Réalités sociales et politiques de l’Italie aux marges des récits de « voyages dantesques » français au XIXe siècle
Cet article est issu de la Journée d'étude doctorale et postdoctorale "Italie : marges et conflits" (Congrès de la SIES 2023) dont Amelle Girinon et Marie Thirion ont assuré l'organisation ainsi que la direction de publication des textes.
Introduction
Au XIXe siècle, alors que les Français (re)découvrent la Divine Comédie, absente pendant des siècles de leur paysage littéraire (Piva, 2009 ; Perrus, 2011 ; Svolacchia, 2018), de nouveaux vecteurs d’appréhension du poème dantesque voient le jour. Le voyage en fait partie : suivant l’exemple du Grand Tour anglais, qui s’essouffle alors en Europe, nombreux sont les Français qui approchent le poème médiéval à l’occasion d’une excursion au-delà des Alpes. Cet usage s’ancre tellement dans les pratiques littéraires qu’il fait dire au critique belge Albert Counson, à l’orée du siècle nouveau : « Aujourd’hui […] deux grands chemins pourraient encore conduire à Dante » ; l’un d’eux est « le chemin de l'Italie même, pour laquelle les Français partent tous les jours d'un cœur plus léger » (Counson, 1906, 250-251). Cette modalité de découverte de l’œuvre découle directement des grandes mutations de la société : d’un point de vue littéraire et culturel, l’époque est à « l’internationalisme » littéraire (Thiesse, 2019, 235) et à la comparaison culturelle (Chevrel, D’Hulst, Lombez, 2012, 40) ; sur un plan technologique et industriel, les progrès, notamment des modes de transports, révolutionnent la conception de l’espace et des déplacements humains (Goulemot, 2004, 24-25). Dès lors, les pratiques que l’on appellera bientôt « touristiques » se développent et se multiplient, et des tensions naissent face à leur démocratisation. Alors qu’auparavant toute pratique du voyage revêtait un caractère exceptionnel et relevait des usages d’une population d’origine sociale élevée, les voyageurs souhaitent désormais proposer des itinéraires inédits afin de se démarquer. Les récits de voyage, nombreux au cours de ce siècle, témoignent tout particulièrement de cette volonté.
C’est alors que naissent les « voyages dantesques ». Le père de l’expression et du concept, Jean-Jacques Ampère (1800-1864), ne manque pas de souligner combien son intention est d’inciter à cette pratique une élite ciblée, considérée comme digne du poème, dans son introduction polémique au « Voyage dantesque » :
C’est un vrai malheur pour les admirateurs sincères de Dante que la mode se soit emparée de ce grand poète. Il est cruel pour les vrais dévots de voir l’objet de leur culte profané par un engouement qui n’est souvent qu’une prétention. […] Oh ! le bon temps pour les amis de Dante et de Shakespeare que celui où tous deux étaient traités de barbares ! Cependant on ne doit point renoncer à sa religion, parce qu’elle est professée par une foule qui ne croit pas du fond du cœur […]. Enfin, je suis résolu à persévérer dans mon amour pour la poésie de Dante, bien que ce soit aujourd’hui une fureur universelle, en France et en Italie, d’admirer à tout propos et hors de propos l’auteur de la Divine Comédie, que presque personne ne lisait il y a soixante ans. (Ampère, 1839, 534-535)
Selon Ampère, le récit de voyage doit se renouveler et présenter un regard d’écrivain pour se distinguer : « Enfin, toute utilité à part, il y a quelque charme à cheminer ainsi ; le but donne un intérêt de plus et une sorte de nouveauté à un voyage tant de fois entrepris et tant de fois raconté » (1839, 536). L’Italie est ainsi perçue à travers non pas un, mais deux filtres : celui de la Divine Comédie et celui du critique en voyage.
C’est sur ce point que semble émerger une contradiction inhérente à l’appellation même de « voyage dantesque ». Le poème fait irruption sur la scène culturelle française car il fait l’objet, dans son pays d’origine, d’une renaissance (avec, par exemple, le poème « Sopra il monumento di Dante » (1818) des Canti de Giacomo Leopardi) due en grande partie aux résonances qu’on lui trouve avec le processus d’unification de la nation au XIXe siècle : il est perçu par beaucoup comme une épopée annonciatrice et fondatrice de l’unité de la nation italienne. C’est par la multiplication d’« échanges interculturels » (Cooper-Richet, 2005, 13-14 ; Espagne, 2013, 1-9) entre les deux nations que la Comédie connaît cette parenthèse enchantée. Pourtant, alors que dans l’imaginaire collectif le voyage est en passe de devenir bien davantage qu’un « chemin qu’on fait pour aller d’un lieu à un autre lieu qui est éloigné » (Académie française, 1835, 956), les voyages dantesques ne semblent pas être des moments d’ouverture à l’autre ni à la société italienne en mutation : ils apparaissent comme un usage du voyage que l’on pourrait qualifier de contre-intuitif. Jean-Marie Goulemot disait à propos du Grand Tour : « On [lui] prête sans doute […] une intensité pédagogique et une valeur initiatique qu’il ne possède pas. Les contacts avec les populations locales sont limités » (2004, 34).
