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L’interprétation intersémiotique autour de la morphologie évaluative ou altérative de l’italien LE à partir d’une image

Par Omar Colombo : Lecturer in Italian language & culture - Paris-Sorbonne University Abu Dhabi (UAE)
Publié par Damien Prévost le 08/12/2009

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L'apprenant d'italien LE est exposé au suffixe altératif, c'est pourquoi notre intérêt porte sur son apprentissage par des étudiants de niveau A2/B2 (CECR). Nous vérifions si dans sa traduction le sujet sauvegarde le sens profond du document source (un dessin), conséquence d'une négociation interprétative : les images manifestent des oppositions dimensionnelles parmi les référents, actualisables par les altérés. Selon nos résultats, les sujets accèdent parfois à l'altération. Souvent, ils réalisent des stratégies de contournement de l'altératif qui respectent, quelquefois, le sens originaire du dessin et des altérés. Dans son dialogue avec le document source, le sujet réalise une réversibilité partielle du contenu, en dépit de la réversibilité de l'altération.

1. L'objet linguistique de notre recherche : la morphologie altérative de l'italien

Une base est dite « altérée » si celle-ci est dérivée par les suffixes évaluatifs, altératifs, ou modificatifs (Mutz, 1999). Ces suffixes sont capables de modifier la dénotation dimensionnelle de la base (diminutif augmentatif, om-ino « petit homme » om-one « homme grand ») et la qualité dans le sens négatif (péjoratif : ragazz-accio « mauvais garçon ») ou positif (mélioratif : mamm-ina « (ma) chère maman »). L'évaluatif ne change pas le signifié de la base, mais il l'altère en créant son hyponyme : camicetta « chemisette / chemisier » est un hyponyme de camicia qui, à son tour, est l'hypéronyme de camicetta.

« La particularité de la dérivation évaluative [est] de conserver au dérivé la capacité référentielle de la base, du moins de faire des référents du dérivé un sous-ensemble de ceux de la base » (Roché, 1999 : 209).

Les altératifs sont productifs dans les discours des italophones, notamment -ino, -etto et-one. D'ailleurs, souvent une construction altérée en synchronie subit un procès de lexicalisation, en devenant une altération en diachronie, lorsque le rapport d'hyponymie avec la base se perd. Ce qui enrichit certains champs lexicaux, comme les vêtements (camic-etta en est un exemple). La morphologie altérative est particulièrement complexe. Dans une construction évaluative, nous pouvons trouver un infixe ou interfixe (Grandi, 2002 : 143 ; Grossmann v. d., 2004 : 276), un phénomène non prévisible (Serianni, 1989 : 549) formé par une voyelle et une consonne (fuoch-er-ello « (un) petit feu, (un) feu faible ») ou par une affriquée entre la base et le suffixe (libr(o)-icc-ino « petit livre »). De plus, les évaluatifs se caractérisent par le cumul suffixal pouvant se combiner entre eux par la répétition du même suffixe, par la séquence de suffixes synonymiques (fogli(o)-ett(o)-ino « petit papier ») ou antonymiques (peu fréquent étant donnée l'incongruité sémantique : pazz(o)-er-ell(o)-one N-INF-DIM-AUG((N-INF-DIM-AUG : nom-infixe-diminutif-augmentatif.))« un jeune fou/un vieux fou »).

Ainsi, un apprenant d'italien langue étrangère (désormais LE), dès la première phase de son apprentissage (du niveau A1, selon le Cadre Européen Commun de Référence, CECR), peut s'exposer à la réception de l'altération, ce qui implique de devoir faire face à une manipulation morphosémantique et syntaxique, ainsi qu'à une activité cognitive, souvent problématique. L'altération apporte son sémantisme unique et ambigu : si les apprenants rencontrent des difficultés dans la segmentation morphématique, ils peuvent ne pas saisir le sens final du mot. La nécessité de travailler sur l'altération est d'autant plus prioritaire si l'on considère que les apprenants universitaires ont souvent des difficultés dans la manipulation du lexique et de la dérivation.

Ces constats nous ont amenés à nous intéresser à l'apprentissage morphosémantique des suffixes altératifs de l'italien LE et LC (langue cible), notamment à leur dérivation lexicale et nominale.

2. Le protocole et la méthodologie de la recherche : la production écrite autour de l'altération

VALICO (Varietà di Apprendimento della Lingua Italiana: Corpus Online,http://www.corpora.unito.it/), qui a été crée en 2003 à l'Université de Turin sous la direction de Carla Marello, Manuel Barbera et Elisa Corino entre autres, est un corpus de productions écrites d'apprenants étrangers en italien LE. Les textes ont été produits à partir d'images. Un dessin constitué par quatre vignettes cible l'emploi des constructions altérées. Dans les consignes, il est demandé aux étudiants de narrer une histoire et de décrire les référents en utilisant au moins 100 mots.

