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Du conflit armé aux conflits mémoriels. Les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala

Par Coralie Morand : Docteure en anthropologie - LESC-EREA
Publié par Elodie Pietriga le 26/09/2023

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L'autrice étudie les espaces dans lesquels les femmes Mayas ixil (Guatemala) mobilisent la mémoire du génocide du début de la décennie 1980. En abordant le génocide comme un fait social brutal, l’autrice se propose d’étudier la mémoire comme un processus dynamique et comme un point de fracture qui divise profondément la société. Elle met en lumière le caractère profondément conflictuel de la mémoire du conflit armé interne en région ixil. En filigrane, l’autrice propose d’engager une réflexion sur les différentes voies de la résilience individuelle et collective dans un contexte de post-génocide.

Carte du Guatemala

Carte du Guatemala.
Source: Wikimedia, licence CC BY-SA 3.0.

Entre 1960 et 1996, le Guatemala a traversé un conflit armé interne particulièrement brutal, connu comme l’un des plus sanglants du continent. Ce conflit a vu s’opposer des forces armées régulières (armée et forces paramilitaires) à des guérillas d’obédience marxiste, teintée d’indigénisme (Le Bot, 1992) ((La particularité des mouvements de guérilla guatémaltèques est de mêler l’idéologie marxiste à un discours visant plus spécifiquement les populations indigènes et réclamant une égalité de droits entre indigènes et non-indigènes ainsi que l’obtention de droits spécifiques pour les populations autochtones. Cette idéologie tient ainsi compte du fait que les catégories sociales et ethniques se mêlent au Guatemala, les indigènes étant les populations les plus défavorisées du pays, travaillant majoritairement dans le secteur agricole.)). Après la signature de la paix en décembre 1996, le pays est profondément divisé politiquement et la population durablement marquée par le lourd bilan de ces trente-six années d’affrontements. Les deux commissions de la vérité qui se sont succédé en 1998 (ODHAG) et 1999 (CEH) ont recensé plus de deux-cent-cinquante-mille personnes mortes ou disparues, un million et demi de personnes déplacées ou réfugiées et entre quatre-cents et six-cents villages rayés de la carte. Alors que 83 % des victimes recensées étaient d’origine maya, 93 % des exactions avaient été commises par l’armée ((Au vu de la forte proportion de population indigène dans le pays, l'armée était elle aussi constituée d'autochtones qui, pour des raisons diverses, ont dû participer aux opérations de massacre commises dans des communautés indigènes. Ces raisons peuvent aller de l'obligation qui pesait sur eux à l'absence d'une unité maya commune ne créant pas de modèle de fraternité susceptible de protéger les indigènes contre les exactions commises par l'armée. Comme cela se retrouve dans d'autres structures militaires, les soldats étaient majoritairement recrutés parmi les populations pauvres et paysannes du pays, alors que les officiers appartenaient aux classes sociales moyenne et haute. Si la masse des soldats de l'armée étaient d'origine maya, rares, voire inexistants, sont ceux qui ont pu se hisser au rang d'officier et ainsi accéder à la classe moyenne (Aguilera Peralta, 1981).)), assistée des Patrullas de Autodefensa Civil (PAC).

Après l’installation de la guérilla Ejército Guerrillero de los Pobres (EGP) dans la cordillère des Cuchumatanes, et l’assassinat de Luis Arenas ((Dirigeant fondateur du Partido de Unificación Anticomunista, il a occupé divers postes politiques nationaux, notamment celui de Ministre de l’Agriculture au début des années 1970. Plus grand propriétaire terrien de la région ixil, il avait été dénoncé à l’EGP pour des conflits fonciers avec les populations voisines de ses terres et pour avoir commis des abus à l’encontre de ses travailleurs dans le cadre d’un système quasi féodal (héritage de dettes, punitions sur des gibets, au fouet ou détention arbitraire de paysans dans des fosses et cellules) (Brett, 2007 ; Falla, 1992 ; Stoll, 1988).)), cruel propriétaire de la finca ((Grande propriété d’exploitation agricole et village de travailleurs installé sur ces terres.)) La Perla, le département du Quiché va devenir un enjeu central du conflit interne. La région ixil, située dans le nord du département, entre les localités de Chajul, Cotzal et Nebaj, a été victime d’une politique contre-insurrectionnelle totale, aux accents génocidaires, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. En mai 2013, un tribunal national a condamné l’ex-chef d’État de facto, le général et pasteur évangélique Efraín Ríos Montt ((Converti devenu pasteur de l’Église pentecôtiste El Verbo, Ríos Montt se présente comme un envoyé de Dieu souhaitant établir le royaume de Dieu sur Terre au Guatemala (Stoll, 1988). El Verbo prend une part active dans l’exercice du pouvoir et les dirigeants qui en sont issus cherchent à légitimer les décisions politiques par le recours au divin. Pour Ríos Montt, seul un changement profond des mentalités mènera à la modification des structures sociales. Il accompagne sa théorie d’un discours théologisé de bataille entre Dieu et le diable selon lequel seules les notions de bien et de mal permettent de saisir la réalité de la vie sociale guatémaltèque (Pedron Colombani, 1998 ; Stoll, 1988).)) à quatre-vingt années d’emprisonnement pour crime de génocide et crime contre l’humanité à l’encontre du peuple maya ixil (CALDH, 2013). Cette sentence ayant été annulée par la Cour constitutionnelle dix jours plus tard, le procès ne s’est conclu qu’en 2018 avec le décès du principal accusé. Son chef d’intelligence militaire, également sur le banc des accusés, a été déclaré innocent en 2019, non sans que le tribunal n’ait reconnu la perpétration d’actes génocidaires contre la population maya ixil.

