Le Guatemala, pays hispanophone ?
Beaucoup de manuels scolaires, dans leurs pages de garde, offrent aux étudiants un planisphère censé démontrer l'importance du castillan dans le monde. Certes ce monde bicolore- ici on parle espagnol, là non - rend hommage aux cultures espagnole et latino-américaine, mais il n'est en réalité qu'une vision simplifiée des différentes situations linguistiques observées tant en Amérique Latine qu'en Espagne.
Afin de dépasser cette vision monochrome d'une Amérique Latine présentée comme hispanophone, nous aimerions à travers cette modeste contribution étudier la situation linguistique du Guatemala, preuve de la complexité et de la diversité des langues dans certains pays latino-américains. Avec cette courte étude de cas, nous prétendons ainsi non seulement ouvrir une fenêtre sur le monde centraméricain, mais surtout offrir un objet d'étude aux enseignants, pouvant s'insérer aussi bien dans la thématique « langue et identité » développée dans les programmes officiels de Terminale, que dans la question des liens entre langue et pouvoir abordée dans les programmes de Première. En effet, après avoir présenté la situation linguistique du Guatemala actuel, nous aborderons l'évolution historique qui a abouti à l'établissement de l'espagnol, langue du conquérant, comme langue officielle, avant de voir finalement comment on assiste aujourd'hui à une remise en question de l'identité nationale et par là-même à l'évolution des statuts des différentes langues en présence.
Nota bene : Ce travail s'appuie en partie sur un travail de Master 2, Politiques linguistiques au Guatemala : tentatives de reconstruction d'une nation, soutenu en 2006 à l'Université de Rouen (dir. C. Caitucoli). Afin de ne pas surcharger le texte de notes de bas de page, nous avons réduit celles-ci au minimum. Mais nous tenons à préciser que certains développements (concernant notamment le volet historique de cette étude) sont le fruit de synthèses et notes de lecture dont nous avons dans la mesure du possible indiqué les sources en note, l'ensemble des documents consultés apparaissant dans la bibliographie finale.
1. Le Guatemala - état des lieux, état des langues
1.1 Quatre peuples et vingt-cinq langues, une mosaïque linguistique
La population guatémaltèque, selon le recensement de 2002, est composée de quatre « peuples »: le peuple ladino, le peuple garífuna, le peuple xinka, et le peuple maya, répartition ethnique validée tant par les sources officielles (Institut de Statistique, Ministères de l'Education, de la Culture,...) que par les intellectuels guatémaltèques. Les ladinos, au risque de simplifier une définition qui pose toujours problème aujourd'hui, peuvent être décrits comme les descendants des conquérants espagnols arrivés au XVIe siècle, ou considérés comme tels (en réalité la majorité est métis). Ce premier peuple est le plus important puisqu'il compte 4.411.964 personnes, soit 60% de la population totale. L'autre peuple majeur en termes de démographie est le peuple maya, dont les ancêtres occupaient le territoire avant l'arrivée des Espagnols, et dont on dénombrait en 2002 4.411.964 représentants au Guatemala, soit 39,26% de la population guatémaltèque. Le peuple garífuna, présent sur toute la côte caribéenne de l'Amérique Centrale, depuis le Nicaragua jusqu'au Guatemala, en passant par le Honduras et le Bélize, est né d'une suite d'accidents de l'histoire : au XVIIe siècle, des esclaves africains faisant route vers les Antilles sur des navires britanniques font naufrage, et les rescapés se réfugient sur l'île de Saint-Vincent, où ils forment une nouvelle communauté autonome, se métissant avec les Indiens caraïbes déjà sur place. Après avoir cherché l'appui de la France dans la lutte contre les Anglais qui voient d'un mauvais œil la fuite d'esclaves du continent vers cette île où ils sont toujours bien accueillis, le peuple garífuna est finalement déporté par ses ennemis vers l'île hondurienne de Roatán, point de départ de leur extension vers la côte caribéenne au cours des siècles (1). A ce jour, sur les cinq cent mille individus recensés comme Garífunas ou Caraïbes noirs, seuls 5.040 vivent au Guatemala, où ils ne représentent que 0,04% de la population totale. La situation des Xinkas est quant à elle bien différente : présente uniquement au Guatemala, cette ethnie dont on peine à éclaircir le mystère des origines ne compte que 16.214 individus recensés en 2002, soit 0,14% de la population (2). Si l'on peut reconnaître au premier abord aux peuples ladino, garífuna et xinka une relative unité et homogénéité, d'un point de vue linguistique et ethnique, on doit d'autre part souligner l'apparente multiplicité du peuple maya. En effet, les quatre peuples correspondent à quatre groupes linguistiques distincts : Le peuple ladino parle l'espagnol, langue importée à l'époque de la colonisation et restée jusqu'à aujourd'hui la langue dominante et hégémonique, véhiculaire sur tout le territoire guatémaltèque. Le peuple xinka, qui, on l'a vu, correspond à une faible part de la population, parle aujourd'hui encore une langue aux origines incertaines (3). Quant aux Garífunas, leur langue est issue d'un mélange entre langue amérindienne Arawak, dialectes caribéens, apports africains et français.