Les vignettes mettent en relief des oppositions parmi les référents, de nature quantitative (ou dimensionnelle : petit vs. grand) et dans une moindre mesure qualitative (positive vs. négative), ce qui devrait provoquer la production de l'altération en synchronie, en diachronie, nominale et adjectivale.

Les paradigmes lexico-sémantiques visés sont en nombre de trois :

(1) le physique des personnages (omino vs. omone ; cagnolino vs. cagnone, « petit chien vs. gros chien ») ;

(2) les vêtements des personnages, comme résultat d'une réflexion autour des constructions altératives lexicalisées (calzoni vs. calzine/calzette « pantalons vs. chaussettes ») ;

(3) les objets, qui incitent à des altérations en synchronie (libriccino vs. librone « petit livre vs. gros livre ») et en diachronie (pallone vs. palloncino « ballon vs. petit ballon »).

Notre échantillon d'enquête est composé de deux classes de langue italienne de l'Université Haute Bretagne-Rennes 2 : un groupe de 14 étudiants spécialistes de la LC (niveau B1/B2, CECR), inscrits en 3ème année de LEA-Italien ; un groupe de 27 apprenants, que nous appelons Continuation (dorénavant CONT), provenant de plusieurs horizons universitaires : ayant choisi l'italien comme module optionnel, ils ne sont pas des spécialistes de la LC (niveau A2/B1). Pour l'ensemble des apprenants, l'âge varie entre 20 et 22 ans, le français est la LM, l'anglais est la 1ère LE. D'autres LE peuvent faire partie du capital linguistique, comme l'allemand, l'arabe ou l'espagnol.

Le jour de l'expérience, les étudiants ont rempli un questionnaire sociolinguisitique. Puis, nous avons distribué les vignettes pour les altérés : nous avons lu collectivement les consignes (parmi lesquelles, l'impossibilité de consulter d'autres documents) et l'amorce (l'autre jour deux hommes marchaient sur le trottoir). Par la suite, les étudiants ont rédigé pendant 30 mn leur texte de façon autonome, libre mais semi-provoquée dans le sens où les sujets ont été guidés par les consignes et l'amorce.

Nous avons fait une analyse qualitative des données recueillies.

3. L'interprétation intersémiotique : une affaire de négociation du sens

Eco (2006) nous rappelle que d'après Jakobson à côté de la traduction interlinguale (d'une langue naturelle à une autre) et intralinguale ou reformulation (l'interprétation de signes linguistiques au moyens d'autres signes linguistiques de la même langue naturelle), il y aurait la traduction intersémiotique ou transmutation, c'est-à-dire « une interprétation de signes linguistiques au moyen de signes non linguistiques » (Jakobson, 1959 ; cité par Eco, 2006 : 265). Si Jakobson considérait surtout le cas de transmutation d'un texte verbal dans d'autres systèmes sémiotiques (comme un film ou un ballet), il ne prenait pas en compte un autre genre de transmutation : l'ekphrasis, la description d'une peinture ou d'une iconographie avec la relative traduction en signes linguistiques. Jakobson définissait les trois types de traduction comme des interprétations : la traduction serait par conséquent une sorte d'interprétation. L'association interprétation/traduction était due à l'influence de la pensée de Pierce, d'après lequel un signe est interprétable et, de ce fait, traduisible, par d'autres systèmes de signes. D'ailleurs, selon Jakobson « interpréter un élément sémiotique signifie traduire en un autre élément [...] et [...] de cette traduction l'élément à interpréter se relève toujours créativement enrichi » (Eco, 1978 : 24). Cependant, Eco (2006) nous rappelle que le mot interprétation n'est pas simplement synonyme de traduction mais que face un texte, comme le faisait remarquer Gadamer (1960 ; cité par Eco, 2006 : 272) il faut plutôt préalablement effectuer un compromis, une opération d'interprétation avant de le traduire.