Nous avons choisi d’observer de façon plus spécifique la façon dont les femmes ixil s’impliquent dans la mise en mémoire du génocide tant du fait de l’importante présence féminine dans les manifestations de soutien aux victimes du conflit que du fait des violences spécifiques qu’elles ont subies à cette période. Nous nous proposons donc d’interroger la mise en mémoire actuelle de ce génocide par les femmes ixil, la permanence du traumatisme lié à l’utilisation du viol comme une arme de guerre, ainsi que la difficile reconstruction sociale post-conflit. Notre propos s’articule autour de trois parties qui permettent d’analyser de vastes pans de mobilisation de la mémoire du génocide. La première aborde le génocide comme un « fait social brutal », concept innovant montrant l’aspect holistique de ce type de phénomène. La deuxième partie analyse la mémoire individuelle du conflit. La troisième et dernière partie aborde la question de la mémoire militante et féministe du conflit par le truchement d’un théâtre mémoriel ixil.

I. Le génocide, un « fait social brutal »

1. Le « fait social brutal » : un nouveau prisme d’analyse du post-conflit

En tant que phénomène holistique, le génocide peut être analysé comme un fait social total, dans une perspective maussienne ((Le fait social total est un concept forgé par Mauss (2012 [1924-1925]) pour définir un fait social (modalité sociale exerçant une contrainte extérieure sur un individu) qui meut et a des effets sur l’ensemble d’une société.)). Dans le cas ixil, il produit des effets sur l’ensemble des structures qui fondent une société : son système d’organisation sociale, son mode d’habitat, son mode de reproduction économique, son mode de transmission des traditions, sa construction mémorielle, les subjectivités individuelles, etc. La brutalité de ce génocide se présente sous plusieurs aspects. Tout d’abord, au sens premier du terme, il a été perpétré au moyen d’actes d’une cruauté rare, qu’il est difficile de nommer. En effet, la mise en œuvre de la stratégie contre-insurrectionnelle passait par la perpétration de massacres incluant une politique de terre brûlée (incendie de maisons, biens, cultures et villages), assassinats ciblés et indiscriminés, exécutions extrajudiciaires, enrôlement et rééducation de la population survivante, actes de torture, viols et esclavage sexuel, enlèvements d’enfants, déplacements de population, disparitions forcées, mutilations de cadavres, etc. En second lieu, il a entraîné des pertes de repère profondes pour les Ixil, liées à la disparition des anciens, gardiens de la tradition, à l’assassinat de leaders communautaires et à l’éloignement du territoire d’origine et des ancêtres. Enfin, c’est un « fait social brutal » par son irruption soudaine dans la société, ce qui crée une difficulté supplémentaire dans la perspective d’une reconstruction des structures sociales, puisque chacun de leurs pans se trouve affecté de façon quasiment concomitante. Proposer cette perspective du génocide comme « fait social brutal » nous mène à poser un regard large sur ses effets sur le plan de la construction de la société. Il s’agit donc dans cette partie d’analyser les éléments hérités du conflit qui continuent à structurer la société ixil et sa construction mémorielle à notre époque à partir de deux entrées principales : le procès, en tant qu’événement cristallisant des divisions sociales, et le témoignage judiciaire comme forme hybride de discours mémoriel.