Ainsi, il est question ici d’interroger la réelle portée des échanges interculturels en jeu dans les « voyages dantesques » français. En franchissant la frontière, ces Français parviennent-ils réellement à lever les yeux de leur ouvrage de référence ou sont-ils des « voyageurs dantesques » en marge, volontairement ou involontairement hermétiques aux réalités sociales et politiques de l’Italie qu’ils traversent à cause des différents biais (notamment l’appartenance à une classe sociale donnée et à une culture alors hégémoniques) qui sont les leurs ? On peut s’interroger sur la validité de l’argument qui présente Dante comme un allié du soft-power de la future nation italienne dans le cadre des « voyages dantesques » (Cavalieri, 2006, 23) : davantage qu’une loupe sur la nation italienne du XIXe siècle, la Divine Comédie semble agir comme un filtre opaque freinant, voire empêchant les échanges interculturels. Enfin, cette distance des voyageurs français vis-à-vis de la population italienne, tantôt invisibilisante, tantôt méprisante, nous portera à nous interroger sur l’ethnocentrisme français qui semble transparaître dans les récits de voyages dantesques et, de manière plus large, dans la réception française du poème et dans l’italianisme français naissant.
Par souci de concision, nous traiterons deux récits de voyage du corpus existant. Ce dernier pourrait être divisé en deux catégories : il y a, d’une part, les voyages « exclusivement » dantesques (c’est le cas des deux textes que nous analyserons dans notre propos, mais aussi de Dante et l’Italie nouvelle (1865) d’Alfred Mézières) ; d’autre part, nous disposons de nombreux récits de voyages de Français en Italie dans lesquels Dante apparaît de manière plus ou moins prononcée et décisive (par exemple le Rome, Naples et Florence (1817) de Stendhal ou encore des Voyages historiques, littéraires et artistiques en Italie : guide raisonné et complet du voyageur et de l'artiste d’Antoine Valéry (1838), dans lequel le poète florentin est mentionné plus d’une centaine de fois).
Le premier des textes que nous évoquerons est celui de Jean-Jacques Ampère, le voyage dantesque « originel » effectué en 1838 (1875, 202) et publié dans la Revue des deux mondes (1839) : en plus d’avoir incité à la publication d’autres récits similaires, il bénéficia d’une importante notoriété au cours du siècle et il inspira des érudits aussi bien français qu’européens (on peut citer à ce titre l’écrivain allemand Alfred Bassermann et son Dantes Spuren in Italien, 1897). Le second est le récit d’un voyage dantesque effectué cette fois après l’Unification italienne par l’universitaire caennais Célestin Hippeau à l’occasion des célébrations de Dante organisées par la ville de Florence en 1865. Ce dernier a été lecteur du premier, comme il l’explique au début de son récit : « M. Ampère a recueilli dans son intéressant Voyage Dantesque, avec une pieuse curiosité, les souvenirs qu’il [Dante] a laissés » (Hippeau, 1866, 19). Précisons enfin que l’appellation de « voyage dantesque » peut être trompeuse : il est bel et bien question de retracer les expériences du poète narrées dans sa Divine Comédie. Aucune autre œuvre du corpus dantesque n’est évoquée par nos voyageurs.
