Les représentations de quelques suffixes italiens chez les Français : une étude exploratoire
Notre contribution est consacrée aux représentations de la morphologie lexicale italienne chez les Français. Selon nos hypothèses initiales, la présence d’italianismes dans plusieurs publicités et dans les noms de produits ou de magasins français implique que ces représentations soient positives. Après avoir consulté quelques références sur le sujet, nous présenterons notre enquête exploratoire. Un questionnaire oral a été soumis à un mini-échantillon d’informateurs (trois étudiants français, non spécialistes en la matière, non apprenants en italien). Le questionnaire prévoyait des noms dérivés par des suffixes italiens : nous avons demandé aux informateurs de nous expliciter les évocations et les sentiments provoqués par un ensemble de mots dérivés et d’images de produits italiens célèbres en France.
Les informateurs affirment que les suffixes les plus familiers sont -orama et –issime, ayant la tendance à les caractériser comme des suffixes français plutôt qu’étrangers à la différence de -issimo, -ativa, -eria et des suffixes évaluatifs (diminutifs, augmentatifs, mélioratifs, péjoratifs). Cette dernière considération nous amène à distinguer, d’une part, la familiarité des morphèmes et, d’autre part, la familiarité sémantique et culturelle : le facteur familiarité s’affirmerait ainsi dans l’esprit des informateurs face aux suffixes évaluatifs. La fréquence et la familiarité des morphèmes et des mots (surtout lorsque ces derniers ont été analysés comme des unités autonomes ou globales) influenceraient vraisemblablement l’activation lexicale. Comme d’ailleurs le symbolisme phonétique qui semblerait entrer, parfois, dans les opérations mentales d’accès au lexique évaluatif.
1. Pourquoi s’intéresser aux représentations des suffixes italiens chez les Français
Notre contribution s’intéresse aux représentations préalables de la morphologie lexicale italienne chez les Français. Il nous semble intéressant de comprendre comment les Français se représentent les suffixes italiens connus en France : leurs opinions et leurs représentations sur les suffixes italiens peuvent s’avérer pertinentes sur le plan linguistique et culturel.
Notamment, notre recherche concerne les représentations spontanées. Pour comprendre ce qu’est une représentation, nous proposons la définition formulée par Le Ny (2005 : 57) :
« [Une représentation est une] entité cognitive dotée d’un contenu, présente dans un esprit [ndr, un cerveau], susceptible d’en déterminer le fonctionnement, mais non nécessairement consciente. [Les] représentations sont des états de la mémoire, états qui sont, selon le cas, à long terme ou à court terme (et qui sont alors tout aussi bien des événements mentaux). […] Nous allons tenter de préciser de façon simple ce rôle de la conscience des représentations contenues en mémoire [en recourant à ce que l’on appelle les] souvenirs : des représentations relevant de la mémoire dite autobiographique (ou épisodique)((Similairement, Tulvig (1972) définit la mémoire épisodique / autobiographique comme étant constituée par les souvenirs subjectifs de l’individu.)) dans les théories actuelles ».
Cette enquête exploratoire se veut descriptive et sommaire : elle repose sur la volonté de décrire les représentations et la perception des suffixes de l’italien du point de vue de leur familiarité et, éventuellement, de l’affectivité. Il s’agit de prendre en compte, selon une approche contrastive, la parenté morphologique français / italien des suffixes italiens les plus diffusés en français. Nous prendrons aussi en compte ceux qui ont subi une francisation dont nous vérifierons également l’impact affectif et perceptif pour un Français.
Nous constatons la présence d’italianismes dans plusieurs publicités et dans les noms de produits ou de magasins français, ce qui implique probablement que les représentations des suffixes soient positives. Il est intéressant de vérifier aussi si cette perception positive est associée à une idée d’italianité. Dans la mini-enquête que nous avons réalisée pour rendre compte de ces perceptions, nous avons pris en considération les calques et les emprunts italiens, l’emploi des constructions évaluées dans les noms de produits et des magasins commerciaux, les suffixes étrangers mais non italiens qui peuvent évoquer, toutefois, une certaine idée d’italianité. Quelques principes théoriques clarifiant les notions d’emprunt et de calque linguistiques, ainsi que quelques observations sur le rôle des noms des produits Made in Italy dans le monde, notamment en France s’avèrent nécessaires pour un encadrement correct de la problématique abordée ici.
2. Les calques et les emprunts italiens
Un emprunt est un mot qui passe d’une langue à l’autre (Antonelli & Serianni, 2006 : 86)((Antonelli & Serianni (2006 : 86) remarquent à quel point le choix du terme emprunt est peu pertinent, étant donné qu’en général l’emprunt est définitif et ne se prête donc pas à être restitué à la langue emprunteuse.)). L’emprunt peut être phonétique (le passage de phonèmes d’une langue à l’autre), morphologique (grammatical : désinences, affixes, etc.), syntaxique (concernant les expressions et les suites de mots comme l’italien chi suona che « qui sonne quoi », emprunté par l’anglais – Antonelli & Serianni, 2006 : 87), lexical qui concerne des simples mots ou locutions. Parmi les emprunts lexicaux italiens, nous rappelons des noms de produits culinaires commerciaux en provenance d’Italie (par exemple, spaghetti / spaghettis). À leur tour, les lexicaux peuvent être des emprunts intégraux (par exemple, spaghetti ou ghetto) ou adaptés à la langue d’arrivée (c’est-à-dire qu’ils ne sont pas reconnaissables comme des emprunts étrangers à moins que l’on remonte à leur origine).
Lorsque les locuteurs de la langue d’arrivée n’adoptent pas un mot ou une locution étrangers mais les adaptent en utilisant des structures de leur propre langue maternelle (phonologique, orthographique), nous ne parlons plus d’emprunt mais de calques structuraux ou sémantiques((Le calque sémantique consiste à donner un nouveau signifié à un terme préexistant : par exemple, pour le verbe salvare à côté du sens de base « sauver », il y a le sens périphérique « sauvegarder (des données informatisées) » qui est né sur un calque sémantique de l’anglais to save qui prévoit la même acception. Le calque structural (ou morphologique) consiste à mettre ensemble deux éléments inconnus à la langue d’arrivée : par exemple, l’italien fine settimana est né sur un calque morphologique de l’anglais week (it. « settimana », fr. « semaine ») et end (it. « fine », fr. « fin »).)).
