 1560. Cartier rapporta cette fois, de son troisième voyage, « de l'or et des diamants », en réalité du quartz et de la pyrite : d'où l'expression devenue déjà proverbiale dès 1554 (car attestée à cette date dans la Cosmographie d'André Thevet), « faux comme diamants du Canada ».

Il n'y eut donc pas de colonie, mais Cartier érigea une grande croix en bois avec une fleur-de-lys, appela cette région du monde « La Nouvelle France », et donna des noms français à plusieurs éléments topographiques (des iles, des rivières, des golfes, notamment celui du Saint-Laurent).

En 1542, les hostilités reprirent entre la France et l'Empire et, après la mort de François 1er en  1547, son successeur, Henri II, ne s'intéressa pas du tout aux voyages de découverte.  Ainsi s'arrêta, du moins provisoirement, l'exploration et la colonisation de la « Nouvelle France ».  Quant à Cartier, il mourut de la peste à Saint-Malo en 1557.

2. Les textes

Les récits de ces voyages étaient probablement à l'origine de simples entrées du journal de bord, retravaillés ensuite. Ils constituaient à la fois des rapports faits à l'intention du roi pour justifier l'argent investi, et des dossiers plaidant en faveur d'entreprises à venir. Ils se situent quelque part entre la réalité et la fiction, avec d'une part des mesures très précises et des relevés du relief des côtes, et d'autre part certains éléments improbables, voire farfelus (« or, rubiz et autres richesses », des hommes volants, des « gens qui ne mangent poinct, n'ont poinct de fondement et ne digerent poinct », des guérisons miraculeuses), mais qui étaient attendus dans ce type de récit, et devaient aiguiser l'appétit et l'intérêt du lecteur. Les publier représentait une sorte de lame à double tranchant : d'un côté, les mesures très précises (latitudes, itinéraires, données sur la localisation de ports et la profondeur de l'eau à tel ou tel endroit) et les descriptions des ressources naturelles de ces contrées devaient conférer aux récits leur crédibilité ; mais inversement, une fois publiés et tombés en quelque sorte dans le domaine public, des navigateurs d'états rivaux pouvaient s'en emparer et s'en servir. Les Espagnols, en revanche, préféraient garder les journaux de bord de leurs navigateurs dans le plus grand secret.

La genèse des éditions des récits de Cartier est assez complexe, et les textes passent par plusieurs versions et des traductions en plusieurs langues. Une étude très poussée de toutes ces sources a été réalisée par Michel Bideaux, et publiée en 1986. L'histoire de leur publication occupe les deux derniers tiers du XVIe siècle, et les éditions paraissent souvent à plusieurs années d'intervalle ; cependant, leurs dates de publication ne doivent rien au hasard.

 

 « Arbre généalogique » des textes des récits de voyage de Cartier

Il existe plusieurs versions manuscrites et une version imprimée de la relation du second voyage, plus long et plus riche en évènements que le premier (dont il ne subsiste qu'une seule version manuscrite connue). Il existe également un fragment de la relation faite par Cartier du troisième voyage, ainsi que le récit fait par Roberval et un « routier » ou journal de bord réalisé par le pilote de celui-ci, Jean Alfonse. Ces fragments ont été publiés par l'Anglais Hakluyt en 1600, dans la deuxième édition de ses Principal Navigations, mais les textes originaux en français ont été perdus.

En 1556, l'Italien Giovanni Baptista Ramusio publia, dans le Tome III de son grand recueil de récits de voyage, sa traduction des récits du premier et du deuxième voyage de Cartier vers le Canada. Les Italiens, qui avaient été à l'avant-garde des voyages de découverte au XVe siècle, n'avaient plus les moyens, en raison de leurs divisions internes et des menaces extérieures qui pesaient continuellement sur eux, d'entreprendre de nouveaux voyages ; ils y participaient donc de manière secondaire, en produisant des recueils de récits faits par d'autres, et celui de Ramusio connut un très grand succès. Ramusio (né à Venise en 1485) était un diplomate averti, qui avait beaucoup voyagé, notamment en France, d'où il avait rapporté ces récits de voyage qui lui avaient été confiés, dit-il dans sa préface, par certains « eccelenti litterati » français.

Nous ignorons quelle source fut utilisée par Ramusio pour le premier voyage, mais il s'est servi, pour le deuxième, d'une édition parisienne de 1545 (intitulée Brief recit, & succincte narration...) en la corrigeant un peu : il explique dans sa préface que les sources françaises utilisées étaient « guasti & scorretti », c'est-à-dire, corrompues et pleine de scories : ce qui est tout à fait juste, s'agissant surtout de l'édition de 1545. Il est à peu près certain qu'il s'est servi d'une source manuscrite pour le récit du premier voyage : son texte contient de très nombreuses graphies (pour les noms propres et les mots indigènes rapportés) qui présentent un u à la place d'un n (ou l'inverse), et qui résultent d'une mauvaise lecture de manuscrit, ces deux lettres se ressemblant beaucoup dans l'écriture de l'époque.