1. Une Italie figée : une « Italie sans Italiens »
L’Italie visitée par les voyageurs dantesques apparaît tout d’abord comme désincarnée, une « Italie sans Italiens », pour reprendre l’expression de Jérémie Dubois (2015, 98). Les voyageurs semblent la découvrir comme à travers un voyage dans le temps. Plutôt que d’être l’exploration d’une Italie contemporaine, en ébullition politique et sociale, ce sont deux périodes clés qui sont sans cesse réévoquées par les voyageurs : l’Antiquité et le Moyen-Âge dantesque, rappels nostalgiques pour les Français de la grandeur italienne passée. Raffaella Cavalieri explique à ce propos que les voyages dantesques, au même titre que d’autres voyages littéraires ayant vu le jour au XIXe siècle, ne sont plus de simples déplacements dans l’espace, mais de véritables excursions temporelles. Pour le critique voyageur, le passé devient présent, et c’est précisément le rapport des voyageurs à la Divine Comédie qui permet ce glissement (Cavalieri, 2006, 40). La géographe Isabelle Sacareau voit ce déplacement temporel des intérêts des voyageurs comme une réaction spontanée à l’évolution industrielle des sociétés européennes (2010, 150) :
Le tourisme émergeant participe pleinement de ce mouvement en exprimant un nouveau rapport au lieu et au monde qui ne s’appuie pas seulement sur la contemplation des merveilles de la nature mais également sur la quête du passé et des civilisations disparues. Cette curiosité nouvelle des voyageurs […] témoigne d’une quête identitaire de repères collectifs au moment où la révolution industrielle fait émerger une société et des paysages nouveaux.
Ce retour obsessif vers le passé, quête d’une identité glorieuse, se manifeste en effet tout particulièrement dans notre corpus par l’omniprésence des évocations de paysages, qui se veulent davantage tournées vers ce que les voyageurs souhaitent y déceler que vers la réalité qui se trouve sous leurs yeux. Le texte de la Divine Comédie se fait filtre de l’appréciation réelle de l’espace. L’observation du paysage figé, souvent majestueux et idéalisé, offre une vision qui ne daigne pas se confronter à la réalité italienne : les écrivains voyageurs proposent, en marge de la société qu’ils visitent pourtant, une Italie fictive et idéalisée. C’est ce que semble montrer le récit d’Ampère dès son introduction (1839, 535) :
Quelquefois l’aspect des localités a bien changé […] ; mais souvent les scènes de la nature, les monumens de l’art, que Dante a contemplés, ont laissé sur son œuvre une empreinte d’une étonnante fidélité. En présence de ces scènes et de ces monumens, le voyageur acquiert, par la comparaison du modèle et de la peinture, un vif sentiment de la méthode et de l’art du peintre. Il prend, pour ainsi dire, sur le fait l’imagination du poète dans l’acte mystérieux par lequel elle s’unit à la réalité pour créer l’idéal.
Ces échanges entre l’œuvre et la perception sous influence des paysages italiens par Ampère sont patents dans cet extrait. Les paysages (« le modèle ») ont influencé l’œuvre de Dante (« la peinture »), et c’est le retour au modèle à travers le prisme de la Divine Comédie qui permet de percevoir « l’idéal ».
En outre, s’il existe de rares passages où Ampère s’emploie à dépeindre la vie quotidienne et triviale des provinces italiennes, celle-ci ne paraît pas plus réaliste (1839, 557) :
Descendu de l’Alvernia, j’arrivai le soir, par un beau clair de lune, dans la petite ville de Bibiena : c’était quitter les Alpes et retrouver l’Italie. Au lieu du vent froid des hauteurs, une tiède brise courait légèrement sur les oliviers blanchis par la lune. Les villas qu’elle éclairait semblaient resplendir dans l’ombre. La gaieté bruyante d’une soirée d’été animait les rues étroites de Bibiena. Une jolie petite fille sortait d’une écurie en chantant […].
Le village de « Bibiena » [Bibbiena] apparaît tel un paysage archétypal, avec des caractéristiques atemporelles issues du canon pastoral : on y retrouve tour à tour le « clair de lune », les « oliviers blanchis par la lune » et la « jolie petite fille » qui chante. Cette description n’est pas sans faire penser aux canons esthétiques des peintures de l’école romantique de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle.
Le voyage officiel de Célestin Hippeau en Italie est orienté vers la modernité : l’écart de presque 30 années qui sépare les deux récits est notable. Chez ce dernier, ce sont avant tout les paysages urbains ou industriels qui sont mis au premier plan. Cependant, s’il semble quitter plus souvent son livre des yeux pour se confronter à la réalité contemporaine, nombre de ses descriptions sont tournées davantage vers l’époque dantesque que vers l’Italie de 1865. On le voit par exemple lors du récit de sa visite de Florence (Hippeau, 1866, 15-16) :
J’ai employé toute une matinée […] à parcourir […] les rues étroites qui vont de la place du Dôme à l’Arno, et du vieux palais au palais Strozzi. C’est là que s’agitait la population la plus active et la plus énergique du moyen-âge ; là que les membres des diverses corporations venaient se grouper autour de la bannière de leur Consul ; là que se réunissaient, au son de la cloche Martinella, les guerriers se préparant à entrer en campagne et à défendre le caroccio. […]
À l’extrémité de la Calimala sur le Corso, nous retrouvions la place des Donati,aujourd’hui habitée par une population misérable, mais rappelant le souvenir d’une famille puissante de Florence.