Il faut passer par ce que Eco appelle une négociation, la meilleure solution disponible dans la traduction d'un énoncé d'un auteur X, dans l'objectif de rendre son texte. Cette négociation, consiste d'après Charaudeau (1983 : 108-108) en une interprétation qui est le résultat de la mise en relation des composantes d'un acte linguistico-discursif dans l'objectif d'en faire ressurgir la signification (du texte, de l'acte communicationnel ou discursif) : la mise en scène discursive dépendrait de divers ordres d'organisations de la matière langagière, composés à leur tour de compétences linguistiques que le sujet exploite dans sa mise en scène discursive((Pour plus d'explications sur les ordres d'organisation discursive, voir :Charaudeau 1983 : 58-81.)). Plus exactement, selon Eco une négociation est « un processus [...] pour obtenir quelque chose, [en renonçant] à quelque chose d'autre [...] » (Eco, 2006 : 18) : un bon traducteur est nécessairement un bon interprète et, comme résultat de sa négociation personnelle de l'intention du texte, il dira presque la même chose de ce qui est exprimé dans le texte source ; ou il le dira dans une autre manière. Le lecteur/interprète d'un texte n'est pas autorisé à le surinterpréter : la signification que l'interprète pense avoir découvert, doit être retrouvée quelque part dans le texte (Eco, 1996 : 39). Ces idées nous amènent inévitablement à considérer la traduction comme une sorte de reformulation dans le sens de Jakobson et de Pierce : ainsi, le mot it. ragazzina pourrait être traduit par le fr. fillette ou encore petite fille, qui sous-entend l'explication typique de la reformulation cet énoncé signifie que. La négociation ne considère pas le principe de simple renvoie d'un signe linguistique d'une langue à un autre signe linguistique d'une langue différente, car le signifié du signe à traduire est intimement retracé dans le signe qui le traduit : « l'acte de traduction est le premier acte de signification [...] les choses signifient grâce à un acte de traduction interne entre elles » (Eco, 2006 : 275). D'après Eco, en définitive, la traduction est un continuum d'équivalences ou de réversibilité par négociation du sens, intra et/ou intersémiotique, d'un signe à l'autre, une opération parfois difficile ou effectuée de façon imprécise. L'opération d'interprétation anticipe celle de traduction, ainsi les deux opérations sont réellement distinctes, même si intimement reliées entre elles.

Il s'agit ici également d'un continuum de modalités d'interprétation et de traduction (Eco, 2006 : 278-410)

A) L'interprétation intrasémiotique : à l'intérieur du même système sémiotique. Dans le cadre de l'interprétation intralinguale, à l'intérieur de la même langue naturelle, nous pouvons y inclure la synonymie, le discours métalinguistique (gattino significa piccolo gatto), etc. Selon Eco la reformulation est une interprétation et non pas une traduction : ce n'est qu'une fois que les termes sont désambiguïsés qu'on pourra passer à la deuxième opération, la traduction. Les opérations cognitives mises en place pendant cette interprétation, en phase de compréhension, s'appuient sur le contexte exprimé par le texte source pour déterminer le monde possible qu'il dégage (qui fait quoi, quand, pourquoi, etc.). Afin qu'une traduction soit réversible en ce qui concerne le sens profond du texte, plusieurs interprétations et hypothèses autour du même texte source doivent s'intégrer entre elles pour mener le lecteur à voir de façon semblable le texte source et celui d'arrivée : « le résultat ne change pas, le traducteur a choisi seulement l'une des lectures [ou des mondes] possibles » (Eco, 2006 : 293).

B) L'interprétation intersémiotique ou transmutation : d'un système de signes à un autre système de signes, d'une matière à une autre matière. D'après Eco, dans les formules de politesse, le côté esthétique doit respecter la brièveté typique de ces expressions d'une langue à l'autre. Ce qui nous amène à traduire la forme de salutation italienne buongiorno par le fr. bonjour, l'esp. buenos dias, l'ang. good morning, etc. Nous nous sommes posés la question de savoir si cet aspect esthétique de l'interprétation et de la traduction concerne également la réversibilité d'une forme altérative dans une interprétation intra et intersémiotique. D'après nous, cet aspect concernerait uniquement le discours d'un italophone, qui en général privilégie l'altération à la structure syntaxique adjectif+nom, pour des raisons de brièveté discursive, d'économie du langage((L'économie du langage pourrait ne pas résulter être l'élément prioritaire duchoix verbal d'un locuteur italophone, mais elle peut concrètement entrer enjeu dans le discours.)) et également de pragmatisme discursif. En revanche, pour un étudiant francophone d'italien LE, la reformulation, par exemple, de l'it. ragazzina par le fr. petite fille au lieu de fillette est tout à fait concevable étant donné que même au niveau intralinguale le mot ragazzina peut être reformulé comme ragazza piccola. D'ailleurs, le changement de substance linguistique (par exemple, une expression française plus longue que l'italienne) est permis si ce changement apporte au texte d'arrivée la même information du texte source (Eco, 2006 : 307-308). Un apprenant d'italien qui doit traduire l'it. ragazzone, n'ayant pas dans sa LM une forme correspondante, réalisera une structure syntaxique pour pallier au vide lexical, comme un grand garçon. Dans les deux exemples proposés, l'information, ou le sens profond, du texte source est respecté(e). Le remaniement partiel est effectué par le traducteur dans l'objectif de rester fidèle au sens profond du texte source, lorsque la langue d'arrivée ne permet pas une réversibilité totale et directe par défaut, dans notre exemple, d'un vide lexicale. Ce qui implique parfois de violer le référent, ou la symbolisation référentielle (Charaudeau, 1983 : 21-22). Si selon Hjelmslev une langue se compose d'un contenu qui manifeste les concepts exprimables par une expression propre à chaque langue, alors nous devons accepter l'idée selon laquelle la traduction ou l'accessibilité d'un contenu d'une langue à l'autre est impossible. Dans ces conditions, l'important sera de renoncer à certaines propriétés du texte, certains niveaux de sens, pour se concentrer, par négociation, sur les propriétés qui comptent le plus pour valoriser le contexte et les objectifs primordiaux du texte source. D'après Pierce, l'interprétant final (une représentation de sens, un signe) doit valoriser le sens initial du texte source, dans le respect également des habitudes comportementales (ou culturelles) de la langue d'arrivée((D'après Eco (2006 : 102-106), il existerait la dichotomie Type Cognitif vs. Contenu Nucléaire qui, d'après nous, correspondrait à la dichotomiesaussurienne Signifié (collectif,culturel, abstrait : Type Cognitif)vs. Signification (individuelle,subjective, concrète : ContenuNucléaire). Il y aurait également un ContenuMolaire : l'ensemble des connaissances du référent et des sensrelatifs qui appartiennent non pas à tous les locuteurs d'une langue donnée,mais à un nombre réduit de sujets car il s'agit de connaissances sectorielles.)). De même, d'après Le Ny (2005 : 100), en compréhension le sens initial à exprimer (une intention sémantique de dire quelque chose, peu consciente ou inconsciente), donne vie au sens terminal en production qui est, quant à lui, intentionnel et qui correspond à l'expression du sens initial.