2. Le conflit armé interne : de la guerre contre-insurrectionnelle au génocide ixil

Le Guatemala a traversé des épisodes successifs de violences qui marquent tant la configuration des pouvoirs nationaux que le processus de construction de la nation guatémaltèque (Simon, 2016, 118-122). Depuis la période coloniale, elle se caractérise par une structuration bipolaire, voire raciste, entre les Ladinos ((Les Ladinos sont issus du métissage entre les descendants des colons espagnols et les populations indigènes. Le terme désigne désormais les populations non indigènes ou les indigènes ayant adopté un mode de vie occidental.)) – privilégiés – et les autochtones – considérés comme inférieurs –, elle-même liée à l’histoire de violences du pays. Les réformes libérales du XIXe siècle ont encore accentué l’exclusion des populations autochtones, vues comme un obstacle à la modernisation du système économique productif, alors centré sur l’exportation de produits agricoles issus des grandes fincas du pays. Malgré la mise en place d’une réforme agraire pendant le « printemps démocratique » (1944-1954), les conditions de traitement des Ixil par les Ladinos restent pourtant globalement inchangées (Elliott, 1989) dans la région. L’United Fruit Company, qui a joué un rôle central dans l’économie guatémaltèque depuis le début du siècle grâce à l’exploitation de terres indigènes, est alors expropriée de ses terrains non cultivés. Parmi ses principaux actionnaires se trouvent les frères John Foster et Allen Dulles, respectivement secrétaire d’État sous Eisenhower et directeur de la CIA. Afin de protéger les intérêts économiques de la firme et de lutter contre l’avancée du communisme dans le contexte de la Guerre froide, ils sont à l’origine d’un coup d’État mené par la CIA en 1954, mettant fin à une décennie porteuse d’espoir pour les plus défavorisés (Schlesinger et Kinzer, 1987, 21-39).

L’impossible mise en place de réformes sociales se combine à la confiscation du pouvoir par quelques-uns et à l’instauration de « mécanismes de la violence » sous la présidence de Jorge Ubico (Metz, 2009, 66). Cela a pour conséquence la montée de la colère d’une population plutôt urbaine et ladina (leaders syndicaux, étudiants et membres dissidents de l’armée). S’inspirant des mouvements marxistes révolutionnaires des pays voisins, ce groupe se constitue en force armée d’opposition au pouvoir oligarchique et économico-militaire. À partir de la fin des années 1970, ces guérillas s’inspirent des discours indigénistes dénonçant l’exclusion structurelle des populations mayas, ce qui leur permet d’élargir leur base de soutien et de s’implanter dans les zones rurales du pays (Le Bot, 1992). C’est cette modification stratégique et idéologique qui guidera la mise en place de la stratégie contre-insurrectionnelle totale qui a visé les populations mayas et plus spécifiquement les Ixil, historiquement considérés comme des guerriers rebelles et insoumis. De nombreuses raisons semblent motiver cette répression parmi lesquelles l’installation de l’EGP dans les denses forêts de la région, l’engagement de ces populations au sein de l’EGP, comme moyen de survie face aux massacres perpétrés par l’armée, mais également des motivations diverses telles que la richesse des sols, un racisme institutionnalisé ou encore l’isolement de la région. Le conflit armé fut prétexte à y commettre des actes génocidaires particulièrement « sanglants » (Torres-Rivas, 2007) : 60 % des habitants de la région ont été déplacés et 70 % des villages ixil ont été brûlés (CEH, 1999, III, 35). Ce lourd bilan a laissé des traces durables dans la société ixil, entraînant des fractures encore visibles à l’heure actuelle, alors que la population est aujourd’hui très majoritairement ixil ((On trouve, dans de faibles proportions, des populations ladinas, k’iche’ et q’anjob’al (INE, 2018).)) (84,33 % de la population de la région).

3. Concurrences mémorielles et divisions religieuses : comment s’articulent-elles ?

La structuration actuelle de la société ixil fait ressortir trois grands groupes partageant des intérêts distincts. Si leurs frontières sont bien entendu poreuses, il n’en reste pas moins des idéaux-types qui permettent de comprendre la façon dont la mémoire du conflit acquiert une valeur profondément structurante dans les rapports sociaux actuels. Si les divisions qui sous-tendent la société ixil restent tues la plupart du temps, certains événements agissent comme des catalyseurs qui les mettent à nu, comme c’est le cas du procès pour génocide qui nous a permis de dresser les contours de trois grands groupes mémoriels, lesquels se superposent à des groupes d’intérêts religieux distincts. La question de la mémoire du conflit n’est pas un facteur déterminant de l’appartenance religieuse, mais, à l’inverse, il semblerait que l’appartenance religieuse ait un effet sur la place que l’on souhaite accorder à cette mémoire dans la société.