On retrouve bel et bien à la fin de cet extrait la réalité contemporaine, phénomène presque absent chez Ampère. En revanche, l’articulation du discours est nette : à chaque étape, Hippeau effectue un retour extasié dans le passé, marqué par l’usage d’indications temporelles et de nombreux superlatifs, contrastant nettement avec la situation contemporaine (« la place […] aujourd’hui habitée par une population misérable »). Il y a une nostalgie affirmée de la part du Français pour le passé dantesque, que l’on observe par exemple lors de la visite de la place Santa-Croce : « elle offrait un intérêt particulier par les souvenirs qui s’y rattachent. C’est là qu’ont eu lieu les scènes les plus émouvantes de […] l’époque féodale » (Hippeau, 1866, 45-46).
Les descriptions des lieux observés deviennent chez nos deux voyageurs prétexte pour un retour au glorieux passé médiéval italien : il est en effet rarement question d’un paysage contemporain mais plutôt d’un paysage imaginé et imaginaire de la supposée époque du poème. Ampère s’adonne plus volontiers à la description pastorale, Hippeau à celle des villes italiennes emblématiques ; c’est peut-être le rapport plus étroit qu’entretient ce dernier avec l’intense vie citadine à travers l’expérience des fêtes de Dante à Florence en 1865 qui le pousse à regarder parfois au-delà du poème.
La tendance à vouloir présenter une « Italie sans Italiens » atteint son paroxysme dans le récit d’Ampère, chez qui l’Italie est terre des morts, pour reprendre l’idée de Lamartine (1825, 56), plus que terre des vivants. Dès sa première étape à Pise, alors qu’Ampère se rend au cloître de Saint-François pour se recueillir sur ce qui était jadis la tombe d’Ugolin, protagoniste du chant XXXIII de l’Enfer, il commence à manifester sa tendance à occulter la réalité contemporaine en faveur du royaume des morts (1839, 539) :
Quand je visitai le coin du cloître où gisent pêle-mêle les victimes innocentes et la victime coupable […], autour de moi tout était silencieux, serein et brillant. […] J’éprouvais un sentiment profond d’adoration pour la nature et d’éloignement pour l’homme, tandis que le pied sur la fosse d’Ugolin je regardais les orangers et le ciel.
C’est bel et bien une Italie terre de fantômes qu’Ampère semble fouler et vouloir aborder tout au long du récit, en revendiquant fièrement dans l’extrait son « éloignement de l’homme ». Cette dynamique occupe tout le récit du voyage dantesque originel, dans lequel on compte dix occurrences de l’adjectif « funèbre ». À Vérone, antépénultième destination du critique, le narrateur cite volontiers et à de nombreuses reprises les hôtes d’exil de Dante, mentionnés dans la Comédie (« La puissante famille des Scaliger, tyrans de Vérone, donna aux Malespina, aux Guidi, aux Polentani, l’exemple d’un accueil généreux » ; ou encore « Can-Grande, le plus illustre des Scaliger » ; Ampère, 1839, 756 ((Cangrande della Scala est mentionné implicitement par Dante dans le chant XVII du Paradis. Les Malaspina sont quant à eux cités dans le chant VIII du Purgatoire et la famille da Polenta a été immortalisée à travers l’histoire de Francesca narrée dans le chant V de l’Enfer.))), en éclipsant les vivants. La conclusion de l’excursion véronaise est en ce sens significative (Ampère, 1839, 762) :
La tradition sanglante m’est revenue à la mémoire en regardant scintiller les étoiles au-dessus de ces cavaliers de marbre ; il m’a semblé qu’ils se mettaient en mouvement, et que le fratricide poursuivait son frère à travers les airs dans le silence de la nuit. Bientôt l’illusion a cessé, et j’ai senti que tout, dans ce lieu funèbre, était immobile et froid, l’image des morts comme leur cendre, la pierre de leur armure comme la pierre de leur tombeau.