En définitive, une traduction nécessite des opérations interprétatives préalables (ou une négociation) et des objectifs à rejoindre : « le choix de s'orienter vers la source ou vers la destination reste en ce cas un critère à négocier phrase par phrase » (Eco, 2006 : 227).

Une autre sorte d'interprétation intersémiotique consiste à muter la matière : un signe source A est traduit par un signe d'arrivée B, ce dernier appartenant à un autre système sémiotique dont les signes sont d'une matière différente. Comme pour la production écrite des étudiants de notre échantillon de recherche, dont l'objectif est de décrire et de traduire de façon explicite ce qu'ils voient dans les vignettes : c'est ce que l'on appelle une ekphrasis évidente. Le lecteur de la production finale devra (mieux) connaître ou reconnaître les images évoquées. Le rédacteur réalisera une hypotypose, une figure rhétorique par laquelle les mots doivent rendre transparent(e)s, ou actualiser, des phénomènes ou des expériences visuel(le)s, méconnu(e)s ou inconnu(e)s par le lecteur. D'où la nécessité d'introduire notre iconographie par des consignes qui invitent les sujets à détailler leur description : même quelqu'un qui n'aurait pas vu les images doit comprendre le sens (profond) de l'histoire évoquée. En revanche, nous supposons qu'un sujet qui perçoit les images a encore une marge de liberté dans sa propre interprétation, en pouvant (1) en dire plus ou (2) en dire moins ; (3) faire voir une autre chose ou même (4) décider d'isoler un niveau fondamental du texte source, celui qui sert au traducteur pour rendre le sens profond de l'histoire au détriment des faits moins relevants. Ce qui revient à reconnaître que le traducteur impose sa propre interprétation (ou négociation) du texte source.

4. La problématique et les hypothèses initiales

Notre objectif est d'analyser la construction du sens dans les ekphrasis, résultat de la négociation interprétative entre l'étudiant et le document source (le dessin). De ce point de vue, nous voulons vérifier (1) si l'apprenant parvient à dire la même chose du texte source ; si le sens profond du texte est sauvegardé dans l'interaction entre le sujet, le texte source et celui d'arrivé ; (2) si le sujet accède au lexique altératif et si ce dernier est exigé pour que l'apprenant exprime son intentionnalité discursive, ou son sens terminal. Nous avons déjà eu l'occasion d'exprimer notre première hypothèse initiale, selon laquelle la réversibilité référentielle et sémantique, du texte source au texte d'arrivée, est parfois permise en employant des tournures syntaxiques qui sont censées remplacer l'altération.

Cette problématique nous mène à nous intéresser également à l'activité linguistico-cognitive : nous voulons observer s'il y a des difficultés ou non, et lesquelles, dans la manipulation morphosémantique des évalués. D'après nos hypothèses, les difficultés préconisées dans l'utilisation adéquate de l'évaluation sont de nature lexicale (étant donné que certains noms sont probablement inconnus) et morphologique (vue la complexité de certaines constructions altératives). D'ailleurs, dans l'accès au lexique évaluatif, les étudiants peuvent (1) exploiter des stratégies interlinguistiques depuis la LM et (2) recourir aux suffixes et aux formes évalué(e)s les plus commun(e)s, fréquent(e)s et, de ce fait, les plus simples à mémoriser.