Quant aux langues mayas, leur dénombrement diffère selon les institutions, certaines d'entre elles étant considérées tantôt comme des dialectes, tantôt comme des langues. On retiendra les données de l'ALMG-Academia de Lenguas Mayas de Guatemala, organisation reconnue officiellement par le gouvernement en matière de promotion, normalisation et défense des langues mayas selon laquelle il existerait vingt-deux langues mayas au Guatemala (4). On notera tout de même que la plupart des linguistes s'accordent à dire qu'en plus de ces 22 langues reconnues officiellement, il existe une trentaine de dialectes de celles-ci, parlés non seulement sur le territoire guatémaltèque mais également dans les Etats frontaliers du Mexique, Honduras, Salvador ou Belize. Toutes issues des langues mayas parlées à l'époque précolombienne (du XIe siècle av. JC jusqu'à la Conquête), ces langues et autres dialectes ont évolué au cours des siècles, se différenciant les unes des autres, jusqu'au point qu'il n'y ait plus aujourd'hui intercompréhension entre les locuteurs des différentes langues pourtant toutes issues de la racine commune du « Nab'ee Maya'Tziij » (5).
1.2 Langue et identité : le puzzle sociolinguistique
Au-delà de l'image lisse d'un pays hispanophone proposée bien souvent par les manuels d'espagnol, nous sommes donc en réalité face à un véritable puzzle sociolinguistique, voire face à un casse-tête. Il serait en effet facile d'associer nombre de locuteurs de telle ou telle langue, au nombre de membres de l'ethnie correspondante. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Ainsi, les données fournies par le recensement mené en 2002 montrent qu'une partie des habitants qui se sont déclarés mayas, n'ont pas pour autant une langue maya comme langue maternelle. Certes on pourra remarquer que pour la question de la langue parlée, on ne prend pas en compte les enfants de moins de trois ans ; mais la différence reste tout de même importante, et les hispanophones, plus nombreux que les ladinos déclarés, pourraient donc être en partie indigènes. On constate le même phénomène pour les populations garífuna et xinka : le nombre de locuteurs des langues garífuna et xinka est inférieur au nombre de personnes ayant déclaré appartenir à ces deux peuples. Ainsi, tous les indigènes n'ont pas pour langue maternelle la langue de leur communauté ethnique, ou du moins ne l'ont pas déclarée comme langue maternelle, ou « Idioma en que aprendió a hablar» comme l'indiquait le questionnaire du censeur qui ne laissait qu'une seule réponse possible (6). En effet, n'oublions pas que les recensements sont sujets à interprétation : pourquoi une telle différence entre membres de la communauté maya, et locuteurs déclarés ? Les données chiffrées sont malheureusement parfois cryptées pour l'observateur extérieur. Ainsi, le locuteur dit parler telle ou telle langue, il avoue la pratique d'une langue maya par sincérité, ou orgueil revendicatif d'une identité culturelle différente et militante, ou au contraire prétend être hispanophone pour ne pas détonner, mettant de côté une identité dénigrée et méprisée par une partie de la société. Tout est affaire de représentations, et on peut parler, tout comme le fait E. Díaz-Couder au sujet de la situation linguistique au Mexique, d' « invisibilité du recensement » (7): Pour le chercheur, il ne reste que les chiffres, et il est parfois difficile d'esquisser les représentations qui existent en amont de ces données. Le manuel du recenseur édité par l'INE a le grand mérite d'insister sur le droit à l'auto-identification de l'individu, en lieu et place des talents d'observateur de l'enquêteur et des concitoyens, qui faisaient jusque-là office de définisseurs sociolinguistiques, comme le montrent les consignes données pour le recensement de 1950 : « para considerar a una persona como indígena o como ladina, el empadronador deberá tomar como base la estimación social en que se tenga la persona en el lugar que se está censando » (8). En 2002, un long chemin a donc été parcouru puisque le recenseur se doit de suivre les instructions suivantes :
C'est l'individu qui se définit donc lui-même. Mais tout est alors possible pour l'analyste, les chiffres pouvant être une sous-représentation ou sur-représentation de la situation réelle : les indigènes se déclarent-ils tous forcément comme indigènes, ou préfèrent-ils s'avouer ladinos pour s'associer à la culture dominante et participer au dénigrement de leur propre culture ? Les mayas hispanophones renient-ils leur bagage culturel ou ont-ils véritablement été élevés en langue espagnole, ce qui traduirait une évolution des mentalités et pratiques linguistiques ? Certes, comme l'indiquent les consignes données au recenseur, «La pertenencia a un grupo étnico no condiciona el idioma en que la persona aprendió a hablar» (10), mais il n'en reste pas moins que la question des langues au Guatemala est au cœur de la question identitaire et culturelle : les précautions prises lors du recensement en témoignent, et les multiples politiques engagées depuis 1996 montrent combien la langue est importante, en tant qu'élément essentiel des identités culturelles et ethniques des différents peuples en présence. Rien d'étonnant alors à ce que les langues aient été enjeux de pouvoir, dès la Conquête espagnole
2. L'espagnol, langue du conquérant, langue du dominant
2.1 La conquête et l'époque coloniale