La traduction de Ramusio est bonne, et soignée, et c'est cette traduction italienne, qui devait connaitre un succès considérable en Europe (avec plusieurs réimpressions), qui sera utilisée par la suite, plutôt que des sources françaises, même par des géographes français comme Thevet et Belleforest en France. C'est également à partir de cette version italienne que John Florio ferait la première traduction anglaise, publiée en 1580. Une autre édition française paraitra à Rouen en 1598 : curieusement, cette édition ne reproduit que le récit du premier voyage, traduit encore une fois d'après l'italien de Ramusio. Enfin, le géographe anglais Richard Hakluyt donnera en 1600 sa version, en reprenant presque intégralement les textes de Florio des premier et deuxième voyages (le récit du deuxième voyage étant complété et corrigé à partir d'un manuscrit trouvé par Hakluyt à Paris, et aussi à partir d'éléments fournis par le neveu de l'un des pilotes de Cartier, Jacques Noël, que Hakluyt avait connu à Paris), ainsi que la seule version connue, fragmentaire, de la relation du troisième voyage et du « routier » du pilote de Roberval, Jean Alfonse.

Il est intéressant de voir comment ces textes sont passés par les différentes langues (trois au total), et il est piquant de constater, par exemple, que l'édition française de 1598 a été faite non pas à partir d'une source française, mais à partir de l'italien ; de même, le texte de Florio, qui connaissait bien pourtant le français (et qui se serait sans doute moins trompé s'il avait utilisé une source française, comme nous le verrons par la suite), a également été fait à partir de celui de Ramusio. Les traducteurs et les éditeurs de ces différents textes étaient soumis aux aléas de la disponibilité des textes, et c'est le texte italien de Ramusio (imprimé en une luxueuse édition in-folio, agrémentée de plusieurs cartes et illustrations) qui eut le plus de succès et la meilleure diffusion, avec le plus grand nombre de réimpressions. C'est ce texte qui a véritablement fait connaitre les voyages du marin français dans l'Europe entière.

3. L'édition française de 1545

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cette édition qui est, à bien des égards, très bizarre. Elle est extrêmement défectueuse, et contient de très nombreuses fautes grossières dues à une mauvaise lecture du manuscrit qui lui a servi de base, dont la plus frappante est la forme « Onaist » pour « Ouest », qui apparait systématiquement sous cette forme (alors que le manuscrit devait vraisemblablement présenter la forme Ouaist : le u ayant été pris pour un n).  On trouve d'autres bévues énormes, comme « les pays Accidentaulx » (pour les pays occidentaux), « marie » pour marée, « le capitaine Hinanda » (pour le capitaine commanda), « Silenne » pour fleuve (mauvaise lecture de manuscrit), et bien d'autres. De plus, le lexique des mots indiens donné à la fin comporte de très nombreux mots avec le suffixe -con (Honnacon, Ouiscon, Hetguenyascon : au total, 16 mots présentent ce suffixe), alors que les langues locales ne semblent pas présenter particulièrement ce suffixe (Biggar, 1924). On trouve aussi dans la liste, comme s'il s'agissait d'un mot indigène, le mot chastaigne (qui à l'époque désignait le sexe féminin) avec la traduction « vng con ». À certains moments, l'esprit de Rabelais ne semble pas être très loin, comme l'a fait observer Mireille Huchon, qui conclut que ce lexique « relève, en fait, de la fiction et d'un jeu facétieux » (Huchon, 2006, 77), et se demande si certaines « coquilles » ne seraient pas volontaires.

Le lexique « indien » de l'édition de 1545, extrait

Cette édition parut vers la fin du règne de François 1er : on ne sait pas comment le texte est arrivé entre les mains de l'imprimeur parisien Ponce Roffet (qui obtint le privilège du roi pour le publier), mais cette approbation officielle, et la permission accordée à l'imprimeur de divulguer tous les détails techniques de ce voyage, semble signaler en quelque sorte le renoncement de la part des Français à toute velléité de retourner en Terre-Neuve pour installer une colonie. Si ces récits pouvaient être publiés et livrés ainsi au public, on peut en conclure qu'ils ne présentaient plus aucun enjeu politique. D'après Michel Bideaux (1986, 35), cette publication signale un « acte d'abandon » à toute prétention de la France à l'égard des terres du Nouveau Monde.