Enfin, à Padoue, avant-dernière destination du voyageur, pensant au « souvenir d’Ezelino », tyran et frère de Cunizza da Romano représenté dans le chant XII de l’Enfer, Ampère décrit la ville en créant un contraste fort entre les rues dépeuplées et éteintes d’une part et la présence imaginée du despote d’autre part : « Il me semblait sentir la présence invisible de ce redoutable mort, quand j’errais le soir, perdu à plaisir, dans les quartiers écartés et les rues silencieuses » (1839, 767). C’est donc une vision funèbre et nostalgique de l’Italie qui transparaît, et qui semble accuser implicitement le devenir de la future nation italienne. Lors d’une des très rares évocations de l’époque contemporaine, Ampère souligne cet écart qualitatif entre la période de Dante et celle durant laquelle il traverse lui-même Rome en comparant les jubilés de 1300 ((Il est question du jubilé de 1300 décrété par le pape Boniface VIII dans de nombreux chants de la Divine Comédie ; voir notamment Enfer, XVIII, Purgatoire, II et Paradis, XXXI.)) et de 1825 (1839, 741) :
L’année qui fut si décisive dans son existence marquait une époque unique dans les fastes de la chrétienté. C’était la dernière année du XIIIe siècle et celle du premier jubilé ; il n’est donc pas surprenant qu’à ce double titre elle ait frappé l’imagination de Dante […]. Un spectacle à peu près semblable s’est renouvelé de nos jours : malgré la différence des temps, malgré le double obstacle qu’opposaient au concours des pèlerins le refroidissement de la foi religieuse et les inquiétudes de la politique, l’affluence a été considérable au jubilé de 1825. Seulement, on peut croire que le jubilé de 1300 était plus poétique ; Rome surtout l’était davantage.
Tour à tour paysage idéalisé, lieu mythique ou terre des morts le territoire italien perçu par les deux voyageurs ((Le territoire est à considérer comme l’espace (forcément délimité) dans lequel, de par sa déambulation, l’auteur vit une expérience sensible.)) est visiblement une Italie fictive qui se trouve en conflit avec la réalité contemporaine. Le poème de Dante agit comme un filtre, souvent embellissant pour l’Italie ancienne, et enlaidissant pour l’Italie contemporaine. En effet, les lieux que le narrateur visite et représente sont le plus souvent des lieux de mémoire, chargés d’histoire (faits et événements passés attestés par les historiens) et d’histoires (c’est-à-dire de récits), et donc des espaces de légende (dans les différents sens de ce mot). Nous verrons ensuite que les Italiens apparaissent comme des acteurs secondaires dans les récits de nos voyageurs français, tels des archétypes théâtraux devant un fondale idéal. Les paysages référentiels (ceux de la réalité contemporaine, observés par les auteurs) ont été en quelque sorte scotomisés. La réalité contemporaine est donc marginalisée, car certains de ses aspects, bien matériels, ne correspondent pas ou ne correspondent plus au pacte narratif que le narrateur voyageur avait engagé avec ses destinataires.
2. L’invisibilisation des Italiens contemporains
On assiste dans les deux voyages à une invisibilisation partielle des contemporains italiens, relégués au rang de seconds rôles des récits, mais qui occupent diverses fonctions dans la narration des voyages dantesques. Nous en étudierons ici trois, identifiables chez nos deux auteurs.
La première est la fonction utilitaire, particulièrement présente chez Jean-Jacques Ampère. Ce dernier n’accorde une importance que minime aux Italiens qu’il rencontre pendant son excursion dantesque : le premier cité dans son récit, « un bon curé de la Pieve di Romena » (Ampère ne décline pas son identité), n’apparaît qu’après 30 pages (Ampère, 1839, 556). Il ne se contente pas d’occulter la présence des Italiens qui doivent avoir scandé son voyage : la plupart ont une fonction utilitaire dans son périple et dans son récit, à l’image de celui qu’Ampère appelle « mon guide » lors de sa visite de la Vallée de l’Arno (1839, 558). Celui-ci est anonyme et n’est mentionné dans le récit que pour souligner, et peut-être déplorer, comment les traditions locales italiennes ont été partiellement oubliées. Nous le verrons, les seuls guides qui mériteront d’être identifiés et de recevoir les éloges d’Ampère sont deux grands universitaires italiens qui l’ont accompagné pendant certaines étapes du voyage.