Avant l'arrivée des conquérants espagnols, l'Amérique Centrale est partagée entre de nombreuses seigneuries et petits royaumes mayas. Rivalités, guerres, ou ententes sont le lot quotidien des relations entre ces entités politiques. L'arrivée des Espagnols en 1523 marque la division du territoire en évêchés, et l'isolement croissant de ces différentes communautés indigènes, déjà affaiblies par les invasions toltèques quelques années auparavant. Même l'importante seigneurie des K'iche' ne résiste pas longtemps aux assauts, et chaque communauté indigène est soumise, et traitée comme une unité indépendante des autres, les colons effaçant ainsi peu à peu les identités et caractéristiques propres à chacune d'elles par la destruction ou l'ignorance des langues, croyances, et la rupture de leurs ancrages territoriaux. La colonisation espagnole ne sera bien évidemment pas sans conséquences pour les autochtones: la guerre, puis l'esclavage et les maladies importées du vieux continent entraînent durant presque deux siècles une perte démographique importante pour les populations maya et xinka. D'autre part, l'installation des Espagnols est synonyme d'importation des normes sociales et culturelles européennes. Ainsi, l'évolution politique apportée et imposée par les conquérants implique-t-elle une évolution linguistique. En effet, la Couronne d'Espagne met tout d'abord en place un mécanisme de « reducción », autrement dit d'incorporation des indigènes à l'ordre social européen, dans le cadre de villages créés spécialement pour eux sur le modèle architectural et spatial des villes du Vieux Continent (11). Rassemblant des individus issus d'ethnies diverses, de différentes lignées, la réduction entraîne inévitablement des métissages, ainsi que des transformations linguistiques : l'adoption d'une langue commune pour la nouvelle communauté, ou encore des mélanges linguistiques menant à l'apparition de véritables pidgins (12) avant l'heure. La colonisation amènera donc ainsi sans s'y attendre l'apparition de véritables identités locales, communales, associant de nouveaux groupes sociaux à une langue et un territoire redéfinis. D'autre part, afin de parer à toute tentative de rébellion, les colons espagnols procèdent au déplacement de certains groupes de population vers des zones inhabitées, afin d'éviter tout contact ou regroupement avec d'autres ethnies. L'isolement et la migration forcée de ces individus mènera alors à un phénomène inverse à celui que nous exposions précédemment : plutôt qu'une évolution ou un métissage, c'est au contraire la fossilisation des langues de ces groupes qui aura lieu, due à l'absence de contacts avec l'extérieur. Il convient de souligner, à l'égard des évolutions linguistiques provoquées par l'arrivée des Espagnols, que les travaux de linguistique historique ont prouvé que la conquête et colonisation des terres d'Amérique Centrale n'ont entraîné la disparition d'aucune langue locale. Si ces pratiques entraînent l'unification et l'affirmation des variations langagières dans chaque communauté, l'espagnol n'en acquiert pas moins une place dominante sur l'échiquier linguistique. La « castellanización », autrement dit l' "espagnolisation" du Guatemala est en effet un phénomène qui va croissant au cours des premiers siècles de présence ibérique. Cette diffusion de l'espagnol va de pair avec l'évangélisation et la catéchèse des indigènes, élément indispensable pour civiliser ces populations considérées comme barbares. Le Concile de Lima de 1552 parle en effet de « costumbres paganas e incivilizadas» qu'il faut réduire par l'apprentissage de l'espagnol et du catholicisme (13). Mais si selon les instructions officielles l'enseignement de l'espagnol devait être donné par les prêtres en même temps que le catéchisme, faisant d'une pierre deux coups, dans les faits il en est autrement : les premiers indigènes qui apprennent la langue de Cervantès sont ceux qui jouent le rôle d'interprètes, et le travail de catéchèse se fait bien souvent par leur intermédiaire, sans que les populations locales apprennent la langue de l'envahisseur. Malgré des consignes officielles répétées, comme les ordonnances éditées par Philippe IV indiquant que la doctrine catholique doit être enseignée en espagnol, l'espagnolisation du Guatemala se fera donc par des voies détournées. Le déplacement des populations indigènes vers les centres urbains où l'espagnol domine, parlé par les colons et leur entourage, ainsi que la migration d'Espagnols vers les espaces ruraux, entraînent une diffusion de la langue sur l'ensemble du territoire. Peu à peu, elle devient langue dominante, lingua franca outil de communication entre colons et indigènes, et vraisemblablement entre indigènes issus d'ethnies aux langues différentes. Enfin, à l'échelle de l'Amérique Centrale, un autre type de barrière naît : cette fois-ci il ne s'agit plus d'isoler les différentes communautés indigènes - respectant ainsi le vieux principe qui veut qu'il faille diviser pour mieux régner -, mais l'ensemble de ces communautés de la société des colons. De fait, la législation sépare jusque dans les textes ce que les historiens appellent les « deux républiques » : la république espagnole formée par les colons venus du Vieux Continent, et la république « criolla», république créole. Dès les origines c'est donc un Etat socialement fragmenté qui prend forme, sous la tutelle de l'Espagne.