En simplifiant et sans exclure la porosité de chacune de ces catégories, les « groupes d’intérêts » mémoriels et religieux se structurent de la façon suivante, selon ce que l’on pourrait qualifier de « préoccupations politiques » propres :

  • Les membres des Églises évangéliques tendent à soutenir les actions de l’armée, à réfuter la notion de génocide et à s’opposer aux poursuites judiciaires des anciens responsables politiques et militaires. Cela s’explique à la fois par la pensée religieuse de Ríos Montt, ainsi que par les méthodes d’évangélisation forcée qui étaient appliquées dans les centres de contrôle de la population (De León Ceto, 2018) ;
  • Les costumbristas ((La costumbre est un syncrétisme entre pratiques catholiques et mayas.)) soutiennent les témoins du procès et considèrent la justice transitionnelle comme un élément indispensable à la résilience collective ;
  • Les catholiques sont partisans du pardon, au sens religieux du terme ((La notion de pardon est une exigence chrétienne selon laquelle la réconciliation permet de pardonner les péchés commis. Pour l’Église catholique, pardonner implique le fait de renoncer à toute forme de vengeance et à privilégier l’amour de son prochain sur la revanche.)), afin de ne pas faire perdurer les divisions d’une guerre fratricide et préfèrent le silence comme instrument de reconstruction de la société.

Bien entendu, il s’agit là d’une forme simplifiée d’analyse de la construction de la société, car les Ixil naviguent d’un groupe à l’autre et la religion n’est pas le seul élément structurant le rapport à la mémoire du conflit. Si l’appartenance religieuse forme une part importante de l’identité et qu’elle se transmet de génération en génération, elle n’empêche toutefois ni la conversion ni les formes de solidarité avec des membres d’un autre groupe. On peut en déduire que les intérêts mémoriels et religieux, s’ils sont certes structurants à l’échelle de la société, ne sont pas suffisants pour saisir la complexité de la restructuration de la société post-conflit. Or, cette reconstruction passe également par la façon dont la société et l’individu appréhendent la mémoire du conflit, ce qui implique de s’interroger sur l’ensemble des facteurs qui la modèlent. Comme nous avons pu le constater, le procès pour génocide est un élément central de la construction de la mémoire historique, raison pour laquelle nous nous sommes intéressée aux effets de la mise en témoignage judiciaire sur les mémoires individuelles et collectives.

4. Le témoignage judiciaire : une forme particulière de discours mémoriel

Ce travail a consisté en une analyse ethnolinguistique du témoignage d’une femme victime de viol durant le conflit, récit déposé dans une cour de justice lors du procès de 2013. L’étude du témoignage originel en ixil, de sa traduction par l’interprète, de sa transcription par le greffier, et de son montage vidéo à des fins militantes a montré qu’il existe une forme d’hybridation du discours mémoriel, inhérente à l’action même de traduction et transcription. Pourtant, la version écrite par le greffier est la plus diffusée tant localement que nationalement, voire internationalement. Par le gommage de certaines particularités linguistiques ixil ((La langue ixil appartient à la branche maméenne des langues mayas. Elle est aujourd’hui la langue maternelle de près de 115 000 personnes dans le pays (INE, 2018), et est utilisée quasi exclusivement dans la région ixil où elle est la langue d’échange au quotidien.)) telles que les marqueurs d’aspect, de temps et de mode, l’ancrage temporel du récit est modifié. De plus, les usages des pluriels et des singuliers n’ayant pas la même valeur en ixil et en espagnol, un doute apparaît parfois quant au nombre de soldats impliqués dans les actes dénoncés. Cette étude en cours permet de montrer l’importance politique des interprètes dans des cours de justice, d’autant plus lorsque le témoin est culturellement habitué à des formalités judiciaires très différentes de celles de la justice juridictionnelle (Bergeret, 2017 ; Vanthuyne, 2014). En effet, la justice coutumière ixil semble se fonder sur un principe de non confrontation entre les parties et sur l’absence d’accusations directes afin de ne pas créer de déséquilibre, l’harmonie étant un élément indispensable au maintien en bonne santé de la personne et de la communauté. Ce constat mène donc à s’interroger sur la façon dont les récits des témoins viennent participer d’une mémoire collective hybride du conflit, influencée tant par leur mode de diffusion que par leur contexte d’énonciation. Cette interrogation pousse à recentrer l’analyse autour de la mémoire individuelle, afin de comprendre la façon dont elle se construit à partir de voix plurielles, et la façon dont elle s’inscrit dans le quotidien non plus des communautés, mais bien de l’individu.