5. L'analyse des productions écrites et ses résultats

Les résultats montrent que plusieurs facteurs morphosémantiques et syntaxiques, ainsi que des variables épi-/métalinguistiques (Culioli, 1979), entrent en jeu dans l'activation lexicale.

La production des constructions altératives : catégories syntaxiques et suffixes

D'après nos observations, la catégorie syntaxique qui se prête davantage à l'évaluation en italien LE est la nominale, suivie bien loin derrière par l'adjectivale. Il faut remarquer que le recours à l'altération est parfois obligatoire pour désigner l'objet extralinguistique, ce qui explique en partie le recours au nom, souvent comme résultat d'un procédé de lexicalisation de la construction altérative. Dans les productions écrites de CONT, 7.5% des constructions nominales sont altératives, pour 16% de LEA. Ce résultat peut s'expliquer par une plus grande compétence des étudiants spécialistes de la LC ; lesquels présentent une meilleure performance. En effet, ils citent un nombre majeur de MA (mots altérés attendus par notre protocole de recherche), précisément 42 (contre 32 de CONT), ils évaluent des bases adjectivales (à la différence de CONT) et ils produisent un nombre important de constructions évaluées en synchronie tandis que les sujets de CONT préfèrent souvent la juxtaposition adjectivale au nom (par exemple, piccolo cane au lieu de cagnolino). Nous remarquons ainsi qu'à la différence de l'évaluation en diachronie, celle en synchronie s'est avérée moins importante puisqu'elle peut être substituée par des structures syntaxiques compensatoires. Dans l'accès au lexique évaluatif, les étudiants ont également fait preuve d'une stratégie interlinguistique LM®LC positive en présence d'une transparence nominale (totale) : bicycl-ette fr. >bicicl-etta it., ballon fr.>pallone it., etc. L'espagnol LE est entré parfois dans un transfert trilatéral dans le cas d'une coïncidence morphosémantique français/espagnol/italien (bicyclette fr., bicicleta esp.-> bicicletta it ; etc.).

Les sujets de LEA utilisent également un nombre majeur de suffixes (10 vs. 6) et d'occurrences relatives, ce qui confirmerait leur compétence lexicale plus grande même si parfois le choix du suffixe n'est pas approprié. En revanche, les apprenants montrent leur connaissance des diminutifs -ino et -etto, employés de façon appropriée en ce qui concerne le sémantisme quantitatif (la petitesse) ; tandis que l'augmentatif -one est utilisé souvent de façon non appropriée, en confondant son sémantisme typique, la grandeur, avec son antonyme, probablement par effet d'une interférence depuis le diminutif français -on : *pallone/*ballone pour palloncino, *calzoni pour calzette, etc. Le péjoratif -accio est employé uniquement par le groupe de LEA, en revanche rarement et souvent de façon non appropriée (*grand-accio). D'une manière plus générale, le sémantisme quantitatif prévaut sur tout autre sémantisme. En effet, le sémantisme qualitatif est exprimé rarement par le recours à l'altération (LEA : carino « mignon », tipaccio « type louche »). En syntonie avec Bogaards (1994 : 151-153), nous en concluons que les apprenants ne gèrent correctement que les constructions et les diminutifs les plus productifs, fréquents et, de ce fait, les plus familiers. Ce qui explique leur hypergénéralisation, notamment pour les constructions X-ino et le suffixe -ino. Aussi, le recours non fréquent au cumul suffixal, à l'infixe et à l'allomorphie de la base révèle les difficultés morphosémantiques des apprenants en italien LE.

Le contournement du lexique altératif au moyen de stratégies compensatoires

En présence de difficultés morphosémantiques des MA les étudiants (notamment de CONT) mettent en oeuvre des stratégies compensatoires (compensatory strategies : Kellerman, 1991) ou des processus interactifs compensatoires (Gaonac'h & Merlet, 1995), dont le résultat est de contourner et/ou d'éviter le MA en compensant (1) le vide laissé par le lexique altératif ou (2)le manque d'efficacité des opérations cognitives pour l'accès lexical. Il faut préciser que parfois les apprenants ne sont pas conscients de l'existence du MA, ayant réalisé ces stratégies dans le cadre d'opérations normales de codification : dans le discours oral ou écrit, nous nous trouvons fréquemment face à des choix lexicaux qui contredisent le principe de l'économie du langage, en recourrant, par exemple, à la juxtaposition adjectivale au nom (uomo piccolo), au lieu de sélectionner un seul mot (om-ino).

La première stratégie consiste à choisir l'hyperonyme du MA : l'apprenant met en évidence un seul signifié, celui de la base et non pas celui du suffixe porteur d'une valeur sémantique propre. Le sens de X-SFX (mot+suffixe) serait un X tout court (Colombo, 2009 : 65). L'hyperonymie se présente comme un continuum lexical : le choix de l'hyperonyme peut être interprété selon la distance qui le sépare du MA.