2.2 L'Indépendance. L'espagnol langue officielle, l'imposition définitive d'un modèle culturel
Le XIXe siècle voit naître à grand peine l'Etat-nation guatémaltèque. En effet, s'il s'émancipe politiquement de la Couronne d'Espagne, il n'accède pas forcément à l'indépendance politique : uni dans un premier temps au Mexique dans les années 1820, le Guatemala, après un passage par l'indépendance, fera partie de la République Fédérale Centraméricaine. Celle-ci échouera rapidement en 1838, laissant place à des conflits répétés entre ses anciens membres : le Salvador, le Honduras, le Costa Rica, le Nicaragua et le Guatemala. La politique intérieure nationale est quant à elle marquée par l'alternance de gouvernements conservateurs et libéraux, tous plus ou moins autoritaires. Les Ladinos envahissent le monde politique, évinçant peu à peu les rares Espagnols de souche qui subsistent au Guatemala. Quant aux indigènes, il est alors communément admis que le progrès de leurs communautés passe par la « ladinisation », la transformation en Ladinos, autrement dit l'assimilation à la population d'ascendance européenne. La question du sort de l'Indien est ainsi posée dès les années 1820. La société européenne servant de modèle à suivre en termes de civilisation, il est alors admis que le progrès passe par l'éducation et le métissage des indiens qui doivent être absorbés et assimilés par le modèle occidental. Ainsi, le 18 octobre 1824, le Congrès constituant édite le décret législatif nº14 qui commence de la manière suivante :
Le conflit entre civilisation et barbarie n'est donc qu'à un pas. L'indigène, qu'il soit maya, xinka, ou garífuna, reste un être inférieur, pour qui le progrès n'est possible que dans la mesure où il s'intègre à la société dominante, s'adapte à la culture européenne synonyme de Lumières et civilisation. Par conséquent, son mode de vie est dénigré et méprisé, et sa langue, inapte à transmettre tous les savoirs et produits de la raison, ne mérite pas qu'on s'y arrête, et mérite d'être arrêtée, éliminée. Langue espagnole et culture vont ainsi de pair, comme le redira le docteur Mariano Gálvez, président de la République de 1831 à 1838, progressiste qui a promulgué les lois sur le divorce, l'éducation laïque, l'amélioration du système éducatif, et pourtant auteur des mots suivants en 1836 :
Autant dire que la ladinisation, ou assimilation des indigènes, passant par la disparition de leurs langues et cultures, est à l'époque une idée communément admise, même par les hommes les plus raisonnés et progressistes : il s'agit de fonder la nation guatémaltèque autour d'un territoire, et d'une langue, l'espagnol. Si l'on retrace à grands traits la situation de l'indigène au cours des XIXe et XXe siècles, on constate que ces préceptes ont guidés les politiques engagées : l'Indien a parfois été placé sous tutelle, lorsqu'on le considérait comme inapte à être citoyen à part entière. Cette attitude paternaliste du pouvoir alterne avec des proclamations d'égalité qui restent paroles en l'air, tandis que la législation instaure dans les faits une situation de domination sociale et économique des Ladinos sur les indigènes. Le code du travail, les lois sur le vagabondage, le service militaire ou la propriété foncière transforment ainsi l'indigène en travailleur agricole à la merci de son employeur ; la main d'œuvre bon marché que constitue la population maya est ainsi mise à profit grâce à des facilités légales maintes fois reconduites. A cette domination socio-économique correspond la domination culturelle : l'idéal de civilisation de l'Indien né au XIXe siècle reste en vigueur, et sa langue, sa culture, parfois regardées avec intérêt d'un point de vue folklorique, sont toujours placées en situation d'infériorité par rapport au modèle dominant de la nation guatémaltèque fondée sur les valeurs occidentales et la langue espagnole. Les quelques mouvements indigénistes des années 1920 ne seront ainsi qu'une parenthèse au sein de l'idéologie dominante qui impose le modèle espagnol. Aujourd'hui encore, les défaillances du système scolaire et plus globalement de l'Etat guatémaltèque sont synonymes d'exclusion d'une partie de la population. L'analphabétisme, et plus précisément la méconnaissance de l'espagnol par une partie des populations indigènes qui ne sont pas forcément bilingues signifie en effet le non-accès aux différents services publics : l'éducation certes, mais aussi la justice par exemple, ou encore la santé. Si l'on n'est plus à l'époque des « deux républiques » de l'ère coloniale, il n'en reste pas moins qu'au XXe siècle une quantité non négligeable d'individus ne jouissent pas de leurs droits en tant que citoyens guatémaltèques, pour une seule raison : ils ne parlent pas la langue du pouvoir.