La deuxième fonction de ces Italiens est archétypale. Qu’il s’agisse de portraits individuels ou de portraits collectifs, Ampère et Hippeau proposent tous deux une vision stéréotypée de l’Italie et des Italiens. À une échelle individuelle, on l’observe chez Jean-Jacques Ampère à travers les dénominations, pour la plupart anonymes, qu’il leur attribue au cours du récit : on rencontre tour à tour « un bon curé », « une jolie petite fille », « un prêtre », « un curieux petit moine », « un abbé de Gubbio » ou encore « le serviteur de la commune » (1839, 556, 557, 561, 558, 571, 772). L’individu, chez les deux auteurs, est de surcroît invisibilisé au profit de groupes indéfinis : c’est par exemple le cas dans les extraits où les deux voyageurs décrivent la foule. Chez Hippeau, c’est pour décrire la liesse des contemporains assistant au défilé du jubilé dantesque en 1865 que la masse nationale est décrite comme un être collectif, de manière stéréotypée (1866, 36) : « les dames agitent leurs mouchoirs et jettent des fleurs ; la foule salue les drapeaux et les bannières des villes italiennes […] ; elle bat des mains en voyant le drapeau de Solférino et de Magenta porté devant les envoyés de la France ».
Chez Ampère, c’est une « foule immense d’hommes, de femmes, d’enfans qui étaient venus honorer » saint François lors de son étape à Assise (1839, 567). Ces foules sont cependant des ensembles liés à des contextes festifs et glorieux pour la renommée italienne : pour le premier, on célèbre l’Unité (et l’influence française, par la même occasion) ainsi que le poème sacré ; le second admire le passage d’une foule de croyants italiens.
Ce sont les stéréotypes sur les « Italiens » en tant que groupe indivisible et homogène qui laissent transparaître ce qu’on pourrait qualifier d’ethnocentrisme français. La lecture de la Divine Comédie apparaît en effet comme un prétexte pour proposer des généralisations sur les mœurs et la mentalité des Italiens contemporains. Ainsi, dans son « Voyage », Ampère cible tout particulièrement les Toscans. Il explique par exemple que « les historiens contemporains s’accordent à attribuer aux habitans de Pistoia un caractère violent », présupposant l’hérédité de ce travers (1838, 547). Il use des mêmes généralités pour décrire les Toscans contemporains en les comparant à ceux de l’époque de Dante (Ampère, 1839, 549) :
On ne trouve pas d’abord la Florence de Dante. Rien ne ressemble moins aux Toscans du XIIIe siècle que les Toscans d’aujourd’hui. Ces puissans [sic] caractères, ces passions profondes et farouches, ont fait place à des mœurs paisibles, à des habitudes aimables. À cette vie d’entreprises, de haines, de périls, a succédé une vie indolente et douce ; il n’y a rien ici de la violence concentrée du caractère romain.
Ampère postule ici l’existence d’un « caractère romain », qui serait propre aux habitants d’autres régions italiennes et auquel les Toscans seraient parvenus à se soustraire.
La dernière fonction que nous évoquerons est celle par laquelle les Italiens sont voués à valoriser la position sociale des narrateurs, et à conforter un point de vue que l’on peut qualifier de classiste. Les Italiens auxquels les auteurs s’intéressent apparaissent comme des cautions d’une crédibilité intellectuelle et sociale, sans considération pour les classes sociales qui sont pour ainsi dire marginalisées. Ces auteurs prétendent saisir l’actualité du pays, voire offrir une esquisse ethnographique de l’Italie, mais cela se fait dans une tension avec une difficulté à appréhender les réalités sociales de la nation telle qu’elle est. Ainsi, à côté des nombreux guides italiens anonymes, on trouve à la fin du récit la mention de « M. Capei, savant professeur de droit romain » ainsi que de « Capponi, […] dont les concitoyens les plus distingués ne prononcent le nom qu’avec respect ». Ampère ne manque pas de comparer ce dernier aux personnages de la Divine Comédie pour en faire les louanges, en disant : « vous êtes, par l’ame et le caractère, un contemporain des Cavalcanti et des Farinata » (1839, 772). Les seuls Italiens contemporains nommés explicitement dans le récit des fêtes dantesques évoquées par Hippeau sont des intellectuels et des nobles italiens, comme on peut le voir dans l’énumération suivante (1866, 7-8) :
Les hommes distingués qui me parlaient à cette époque des événements dont leur chère Italie avait été le théâtre : le comte Mamiani ; Michel Amari, […] ; Ridolfi […] ; l’abbé Lambruschini […] ; l’historien Cesare Cantu ; […] M. Bonaini ; M. Passerini […] ; […] Canestrini, […] ; […] le vénérable Gino Capponi ; les professeurs de l’Université de Pise, Centofanti, […] ; Comparetti ; Ferrucci […] ; tous ces Italiens, pleins de confiance dans l’affranchissement plus ou moins prochain de leur patrie, je les ai trouvés en 1865 en pleine possession de cette liberté et de cette indépendance, après lesquelles l’Italie a vainement soupiré pendant tant de siècles.