(1) Les sujets ont traduit certains mots (comme cappellino ou palloncino)avec l'hyperonyme le plus proche (cappello, pallone). (2) Très souvent les étudiants ont choisi le nom superordonné du champ lexico-sémantique dans lequel placer le MA (son hyperonyme direct) : frutta (« fruits ») pour melone etc., vestiti (« vêtements ») pour camicetta, etc. (3) L'étudiant cible souvent un niveau lexical qui se positionne plus loin dans la chaîne de l'hyperonymie (dans le continuum lexical), c'est-à-dire des génériques du MA comme machin, chose ou objet.

La deuxième stratégie consiste à avoir recours au transfert interlinguistique d'emprunts à d'autres LE (de l'anglais : Mickey Mouse pour Top-ol-ino, T-shirt pour magli-etta, short pour pantalon-c-ini), intégrés non seulement dans la LM, mais également dans la LC. Le mot est parfois emprunté à la LM, mais dans ce cas il s'agit d'un mot non intégré en LC (par exemple, chorizo) avec une non inclusion de la LE dans l'aire sémantique de la LM (Masperi, 1996). Si le sujet ne connaît pas le MA, il peut décider de laisser un vide lexical (rattrapa, chaussettes).

CONT-12 - « un gatto [...] (rattrapa) delle (chaussettes) » ; CONT-14 - «un grande chorizo ».

La troisième stratégie consiste à juxtaposer des adjectifs qualificatifs aux noms pour rendre compte de la valeur sémantique typique de l'évaluation en synchronie : il s'agit d'un transfert interlinguistique du modèle syntaxique de la LM, comme fr. une grosse femme --> it. una grossa donna. Les adjectifs petit/mince (pour la petitesse) et grand/gros (pour la grandeur) sont employés pour mettre en évidence le sémantisme quantitatif ; gentil/beau (pour l'aspect positif) et méchant/mauvais(négatif) pour le sémantisme qualitatif.

CONT-10 - « l'uomo a destra è grande [...] » ; LEA-10 - « [lui] era piccolo e magro [...] » ; CONT-19 - « [lui] sembrava gentile [...] »; CON-26 - « [un cane] bello [...] » ; LEA-2 - « [un uomo] cattivo, bruto ».

La quatrième stratégie concerne des mots correctement altérés, mais utilisés d'une manière erronée pour désigner des référents non correspondants aux signes linguistiques utilisés : le choix n'est pas approprié au contexte.Le suffixe choisi exprime un sémantisme en opposition, parfois antonymique, aus uffixe attendu : calz-oni pour calz-ette/-ine, pall-one pour pallonc-ino.Cette erreur implique (1) que l'association entre forme et substance du morphème altératif (le suffixe) n'es tpas toujours cognitivement stable et (2)que cette incohérence et cette instabilité morphosémantique est généralisée à l'intérieur du réseau cognitif des suffixes.

La cinquième stratégie consiste à réaliser des structures syntaxiques qui évitent le MA et son sémantisme.

CONT-9 - « [lui] era vestito da turista » (« il était habillé comme un touriste ») ; CONT-20 - « [lui era] vestito come per andare *alla montagna l'estate » (« il était habillé comme pour aller à la montagne en été»).

Est-ce que les stratégies compensatoires permettent la réversibilité du sens (profond) du texte source ?

Nous avons mentionné l'usage des constructions altératives dans le discours italophone dans le respect du pragmatisme et de l'esthétisme typiques de l'évaluation (cf. § 3). À la lumière de ce que nous venons de constater à l'égard des stratégies compensatoires, il s'agit maintenant de comprendre si le contournement du lexique altératif est à considérer,

(1) comme une stratégie qui entraîne l'étudiant d'italien LE à perdre de vue la réversibilité du lexique altératif et de son sémantisme ; (2) comme une perte uniquement stylistique et pragmatique ; ce qui impliquerait que l'évaluation est un domaine de la dérivation non indispensable et, de ce fait, non prioritaire dans un cours d'italien LE.

D'après Fabbri (1998 ; cité par Eco, 2006 : 380), parfois la transmutation matérielle fait perdre des informations importantes, ne permettant pas ainsi la fidélité au sens du texte source. La description verbale (écrite) d'une image(par ex., un tableau) ne peut pas traduire tous ses sens, ses couleurs, ses formes et les émotions relatives à celle-ci. En effet, il manquerait la réversibilité ou l'équivalence totale. Ce qui mettrait en question le principe plurifonctionnel, ou l'omnipuissance sémantique (Berruto,1997 : 15-17), spécifique au système linguistique.