II. La construction de la mémoire individuelle du conflit

1. Mémoire individuelle et tourisme : la co-construction des récits traumatiques

L’entremêlement des mémoires collectives et des mémoires individuelles, notamment analysé par Halbwachs (1968), a pour conséquence la co-construction de la mémoire individuelle. Les caractéristiques de sa construction sont plurielles et toutes participent de ses modalités d’énonciation. Nous nous sommes spécifiquement intéressée à la façon dont la relation touristique influe sur cette construction, prenant ainsi la suite des travaux initiés par Duterme (2013) dans la même région, en portant une attention particulière à son énonciation certes, mais également à ses silences et réinterprétations. Le point de départ de cette analyse est la comparaison entre un récit mémoriel réalisé dans le cadre d’un entretien ethnographique au domicile d’une de nos interlocutrices et ce même récit réalisé face à des groupes de touristes visitant une coopérative de tisserandes de Cotzal. Les conclusions de cette étude mettent en avant le fait qu’il y a une adaptation du format du récit afin de correspondre aux attentes de touristes particulièrement intéressés par les séquelles du conflit armé. En effet, non seulement le récit a évolué à travers le temps, au gré des remarques formulées par les visiteurs, mais il apparaît également que les points de rupture mis en avant par l’interlocutrice dans un cadre intime ne sont pas ceux qui sont mis en avant dans le cadre public de l’entretien avec les touristes. Une des particularités du récit mémoriel est de considérer la période du conflit comme intégrée à un continuum plus large de violences subies par la narratrice depuis son enfance. Pourtant, face aux touristes, certains épisodes vécus comme particulièrement violents ne sont pas évoqués, ou seulement très brièvement, car en inadéquation avec l’ambition affichée par la coopérative d’offrir du dark tourism ((Le dark tourism est une modalité touristique impliquant le fait de visiter des sites liés à un historique de souffrance et de mort, comme les camps de concentration par exemple.)) (Lennon et Foley, 1999, 46-47 ; Sharpley, 2009).

Dans ce cadre d’énonciation se font jour des réinterprétations historiques, notamment quant au rôle de l’ancien dictateur Ríos Montt, qui démontrent la nécessité pour les victimes de violences de donner du sens aux expériences traumatiques vécues. C’est le cas, par exemple, de plusieurs de nos interlocutrices qui nous ont affirmé que le dictateur avait été l’artisan du retour de la paix dans la région, ou de cette femme qui nous a expliqué que Ríos Montt avait sauvé son mari d’une mort certaine en décrétant la fin des assassinats. Tout comme les réinterprétations, les silences sont particulièrement porteurs de sens. La valeur émique du silence, soit propre au système de pensée des Mayas, est un élément clé de compréhension de la façon dont s’énonce le traumatisme, souvent par des voies détournées, et dans des contextes extrêmement précis. En effet, l’expérience traumatique, de même que quasiment toute parole, n’est évoquée que lorsqu’elle acquiert un sens particulier dans le contexte de l’énonciation. Son récit doit permettre de faciliter la transmission de valeurs ou de normes comportementales.

2. Les pathologies liées au traumatisme chez les Ixil

Le concept de traumatisme chez les Ixil est holistique, nécessitant de s’intéresser plus spécifiquement à la corporalité de la mémoire. Avant toute chose, il est indispensable de comprendre ce qui génère du traumatisme dans la culture ixil. La langue ixil ne disposant d’aucun terme pour signifier « violence », il faut donc définir quels actes attentent à l’intégrité corporelle de la personne. Les événements ou actions correspondant à cette définition entraînent un risque de maladie et donc peuvent potentiellement mener à la mort, quels qu’en soient les auteurs et les victimes. En prenant comme postulat de départ que les Ixil catégorisent certains événements comme violents, nous pouvons, de prime abord, définir la conception de l’action violente comme toute action entraînant un risque de mort, qu’elle soit mise en place par un humain ou par un non-humain. Trois grandes catégories de « mauvaises actions », selon l’expression d’une de mes interlocutrices, peuvent être distinguées : la guerre, les interactions directes (physiques ou verbales), et les émotions « négatives » ou « fortes ». Chacune de ces modalités violentes peut provoquer deux maladies spécifiques. La première, la vergüenza, est un sentiment de honte et de culpabilité mêlées et peut être comprise comme une pathologie autochtone de la violence. L’équilibre étant un pilier d’une certaine forme d’harmonie au sein de la communauté comme de l’individu, de nombreuses normes sociales en assurent le maintien. Or, la guerre fratricide qui a traversé la région a profondément bouleversé cet équilibre et les actes contraires aux normes des uns ont eu des effets sur l’équilibre des autres qui se sentent responsables des actes des autres membres de la communauté.