Melchiorre Cesarotti((Cesarotti, Melchiorre, 1785, Saggio sopra la filosofia delle lingue, cité dans Antonelli & Serianni (2006 : 85).)), en opposition à l’idée puriste de la langue, affirmait en 1785 que « nessuna lingua è pura » (aucune langue n’est pure) car toutes les langues naturelles sont nées de la rencontre de plusieurs composantes linguistiques : l’entrée de mots étrangers (par exemple, italiens) dans le dictionnaire d’une langue donnée (par exemple, le français), avec ou sans ajustement phonologique et morphologique en direction de la langue d’arrivée((Un exemple de non-ajustement est l’emprunt intégral italien ghetto. Lorsqu’on parle d’ajustement, nous pensons soit à un emprunt adapté (par exemple, le -s final dans spaghettis), soit à un calque (comme le fr. risque calqué de l’it. rischio en 1557 ; cité par Antonelli & Serianni 2006 : 102).)) ne doit pas être considéré comme une menace à l’intégrité d’un système linguistique. Au contraire, ce procédé lexical enrichit une langue donnée. Ainsi, les emprunts étrangers, et notamment français, sont entrés dans la langue italienne depuis les premiers siècles, lorsque la culture française était particulièrement prestigieuse. L’attitude opposée aux emprunts remonte aux périodes des échanges commerciaux et culturels du XVIe siècle, surtout dans le cadre du nationalisme politique. D’après Bruno Migliorini, linguiste néo-puriste, il ne fallait pas s’arrêter aux principes de la beauté et de la provenance d’un mot, mais accepter tous les emprunts capables de combler un manque dans la langue d’arrivée, pourvu qu’ils ne soient pas en contraste avec la structure phonologique et morphologique cette dernière. Toutefois, à côté des emprunts de nécessité (lorsque le mot n’a pas d’équivalents dans la langue d’arrivée((Par exemple, le français blasé est un emprunt intégral et de nécessité pour l’italien ; vice-versa, le suffixe italien -issimo est un emprunt intégral pour le français.))), il y a des emprunts de luxe (ou de mode), c’est-à-dire ceux qui se juxtaposent aux mots équivalents et préexistants dans la langue d’arrivée : en général, leur introduction est due au prestige de la langue d’origine((Par exemple, les fr. rendez-vous et défilé insérés dans le lexique de l’italien malgré l’existence des it. appuntamento et sfilata. Des anglicismes comme short pour pantaloncini ou T-shirt pour maglietta peuvent être interprétés comme des emprunts à la fois intégraux et de mode.)). Le passage d’une langue à l’autre est permis grâce au contact entre les deux langues :
« si parla di un rapporto di superstrato se la lingua del popolo invasore, pur non soppiantando la lingua del popolo conquistato, ne influenza alcuni tratti (quasi sempre lessicali) [...]. Si definisce, invece, azione di sostrato l’influenza di una lingua scomparsa sulla lingua dei dominatori che [...] è venuta a sostituirla [...].» (Antonelli & Serianni, 2006 : 88).
Un troisième type de contact, l’adstrat, concerne l’action exercée par une langue frontalière (Marazzini, 2002 ; Antonelli & Serianni, 2006 : 88).
Le lexique est le domaine du système linguistique le plus exposé à la mutation étant donné ses liens avec la réalité extralinguistique par l’effet des changements socioéconomiques, de la transformation culturelle, scientifique et technique, des échanges avec les autres communautés (D’Achille, 2001 : 113). Autrefois l’emprunt était favorisé par les déplacements de personnes d’un pays à l’autre qu’impliquaient les conquêtes, les échanges commerciaux-culturels, les pèlerinages, etc. Aujourd’hui, ces processus d’échange linguistique ont lieu surtout grâce à la médiation des moyens de communication de masse. L’entrée des italianismes en français et dans les autres langues remonte donc aux siècles qui ont connu le prestige surtout culturel et littéraire de l’Italie. Au Moyen-Âge, le prestige des commerçants italiens et des banquiers toscans a favorisé l’emprunt de termes économiques italiens (par exemple, it. ducato, fr. « ducat » ; it. bancarotta, fr. « banqueroute ») ou les conquêtes des Républiques Maritimes (Amalfi, Gênes, Pise et Venise), entre les XIe et XIIIe siècles ont permis l’emprunt de termes de la marine (par exemple, les termes français arsenal, corsaire et pilote). Pendant la Renaissance la cour italienne était un modèle littéraire et artistique international, tout particulièrement dans la musique et l’opéra (concerto, soprano, piano, mandolino, adagio, allegro, pour n’en citer que quelques uns). Récemment le Made in Italy a diffusé quelques néo-italianismes dans la gastronomie, dans la haute couture et dans la terminologie de la production automobile (comme dans le cas de la voiture Laguna produite par Renault ; Antonelli & Serianni, 2006 : 103). Tous ces mots coexistent avec ceux qui renvoient depuis longtemps à des stéréotypes ancrés dans l’imaginaire collectif international sur l’Italie et l’italianité (par exemple, Mafia, pâtes et mandolino).
La notion de stéréotype est à sont tour intimement liée à celle d’interculturalité. Porcher (1995 : 58) nous rappelle que selon Serres, par effet des migrations, des moyens de communications et de transport, de l’internationalisation du marché et actuellement de la globalisation, les cultures sont nécessairement métissées : une culture change continuellement, échange avec les autres cultures en transformant l’homogénéité en hétérogénéité culturelle. Il s’agit, ici, de savoir se mettre à la place de l’autre, de raisonner et d’agir comme lui, sans a priori et sans vouloir ni abandonner ni renier ses propres valeurs. Ainsi, l’individu apprend à pratiquer l’interculturalité, de plus en plus nécessaire dans la société contemporaine. Cette pratique requiert logiquement de passer par des stéréotypes sur l’autre, de regarder et d’interpréter l’autre culture, tout en étant capable d’éviter ce qui est une impasse culturelle, le préjugé. Comme nous le décrit magistralement Porcher :
« Il y a donc des auto-stéréotypes et des hétéro-stéréotypes, c’est-à-dire des manières figées de se représenter et de voir l’étranger. Ces stéréotypes servent le plus souvent de grilles d’analyse, le sujet décode la réalité sociale à laquelle il se trouve confronté à travers eux. Les stéréotypes sont nos lunettes sociologiques : ils font ressembler le monde à ce que nous croyons qu’il est » (Porcher, 1995 : 63-64).
Tout stéréotype est partiel, indéracinable et change très lentement ; il est donc réducteur de la réalité de l’autre en faisant de ce dernier une caricature, très souvent péjorative, au risque de tomber de nouveau dans le préjugé. Cependant, le stéréotype peut fonctionner aussi comme un repère capable d’aider l’individu à réduire la complexité culturelle de l’autre, à réduire très souvent l’inconnu qui peut faire peur : si le stéréotype est partiel, il n’est pas nécessairement faux. Dans leur forme modérée, les stéréotypes représentent une partie de la réalité sociale et culturelle.