Il nous semble que la juxtaposition adjectivale garantie la réversibilité de la substance, du signifié ou du sémantisme typique, d'une construction évaluée en synchronie. Même si, de ce fait, il y a une perte partielle dans l'accès au lexique évaluatif. En effet, cette stratégie permettrait de traduire en matière linguistique les oppositions quantitatives, petit vs. grand, sans passer par la forme linguistique attendue (l'altérative). De ce point de vue, le remaniement partiel du texte source permet au sujet analysant de rester fidèle au sens profond du texte. Le sens initial à exprimer correspondrait au sens final. D'ailleurs, l'emploi d'adjectifs est très fonctionnel au discours lorsqu'il n'y a pas de correspondances directes LM/LC. Le pragmatisme et l'esthétisme altératifs que nous avons postulés perdent ainsi l'incidence, l'important pour un étudiant en italien LE étant de savoir exprimer le sens profond du texte source et de communiquer ses intentions discursives (comme nous l'indique, d'ailleurs, le CECR). Et ceci, même lorsque le texte d'arrivée n'offre pas la forme linguistique prototypique, en proposant à sa place une structure syntaxique qui ne respecte pas non plus le principe de l'économie du langage, celui de la brièveté typique d'une construction altérée. Comme nous l'avons déjà précisé, l'économie du langage n'est pas toujours primordiale dans les choix discursifs d'un locuteur. L'équivalence fonctionnelle étant respectée, et ainsi l'effet (le sens) voulu par le texte source aussi, la juxtaposition adjectivale résulte d'une stratégie toute à fait acceptable dans les objectifs de signification du rédacteur. L'hypotypose et la symbolisation référentielle (cf. § 3) sont respectées.

En revanche, le choix non approprié et l'évitement d'une construction altérative s'inscrivent dans le cadre d'une perte absolue d'informations, étant donné que les étudiants ne traduisent pas en matière linguistique ce que la matière iconographique indique. Le remaniement du texte source nous semble total et inefficace, le sens profond du texte initial n'étant pas respecté dans le texte d'arrivée. Une ekphrasis est une affaire de négociation subjective ; de ce fait, le traducteur a le droit d'isoler des niveaux fondamentaux du texte source, quitte à en éliminer d'autres, si ces opérations lui semblent pertinentes pour valoriser le sens plus profond du texte. Toutefois, cette objection est acceptable pour l'altération en synchronie, beaucoup moins pour l'évaluation en diachronie. Considérons d'abord le rôle de l'évaluation lexicalisée pour désigner certains référents : des calzoni ne sont pas des calzine ; des vêtements pour l'été ne sont pas nécessairement des shorts. Nous en concluons que lorsque le traducteur a négocié les niveaux fondamentaux du texte et le sens profond à traduire, il devrait respecter la réversibilité des signes iconographiques en signes linguistiques.

Nous avons remarqué que le recours aux emprunts (short, Mickey Mouse) a souvent abouti au contournement de la construction évaluée (pantalon-c-ini, Top-ol-ino) sans nuire, cependant, au sens profond du texte : comme pour la juxtaposition adjectivale, si d'un côté il y a une perte partielle (lexicale), de l'autre le sémantisme source est sauvegardé. Ainsi, le recours à l'anglais LE constitue un transfert positif même si par ce moyen l'apprenant contourne le MA. D'ailleurs, ces mots sont intégrés dans le dictionnaire de la LC : il s'agit d'une sorte de domestication ou de familiarisation lexicale, une technique épi- ou métalinguistique dont l'objectif serait de s'exprimer avec des termes plus familiers. Bien évidemment, à côté de ces occurrences nous avons enregistré des cas de perte absolue, lorsque le transfert a débouché sur une interférence interlinguistique de mots de la LM morphosémantiquement non intégrés en LC, avec une perte d'informations importantes.

L'hyperonyme le plus lointain de la construction évaluée dans le continuum (machin, chose ou objet), représente sans doute une perte totale vis-à-vis de la construction altérative. Ni la forme ni la substance n'a été retenue par le traducteur. Le sujet a choisi un niveau du texte source sans cependant l'interpréter et sans le décrire en profondeur. De ce fait, l'ekphrasisne garantie pas l'hypotypose par rapport aux images. Tandis que l'option pour l'hyperonyme le moins proche au MA (frutta, vestiti),peut être considérée comme une perte, mais une perte particulière:c'est certain, la perte est absolue vis-à-vis de la construction altérative, en revanche le sujet a décidé d'interpréter les référents dans l'un des mondes possibles représentés dans les vignettes. C'est le résultat de la négociation subjective d'un niveau du texte, choisi au préalable, qui est tout à fait concevable : l'étudiant interprète subjectivement les vignettes,sans devoir, de ce fait, utiliser les altérés. Remarquons que dans le choix pour l'hyperonyme le plus proche au MA, les sujets sauvegardent seulement très partiellement le sens profond du texte, étant donné que le référent dénommé équivaut à une variété de quelque chose : dans la transmutation, par exemple, un palloncino devient une variété de pallone. Mais en italien, le pallone n'est pas un palloncino et l'effet interlinguistique probable du français ballon peut être considéré comme une interférence. Parfois il s'agit d'un reflet de la non correspondance directe LM/LC, un mot altéré spécifique pour désigner le référent n'existant pas en français.