Plusieurs années passèrent, et, de l'autre côté de la Manche, l'appel du large se fit entendre de nouveau. Si le règne d'Henri VIII avait été marqué par une expansion interne et par l'annexation de pays proches (Payse de Galles, Irlande), celui de sa fille Élisabeth 1re devait être marqué par une volonté de rivaliser avec les grandes puissances maritimes de l'Europe, et de ne pas se laisser dépasser par les Espagnols, les Portugais ou les Français. La fin des années 1570 et le début des années 1580 verrait, à cet égard, une activité intense de la part des Anglais pour s'installer sur la scène commerciale internationale : la Russia Company pour des expéditions commerciales vers la Russie avait été fondée dès 1553, suivie par la Cathay Company (1576) pour des expéditions vers la Chine, puis la Northeast Venture (fondée en 1580) et la Turkey Company (1581). Mais un obstacle de taille à ces initiatives d'implantation de comptoirs partout dans le monde venait du fait que, quand les Anglais allaient enfin disposer des moyens matériels nécessaires pour devenir une puissance maritime et former à leur tour des projets d'implantation dans le Nouveau Monde, il ne restait plus beaucoup de terres à s'approprier, du moins sur le littoral sud-est du continent américain.

Et c'est ainsi que, presque quarante ans après son dernier voyage, on redécouvrit les récits des voyages au Canada du capitaine français Jacques Cartier. Ces récits présentaient non seulement des données chiffrées concernant le voyage et le relief côtier, mais aussi une description ethnographique très riche des Amérindiens du nord, peuple qu'on ne connaissait guère avant les voyages de Cartier que par quelques explorations littorales. Le voyage de 1576 du navigateur anglais Martin Frobisher à la recherche du passage du nord-ouest avait échoué, mais l'explorateur anglais Sir Humphrey Gilbert avait, semble-t-il, prouvé l'existence de ce passage, et on y croyait encore en Angleterre. Gilbert avait eu le projet d'installer une colonie anglaise quelque part entre la Floride (occupée par les Espagnols) et la Terre Neuve (inhospitalière) en 1578, mais le projet a fait long feu. Toujours en 1578, John Dee, conseiller en sciences et en astrologie de la reine Élisabeth 1re, présenta à la reine des titres prouvant son droit sur toute la partie nord de l'Amérique. Dee reçut en échange, de la part de la reine et de Gilbert, le droit aux « royalties » sur toutes les terres situées au-delà de la latitude de 50° nord.

Deux autres personnages entrent en lice vers cette année 1578 : les deux ont pour nom Richard Hakluyt, mais l'un est juriste et l'autre, son cadet, est ecclésiastique de formation, et il deviendra le premier géographe professionnel dans l'histoire de l'Angleterre. Ils sont cousins, et se répartissent les rôles en matière d'exploration de terres inconnues. En effet, une bonne connaissance de la géographie était indispensable aux commerçants qui voulaient savoir où se rendre et comment s'y rendre, ce qu'on pouvait y vendre et acheter, consommer et produire ; ce qu'il fallait attendre du climat, des peuples et de leurs pratiques. Les deux Hakluyt avaient développé, dans ce domaine, des formes d'expertise particulières et complémentaires. Hakluyt « l'ancien », grâce à tout un réseau d'informateurs, donnait des conseils à des marchands, armateurs, bailleurs de fonds qui voulaient faire du commerce avec l'étranger lointain, en leur fournissant des informations d'ordre pratique : des informations nautiques et cartographiques, mais aussi des conseils concernant le climat, les marchandises qu'on pouvait vendre ou acheter dans le pays, où se rendre, comment nouer des contacts avec les habitants des pays, le prix qu'on pouvait espérer pour telle ou telle marchandise (Parks 1930, 2). Il fournit ainsi des « instructions » très précises, des sortes de cahiers des charges, pour les expéditions commerciales vers la Turquie en 1579 et 1582, vers le nord-est (la Russie) en 1580, et vers l'Amérique en 1578 et 1585. Hakluyt « le jeune » travaillait quant à lui en quelque sorte comme « consultant » auprès de son cousin, mais de plus en plus à son propre compte, et c'est lui qui rassembla, patiemment, toute une somme d'informations glanées à partir de renseignements obtenus grâce à un réseau dense de correspondants et d'autres sources très diverses se rapportant à la géographie. De son propre aveu, il avait lu, à Oxford, « whatsoever printed or written discoveries & voyages I found extant, either in the Greek, Latin, Italian, Spanish, Portugal, French or English languages », et « grew familiarly acquainted with the chiefest captains at sea, the greatest Merchants, and the best Mariners of our nation » (cité par Parks, 1930, 59). C'est lui qui compila et publia, en 1589, le gros recueil des Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation, qui devait bientôt être suivi d'une deuxième édition (1598-1600), intégrant des sources étrangères (dont les voyages de Jacques Cartier).