Contrairement à Ampère, Hippeau n’est pas insensible aux bouleversements politiques de l’Unification italienne : il en soutient pleinement l’initiative, mais ce faisant, il marginalise amplement la population italienne n’appartenant pas aux élites intellectuelles, politiques et culturelles du pays. Comme dans l’intention même du « Voyage dantesque », énoncée par Ampère au début de son récit, c’est-à-dire celle de proposer un itinéraire qui réparerait le fait que « l’objet de leur culte » ait été « profané » par les masses, on perçoit très largement le deuxième filtre d’interprétation de l’Italie chez Ampère et chez Hippeau : leur appartenance sociale semble les empêcher, à divers degrés, d’accéder à la réalité italienne contemporaine car ils sont enfermés dans un rapport de classe que le franchissement de la frontière ne leur permet pas de surmonter. Pour nos voyageurs, la fine connaissance de la culture et de la littérature anciennes est l’apanage de l’élite intellectuelle française, et la Divine Comédie, de même que les élites intellectuelles italiennes qu’ils fréquentent et mentionnent, a vocation à mettre en valeur leur patrimoine social et culturel.
3. Rêve d’une Italie livresque et réalités contemporaines invisibilisées
Les deux voyages dantesques que nous avons évoqués articulent donc l’image d’une Italie immuable et idéalisée, ancrée dans le passé glorieux de l’époque de Dante, avec une invisibilisation partielle des Italiens contemporains.
Chez Ampère, ces deux tendances sont omniprésentes tout au long du « Voyage dantesque ». C’est l’époque et ce sont les lieux de la Divine Comédie qu’il est en définitive allé chercher en Italie, comme il le reconnaît lui-même : « Partout, dans la nature des lieux, dans la mémoire des hommes, j’avais trouvé vivant l’esprit du poète » (Ampère, 1839, 561). Par moments, ses attentes idéalisées s’alignent avec la réalité contemporaine italienne, le faisant aller jusqu’à s’exclamer : « Là, du moins, rien ne démentait le prestige des souvenirs, […] je retrouvai des impressions plus conformes au siècle et au génie de Dante » (Ampère, 1839, 572). Il y a peu de doute, donc, sur ce qu’Ampère est allé chercher en Italie : l’expérience et la représentation viatiques de l’auteur sont déterminées par sa recherche constante d’une Italie lue, qui met à distance voire marginalise les éléments qui contrastent avec son interprétation du poème. C’est une expérience par laquelle, dans sa quête et dans sa représentation, l’auteur tente de redessiner les marges nécessaires aux enjeux établis pour son voyage. La tension entre quête et perception semble résider dans l’écart entre la revendication d’une référentialité et un récit qui donne à voir une Italie fantasmée. En fin de compte, l’auteur adopte ici une attitude d’évaluateur (voire de censeur) devant les réalités contemporaines italiennes.
La situation de Célestin Hippeau est à nuancer davantage : bien qu’éloigné des réalités tangibles que vit le peuple italien (instabilités politiques et économiques ou encore inégalités territoriales), il s’intéresse aux ébullitions nationales passées et en cours. Cependant son intérêt pour cette actualité est celle d’un érudit, avant tout lecteur de la Divine Comédie. Hippeau considère que sa place aux célébrations est aux côtés des nobles et influents Italiens plutôt que de la foule. Hippeau conserve une forme de distance avec le peuple qui laisse parfois poindre un conflit identitaire et social.
Ces deux récits semblent faire apparaître une forme de xénophobie française envers le peuple italien. Afin de l’appréhender, il est intéressant d’en observer la filiation idéologique proposée par Yves Hersant dans la préface de son anthologie des voyages français en Italie (1988, VIII) :
Au cours de la période de référence, cette antipathie loin de cesser revêt les formes les plus diverses. Au début du XVIIIe, dans une Péninsule affaiblie (qui attire les étrangers en raison inverse de son prestige), mépris des Français bien nés envers les habitants d’une terre en ruine, dont seule les émeut l’histoire ancienne : alors naît la triste habitude d’allier l’amour de l’Italie à l’abaissement des Italiens. Puis, dans les dernières décennies d’Ancien Régime, sévère condamnation par les Lumières non pas d’une Italie inexistante, et destinée à rester longtemps encore « simple expression géographique », mais des obscurantismes juxtaposés qui offrent dans cette partie de l’Europe l’exemple même à ne pas suivre […]. Enfin, après la longue parenthèse du romantisme […], revendication hautaine et moderniste, dans la France de Napoléon III, d’une tutelle intellectuelle sur la protégée de l’empereur ; ou bien défiance positiviste, au rebours du courant ultramontain, envers une archaïque Italie que le Risorgimento et l’Unité n’ont pas pu débarrasser de son odeur de catacombes.