Aux yeux des Français, les éléments emblématiques de l’Italie (les villes, les monuments…) s’accompagnent également d’une image très souvent stéréotypée et partielle de la culture italienne, qui se reflète, comme nous l’avons déjà souligné, dans la gastronomie, la mode ou les produits commerciaux. Depuis longtemps, en effet, nous assistons dans le langage publicitaire français à une croissance de l’utilisation d’éléments linguistiques italiens, souvent adaptés et tout particulièrement de suffixes. La dérivation semble devenir l’un des procédés les plus productifs pour dénommer des marques d’entreprise, des produits commerciaux, des noms de magasins et de commerces. L’ampleur de ce phénomène linguistico-commercial est attestée par la naissance, en Italie, d’une nouvelle branche de la linguistique appelée Econimia, selon la désignation proposée par Platen en 1997 et par Weyers en 1999 (Thornton, 2004 : 609). L’Econimia s’intéresse donc, et à juste titre, à la formation de ces noms commerciaux dans le domaine de la publicité et des secteurs productifs (alimentaire, pharmaceutique, etc.) :
« Naturalmente non bisogna dimenticare che questi italianismi sono impiegati in ambiti d’uso limitati – la moda, l’abbigliamento, il design in genere, le automobili, la gastronomia, i prodotti alimentari – e costituiscono per lo più denominazioni di negozi, locali e singoli prodotti » (Grassi, 1987 : 169).
L’Econimia montre que la productivité des morphèmes italiens ne se limite plus à rappeler les stéréotypes classiques de l’Italie :
« [L’] utilizzazione dell’elemento italiano [...] nel linguaggio pubblicitario [...] ci appare [...] come un fenomeno legato all’osmosi di lingue e di culture cui oggi assistiamo nella grande area adstratica costituita dall’Europa Occidentale » (ibidem : 171).
Parmi les suffixes italiens qui se sont imposés en français de France (dont il est ici question), rappelons d’abord le productif -issimo (< lat. -issimus). L’étymologie du suffixe français – -issime reste incertaine : d’après le dictionnaire de Rey, Tomi & al. (1998 ; sous : -issime) et le TLF Informatisé((TLF Informatisé : http://atilf.atilf.fr ; sous : - issime.)), -issime est né soit du lat. -ISSIMUS, soit de l’it. –issimo. -issime forme soit des adjectifs à partir d’autres adjectifs (avec une valeur superlative, nuancée souvent d’une certaine ironie ou plaisanterie : illustrissime), soit des noms à partir d’autres noms (le généralissime). En français, les deux formes se sont imposées côte à côte, -issime et -issimo (à son tour utilisé parfois pour évoquer une certaine italianité, avec la fonction de superlatif et d’augmentatif d’adjectifs - rarissime - et même avec des noms en apportant parfois une valeur augmentative - le vinissime). D’ailleurs, des noms comme le grandissime et le rarissime sont des emprunts purement italiens mais adaptés, ainsi que des termes d'étiquettes tels que éminentissime, excellentissime, illustrissime, révérendissime, sérénissime. L’emploi de ces deux suffixes est très productif dans le français de France dans plusieurs secteurs :
- le langage de la télévision : par exemple Drôlissimo, titre d’une émission sur une chaîne privée ;
- les manifestations et les associations culturelles ; les loisirs : par exemple, Insect’issimo, exposition artistique et scientifique sur le thème des insectes organisée à Dijon ; Marionettissimo, festival des compagnies de théâtre de marionnettes organisé à – Tournefeuille ; Pop-issimo, soirée musicale organisée dans un club privé de Toulouse ;
- les commerces : par exemple, Moulissimo, restaurant belge de Grenoble dont la spécialité culinaire est la moule, (le -issimo apporte une valeur méliorative, au sens de la meilleure moule) ; Logissimo, chaîne d’agences immobilières ;
- les produits et les services publics ou commerciaux : par exemple, Colissimo, pour l’envoi des colis à la poste ; Predissime, assurance du Crédit Agricole ; Contractuel’issimo, nom-spot de la Fédération Syndicale Activités Postales et Télécommunications.
À côté des suffixes -issimo / -issime, nous observons également deux autres emprunts italiens présents en français : -eria et -(a)tivo. Le suffixe -eria (< lat. -arius) dérive des noms à partir d’autres noms pour dénommer des magasins et des activités commerciales : il évoque le produit élaboré, par exemple, latte > latteria, « magasin spécialisé dans la vente du lait et des produits laitiers » ou l’activité du producteur, par exemple, falegname > falegnameria « menuiserie » ; parfois il forme des noms collectifs, comme dans le cas de fanteria « infanterie », tifoseria « supporteurs » ; il dérive également des noms abstraits (et souvent péjoratifs) à partir de bases adjectivales : tirchio > tirchieria « radinerie », porco > porcheria « saleté, cochonnerie ». Le sémantisme lié à la relation produit / magasin est présent également dans des noms commerciaux français, comme pour (La) Chausseria (magasins de chaussures à Lyon, entre autres). Le suffixe -(a)tivo est le résultat du cumul de -ato (désinence du participe passé de la 1ère conjugaison de l’italien) et du suffixe adjectival -ivo (it. -ivo < lat -ivus) : par exemple, vezzeggi-at-ivo « mélioratif ». Nous le retrouvons en français, par exemple, dans Creativa, le nom d’une manifestation nationale (salon annuel organisé à Paris).
3. Les constructions évaluées dans les noms des produits commerciaux
Le domaine de la gastronomie et, plus généralement, des aliments est par tradition le secteur dans lequel l’Italie jouit d’une reconnaissance internationale : l’exportation des spécialités culinaires et de leurs noms se fait dans le monde entier. Dès le XVIe siècle, plusieurs spécialités italiennes commencent à être renommées en Europe : les pâtes comme maccheroni (en France depuis 1599) et vermicelli (fr. vermicelle, 1553), la mortadella (fr. mortadelle, siècle XV), le risotto (en 1800), etc. ; des légumes, comme les sedani (fr. céleri, 1651, dérivé du romanesque sèlleri). En outre, « tra gli italianismi novecenteschi più noti nel mondo vanno certo inseriti pizza e spaghetti, espresso e cappuccino, oltre ai nomi di alcuni piatti regionali, come il toscano caciucco e il ligure cioppino » (Antonelli & Serianni, 2006 : 103).