C'est aussi Hakluyt « le jeune » qui devait rédiger en 1584 une apologie passionnée en faveur de l'installation d'une colonie anglaise dans le nord du continent américain : le célèbre Discourse concerning Western Planting. L'appel de Hakluyt serait suivi d'effet dès l'année suivante, avec l'installation par Sir Walter Raleigh d'une colonie anglaise à Roanoke en Virginie (la colonie se situait dans l'actuelle Caroline du Nord).

À partir de l'année 1580, les choses allaient beaucoup bouger sur la scène internationale. En janvier 1580, le roi Henri I du Portugal mourut sans laisser de successeur, ce qui précipita une crise de la succession. En août, les forces espagnoles de Fernando Alvarez de Tolède vainquirent les Portugais à la bataille d'Alcantara, et imposèrent Philippe II d'Espagne comme roi du Portugal.  La même année, le navigateur Sir Francis Drake acheva sa circumnavigation du monde (commencée en 1577) et rentra triomphalement en Angleterre.

C'est dans ce contexte assez agité d'états qui se battant pour la suprématie dans le Nouveau Monde qu'on recommença à s'intéresser tout particulièrement aux exploits du pilote malouin de quarante ans plus tôt, avec l'apparition en imprimé de la première traduction de ses récits, par l'Anglo-Italien John Florio.

4. La traduction de Florio (1580)

En 1580 apparut à Londres chez l'imprimeur Henry Bynneman un petit volume intitulé A Shorte and briefe narration of the two Nauigations and Discoueries to the Northweast partes called newe fraunce. La page de titre indique que l'ouvrage fut traduit de l'italien de Ramusio par John Florio, le futur traducteur de Montaigne. Le titre rappelle celui de l'édition française de 1545, Brief recit, & succincte narration, mais l'analyse du texte confirme ce qui est annoncé à la page de titre : Florio a bien suivi la version italienne de Ramusio, et non l'édition parisienne. John Florio à l'époque était boursier sans beaucoup de moyens (« poor scholar ») à Magdalen College, Oxford, et il avait 26 ou 27 ans. Cette traduction est la première qui apparait sous son nom. Dans la préface, signée « I. F. » et adressée depuis Oxford « To all Gentlemen, Merchants and Pilots », Florio indique que ce texte décrit un pays « no lesse fruitful and pleasant in all respects than is England, Fraunce or Germany », et il souligne l'intérêt que présente ce pays non seulement pour le commerce, mais pour la possibilité de trouver un passage de là par le nord-ouest vers la Chine, et d'y installer une colonie : « Al which oportunities besides manye others, might suffice to induce oure Englishmemen, not only to fall to some traffique wyth the Inhabitants, but also to plant a Colonie in some conuenient place, and to possesse the Countrey without the gainsay of any man ». Florio souligne également les enjeux internationaux : les colonies déjà établies par les Espagnols et les Portugais, les tentatives déjà faites par les Français de s'installer au Canada, et il indique que si les Anglais voulaient se lancer dans cette entreprise, ils ne devraient pas perdre de temps : « Althoughe some attemptes of our Countrey-men haue not had as yet suche successe as was wished, they ought not therefore to bee the slower in this enterprice ».

Bien que son nom n'y apparaisse pas, le commanditaire (et probablement le rédacteur de l'exhortation contenue dans la préface) de cette traduction était Richard Hakluyt « le jeune », qui était alors professeur à Oxford et avait dû y faire la connaissance de Florio. En effet, deux ans plus tard, dans la préface de son ouvrage Divers voyages touching the discovery of America and the islands adjacent, 1582, Hakluyt indique qu'il avait incité Florio à faire cette traduction et l'avait payé pour le faire, et qu'il lui avait confié un exemplaire du texte de base (la traduction de Ramusio) que celui-ci avait utilisé : « And the last yeere at my charges and other of my friendes, by my exhortation, I caused Iaques Cartiers two voyages [...] to be translated out of my volumes » (Biggar, 1924, 17). Florio, étant d'origine italienne par son père (bien que né à Londres), était sans doute plus à l'aise pour traduire de l'italien. En outre,  comme nous l'avons vu plus haut, l'édition parisienne de Roffet de 1545 était très fautive, et ne reproduisait que le récit du deuxième voyage, alors que le recueil de Ramusio présente les deux premiers récits. De plus, le texte français de 1545 n'a connu, semble-t-il, qu'une seule édition, et il était peut-être difficile de se procurer des exemplaires, alors que le recueil de Ramusio avait connu plusieurs rééditions.