La seconde, le susto, en tant que pathologie autochtone du traumatisme, a été longuement étudié dans la littérature anthropologique mésoaméricaine (Rubel et al., 1991 ; Signorini, 1982 ; Uzzell, 2009). Les personnes souffrant d’un traumatisme émotionnel lié à un événement considéré comme violent, un accès de peur ou une anxiété latente sont atteintes de susto. Rejoignant l’idée évoquée précédemment que l’acte violent est source de maladies, certains chercheurs rapprochent la guerre elle-même de la maladie. C’est le cas de Bonifacio (2002) qui définit la guerre comme un événement déstructurant, qui ne peut être pensé qu’en opposition avec le temps de paix, considéré comme la normalité. La crainte du susto suscite des normes comportementales chargées de maintenir l’équilibre émotionnel de l’individu ; il joue ainsi un rôle socioculturel clé en codifiant les normes relationnelles et comportementales des membres de la communauté (Jiménez-Balam et al., 2020, 54-58), pouvant aller jusqu’à légitimer un comportement qui pourrait être jugé comme déviant (Uzzell, 2009, 373-374). Ainsi, si le susto naît de l’interaction, il est également un instrument d’harmonisation de l’interaction par la conformité normative qu’il impose (Rubel et al., 1991, 30-48 ; Uzzell, 2009, 374-375). Parmi les symptômes liés au susto, l’amnésie est un facteur crucial concernant la mémoire du génocide, provoquant l’effacement complet des souvenirs, mais pas du traumatisme, le susto-maladie étant encore présent dans le corps.

3. Alcool et traumatisme : effets et normes sociales

L’amnésie peut également être déclenchée par la consommation d’alcool. Celle-ci occupe une place particulière dans la culture ixil, car la dipsomanie peut être considérée de façon différente selon le consommateur et le contexte de la consommation. Si l’alcoolisation est encouragée lors de cérémonies rituelles, elle est jugée négativement lorsque la personne s’enivre en dehors de ce cadre. De plus, l’alcoolisme peut être considéré comme une maladie traumatique permettant d’oublier momentanément des souvenirs trop lourds à porter. À l’opposé, une alcoolisation excessive peut également être le déclencheur d’une parole libérée sur le passé, certaines personnes évoquant publiquement leur passé de guérillero, ce qu’elles ne feraient pas dans des contextes de sobriété. Ainsi, le traumatisme s’inscrit durablement dans les corps des Ixil (que ce soit par le susto, la vergüenza ou la consommation d’alcool et ses effets), de façon différente selon les profils et statuts des personnes concernées. Cette corporalité de la mémoire influe sur la façon dont le conflit sera verbalisé. De plus, les contextes d’expression de la mémoire entraînent des modalités discursives distinctes, allant jusqu’à la co-construction du récit lorsque des intérêts plus larges sont en jeu, comme lorsque la mémoire du conflit devient un enjeu politique militant.

III. Le militantisme comme stratégie mémorielle. Réflexions à partir de la récupération d’une dramaturgie coloniale

La fracture mémorielle autour de la pertinence du concept de génocide a pour conséquence d’investir le passé d’une revendication politique (Jahan, 2012, 9-11). La mémoire du conflit devient un enjeu politique militant qui sous-tend une grande partie des débats de société à l’échelle nationale concernant la construction d’une société démocratique pacifiée. Le génocide est utilisé sur place comme un instrument politique d’une part, et, d’autre part, comme un vecteur d’organisation sociale, que ce soit dans sa négation comme dans son affirmation. Un certain discours militant revendique non seulement la catégorisation des événements des années 1980 comme génocide, mais également son inscription dans un continuum de violences génocidaires. Ce discours est porté dans l’espace public par des personnalités importantes des communautés ainsi que par des mouvements sociaux soutenus par des ONG internationales, voire par certains gouvernements européens. Cette analyse militante du conflit armé se retrouve dans la réappropriation politique qui est faite de formes artistiques plus ou moins traditionnelles (fresques murales, peinture, sculpture, musique, théâtre).

1. Le théâtre mémoriel militant ixil : la Moronka – Chabela Ju

L’historique des épisodes de violence et de résistance des Ixil est l’un des ciments d’une forme de militantisme indigéniste maya actuel, inspiré des théories indigénistes panaméricanistes et du mouvement maya ((Le mouvement maya est né dans les années 1940, dans les montagnes de l’altiplano guatémaltèque, de la volonté de plusieurs organisations mayas de formuler des propositions politiques visant à assurer des droits spécifiques aux indigènes. Avec le processus de négociation des Accords de paix, le mouvement a pris une ampleur nationale, sans pour autant réussir à s’implanter comme une force d’opposition politique nationale, menant à une réflexion profonde sur son essence et ses aspirations. Il compte malgré tout comme un acteur politique important, notamment sur les questions d’éducation, de culture et de réduction de la pauvreté (Davis, 2004). Aujourd’hui, l’expression mouvement maya fait référence à un courant politique de revendication d’une identité maya unifiée (Bastos et Camus, 2003).)) courant politique proche, voire parallèle, aux mouvements sociaux pour la défense du territoire et pour la justice transitionnelle. Ce passé commun devient un instrument de revendication culturelle, politique et mémorielle. Ce rapport à la mémoire historique se fait notamment jour dans le domaine artistique où la récupération et la modernisation des œuvres ixil (fresques, statuaires, théâtre) se mêlent à cette interprétation de la mémoire.