Les exemples précédents montrent très clairement que la morphologie évaluative est très productive dans ce domaine. Les suffixes évaluatifs, altératifs ou modificatifs (Mutz, 1999) de l’italien sont dénommés ainsi car ils altèrent le signifié du mot. Notamment, la modification relève soit de la quantité ou de la dimension au moyen des diminutifs (tavol-ino, « (une) petite table ») et des augmentatifs (tavol-one, « (une) grande table »), soit de la qualité (d’après l’intentionnalité discursive du locuteur) au moyen des suffixes mélioratifs (cas-uccia, « (une) petite maison gracieuse ») ou des péjoratifs (ragazz-accia, « une mauvaise/méchante fille ») (Colombo, 2009 : 61-62). Dans les italianismes commerciaux que nous avons analysés, le sémantisme apporté par le suffixe évaluatif au nom dérivé semble être principalement la petitesse. Notamment, en français, nous comptons de nombreuses constructions évaluées dans les noms de produits ou de services commerciaux. Dans la plupart des cas, il s’agit de constructions évaluées et lexicalisées (des expressions désormais figées dans la langue française). Voici quelques exemples : noms de pâtes (les Pennette, les « Piccolini » de Barilla, les Spaghetti(s), les Tortelloni, etc.), noms d’autres spécialités traditionnelles (risotto, cappuccino, paninis, grissini, etc.), noms d’autres types de produits commerciaux (Raupino, un jouet ; Vaporella, un fer à repasser ; etc.), noms de services (Vivaccio, assurance de La Poste ; Quadreto, avec un seul -t- par rapport à l’attendu Quadretto, assurance de la Caisse d’Epargne).
4. Les suffixes qui peuvent évoquer une origine lexicale et une originalité italiennes : le cas de –orama
Dans notre enquête exploratoire nous avons posé également des questions concernant quelques noms dérivés par des suffixes d’origine étrangère ou non latine (ou même non romane), mais non italienne. Notre décision repose sur le fait que ces suffixes peuvent évoquer une certaine italianité compte tenu de leur structure sonore que l’on pourrait considérer comme italianisante.
Un cas emblématique dans ce sens est celui du suffixe -orama d’origine grecque : -orama < gr. hórama « vision, spectacle », de horân « voir ». Nous le retrouvons en français dans des noms commerciaux comme Conforama, au sens de « vision du confort » (avec l’élision du -t de confort qui disparaît devant la consonne suivante), ou encore dans d’autres noms comme panorama analysé comme « vision (-orama) totale (pan-) ».
5. Une enquête exploratoire sur les représentations des suffixes italiens : trois études de cas
1. Les objectifs de l’enquête
L’étude présentée ici cible simplement une description des représentations préalables de jeunes Français vis-à-vis des suffixes de l’italien. Il s’agit d’une enquête exploratoire auprès de trois étudiants français, qui n’ont aucune notion en italien langue étrangère, à l’aide d’un questionnaire oral.
L’enquête avait un double objectif : celui de prendre en considération les représentations des suffixes de l’italien par les locuteurs français, et celui de vérifier si les suffixes italiens sont familiers chez les Français. De ce point de vue, les travaux scientifiques en la matière insistent sur le fait que la fréquence et la familiarité des morphèmes et des mots peuvent entrer favorablement en jeu dans l’apprentissage d’une langue étrangère. La fréquence peut être définie comme « le nombre de fois où un même mot revient dans un corpus (oral ou écrit) » (Babin, 1998 : 20). La fréquence a une influence directe sur le temps nécessaire à la reconnaissance lexicale, sur la prononciation, la compréhension, l’association, etc. : plus un mot est objectivement fréquent dans une langue donnée et plus la probabilité de le rencontrer est élevée pour un locuteur. Pour cette raison, la fréquence est souvent utilisée comme une variable expérimentale dans les recherches lexicales. Chaque rencontre lexicale provoque un traitement perceptif et sémantique, ce qui laisse une trace en mémoire ; cela aura des retombées sur la représentation de la forme du mot dans le lexique mental (c’est-à-dire, dans le dictionnaire lexical enregistré dans le cerveau humain), ce qui revient à lui donner un air de familiarité. Cette dernière variable psychologique correspond aux expériences subjectives, en réception et en production, qu’un individu a eues avec les mots. Ainsi, la familiarité subjective est liée à l’expérience individuelle.
2. Les critères observés dans la composition de notre échantillon de recherche
L’échantillon de locuteurs interrogés répondait à quelques contraintes. Comme Carpitelli & Iannacaro (1995 : 101) le précisent :
« La ricerca del testimone-fonte, nel senso di fonte documentaria […] determina […] un’attenzione prevalente dei ricercatori per la metodologia della scelta: vengono cioè precisati i parametri e le caratteristiche che definiscono o il cosiddetto ‘‘buon informatore’’ […] oppure il testimone più rappresentativo da un punto di vista statistico o, infine, il più adatto alla ricerca in corso »
Dans notre cas, des étudiants universitaires étaient les informateurs tout à fait indiqués pour l’enquête sur les représentations des suffixes italiens((Au moment de l’enquête, deux des trois étudiants avaient un niveau d’étude Bac+3 : pendant l’année universitaire 2007 / 2008, l’un préparait un Master en Physique-Chimie, l’autre un Master en Droit Social dans les Universités de Lyon. Le troisième était inscrit en 3ème année de Thèse en Traitement du Signal / Mathématiques à l’Institut National Polytechnique de Grenoble. L’âge des informateurs variait de 22 à 25 ans.)). En effet, notre enquête était encadrée dans un travail de recherche plus vaste qui s’intéressait à l’apprentissage de la morphologie italienne chez des étudiants francophones : ainsi, nous avions choisi de soumettre notre questionnaire à des étudiants universitaires pour garantir la comparabilité des données avec la recherche principale((Pour la recherche en objet, voir : Colombo, O. (2010), L’apprentissage du lexique et des suffixes évaluatifs en italien LE : la production écrite et la compréhension orale à partir d’images chez des étudiants francophones, Thèse de Doctorat Université Stendhal-Grenoble 3, Sarrebruck, Éditions Universitaires Européennes.)). Les informateurs de notre enquête exploratoire sur les représentations des suffixes italiens étaient Français et n’avaient jamais étudié l’italien. Cette dernière contrainte était nécessaire pour éviter un conditionnement évident sur la spontanéité des réactions et des réponses. Les informateurs avaient étudié ou étudiaient l’anglais (LV1, depuis 9-15 ans), deux d’entre eux avaient étudié l’espagnol en LV2 (5-7 ans), tandis que le troisième avait étudié l’allemand (8 ans). Ce dernier avait des connaissances également de latin (4 ans) et de grec ancien (2 ans) : il a fait valoir ces compétences en phase d’analyse morphosémantique des mots-inducteurs, comme nous le verrons par la suite.
Nous précisons que le choix des trois informateurs a été totalement casuel, l’important étant de respecter les paramètres de sélection précédemment mentionnés((Nos trois informateurs (GU, GE et PE) faisaient partie de notre entourage à Lyon et Grenoble : tous se sont montrés sensibles à nos nécessités de recherche. Bien qu’au courant du domaine de notre thèse (l’apprentissage de l’italien langue étrangère), ils n’en connaissaient pas l’objet précis (la morphologie évaluative).)).