Voyons donc le traducteur Florio à l'œuvre pour la première fois. Bien que Frances Yates ait dit beaucoup de bien de cette traduction (« The worst translator could not make the story of these voyages dull reading, and in Florio's strong English, borne along upon his sense of rhythm, it has, at times, an epic power », Yates 1934, 59), lorsqu'on compare de près les deux textes, il apparait que Florio a suivi Ramusio de très près, en s'écartant très peu de l'original. Si quelques divergences (ajouts, étoffements, suppressions, modifications) apparaissent par rapport au texte français, elles sont presque toutes imputables à Ramusio et se trouvent déjà dans le texte italien. Florio avait probablement fait la traduction parce qu'on lui a demandé de la faire, sans pour autant être très motivé, et il ne s'est pas donné beaucoup de mal. La traduction est souvent assez plate. Nous sommes très loin ici de la créativité lexicale poussée à l'extrême qui devait caractériser, quelques années plus tard, sa traduction de Montaigne. En revanche, Florio commet d'assez nombreuses erreurs (probablement par simple négligence), notamment dans les mesures et dans les points cardinaux. Il doit constamment convertir les brasses françaises (en italien : bracchia) en fathoms anglais, ce qu'il ne fait pas toujours de manière cohérente, et appliquer à bon escient les huit termes italiens (et leurs formes composées) qui composaient la Rose des Vents. Il faut dire que, sur ce point, si les termes anglais et français se ressemblent beaucoup (North/Nord, South-West/Sud-Ouest, etc.), l'italien avait un système assez spécifique.

Français Italien Anglais
Nord  Tramontana North
Nord-Est Greco  North-East
Est Levante East
Sud-Est Scirocco South-East 
Sud Ostro  South
Sud-Ouest Garbino South-West
Ouest Ponente West
Nord-Ouest Maestro North-West
La Rose des Vents en français, anglais et italien

Florio n'avait pas, visiblement, l'habitude de manier ces termes, dont l'emploi devait être plus ou moins réservé aux marins. D'ailleurs, ces indications ne semblent pas avoir été très usités, à l'époque, du grand public : par exemple, pour le mot « Nord », le dictionnaire de Nicot (1606) indique : « Norden, ou North, voyez Septentrion ». Pour le Sud, dans le même dictionnaire, il y a deux variantes : Sud ou Zud ; les formes Est et Ouest n'y figurent pas. En 1659 encore, la Grammaire de la langue françoise de Laurent Chiflet classera les mots Sud, Est et Oüest parmi les « noms estrangers ». Nous avons vu aussi plus haut le cas du mot ouest, visiblement inconnu de ceux qui ont réalisé l'édition de 1545. Ainsi, là où le texte français de 1545 a : « Le lendemain dernier iour de Iuillet, feismes courir le long de ladicte coste qui gist est & Onaist cart de Suest », le texte de Florio donne : « The next day being the last of Iuly, we wente al along the coast that runneth East & west, West & by North » (Ramusio : « Il seguente giorno vltimo de Iuglio andammo lungo detta costa, qual corre leuante, & ponente quarta de scirocco »).  On pourrait multiplier les exemples de ce type (il y en a parfois deux ou trois par page). Il arrive aussi à Florio de se tromper sur certains termes pour décrire le relief géographique ou la végétation : scoglio (« rocher »)  sera traduit par cliffe (« falaise »), et nasso (« if ») par maple (« érable »).  De plus, à un endroit, Ramusio s'est trompé, et a mis grebani (« gravats ») à la place de grebbeni (« pitons rocheux »). Florio n'a pas corrigé, et a traduit par rubble (« gravats »), ce qui n'avait guère de sens dans le contexte. En revanche, Hakluyt, se fondant sur la lecture d'un manuscrit français qu'il avait trouvé dans la Bibliothèque Royale à Paris (Taylor, 1935, vol. 77, 285), rétablira la bonne leçon dans son édition de 1600.

Il va sans dire qu'il est extrêmement gênant de trouver, dans un récit de ce type, qui devait servir (selon les intentions affirmées dans sa préface) de guide à ceux qui souhaiteraient entreprendre ce voyage, « nord-est » à la place de « sud-ouest », par exemple, ou des erreurs sur la profondeur de l'eau à tel endroit. En revanche, certaines autres transpositions sont bien imputables à Florio, et notamment la suppression des prières à la Vierge, signes de la croix, ou la traduction de certains termes du vocabulaire ecclésiastique catholique traditionnel, auxquels le protestant Florio substitue les termes usités de l'église anglicane : par exemple, dopò udita la messa chez Ramusio (« apres auoir ouy la messe », 1545) est traduit par « after seruice », et « predication & preschement » (Ramusio : una predica) par « a long oration ». Agnus Dei est traduit assez curieusement par « brooches ».