Nous en concluons que la dérivation altérative s'avère être importante dans l'apprentissage lexicale des étudiants d'italien LE au moins en ce qui concerne les constructions évaluatives désormais lexicalisées ; l'altération en synchronie ne semble pas indispensable pour permettre la réversibilité du sens profond d'un texte source, pouvant être remplacée par la juxtaposition d'un adjectif au nom.

Le script et la sauvegarde de l'intentionnalité du texte source

Dans les ekphrasis des étudiants nous avons observé des différences quant aux priorités des tâches à accomplir : si les apprenants de CONT donnent la priorité à la tâche narrative, ceux de LEA apportent leur attention également à la tâche descriptive, ce qui peut s'expliquer de nouveau par leur compétence lexicale plus grande. En revanche, les représentations du script sont très similaires parmi les rédacteurs qui ont proposé la même structure narrative, notamment pour ce qui intéresse les constituants prioritaires et la chronologie des actions. Les apprenants ont porté leur attention cognitive sur les informations pertinentes, en éliminant les non pertinentes.

« En fonction des variables contextuelles et/ou situationnelles [...], le sujet doit [...] diriger son attention sur tel ou tel aspect du message, [et] définir des priorités dans le choix des opérations à mettre en œuvre à différents moments du traitement » (Coirier v. d., 1996 : 275).

D'après le script le plus répandu, les sujets ont ciblé les relations de cause à effet les plus fonctionnels à une narration simplifiée mais essentielle, c'est-à-dire à une histoire qui contient des topics (ou arguments prioritaires du discours) tels que, (1) les actions et les faits les plus importants ; (2) les traits sémantiques les plus évidents concernant le physique des personnages (leur dimension) et leurs vêtements ; (3) les objets les plus saliens (vélo et ballons). Un certain nombre de facteurs peuvent justifier la simplification du script, comme les consignes et le temps à disposition pour la rédaction. Si l'évaluation quantitative est prioritaire, c'est probablement par son objectivité et, de ce fait, sa stabilité cognitive, ce qui l'oppose à l'altération qualitative. De plus, le contexte favorise la perception des référents en opposition dimensionnelle entre eux (Grandi, 2002 : 36-44), en mettant au premier plan l'opposition des référents immédiats et prioritaires qui occupent l'espace le plus important et qui sont dessinés selon une symétrie presque parfaite. D'ailleurs, l'amorce dirige elle aussi l'attention sélective vers ces référents. D'après nous, en compréhension, la perception des référents stimule l'analyse du contexte, permet l'élimination des informations non pertinentes et la construction du sens initial à exprimer, ce qui donne vie au sens terminal de dire quelque chose en production au moyen des MA ou des stratégies de contournement de celles-ci.

Les niveaux de sens sélectionnés sont ceux que Jakobson définissait comme la dominante d'un texte, c'est-à-dire l'ensemble des éléments prioritaires. L'emboîtement de propositions, ou l'hyperproposition (Eco, 2006 : 60) privilégié(e) a exclu d'autres propositions possibles, d'autres mondes possibles. Ainsi, souvent, plusieurs détails présents dans les vignettes n'ont pas été pris en compte dans la rédaction du texte et dans sa fabula, c'est-à-dire dans « la séquence chronologique des événements que le texte peut montrer selon une intrigue différente » (Eco, 2006 : 59). Notamment, les objets estimés comme étant les moins saliens (par exemple, le bracelet) ou l'opposition dimensionnelle de certains traits physiques des personnages (comme les nez ou les moustaches) et de certains objets (comme les fruits).

En conclusion, au-delà du fait que les apprenants accèdent ou non au lexique altératif, les sujets, dans leur dialogue avec le document source, dégagent le sens profond de l'histoire et l'intentionnalité du texte. L'interprétation (par négociation) permet à la traduction de rendre partiellement réversible le contenu de l'histoire même si, souvent, en dépit de la réversibilité lexicale.

Notes

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Pour citer cette ressource :

Omar Colombo, L’interprétation intersémiotique autour de la morphologie évaluative ou altérative de l’italien LE à partir d’une image, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), décembre 2009. Consulté le 26/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/italien/langue/l-interpretation-intersemiotique-autour-de-la-morphologie-evaluative-ou-alterative-de-l-italien-le-a-partir-d-une-image