3. Le renversement des tendances : réaffirmation des langues et identités indigènes
3.1 La guerre civile et ses conséquences
Néanmoins cette situation d'inégalité flagrante, en partie liée à la maîtrise de la langue espagnole et fruit d'une histoire longue, est en passe d'évoluer, depuis la fin de la guerre civile qui a agité le pays au cours des dernières décennies du XXe siècle. A l'image de la plupart des pays d'Amérique latine, le Guatemala est en effet marqué par la lutte anti-communiste dès les années 1960 (16). Face à l'oppression idéologique, qui se traduit bien vite par une militarisation de la société, s'élèvent des mouvements guérilleros, tout d'abord dans les zones rurales, puis dans les villes. Durant la première phase du conflit (années 1960), l'armée mène une campagne anti-insurrectionnelle classique, principalement dans l'Est du pays, contre une guérilla marxiste-léniniste dont la principale requête est la mise en marche d'une réforme agraire. Mais durant la période 1970-1990, la cible principale devient la population civile rurale, à composante principalement indigène, et l'on assiste à une guerre civile meurtrière. Cette population se trouve bien souvent prise entre deux feux : la guérilla, s'appuyant sur les recours logistiques fournis par les villages, et l'armée, qui mène une politique de terre brûlée pour saper ces bases rurales. Destruction des lieux de culte, des habitations, des récoltes, ou réquisition des vivres, l'armée réduit à néant des villages entiers (l'ONU en dénombre plus de six cents, et deux cent mille victimes), au point que les historiens parlent parfois de génocide, s'appuyant sur certains témoignages civils ou militaires qui laissent entendre une volonté d'extermination des indigènes. Le conflit entre guérilleros et militaires met donc à rude épreuve les populations rurales, majoritairement indigènes, qui s'engagent parfois de gré ou de force d'un côté ou de l'autre. Et les indigènes font peur : considérés comme de possibles guérilleros, ils sont d'autant plus inquiétant pour l'élite ladina que certains d'entre eux commencent durant ces mêmes années à accéder à des charges politiques locales, à s'intégrer peu à peu au jeu politique national, ou à connaître des succès commerciaux, menaçant ainsi le monopole ladino.
3.2 L'évolution de la société indigène
Les communautés indigènes ont connu durant la seconde moitié du XXe siècle une expansion économique qui leur a permis de créer des coopératives artisanales ou agricoles, premier indice d'un changement d'échelle dans les relations sociales indigènes. En effet, encore au XXe siècle les différentes populations indigènes ont peu de relations entre elles, et les individus qui les composent s'identifient avant toute chose en référence à leur localité d'origine, et non à une ethnie en particulier ou au peuple maya. Il n'existe alors pas de sentiment de solidarité à l'échelle des peuples indigènes. Le massacre du village de Patzicía en 1944 (où des Ladinos ont tué la plupart des indigènes du village) a cependant marqué un tournant dans les représentations et relations sociales indigènes, ainsi que dans les tensions entre Ladinos et indigènes. Cet événement ayant augmenté la crainte des Ladinos d'une éventuelle révolte indigène, la pression alors exercée sur les populations autochtones est accrue ; mais l'effet obtenu est inattendu, puisque commence l'implication progressive dans la vie politique locale de jeunes mayas, début de la conscientisation de la masse indigène guatémaltèque. Après une nouvelle phase d' « invisibilité » à la fin des années 1960, les années 1970 voient réapparaître les indigènes au premier plan, tant économique que social. A ce mouvement intellectuel marqué par la multiplication des réunions, conférences et publications, s'ajoutent l'expansion commerciale de certains mayas et la présence croissante des églises évangélistes et protestantes dans toutes les régions rurales, qui contribuent à une politisation croissante des populations indigènes. Le renouveau maya se traduit alors par l'apparition d'une nouvelle intelligentsia, avant tout urbaine, qui est également