Après cette tentative, Florio n'a peut-être pas continué à traduire des récits de voyage, mais il semble avoir gardé quelque souvenir de cette expérience, puisque dans la préface de son dictionnaire italien-anglais, Queen Anna's World of Words de 1611, il établit un parallèle, « with a traueller's minde », entre la découverte de terrres nouvelles et celle du lexique d'une langue étrangère : tout comme Christophe Colomb a, dit-il, découvert de nouvelles terres pour la reine Isabelle de Castille, il a entrepris le même type de voyage dans le lexique italien pour la reine Anne du Danemark, épouse de Jacques 1er, dont il était l'enseignant pour la langue italienne.

Quant à Richard Hakluyt, il devait publier la première édition de ses Principall Navigations, Voyages and Discoveries of the English Nation en 1589, un an après la défaite de l'Invincible Armada au large de l'Angleterre : ce qui n'avait bien sûr rien d'une coïncidence. Hakluyt incorpora les traductions de Florio dans la deuxième édition de ces récits de voyage de 1600, qui intégrait maintenant des récits de voyages faits par des explorateurs autres qu'anglais. Il les intégra pratiquement tels quels, sans citer le nom de leur premier traducteur ; cependant, il apporta de nombreuses corrections aux points sur lesquels Florio s'était trompé, s'étant procuré entre temps à Paris (pendant cinq ans qu'il y passa en tant qu'aumônier de l'ambassadeur anglais, Sir William Stafford), un texte manuscrit des voyages de Cartier, et s'étant entretenu directement avec des marins français. Hakluyt lui-même était, il faut le dire, un très bon traducteur, un polyglotte qui connaissait plusieurs langues vivantes suffisamment bien pour traduire des récits qu'il incorpora dans son édition des Divers Voyages de 1582. Dans sa traduction de Galvano, Discoueries of the World, Hakluyt indique qu'un bon traducteur se doit de bien connaitre la matière dont traite le texte qu'il traduit : « [...] a good translator ought to be well acquainted with the proprietie of the tongue out of which and of that into which he translateth, and thirdly with the subject or matter it selfe », ce qui pourrait constituer une « pique » à l'égard de Florio.

La traduction de Florio de 1580 faisait partie d'une campagne entreprise par Hakluyt en faveur de l'installation d'une colonie anglaise en Amérique du Nord, qui culminerait par le programme très détaillé qu'il présente dans son Discourse concerning Western Planting de 1584. La publication des récits de Cartier était vraisemblablement destinée à « préparer le terrain » et l'opinion publique pour la présentation de ce projet. C'est Hakluyt notamment qui, citant les voyages faits vers la Floride par John et Sebstian Cabot sous le règne d'Henry VII d'Angleterre, au XVe siècle, affirmera le droit de l'Angleterre sur ce pays : « Gabote [...] first discouered Florida for the kinge of England, so that the englishemen haue more righte thereunto then the Spaniardes, yf to haue righte vnto a Contrie it sufficeth to haue firste seene and discouered the same » (cité par Taylor, 1935, vol. 77, 295).

Il est assez extraordinaire de penser que Hakluyt, qui n'avait jamais mis les pieds dans un bateau et qui avait pour tout horizon les « dreaming spires », les clochers perdus dans un rêve d'Oxford, ait pu depuis son fauteuil pour ainsi dire organiser un voyage de colonisation dans les moindres détails. On peut dire sans risquer de se tromper que Hakluyt était, à cette époque, l'homme le mieux informé du monde concernant la géographie de l'ensemble des pays connus, et aussi de ceux qui commençaient seulement à être connus (Parks, 1930, 106). Même si on peut sourire en voyant ce que Hakluyt proposait à Walter Raleigh de cultiver dans ces pays du Nouveau Monde qui correspondaient à l'actuel Canada - des olives, de la cannelle, des clous de girofle - il est certain que Hakluyt était conscient du fait que l'information représentait une sorte de pouvoir, et il voulait mettre ce pouvoir au service de son pays et de ses idées religieuses.

5. L'édition rouennaise de 1598

Cette édition française, parue à Rouen en 1598, signale le renouveau des desseins colonisateurs de la France. L'édition apparait en même temps que des Lettres Patentes du roi Henri IV relatives à la commission accordée au Marquis de la Roche, enregistrées par le parlement de Rouen le 2 mars 1598.

L'imprimeur, Raphaël du Petit Val, indique dans sa préface qu'il lui est « tombé entre les mains un discours du voyage fait ausdites terres par le Capitaine Jacques Cartier, escrit en langue estrangere, que j'ay fait traduire en la nostre, par vn de mes amis. I'y pensé qu'il ne seroit hors de propos de le mettre en lumiere ». Il s'agit donc bien d'une traduction française faite à partir de la traduction italienne d'un original français !