3. La méthodologie et le questionnaire (les inducteurs, les questions, les consignes)
Nous avons proposé aux étudiants un questionnaire oral. L’entretien semi-directif qui s’en est suivi a été enregistré sur minidisque (Olympus VN 5500PC Digital Voice Recorder) à l’aide d’un microphone externe (Philips SBC MD150 Dynamic Microphone). L’enregistreur a été placé entre l’informateur et l’enquêteur : les difficultés et les facilités rencontrées tout au long de leur analyse des mots cibles (inducteurs) ont été enregistrées :
« cette situation d’énonciation particulière et le jeu spécifique qui s’y déroule entre dialogisme externe (interaction entre l’enquêteur et l’enquêté […]) et dialogisme interne (par un jeu réflexif l’enquêté dialogue avec lui-même) en fait un type de discours particulièrement favorable à l’exploration des paradigmes et des associations sémantiques et permet donc d’observer […] le travail de manipulation lexicale » (Guernier, 2005 : 250).
Notamment, le questionnaire a pour objet de comprendre les évocations et les opinions des informateurs étudiants universitaires au sujet (a) des noms isolés et prononcés par l’intervieweur ou lus sur papier par l’informateur ; (b) des produits commerciaux, hors ou dans leur emballage commercial ou présentés par des publicités écrites sur Internet et imprimées.
Qu’ils soient lus, entendus ou associés à des produits commerciaux, les mots cibles rappellent des faits et des scènes de la vie quotidienne ; le questionnaire fait mention également d’autres suffixes (italiens ou non), mais les évaluatifs (comme spaghetti ou panini) restent en nombre supérieur et occupent ainsi la plupart de l’entretien.
La raison qui est à la base de notre décision de proposer des noms à l’oral aussi bien qu’à l’écrit, ou même des noms associés directement à leur produit commercial, tient compte de l’exigence de diversifier la façon de présenter les inducteurs dans un questionnaire de 26 noms cibles au total, lequel pourrait être ennuyeux pour les informateurs dont la concentration risquerait de s’en trouver perturbée.
Les suffixes cibles de l’enquête et les noms qu’ils dérivent sont les suivants –
- suffixes non évaluatifs :-issimo / -issime (Colissimo, Moulissimo, Logissimo ; Predissime et Drôlissime) ; -eria et –(a)tivo (Chausseria ; Creativa) ; -orama (Castorama, Conforama) ;
- suffixes évaluatifs : -ino (Piccolini, Ciocchini, Farfalline, Grissini, Cappuccino, Panini) ; -etto (Spaghetti, Gnocchetti, Quadreto) ; -otto (Risotto) ; -ello (Pappardelle) ; -one (Tortiglioni, Risoni) ; -accio (Vivaccio) ; cumul de suffixes (Tortellini, Tortelloni ; Cannelloni).
Nous avons sélectionné les représentants les plus productifs des catégories suffixales évaluatives (diminutifs, augmentatifs, péjoratifs). La plupart des noms choisis sont censés être connus en France et évoquer aussi bien une certaine italianité qu’une certaine stéréotypie de l’Italie et des Italiens. D’autres noms sont beaucoup moins connus comme c’est le cas de Pappardelle.
Pour comprendre les représentations et les évocations des informateurs, nous leur avons demandé de nous répondre spontanément. Cela a été rendu possible grâce à un questionnaire en association libre présentant des mots isolés, les inducteurs, aux participants à l’enquête auxquels on demande de répondre par le premier mot qui leur vient à l’esprit. Généralement, les données associatives recueillies par cette technique expérimentale sont extrêmement solides et productives (Le Ny, 2005 : 224). Ce type de technique fait appel à des activités parfaitement conscientes et explicites, à l’intuition et aux compétences cognitives, en réponse à des questions directes et faciles((Nous proposons ici quelques exemples : « Donnez le premier mot qui vous vient à l’esprit en réponse au mot / à l’image suivant(e) :… » ; « Citez deux (trois…) adjectifs qui vous paraissent convenables pour décrire le mot / l’image suivant(e) :… » ; « Citez deux (trois…) mots relevant de la catégorie de :… » ; etc.)) :
« [ces questions] ne sont en aucune façon des tests, parce que le degré de capacité des sujets n’intéresse pas l’expérimentateur. Ce qui lui importe c’est : qu’est-ce que ces locuteurs ont dans leur mémoire cognitive ? Et comment cela fonctionne-t-il ? Avec la réserve que les conclusions ainsi obtenues doivent être représentatives de tous les locuteurs, et non particulières à ceux qu’il a devant lui » (Le Ny, 2005 : 52).
Les données recueillies servent à créer des normes cognitives, mais sans aucun jugement de valeur : les données permettent de mettre en relation des variables distinctes, dans notre cas, la familiarité des mots / des images, en corrélation ou non avec leur fréquence. Les recherches montrent que les réponses présentent en quelque sorte une similarité (phonétique, morphologique et, notamment, sémantique) avec le mot inducteur. Il est possible de se servir d’inducteurs autres que des mots (par exemple, des images d’objets) auxquels les informateurs doivent fournir en réponse un mot unique. Les images peuvent représenter des faits de la vie quotidienne (par exemple, des produits commerciaux). Avec l’association libre, l’enquêteur peut cependant encourager l’informateur à répondre avec, par exemple, des phrases, des récits, appelés en psycholinguistique des associations continues. Avec l’association libre, on suscite ainsi un comportement verbal en réponse à l’input inducteur :
« à partir de ceux-ci on pourra faire, avec risque, une exploration des contenus que l’on suppose présents dans l’esprit du sujet, cachés dans ce que nous avons caractérisé comme sa mémoire épisodique ou sémantique […]. Il y est conduit par le chemin des liaisons associatives : si le sujet parle de B lorsqu’il est confronté à A, a fortiori de façon répétée, il faut bien penser qu’il existe dans son esprit une association entre la représentation de B et la représentation de A » (Le Ny, 2005 : 220).
En psycholinguistique, les réponses d’association verbale recueillies concernent un groupe d’individus, ce qui permet d’obtenir des normes d’associations communes parmi les individus composant ce groupe. Parmi l’ensemble des réponses acquises à partir d’un inducteur spécifique, les chercheurs retiennent la réponse associative la plus fréquente appelée primaire ; en revanche, il est toujours possible de recueillir des réponses d’association qui divergent d’un sujet à l’autre.
Selon notre hypothèse initiale, des facteurs cognitifs et linguistiques entraient en scène dans la manipulation morphosémantique du nom, notamment des transferts interlinguistiques (positifs et négatifs), c’est-à-dire « [le] passage automatique de la LM [langue maternelle] à la LE [langue étrangère] et déterminé par la structure des langues en contact » (Giacobbe, 1990, cité par Masperi, 1998 : 177).