présente dans les milieux politiques puisque 1974 est l'année où l'on voit au Congrès les premiers députés d'origine indienne et en 1976 apparaît le premier parti créé par des indigènes, Frente de Integración Nacional. Les massacres et tueries perpétrés par l'armée contre des villages entiers sont un autre élément qui contribue à cette prise de conscience de leur histoire, leur culture, et leur statut dégradé de peuple soumis, subordonné et discriminé. Cette réaction est aussi synonyme d'enrôlement massif dans les lignes de la guérilla, qui commence alors à percevoir le malaise indigène. La diversité du monde maya dont sont conscients les intellectuels de la capitale, se double alors d'une division politique interne : les penseurs des villes s'opposent aux gauchistes guérilleros des campagnes, chaque groupe ayant des ambitions différentes, le renouveau culturel et identitaire pour l'un, les revendications agraires pour l'autre. Dans les années 1980, le processus s'accélère, et l'Etat ne peut que reconnaître l'importance de la population indigène du Guatemala. Ainsi, Ríos Montt, chef d'Etat arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1982, en même temps qu'il fait inscrire dans les textes, pour la première fois dans toute l'histoire du pays, la reconnaissance de l'existence d'un Etat pluriethnique, permet également qu'un groupe de Mayas intègre le Conseil d'Etat : malgré leur fonction plus symbolique qu'effective, il s'agit d'un pas important dans la reconnaissance du rôle de la population indigène dans la vie publique nationale, tandis que Ríos Montt appuie également les actes de violence de l'armée régulière contre les populations rurales, en majorité indigènes, sans que le paradoxe entre les deux faits ne le gêne. Face à cette violence, des organisations de résistance pacifique se créent et permettent la naissance de nouveaux représentants indigènes. Par ailleurs, on retrouve de plus en plus à cette même époque des indigènes professeurs des écoles ou en collèges, preuve de leur progressive infiltration dans les structures sociales ladinas. Fait nouveau : tous, dirigeants d'organisations politiques, syndicales, ou simples enseignants, agissent alors en ayant conscience de leur identité maya (17).
3.3 Le renouveau maya. Je parle donc je suis (?)
Cette nouvelle prise de conscience se traduit en mots : les individus ne se désignent plus alors comme originaires de tel ou tel village. Ils sont avant tout K'iche', Kaqchikel ou Mam ; et la langue sert alors à désigner l'ethnie par laquelle elle est parlée, véhicule de l'identité maya. Les costumes traditionnels auparavant attachés chacun à une ethnie ou une localité particulière sont peu à peu abandonnés : les observateurs notent l'apparition d'un costume pan-maya, réalisé sur le modèle traditionnel, mais dont les couleurs et broderies ne renvoient à aucune localité spécifique, mais identifient leurs porteurs comme Mayas et non Ladinos. Une identité maya, au-delà des particularismes locaux, semble donc se mettre en marche non plus seulement chez les dirigeants que nous évoquions plus haut, mais chez l'ensemble de la population maya. Plutôt que l'extériorisation d'identités indigènes existantes, c'est donc en réalité la création, la naissance d'une identité maya globale, au-delà des particularismes, qui semble prendre forme sous l'idée d'une « mayanité » prônée par les porte-parole du monde maya. Cette progressive prise de conscience chez les indigènes sert alors de socle aux revendications les plus diverses de la part de leurs représentants sur la scène publique. Dans le contexte des négociations sur les Accords de Paix qui débutent dans les années 1990, la communauté indigène revendique en effet le droit à la terre, une réforme agraire, la reconnaissance des différentes cultures et langues qui composent le Guatemala..., avec notamment comme représentante sur la scène internationale le Prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchú Tum, récompensée pour « son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethno-culturelle basées sur le respect pour les droits des peuples autochtones ».