L’adéquation des constats de Hersant avec notre corpus est manifeste : les voyages dantesques seraient alors de purs produits de leur époque, alliant « mépris des habitants d’une terre en ruine » et amour de « l’histoire ancienne » hérités du siècle précédent avec l’idée omniprésente d’une « archaïque Italie » à l’« odeur de catacombes ».
Le rôle joué par la Divine Comédie dans ces récits de voyage semble de surcroît faire naître des tensions idéologiques et littéraires. En effet, en Europe et pour nos deux Français, le poème dantesque fait l’objet d’une réception paradoxale. On ne compte plus, au XIXe siècle, les chantres du caractère universel de l’œuvre. Hippeau l’affirme bien volontiers dès le premier chapitre de son récit (1866, 8-9) :
L’homme qui avait le privilège de passionner ainsi, non-seulement les classes élevées, mais la foule elle-même, partage avec Homère l’honneur d’avoir, dans une immortelle épopée, résumé toute la civilisation de son temps, en revêtant d’une forme poétique admirable les sentiments généraux de l’humanité.
La Divine Comédie est donc pour ce dernier une somme de la « civilisation de son temps », capable de chanter les sentiments universels des hommes, alors même que les patriotes italiens en ont fait un poème « nationaliste » (on peut notamment citer la récupération de l’invective du chant VI du Purgatoire) : il existe une tension forte, au XIXe siècle, entre les deux grandes tendances politiques et littéraires que sont « l’internationalisme littéraire », ou la « cosmopolitisation » qu’Hugo appelle de ses vœux, et le repli sur soi, très marqué en Europe, dérivant de l’émergence de nationalismes politiques, culturels et littéraires. C’est le cas chez Ampère, dont le « patriotisme » français entre en conflit avec le récit dantesque (1839, 562) :
Ce que Dante reproche surtout aux Siennois, c’est leur vanité, qui l’emporte même sur la vanité française. Cette saillie, inspirée à Dante par son dépit contre la France, montre que nous avions déjà, au moyen-âge, la réputation d’un défaut dont on s’est accordé généralement à nous gratifier. Laissant de côté la question de la vanité française que mon patriotisme me détourne d’examiner, je soupçonne l’influence de quelque mécompte du banni sur le langage du poète.
Les voyages dantesques cristallisent donc ces puissants conflits identitaires par la rencontre, ou la non-rencontre, entre les Français et l’Italie réelle, qu’ils négligent pour lui préférer l’Italie livresque, idéalisée et lointaine, de la Divine Comédie. Tout comme leurs ancêtres du Grand Tour, les voyageurs dantesques sont des voyageurs volontairement en marge par l’écart classiste qu’ils instaurent vis-à-vis de la plupart des Italiens rencontrés. De cela résulte une forme d’effacement de l’Italie contemporaine au profit d’une « italianité rêvée » issue de l’imaginaire médiéval dantesque. Au-delà des frontières, nos voyageurs demeurent bel et bien dans la posture de l’étranger. Ils optent pour une solution narrative, plus ou moins affirmée, du récit d’un « rêve d’Italie, d’Italie sans Italiens ». Ce concept a été formulé par l’historien de l’italianisme français, Jérémie Dubois, qui observe le phénomène dans les sphères de l’enseignement supérieur de l’italien en France au XIXe siècle (2015, 98). Il se manifeste par l’affirmation d’une xénophobie française envers leurs voisins, avec une tendance constante, celle de l’opposition entre le patrimoine culturel italien, estimé, et les réalités sociales du pays.
Si les voyages en Italie ont été maintes fois vecteurs de découverte de la Divine Comédie pour les érudits français, force est de constater que ces derniers n’ont pas nécessairement été passeurs de la culture et de la politique italienne contemporaines en France.
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Notes
Pour citer cette ressource :
Sarah Lévèque, Réalités sociales et politiques de l’Italie aux marges des récits de voyages dantesques français au XIXe siècle, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), novembre 2024. Consulté le 12/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/italien/civilisation/xvie-xixe/recits-de-voyages-dantesques-francais-au-xixe-siecle