Les consignes de notre questionnaire ont invité les informateurs à répondre soit par des mots isolés, soit par des associations continues (c’est-à-dire par des phrases ou des récits), avec les premiers mots qui leur venaient à l’esprit. Nous avons précisé aux informateurs que nous n’attendions pas de réponses spécifiques de leur part, n’ayant pas de réponses justes ou fausses, positives ou négatives ; nous espérions simplement obtenir des réponses subjectives.
Voici quelques questions proposées tout au long de l’entretien :
-
À quoi ce nom / ce produit vous fait-il penser et pourquoi ? Qu’est-ce qu’il évoque pour vous ? Qu’éprouvez-vous en entendant ou lisant ce mot ?
-
Donnez-moi le premier mot qui vous vient à l’esprit en regardant les images suivantes et les noms de ces produits.
Les questions ont été posées de sorte que les informateurs se focalisent d’abord sur le nom, puis sur sa composition morphologique (lexème et suffixe) et enfin sur le suffixe inducteur : les dernières questions invitaient les informateurs à nous expliciter les évocations correspondant aux parties finales des mots.
4. Les résultats concernant les représentations des suffixes
Concernant les résultats de notre questionnaire, on peut remarquer d’emblée que nous avons obtenus des réponses primaires et, dans la plupart des cas, continues, qui expriment des idées et des associations sémantiques très récurrentes dans les mots des informateurs. Les chemins cognitifs, ou les raisonnements suivis, sont également assez semblables chez les informateurs : ils ont eu recours volontairement et consciemment à leurs compétences cognitives et à leur mémoire grammaticale, le plus souvent en évoquant l’objet extralinguistique (par exemple, colis) grâce au repérage de la base du nom (colissimo). Ainsi, les résultats obtenus montrent qu’il existe souvent une relation entre le mot inducteur et la réponse, dans le sens où les deux se positionnent à l’intérieur de la même classe sémantique et syntaxique. Cela dit, les informateurs ont eu recours à une analyse morphosémantique systématique et très productive, dans laquelle le rapprochement contrastif italien / français apparaît comme une stratégie essentielle en réponse à un inducteur donné. Surtout lorsque le mot était transparent (par exemple, la réponse riz pour l’inducteur risotto) ; lorsque l’inducteur était ressenti comme opaque, la réponse (l’interprétation) a été erronée, ne permettant donc pas une analyse contrastive précise et éclairante (étant donné le manque de repères autant morphologiques que sémantiques) : dans ce dernier cas, l’informateur n’a donc pas pu recourir à sa mémoire morphosémantique, échouant ainsi à la tâche proposée.
Nous allons maintenant présenter les résultats les plus significatifs de l’analyse des données recueillies, suffixe par suffixe. Dans notre exposé, nous citerons des extraits du corpus que nous avons recueilli.
A) Les suffixes -issimo / -issime, -eria, -(a)tivo, -orama
La réponse primaire obtenue face aux inducteurs –issimo / -issime tourne autour de la notion de rapidité, d’efficacité et du signifié typique du superlatif, le plus. Ces associations sémantiques sont obtenues suite à une analyse morphosémantique et associationniste entre le morphème grammatical (-issimo / -issime, le premier ayant été reconnu comme étant bien un suffixe italien) et le radical : l’informateur a reconnu phonétiquement ou graphiquement la base du nom (Colis-, Moul-, Logis- ; Drôl-), en l’associant à son référent extralinguistique (le colis et la poste ; la moule ; le logement ; être drôle) et en identifiant le signifié du suffixe (« le plus » en terme d’efficacité, de rapidité, de spécialisation). Ainsi, par exemple, Logissimo est analysé comme étant une agence immobilière spécialisée dans le logement. Par ailleurs, les informateurs n’ont pas hésité à nous expliquer qu’ils ont eu recours à l’analyse morphologique et ensuite sémantique des morphèmes composant le mot visé, parfois en se rappelant des acquis personnels dans le domaine de l’étymologie et du latin :
« [Mon interprétation se base sur] quelques vagues souvenirs du latin, après [sur] l’association [mot / suffixe et référent]. L’association de Colissimo vient au départ [d’une association d’idées entre –issimo et rapidité / efficacité] qui est passée dans la mémoire collective, maintenant tout ce qui est –issime […] en latin c’était le style du suffixe qu’on avait pour des choses de rapidité d’habitude […] c’est « plus que » […] simplissime c’est quelque chose qui est « plus que » simple » (Informateur PE).
Les suffixes -issimo / -issime sont beaucoup plus répandus, productifs et donc fréquents et familiers dans l’environnement linguistique des Français qu’-eria et -(a)tivo. Ceci explique, d’une part, l’absence de sentiments et d’association sémantique vis-à-vis de ces deux derniers suffixes et, d’autre part, la nécessité des informateurs, face à l’inducteur, de rechercher des repères uniquement dans le morphème lexical.
Le signifié de -eria (suffixe qui précise l’existence d’une relation entre l’objet spécifié par la base et l’activité commerciale) a été cependant retracé, toujours en raison de la décomposition morphématique et de l’association sémantique entre la base du nom et l’objet extralinguistique (le résultat de l’opération étant : « magasin de chaussure ») :
« une chaîne de magasins de chaussures Chausseria […] sur Lyon […] » (Informateur GU).
« Chausseria ? Bon, il y a le mot chaussure ! Chausseria… oui, un… un magasin de chaussures… avec une touche […] hispanique […] » (Informateur GE).
« [Un] magasin de chaussures […] » (Informateur PE).
Toutefois, le magasin lyonnais de chaussures était probablement connu par les informateurs, ce qui implique qu’ils ont peut-être analysé, interprété et activé le nom comme étant une unité prise globalement et non pas comme étant composée de plusieurs morphèmes. Dans un seul cas, il y a eu une analyse explicitement concentrée sur le suffixe, faite par l’informateur PE (« [Chausseria] un magasin de chaussures […]. [Le suffixe –eria] peut-être un regroupement […] quelque chose qui regroupe pas mal de marques […] »).
L’inducteur -(a)tiva a été encore plus difficile à analyser : le seul repère a été de nouveau le radical Crea- interprété comme une activité commerciale ou culturelle portant sur tout ce qui est créativité, originalité, loisir : le choix d’un magasin est peut-être dû à l’influence de l’inducteur précédent, Chausseria. Le nom dans son ensemble a rappelé une certaine association sémantique entre Creativa et un magasin de peinture et de livres connu, Cultura, probablement en raison de la voyelle -a finale et de l’assonance italienne :
« Creativa ? […] ça peut être comme un magasin qui vend des objets de création justement, crea- […] ça fait un peu comme Cultura […]. Cultura vend tout ce qui est peinture, livre, etc. […]. Parce que creativa / cultura, ça porte aussi sur la culture et la création ! » (Informateur GU).