3.4 Vers une réforme linguistique, vers une redéfinition de la nation
Depuis 1996, et sous les effets croisés de la pression de l'opinion internationale dont les yeux sont braqués sur l'Amérique Centrale, et de celle des revendications mayas de plus en plus pressantes, l'Etat guatémaltèque est contraint d'honorer les promesses faites dans les Accords de Paix et la signature de différents traités internationaux tels que la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail sur les peuples indigènes et tribaux (1989), ou la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses, et linguistiques de l'ONU (1992). Parmi les Accords de Paix, on trouve ainsi notamment l'Accord sur l'identité et les droits des peuples indigènes, signé le 31 mars 1995 à Mexico par les représentants de la guérilla et le gouvernement en place. Sans entrer outre mesure dans les détails de ce texte, qui pourra faire l'objet d'une autre étude, il convient d'insister sur la nouvelle définition de la nation guatémaltèque qu'il proclame : une nation multiethnique, multilingue et pluriculturelle. Reconnue comme élément fondateur de l'identité guatémaltèque, la civilisation maya est ainsi replacée au cœur d'un système idéologique dont elle était jusque-là exclue. Le mépris, le dénigrement et la censure d'us et coutumes traditionnels font ainsi place à la reconnaissance et la revalorisation des cultures indigènes dont la langue est présentée comme un élément clé :
La reconnaissance du multilinguisme de la population entraîne bien évidemment la diffusion des langues indigènes dans le système éducatif, avec le projet d'une éducation bilingue pour tous, ou encore le bilinguisme des personnels administratifs, pour permettre l'accès de tout Guatémaltèque aux services auxquels il a droit. Après une tentative d'officialisation des langues indigènes en 1998 qui échouera finalement, une nouvelle loi de 2003, Ley de Idiomas Nacionales, tente de redonner aux langues indigènes leurs lettres de noblesse : s'il ne s'agit plus d'en faire des langues officielles au même titre que l'espagnol, on leur concède cependant le statut de « langues nationales ». Sont alors réitérées les promesses de bilinguisme des administrations, d'éducation bilingue pour tous ou encore de respect et défense des langues existantes. Reste à voir si ces promesses seront tenues.
Conclusion
A travers cette courte étude, nous avons voulu présenter de manière synthétique le cas du Guatemala, pays où la question de la langue dépasse le simple problème de communication. Mosaïque linguistique, dominée par l'espagnol, langue officielle et langue du conquérant, le Guatemala nous aide en effet à entrer dans la problématique de l'identité culturelle, ou encore de l'instrumentalisation de la langue par le pouvoir. On a ainsi vu comment la Colonisation se traduit par la tentative d'imposition de la culture espagnole, qui passe évidemment par l'apprentissage du castillan et les tentatives d'éliminations de langues prétendument barbares. Nous avons tenté de montrer, bien que la brièveté du texte ne permette pas d'entrer dans les détails, comment les langues indigènes apparaissent comme les éléments essentiels de cultures qu'on veut aujourd'hui promouvoir et préserver. Mais, en guise de conclusion, nous apporterons quelques nuances à ce renouveau dont nous faisons état : certes, la présence sur la place publique des peuples indigènes est visible, dans la presse, le monde politique ou économique, ou même sur la scène internationale avec Rigoberta Menchú, et cet activisme croissant du peuple maya a conduit l'Etat à adopter certaines mesures en faveur des peuples et cultures indigènes. Mais l'espagnol reste la langue dominante, tant par le nombre de locuteurs, que par le statut de langue officielle dont elle est la seule à jouir. De plus, la lenteur administrative, les difficultés auxquelles sont confrontés les gouvernements successifs - violence, corruption, crise économique - ne font que retarder la mise en place effective des décisions annoncées. Ainsi, même si certaines réformes sont bien avancées, comme celle des programmes éducatifs qui intègrent dorénavant le respect, la tolérance et la connaissance des cultures indigènes, la majorité d'entre elles ne progressent que lentement. Il suffira de préciser à titre d'exemple que la Ley de Idiomas Nacionales, votée en 2003, n'a reçu ses décrets d'application qu'en 2007. Le bouleversement de l'échiquier linguistique guatémaltèque ne fait donc que commencer.
Notes
(1) PNUD, Informe Nacional de Desarrollo Humano 2005. Diversidad étnico cultural: la ciudadanía en un Estado plural, chap. 2, p. 33, disponible en ligne à http://www.escuelapnud.org/public/index.php
(2) Toutes les données citées précédemment sont tiréees de: INSTITUTO NACIONAL DE ESTADÍSTICA, 2002, Censo Nacional XI de población y VI de habitación, INE, Guatemala.
(3) AZMITIA, O., 2002, Contexto sociocultural de Guatemala y realidad educativa, Mineduc, Guatemala, p. 58-60.
(4) ALMG, 2005, Planificación Lingüística y Cultural para Guatemala: Elementos para la Incidencia Lingüística y Cultural en las Políticas Públicas, document interne de l'ALMG, Guatemala.
(5) RICHARDS, M., 2003, Atlas lingüístico de Guatemala, Sepaz, Guatemala.
(6) INE, 2002, Censo Nacional, Manual del empadronador, p. 58.
(7) DIAZ-COUDER, E., 1997, « Plurilinguisme et État-nation au Mexique », dans DiversCité Langues. Vol. II. disponible en ligne à http://www.uquebec.ca/diverscite
(8) Cité dans ARÍAS DE BLOIS, J., 1997, «Demografía», dans CONTRERAS, J.D. (dir.), Historia General de Guatemala, tomo VI Epoca contemporánea: de 1945 a la actualidad, Guatemala, p. 355-357.