Le contexte est celui d'un pays qui tente de se relever après des années de guerres de religion. Henri IV venait de signer l'Édit de Nantes, puis la Paix de Vervins entre la France et l'Espagne. Une phase de pacification et de reconstruction du royaume avait commencé. Un poème qui figure en tête du volume présente un plaidoyer pour que les Français abandonnent enfin leurs luttes fratricides (« meurtres fraternels, & tout puant de crimes ») pour se « replanter » dans cette terre nouvelle et fertile qu'est le Canada :

Afin de r'auiuer aux actes valeureux,
Des renommez François à la race abastardie :
Comme on voit la vigueur d'vne plante engourdie,
Au changement de place, alaigre s'éueiller » (1598 : fol. Aiii v°)

On connait la suite : quelques années après eut lieu la fondation effective, enfin, d'une colonie française, la Nouvelle France, par Champlain en 1608. La France avait alors, pour un temps, réussi à surmonter ses dissensions, et l'Espagne venait d'entrer en décadence.

Ce va-et-vient des textes dont nous avons brièvement retracé ici l'histoire, de part et d'autre de la Manche, ponctue les projets colonisateurs des différents pays en présence dans la course à la colonisation du Nouveau Monde. On relèvera le rôle joué par ces publications pour préparer le terrain, agir sur l'opinion publique et convaincre les mécènes potentiels. On relèvera également l'importance nouvelle de la documentation écrite, qui en arrivait même à pouvoir supplanter l'expérience de première main, dans le cas de Hakluyt. On notera surtout le nouveau rôle de l'information, vue comme le « nerf de la guerre », et de la traduction comme moyen d'y accéder.

Par ces textes, aussi bien que par l'installation dans les pays en question, les différents états européens « plantaient leur drapeau » et affirmaient leur appropriation de terres lointaines, de l'autre côté de l'horizon.

Références bibliographiques

BIDEAUX, Michel, 1986. Jacques Cartier, Relations, édition critique par Michel Bideaux. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde ».

BIGGAR, Henry Percival, 1924.The Voyages of Jacques Cartier. Ottawa : Public Archives of Canada.

CARTIER, Jacques, 1545. Brief recit, & succincte narration, de la nauigation faicte es ysles de Canada, Hochelage & Saguenay & autres, auec particulieres meurs, langaige, & cerimonies des habitans d'icelles : fort delectable à veoir. Paris : Ponce Roffet. Reproduction en mode image disponible sur le site Gallica de la BnF. Edition Wikisource (édition électronique refaite sur l'original) :http://fr.wikisource.org/wiki/Fichier:Cartier_Brief_recit_de_la_navigation_faicte_es_ysles_de_Canada.djvu.

Version électronique en mode texte :http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre15300-chapitre72684.html.

CARTIER, Jacques, 1580. A shorte and briefe narration of the two Nauigations and Discoueries to the Northwest partes called Newe Fraunce. London : Henry Bynneman.

CARTIER, Jacques, 1598. Discours du voyage fait par le capitaine Jaques Cartier aux Terres-neufves de Canadas, Norembergue, Hochelage, Labrador, & pays adjacens, dite Nouvelle France. Rouen : Raphaël du Petit Val, 1598.

Colloque Jacques Cartier : histoire, textes, images, organisé par la Société historique de Montréal, 16, 17 et 18 mai 1985. Montréal : Société historique de Montréal, 1985.

FLORIO, John, 1611. Queen Anna's New World of Words, or Dictionarie of the Italian and English tongues, Collected, and newly much augmented by Iohn Florio, Reader of the Italian vnto the Soueraigne Maiestie of Anna, Crowned Queene of England, Scotland, France and Ireland, &c. And one of the Gentlemen of hir Royall Priuie Chamber. Whereunto are added certaine necessarie rules and short obseruations for the Italian tongue. London: Melchior Bradwood for Edward Blount and William Barret.

GALVANO, Antonio, 1862 (1555). The Discoveries of the World, from Their First Original unto the Year of our Lord, 1555. Corrected... and published in England, by R. Hakluyt. London : The Hakluyt Society, 1st series, n°30.

HAKLUYT, Richard, 1582. Divers Voyages Touching the Discoverie of America and the Ilands Adjacent unto the Same, Made First of All by Our Englishmen and Afterwards by the Frenchmen and Britons: With Two Mappes Annexed Hereunto. London : [Thomas Dawson] for Thomas Woodcock.

