Vous êtes ici : Accueil / Littérature / Littérature espagnole / Bibliothèque / «San Manuel Bueno, mártir» d’Unamuno

«San Manuel Bueno, mártir» d’Unamuno

Par Marta Martinez Valls : Etudiant-chercheur , Miguel De Unamuno
Publié par Christine Bini le 31/03/2008

Activer le mode zen

Présentation du livre de Miguel de Unamuno qui évoque un prêtre qui a perdu la foi.
TitreSan Manuel Bueno, Mártir
Auteur : M. de Unamuno (1864 - 1936)
Première publication : 1933
Éditions : Anaya
Année de publication : 1996
Pages : 135

Représentant de la « Generación del 98 », Miguel de Unamuno est aussi l'un des plus grands noms de la littérature classique espagnole. Né à Bilbao en 1864, il a hérité des principaux courants artistiques en vogue au XIXe siècle ; sa pensée a été très influencée par les bouleversements historiques de son époque : au sein de son œuvre se trouve toute une interrogation sur la condition humaine, sur le poids de l'Eglise et des interdits moraux qui reposent sur la société. A la fois poète et philosophe, il s'illustrera surtout dans des romans comme Paz en la guerra (1895), Niebla (1914) ou La tía Tula (1921). Del sentimiento trágico de la vida (1913) résume l'essentiel de sa réflexion philosophique.

San Manuel Bueno, Màrtir est la dernière nouvelle de l'auteur. Sa structure narrative est simple : une femme raconte la vie d'un prêtre exceptionnel, à la demande de l'évêque qui envisage de le béatifier ; mais cet homme cache un terrible secret : il n'a pas la foi. Don Manuel sait lire dans les cœurs, sa voix subjugue le village tout entier lors de ses prêches, il rassure les gens qui se confessent à lui, ravive leurs espoirs, et pourtant il ne croit pas en Dieu ! Son tourment sera révélé au fil du texte dans un cadre onirique dont les éléments naturels (la montagne, le lac, la neige...) jouent un rôle essentiel.

La profondeur de cette œuvre tient à son pouvoir hautement symbolique : le récit est ancré dans un monde imaginaire ; c'est l'histoire d'un village enfoui dans l'eau, dans lequel seule la loi divine peut régner. Le texte est construit sous forme de fragments : la narratrice, est désignée comme l'héritière spirituelle de don Manuel. Les prénoms des trois protagonistes sont riches en significations : Ángela  est la porte-parole du prêtre et veut en perpétuer la mémoire, tandis que son frère Lázaro a recouvré la foi grâce à ce dernier et a été ainsi « ressuscité ». Don Manuel rappelle le Messie, prophète d'Isaïe. L'opposition entre paysage réel et légendaire, entre le Nouveau et l'Ancien Monde, entre les différents types d'autorité (politique, religieuse...), le poids de la foi intérieure témoignent de la pensée de l'auteur et d'une des principales caractéristiques de son écriture : la fusion entre philosophie et fiction.

San Manuel Bueno, Mártir mériterait d'être utilisé comme lecture complémentaire dans des classes de lycée ou dans les universités par la réflexion historique, politique et philosophique qui y est menée. Du reste, cela permettrait de faire connaître son auteur - dont le nom suscite souvent des regards effrayés - à des élèves hispanistes, ainsi que son dernier ouvrage, trop souvent oublié.

 

Pour citer cette ressource :

Marta Martinez Valls, Miguel De Unamuno, "«San Manuel Bueno, mártir» d’Unamuno", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mars 2008. Consulté le 05/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/litterature/litterature-espagnole/bibliotheque/san-manuel-bueno-martir