(9) INE, 2002, Censo Nacional, Manual del empadronador, p. 58.
(10) Ibidem.
(11) Nous synthétisons ici les réflexions développées par RICHARDS, op. cit.
(12) Un pidgin est une langue rudimentaire créé à partir d'un mélange de langues, pour permettre aux locuteurs de celles-ci de se comprendre et communiquer.
(13) RICHARDS, op. cit., p. 30.
(14) cité dans COMISIÓN DE OFICIALIZACIÓN DE LOS IDIOMAS INDÍGENAS DE GUATEMALA, 1998, Propuesta de modalidad de oficialización de los idiomas indígenas de Guatemala, 23-03-1998, Guatemala, p.67.
(15) Cité dans COMISIÓN DE OFICIALIZACIÓN DE LOS IDIOMAS INDÍGENAS DE GUATEMALA, op. cit., p.68.
(16) Les paragraphes suivants ont été élaborés d'après RIADO, P., 1992, L'Amérique latine de 1945 à nos jours, Masson, Paris, p. 344-348 ; BARTH, M., (ed.), 2000, L'enfer guatémaltèque. 1960-1996, Le rapport de la commission « Reconstitution de la mémoire historique », Karthala, Paris ; LE BOT, Y., 1992, La guerre en terre maya, Karthala, Paris.
(17) La synthèse présentée ici s'appuie sur divers articles de presse ainsi que sur les ouvrages cités en bibliographie finale ; on pourra s'attarder plus particulièrement sur MOYA, R., 1997, «Interculturalidad y reforma en Guatemala », Revista Iberoamericana de educación, nº13, pour la question de la mayanité notamment.
(18) Acuerdo sobre identidad y derechos de los pueblos indígenas, 1995, México, III-A-1.
Bibliographie
Sources premières
Acuerdo sobre identidad y derechos de los pueblos indígenas, 1995, México
ALMG, 2005, Planificación Lingüística y Cultural para Guatemala: Elementos para la Incidencia Lingüística y Cultural en las Políticas Públicas, document interne de l'ALMG, Guatemala.
C 169 Convention relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989, disponible sur le site de l'OIT http://www.ilo.org/ilolex/french/convdisp1.htm.
COMISIÓN DE OFICIALIZACIÓN DE LOS IDIOMAS INDÍGENAS DE GUATEMALA, 1998, Propuesta de modalidad de oficialización de los idiomas indígenas de Guatemala, 23-03-1998, Guatemala.
Constitución Política de Guatemala, 1985 avec les réformes de 1993, disponible en ligne sur le site de la PDBA : http://pdba.georgetown.edu/Constitutions/Guate/guate93.html
Decreto nº 19-2003, Ley de idiomas nacionales, 2003, http://www.unicef.org/guatemala/spanish/LeyIdiomasNacionales.pdf
Decreto Nº 65-90 de octubre 18 de 1990, Ley de la Academia de Lenguas Mayas de Guatemala, http://pia.asamblea.gob.ni/stp-pia/Ley4_g.pdf
INSTITUTO NACIONAL DE ESTADÍSTICA, 2002, Censo Nacional XI de población y VI de habitación, INE, Guatemala.
Bibliographie indicative
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ARÍAS DE BLOIS, J., 1997, «Demografía», dans LUJÁN MUÑOZ, J. (dir.), Historia General de Guatemala, tomo VI Epoca contemporánea: de 1945 a la actualidad, Asociación de Amigos del País, Guatemala, p. 355-357.
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BARTH, M., (éd.), 2000, L'enfer guatémaltèque, 1960-1996. Le rapport de la commission « Reconstitution de la mémoire historique », Karthala, Paris.
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DIAZ-COUDER, E., 1997, « Plurilinguisme et État-nation au Mexique », dans DiversCité Langues. en ligne. Vol. II. disponible à http://www.uquebec.ca/diverscite
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PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), Informe Nacional de Desarrollo Humano 2005. Diversidad étnico cultural: la ciudadanía en un Estado plural, disponible en ligne à http://www.url.edu.gt/PortalURL/Archivos/49/Archivos/ca14.pdf
RIADO, P., 1992, L'Amérique latine de 1945 à nos jours, Masson, Paris.
RICHARDS, M., 2003, Atlas lingüístico de Guatemala, Sepaz, Guatemala.
RONCAL, F., et GUORÓN AJQUIJAY, P., 2002, Culturas e idiomas de Guatemala, Mineduc, Guatemala.
Pour citer cette ressource :
Emilie Mendonça, Le Guatemala, pays hispanophone ?, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), décembre 2008. Consulté le 07/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/civilisation/histoire-latino-americaine/amerique-centrale-et-caraibes/le-guatemala-pays-hispanophone