L’œuvre mythistorique ((La mythistoire est une fusion de récits historiques et de récits contenant des aspects légendaires ou symboliques.)) Moronka – Chabela Ju représente un épisode de la colonisation espagnole au cours duquel, selon la représentation faite par la troupe Ixi’m Chee en septembre 2017 à Nebaj, une femme nommée Chabela est enlevée à son époux par les Espagnols. Elle lui revient plus tard, désormais mère. La pièce se conclut par une scène de chasse au cerf. La Moronka – Chabela Ju propose une lecture temporelle particulière de l’histoire des Ixil, intégrant des références au conflit armé interne dans un contexte de conflit colonial. Par exemple, les colons espagnols sont représentés par des personnages vêtus de tenues modernes et de rangers qui rappellent, pour l’auditoire, les chaussures des soldats pendant le conflit. Les discours qui accompagnent la représentation, prononcés notamment par des femmes leaders communautaires et militantes reconnues dans la région de Nebaj, poussent les spectateurs à adopter cet angle d’analyse en mettant l’accent sur les spoliations de territoire et sur les abus sexuels dont ont été victimes les Ixil au cours de cette période. La temporalité de l’œuvre rituelle est encore élargie lorsqu’une des oratrices se réfère à des manifestations anti-corruption en cours quelques jours auparavant dans la capitale du pays et au cours desquelles des violences policières ont été constatées.

Ainsi, pour cette femme, les Ixil, voire les Mayas de façon générale, sont victimes du même ennemi depuis la période de la colonisation, celui-ci se présentant sous de nouveaux atours, mais ayant toujours les mêmes objectifs : les spolier de leurs ressources et les réduire au silence. Les membres d’Ixi’m Chee positionnent le théâtre rituel comme un instrument de transmission d’une certaine mémoire historique politisée, pourtant présentée comme consensuelle. Cette méthode discursive permet de créer un effet d’évidence visant à susciter l’adhésion du public aux interprétations qui sont faites du conflit armé. Ce type de stratégie se retrouve dans d’autres outils traditionnels, présentés comme des œuvres d’art (comme le tissage et la broderie par exemple) chargées de l’histoire des génocides successifs subis par les Ixil depuis cinq-cents ans.

Ainsi, la danse de la Moronka – Chabela Ju dresse les contours d’une mémoire vivante autour d’épisodes historiques traumatiques pour le peuple ixil. Le théâtre mémoriel se veut un instrument didactique politisé, chargé de transmettre la mémoire orale de l’histoire ixil. Comme cela peut se constater au Guatemala et ailleurs sur le continent latino-américain, l’art (rituel ou non), et le théâtre notamment, devient un instrument militant. Les mouvements sociaux indigénistes et féministes s’en emparent afin d’en faire les vecteurs d’un discours politique présenté comme progressiste et émancipateur, tout en proposant des scénarii alternatifs de sortie de la violence et de construction de sociétés pacifiées. Le théâtre mémoriel ixil, tel que présenté ici, cherche à construire une mémoire collective du conflit qui justifie des épisodes de résistance plus récents. Il s’affirme également comme un outil de « conscientisation » permettant de faire évoluer la société quant à la place des femmes dans l’histoire et dans la société contemporaine.

2. Le théâtre mémoriel au service du militantisme féministe

Le fait que le personnage donnant son titre au théâtre soit un personnage féminin, pousse également à s’interroger sur le type d’image de la femme qu’il cherche à transmettre. Le fait que les membres d’Ixi’m Chee soient également investis dans les réseaux militants et féministes de Nebaj offre une clé d’analyse supplémentaire à cet axe de réflexion. Dans une volonté de modernisation de l’œuvre, et pour la transformer en instrument politique, les différents actes représentés dans le théâtre (enlèvement de la femme, chasse au cerf, etc.) sont représentés sous l’angle de l’écoféminisme (Gargallo Celentani, 2015 ; Millán, 2014) et du pachamamisme ((Le terme « pachamamisme » est un néologisme faisant référence au quechua Pachamama, Terre-Mère. Les tenants du pachamamisme considèrent la Terre comme une entité divine, le plus souvent féminine. Ce mouvement tend à se répandre en Amérique latine et porterait une vision décoloniale des rapports entre les humains et la nature, tout en se chargeant des théories écoféministes autour des liens entre la défense du territoire et la protection des corps des femmes.)) (Albert, 1993 et 1997 ; Giraldo, 2012), notamment en jouant de façon implicite sur l’image du corps-territoire de la femme. Selon cette métaphore, le corps des femmes est un territoire à conquérir pour l’ennemi, au même titre que les terres. Cette métaphore tend à se développer dans la région à travers les discours et ateliers des féministes, au point d’être de plus en plus considérée comme étant une conception traditionnelle de la place des femmes dans la société et dans les conflits, sacralisant tout autant les corps que les territoires.