« Creativa, ben…la créativité, donc […] des agences par exemple de designer ou […] de conception publicitaire. […] Ça pourrait être aussi un magasin de fournitures […] ludiques tout court, de peinture […], pour faire jouer des enfants comme [le magasin] Cultura […] » (Informateur PE).
La connaissance et la familiarité des noms des activités commerciales qui contiennent le suffixe -orama amènent les informateurs à se concentrer directement sur le référent : le suffixe n’est pas interprété morphosémantiquement, n’évoquant aucun sentiment ou association sémantique précis ; en revanche, une tentative d’interprétation sémantique a été faite également en se basant soit sur des repères phonétiques (« ça s’entend mieux à l’oreille de dire Conforama que Confort, [pour] changer un peu le mot » - Informateur GE), soit sur une analyse morphosémantique contrastive ou sur l’analogie avec la langue française (« quant au suffixe -rama, […] bonne question ! C’est un truc qu’on trouve beaucoup, panorama, futurama mais alors […] je ne me rappelle plus qu’est-ce que c’est ! […] » - Informateur PE). Aucun informateur n’a fait mention d’une idée d’italianité que le suffixe grec aurait pu évoquer :
« Plus connu ce serait plutôt -ama, […] [qui ne] fait pas forcément penser à quelque chose d’italien, c’est quelque chose qu’on peut rencontrer plus souvent […] plus que [le reste, comme –accio qui] me parle direct italien, c’est plus des sons vraiment typiques […]. Le -issimo…direct aussi c’est pareil que vivaccio ça me fait penser direct à quelque chose relié à un son italien, donc moins familier […] » (Informateur GU).
B) Les constructions et la suffixation évaluatives
La première remarque que nous devons faire au sujet des constructions évaluatives concerne l’importance des facteurs fréquence et familiarité dans l’interprétation morphosémantique et associative des informateurs face aux inducteurs proposés. Les noms altérés et lexicalisés tels que cappuccino, panini ou spaghetti se montrent, en effet, bien ancrés dans l’imaginaire collectif français étant donné leur présence imposante dans les habitudes alimentaires quotidiennes en France. Ainsi, les informateurs ont géré assez facilement le traitement morphologique de ces formes. Nous en avons une confirmation par les difficultés interprétatives rencontrées, au contraire, face à des noms beaucoup moins fréquents et familiers tels que pappardelle ou ciocchini ou, parfois, grissini : l’opacité de ces noms n’a pas favorisé l’informateur lors de l’interprétation sémantique du morphème lexical. Pourtant, les informateurs ont effectué, même dans ces cas, une véritable analyse contrastive et morphologique des inducteurs :
« [Pappardelle] ça me fait penser aux tagliatelles […]. […] -d-elle euh…ça me fait penser à des regroupements en effet, […] c’est aussi parce que peut-être je vois les pâtes derrière […]. [À ne voir que le mot je pense] à un oiseau, des oiseaux […] » (Informateur GU). « Comme hirondelles […] ? » (Intervieweur) ; « Oui […] » (GU).
« [Au nom Farfalline je répondrais] pâtes et baguette [pour Grissini] […]. Farfalle…[…] farine par rapport à far-, farine ; et Grissini…. […] ça m’évoque pas des masses de choses…je dirais gris parce qu’il y a le mot gris dans Grissini » (Informateur GE).
En outre, les informateurs ont pu établir qu’il s’agissait bien de noms et de suffixes italiens grâce à la consonance italienne des formes linguistiques :
« Risotto […] c’est un plat […] après savoir si c’est italien euh…avec la consonance du mot je dirais oui mais… […] -sotto à la fin quoi […] tout ce qui finit par i, o, a ou -otto, e-t, -etti je ne sais pas, tout ça me paraît […] plutôt italien […] » (Informateur GU).
« Oui, risotto… un plat en lui-même […], toujours une consonance méditerranéenne…oui, toujours les i, les o […] » (Informateur GE).
Les informateurs ont précisé aussi que l’idée d’italianité poursuivie par l’enquête dans les noms de ces produits commerciaux est en même temps présente et intégrée dans la culture française, ce qui renforce le principe de la familiarité des constructions évaluatives. Désormais, ces noms font partie de la langue et du quotidien social des Français, ce qui en revanche élimine toute sorte d’affectivité particulière au sujet des formes et des suffixes évaluatifs. L’association entre le nom et l’objet est corrélée à une appréciation de ce dernier de la part des sujets, ce qui réaffirme la constatation sur la positivité des représentations préalables des suffixes italiens. Voici, par exemple, les réponses des informateurs GU et GE à ce sujet :
« Panini ça me fait direct penser à l’objet mais ce n’est pas quelque chose de forcement relié à l’Italie quoi, parce que comme on en a en France…je sais que ça vient d’Italie, mais ça me fait en premier penser à…justement à l’aliment […]. […] Cappuccino […] en France on boit beaucoup de café…[le] Cappuccino [est] pratiquement dans tous les restos […] direct ça me parle […]. Grissini ça [ne] me parle pas du tout […]. Piccolini je connais parce que j’en ai mangé […].» (Informateur GU).
« Piccolini…ça m’évoque l’Italie ! […] Par rapport [au] son, du mot, les i, les o …mais, ça m’évoque peut-être un lieu ou une place […]. [Après avoir vu le produit Piccolini :] Ce sont des pâtes ! […] Oui, ça fait quand même toujours penser à l’Italie […] le pays des pâtes […] ce que l’on connaît finalement de l’Italie, […] c’est…sont des pâtes italiennes […]. [Pour Ciocchini] Encore une fois peut-être…un endroit, un produit peut-être alors du coup…italien euh…pour les mêmes raisons que précédemment ! [Après avoir vu le produit Ciocchini :] Voilà donc un produit encore italien, non ? […] Cappuccino […] c’est un produit qu’on a en France, quelque chose que j’ai entendu plein de fois » (Informateur GE).