HAKLUYT, Richard, 1584. A Particuler Discourse Concerninge the Greate Necessitie and Manifolde Commodyties That Are Like to Growe to This Realme of Englande by the Westerne Discoueries Lately Attempted, Written in the Yere 1584. [London?], [s.n.]. Réimpressions:

Richard Hakluyt, A Discourse Concerning Western Planting Written in the Year 1584 (Maine Historical Society. Collections, etc.; 2nd Ser.), Maine, Maine Historical Society, 1831. Richard Hakluyt, A Particuler Discourse Concerninge the Greate Necessitie and Manifolde Commodyties that are Like to Growe to this Realme of Englande by the Westerne Discoueries Lately Attempted... (Hakluyt Society, Extra Ser., no. 45), London : The Hakluyt Society, 1993.

Edition électronique (extraits, orthographe modernisée) :http://nationalhumanitiescenter.org/pds/amerbegin/exploration/text5/hakluyt.pdf

HAKLUYT, Richard, 1589. The Principall Navigations, Voiages, and Discoveries of the English Nation : Made by Sea or Over Land to the Most Remote and Farthest Distant Quarters of the Earth at Any Time within the Compasse of These 1500 Years : Divided into Three Several Parts According to the Positions of the Regions Whereunto They Were Directed; the First Containing the Personall Travels of the English unto Indæa, Syria, Arabia... the Second, Comprehending the Worthy Discoveries of the English Towards the North and Northeast by Sea, as of Lapland... the Third and Last, Including the English Valiant Attempts in Searching Almost all the Corners of the Vaste and New World of America... Whereunto is Added the Last Most Renowned English Navigation Round About the Whole Globe of the Earth. London : Imprinted by George Bishop and Ralph Newberie, deputies to Christopher Barker, printer to the Queen's Most Excellent Majestie.

HAKLUYT, Richard, 1598-1600. The Principal Navigations, Voiages, Traffiques and Discoueries of the English Nation, Made by Sea or Overland ... at Any Time Within the Compasse of these 1500 [1600] Yeeres, &c. London : G. Bishop, R. Newberie & R. Barker, 3 vols.

HUCHON, Mireille, 2006. Le français au temps de Jacques Cartier, Présentation de Claude La Charité. Rimouski : Tangence éditeur, coll. « Confluences ».

PARKS, George Bruner, 1930. Richard Hakluyt and the English voyages. New York : American Geographical Society.

RAMUSIO, Giovanni Battista, 1556. Terzo volume delle navigationi et viaggi, nel quale si contengono le navigationi al Mundo nuovo [...]. Venetia : Giunta.

Les cartes et autres illustrations de ce volume sont accessibles par le lien suivant : http://www.thetreasuremaps.com/Reference/Ramusio_1565.php.

RAMUSIO, Giovanni Battista, 1980 (1556). Navigazioni e viaggi. 3. A cura di Marica Milanesi. Torino : G. Einaudi.

RAMUSIO, Giovanni Battista, 1933. Giovanni Battista Ramusio. À la découverte de l'Amérique du Nord. Navigations et voyages (XVIe siècle). Traduit de l'italien par le Général Langlois et M. J. Simon. Paris : Gene.

TAYLOR, E. G. R., 1935. The Original Writings and Correspondence of the two Richard Hakluyts.  London : The Hakluyt Society, 2nd series, vol. 76-77.

YATES, Frances Amelia, 1934. John Florio : the life of an Italian in Shakespeare's England. Cambridge University Press.

Pour aller plus loin

GAGNON, François-Marc et Denise PETEL, 1986. Hommes effarables et bestes sauvaiges. Images du Nouveau-Monde d'après les voyages de Jacques Cartier. Montréal : Boréal (coll. " Histoire ").

LEACOCK, S., The Mariner of St Malo : A Chronicle of the voyages of Jacques Cartier (s.d.). Version électronique disponible sur Projet Gutenberg :http://www.gutenberg.org/files/4077/4077-h/4077-h.htm

LESTRINGANT, Frank, 1993. Écrire le monde à la Renaissance : quinze études sur Rabelais, Postel, Bodin et la littérature géographique. Pris : éditions Paradigme.

Concernant le statut de fiction / non fiction des récits de voyages de découverte au XVIe siècle (récits de Cartier, Jean de Léry et André Thevet) : http://www.fabula.org/forum/colloque99/216.php

Sites internet

http://www.brown.edu/Facilities/John_Carter_Brown_Library/Champlainexhib/indexChamplain.html

 

Pour citer cette ressource :

Susan Baddeley, Le récit de voyage à l’épreuve des langues : le cas des récits de voyage de Jacques Cartier (1534-1545), La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), septembre 2011. Consulté le 25/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/litterature/litterature-britannique/le-recit-de-voyage-a-l-epreuve-des-langues-le-cas-des-recits-de-voyage-de-jacques-cartier-1534-1545-