La relecture féministe de l’œuvre esquisse les contours d’une mémoire du conflit politisée. Cette dernière mêle des conceptions vernaculaires du corps des femmes à des théories new age qui donnent du sens au traumatisme du conflit et aux violences sexuelles qui l’ont accompagné. Cette lecture féministe vise à construire des outils de résilience collective susceptibles d’être entendus sur des plateformes internationales liées au développement du discours de reconnaissance des droits des peuples autochtones (Bellier, 2014 ; Lacombe, 2018). Cette lecture particulière du traumatisme du conflit a été développée par des réseaux militants d’abord urbains qui se sont ensuite délocalisés. Ils construisent un discours mémoriel qui se veut universel et consensuel dans une société qui peine à élaborer une pacification profonde, apte à conjuguer des mémoires traumatiques diverses et des intérêts parfois divergents.

Conclusion

Un des principaux apports de ce travail est la construction du concept de « fait social brutal », outil théorique de compréhension du génocide comme un phénomène impactant l’ensemble des domaines de la société de façon abrupte et violente. De là, l’axe de la reconstruction, de la résilience pourrions-nous presque dire, s’est imposé comme une évidence permettant de creuser les capacités de transformation et d’adaptation de la société ixil. Nous avons donc abordé ce sujet en interrogeant les espaces d’intervention de la mémoire près de quarante ans après le génocide. Cette approche rend compte, d’une part, de toute la complexité des enjeux de la reconstruction et, d’autre part, de l’agentivité ((L’agentivité se définit comme la capacité des individus à agir sur le monde qui les entoure, s’opposant ainsi à une conception d’individus qui ne seraient que des sujets de leur propre histoire.)) des actrices et des acteurs de cette région restée longtemps isolée.

La structure de cette étude a été pensée selon trois grands axes complémentaires : la construction de la mémoire collective du conflit, la mémoire individuelle et sa transmission, et enfin la mémoire militante et ses différentes formes d’expression. Chacune de ces sections a été subdivisée en deux chapitres, proposant un parcours à travers les différents espaces de négociation des mémoires ixil. Ce trajet partait d’une présentation contextuelle du conflit armé, préalable indispensable à l’exposition de la construction mémorielle et, par l’exemple du procès pour génocide, a permis de dresser la structuration actuelle de la société ixil autour de la question de la mémoire du conflit armé. Une fois ces jalons posés, nous avons relocalisé notre regard pour m’intéresser à la façon dont les individus construisent, voire somatisent la mémoire du conflit, que ce soit dans les discours ou dans la corporalité. Ces deux premières parties ont donc permis de saisir certaines spécificités locales quant à la construction mémorielle. Nous avons ensuite légèrement dévié le regard pour nous intéresser à la transmission d’une mémoire politisée de la violence par les réseaux militants pro droits de l’Homme, que ce soit à travers le théâtre rituel comme à travers des idéologies politiques mêlant modernité et tradition. Ainsi, la question de la construction mémorielle est-elle apparue comme un fil rouge à travers ce cheminement proposant des échelles et des contextes divers. Ce parcours analytique nous fait explorer la mémoire du conflit armé telle qu’elle est mise en place par les interlocuteurs et interlocutrices ixil auprès desquels nous avons eu la chance de travailler. Ses différentes étapes couvrent un faisceau large des domaines de construction d’une société, validant ainsi la théorie du génocide comme un « fait social brutal » impactant l’ensemble des secteurs structurant la société ixil. Pour le résumer de façon très brève, les « espaces sociaux » dans lesquels la mémoire est déployée ont été les institutions religieuses, l’institution judiciaire, le domaine du tourisme, les corps, et enfin le théâtre rituel et le militantisme comme des stratégies mémorielles tissant des liens entre conceptions traditionnelles et modernisation du discours. D’autres espaces restent encore à explorer, dans lesquels la mémoire du conflit est énoncée de façon moins directe, tels que les récits mythistoriques et autres narrations traditionnelles ou performances rituelles.

Notes

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Pour citer cette ressource :

Coralie Morand, "Du conflit armé aux conflits mémoriels. Les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), septembre 2023. Consulté le 27/04/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/civilisation/histoire-latino-americaine/amerique-centrale-et-caraibes/du-conflit-arme-aux-conflits-memoriels-les-femmes-mayas-ixil-et-la-reconstruction-sociale-post-genocide-au-guatemala