Le témoignage de GE indique que l’italianité dont nous avons parlé est associée parfois à une idée stéréotypée de l’Italie et de la langue italienne : il s’agit d’une idée qui est projetée par la suffixation évaluative, au moins en ce qui concerne les constructions évaluatives définitivement lexicalisées dans des noms de produits culinaires. GE nous montre également que parfois il n’arrive pas à déterminer le signifié de petitesse, de grandeur ou d’amélioration affective apporté par le suffixe à la forme finale : ce problème est souvent dû à la méconnaissance du produit et du nom. En revanche, comme pour -issimo / -issime, etc., lorsque les informateurs ont établi correctement le signifié du suffixe, ils se sont basés sur une activité analytique contrastive de nature intralinguistique (par exemple, panini, cappuccino et piccolini ; spaghetti et gnocchetti) et interlinguistique italien / français (par transfert : par exemple, l’it. -etto et le fr. -ette ; l’it -ello et le fr. -elle). Ce qui confirme également notre hypothèse autour de l’importance des transferts interlinguistiques dans ce genre de tâches analytiques. Comme nous l’avons dit, la familiarité avec le nom et le produit a permis le succès dans l’interprétation de la cible et, de ce fait, son activation cognitive. Ainsi, le suffixe -ino a été interprété de manière correcte par les trois informateurs, comme étant un diminutif qui apporte une valeur sémantique de petitesse : par exemple, l’informateur GU, en se basant sur une analyse intralinguistique, a pu établir le sémantisme de « petit » pour -ino et aussi de « plus grand » pour -otto et de « grand » pour -one. Dans l’esprit associationniste de GU, le symbolisme phonétique (Jakobson, 1963) a joué lui aussi un rôle primordial en aidant, dans cette circonstance, l’informateur à bien interpréter morphosémantiquement les suffixes évaluatifs. Par symbolisme phonétique, Jakobson entendait parler d’une mise en rapport de deux ou plusieurs mots déjà présents dans le système langue et « l’association des sons d’un mot inconnu avec ceux d’un mot connu » qui « déclenche une association de sens, association interne à la langue » (Yaguello, 1981 : 105). À cet égard, l’enquêteur a demandé à GU d’exprimer ses opinions relativement au sémantisme des suffixes -ini, -otto et -one :
« -ini, quelque chose de petit […] de plus petit que -ino […] je ne sais pas pourquoi, [c’est] la consonance, le -ino ça paraît plus gros que le -ini en effet […]. […] c’est plus le i, o […] le o ça me paraît quelque chose de plus gros […] alors que i ça fait penser direct à quelque chose de petit […] au niveau de la consonance de la dernière lettre. […] -otto ça me fait penser à […] un gros truc, un ensemble, compact […] c’est la consonance […] les deux o… un ensemble compact […] quelque chose de plutôt carré […]. […] -oni […] quelque chose de grand […], de familier, de rond […] ».
L’évaluatif -etto est également associé à la petitesse, probablement par effet du transfert interlinguistique italien / français. L’analyse contrastive et le transfert interlinguistique mis en place par les informateurs sont bien confirmés par PE :
« -ini / -ino…[…] dans l’idée de réduction de taille. […] Quant à Gnocchetti, bizarrement j’aurais dit que -etti avait aussi une valeur de… de petitesse… mais… s’il y a -ini et -etti c’est qu’il y a une différence entre les deux, quand même… ou alors c’est que, il y a comme en français plusieurs suffixes pour dire la même chose […]. [-etti] un diminutif [lié] à la dimension, à la petitesse ».
Lorsque les informateurs présentent une plus faible familiarité avec le mot, le résultat est beaucoup moins positif. Les trois informateurs ne connaissant pas l’assurance Quadreto, ont analysé la base Quadr- au sens de « quatre » mais le suffixe n’a pas été retenu. Le suffixe -accio, présent dans l’inducteur Vivaccio, n’a pas inspiré d’associations dans le sens de la péjoration : d’après GU, l’idée d’insistance est plus évidente, probablement à cause de la géminée -cc- et de sa « dureté phonétique » ; d’après PE, il s’agirait plutôt d’une idée de mouvement ou d’action, due sans doute à l’interférence de l’anglais /ˈækʃn/. Un autre transfert négatif est à la base de la mauvaise interprétation de Tortiglioni, qui a été analysé comme une façon d’être tordu ou allongé et torsadé. Cette réponse, d’une part, présente une sorte de similarité phonétique avec l’inducteur (it Torti- > fr tordu / torsadé), d’autre part, elle néglige le suffixe, même en respectant au moins le sémantisme et la classe syntaxique de la base (adjectif). En effet, le suffixe déterminé par les informateurs est la suite finale *-g-lioni et non pas -oni (Tortigli-a-re®Tortigli-oni). En revanche, un informateur a interprété correctement le -oni final comme apportant bien un sens d’augmentation par effet d’une analyse contrastive avec les mots suivants et en particulier en mettant dans une relation contrastive Tortellini et Tortelloni. On peut observer aussi, en général, que les informateurs n’ont pas analysé -ell-ini / -ell-oni comme étant des cumuls suffixaux. En ce qui concerne le mot Pappardelle, nous avons remarqué qu’il n’a pas inspiré les informateurs bien que l’informateur PE, en se fondant sur le transfert italien / français, ait pu établir que, dans le suffixe, -elle était bien un diminutif :
« bizarrement [pour « Pappardelle »] le suffixe -elle peut avoir en français le même sens [qu’un] suffixe diminutif…parce qu’un « rond » peut faire des rondelles […] » (Informateur PE).
5. Remarques conclusives
Notre enquête sur les représentations des suffixes italiens chez les Français nous permet de confirmer qu’il existe bien un sentiment de familiarité et d’italianité culturelles (parfois nuancées de stéréotypie) vis-à-vis de la suffixation évaluative. La fréquence dans le lexique, surtout des constructions évaluatives lexicalisées, au moins dans le domaine culinaire, en est certainement responsable. La raison qui a pu induire les informateurs à indiquer de façon explicite que les suffixes les plus familiers sont -orama et –issime, et non pas les évaluatifs, est la tendance à les caractériser comme des suffixes français plutôt qu’étrangers à la différence de -issimo, -ativa, -eria et des évaluatifs eux-mêmes. Cette dernière considération nous amène à distinguer, d’une part, la familiarité des morphèmes et, d’autre part, la familiarité sémantique et culturelle : le facteur familiarité s’affirmerait ainsi dans l’esprit des informateurs face aux suffixes évaluatifs. La fréquence et la familiarité des morphèmes et des mots (surtout lorsque ces derniers ont été analysés comme des unités autonomes ou globales) influenceraient vraisemblablement l’activation lexicale. Comme d’ailleurs le symbolisme phonétique qui semblerait entrer, parfois, dans les opérations mentales d’accès au lexique évaluatif.
Dans l’avenir, il nous semble important de donner de la continuité à cette recherche qui a été préalablement et volontairement définie comme une simple enquête exploratoire (déjà par rapport à son échantillon d’informateurs qui est quantitativement non représentatif). Il serait notamment souhaitable, à notre sens, d’approfondir les connaissances concernant les représentations socio-affectives dont il est question ici, en devant toutefois amplifier quantitativement et qualitativement le protocole de recherche, afin de permettre aux chercheurs de pouvoir généraliser les résultats obtenus.
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Pour citer cette ressource :
Omar Colombo, Les représentations de quelques suffixes italiens chez les Français : une étude exploratoire, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), décembre 2012. Consulté le 14/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/italien/langue/la-traduction-1/les-representations-de-quelques-suffixes-italiens-chez-les-francais-une-etude-exploratoire