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Réflexions sur quelques innovations phonétiques observées en anglais britannique

Par Stephan Wilhelm : Professeur agrégé en CPGE, Docteur en sociophonétique anglaise - Laboratoire TIL (Texte, Langage, Image), Université de Dijon ALOES
Publié par Clifford Armion le 03/11/2011

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Cet article traite de cinq innovations phonétiques récemment observées en anglais britannique, régionalement ainsi qu’en ((RP)). On propose une description de celles-ci et l’on fait le point sur l’historique de leur diffusion à partir de la littérature existante, puis on suggère que les variantes « innovantes », souvent présentes dans divers accents traditionnels et/ou dans l’histoire de l’anglais britannique, témoignent de l’existence d’une relation complexe entre les accents locaux et le ((RP)). On propose d’adapter le système de transcription phonémique du ((RP)) pour rendre compte de l’intégration dans l’accent « standard » de ces variantes observées à grande échelle.

Introduction

Divers changements de nature phonétique et phonologique ont été recensés dans la plupart des variétés de l’anglais britannique contemporain. Au cours des dernières décennies, ce phénomène semble s’être précipité en raison d’un accroissement de la mobilité sociale et géographique de la population. La propagation des variantes phonétiques novatrices dans les accents locaux ainsi que dans l’accent « standard » ((On définit une variété ou un accent standard comme une variété ou un accent jouissant d’un statut particulier dérivé de normes prescriptives qui conduisent à la (le) considérer comme correct(e) dans un contexte géographique et temporel donné (cf. Wells 1982 : 34). Dans de nombreuses zones de Grande-Bretagne, l’accent RP est considéré comme un standard dans la mesure où il a été promu par diverses autorités, notamment au moyen de l’enseignement dispensé dans les établissements scolaires prestigieux et par l’intermédiaire de la BBC. L’attitude ambivalente, voire négative, observée de plus en plus fréquemment en Grande-Bretagne à l’égard du RP incite cependant à la prudence dans l’emploi du terme « standard » dans le contexte actuel (cf. p. ex. Hughes & Trudgill 1996 : 4-6 ; Haenni 1999 : 106 ; Fabricius 2000 : 38-40 ; Trudgill 2001 : 176). Dans la mesure où divers travaux contemporains de sociolinguistique désignent le RP comme l’accent « standard », on utilisera occasionnellement ce terme en le plaçant entre guillemets.)), connu sous le nom de RP (Received Pronunciation), est en effet généralement attribuée à des phénomènes de « diffusion » géographique et/ou sociale (p. ex. Britain 2002a, 2002b ; Kerswill 2006 ; Wilhelm 2011). 

On se propose ici d’examiner cinq innovations récemment observées en RP ainsi que dans un certain nombre d’accents locaux de l’anglais des îles Britanniques. Après avoir défini les caractéristiques phonétiques des variantes novatrices, on se penche sur l’historique et sur les mécanismes supposés de leur progression. On s’interroge entre autres sur le bien-fondé de quelques analyses traditionnelles de leur diffusion. On note la présence de ces variantes dans maints accents régionaux en même temps que leur intégration en RP, et l’on met en lumière la relation dynamique qui existe entre l’accent « standard » et les accents locaux. On suggère enfin que l’occurrence majoritaire des variantes recensées ici en anglais britannique contemporain, « standard » ou non, appelle une évolution de la transcription phonémique du RP

1. Description et historique

Assez récemment, divers observateurs ((P. ex. Foulkes & Docherty (1999) ; Stuart-Smith (2000) ; Britain (2002a) ; Stuart-Smith et al. (2004, 2006) ; Kerswill (2006) ; Wilhelm (2005, 2011).)) ont commenté la diffusion de certaines innovations phonétiques et/ou phonologiques dans l’accent de nombreuses zones géographiques des îles Britanniques. Plusieurs de ces innovations ont aussi été recensées en RP ((P. ex. Ramsaran (1990) ; Wells (1982) ; Cruttenden (2001) ; Kerswill (2006).)). C’est notamment le cas de la réalisation glottale de /t/ ; de la vocalisation de /l/ sombre (c’est-à-dire de /l/ en position finale et/ou préconsonantique) ; de la labiodentalisation de /r/ ; de l’antériorisation (avancement) de /uː/ et de la tension (fermeture) de /ɪ/ en position finale non accentuée (HappY tensing – cf. Wells 1982 : 257). On se propose dans un premier temps de décrire les variantes qui résultent de ces phénomènes et de présenter une brève synthèse des connaissances relatives à leur progression dans les accents de l’anglais britannique contemporain.

1.1 La réalisation glottale de /t/

La glottalisation de /t/ est indiscutablement une des innovations qui a suscité le plus grand nombre de commentaires dans les travaux consacrés à la phonétique et à la sociolinguistique de l’anglais ((On observe aussi en divers lieux des variantes glottalisées de /p/ de /k/ (Wells 1982 : 261). La glottalisation de /t/ demeure néanmoins la plus fréquente et la plus saillante. Elle est, du reste, la seule à être observée en RP et c’est exclusivement sur elle que l’on se concentrera.)). Il convient cependant de distinguer le renforcement glottal de /t/ (parfois appelé pré-glottalisation [preglottalisation – Wells 1982 : 260]) de sa réalisation au moyen d’un simple coup de glotte (glottal replacement ou /t/-glottalling – Wells 1982 : 260 ; Fabricius 2000 : 13) ((Wells (1982 : 261) établit une distinction supplémentaire entre le remplacement glottal stricto sensu, c’est à dire le remplacement pur et simple de l’articulation de la consonne concernée par [ʔ], et l’usage d’un coup de glotte qui n’annule pas le positionnement des articulateurs, mais masque simplement la phase d’échappement de la plosive. Selon Wells, c’est la deuxième configuration qui répond à la définition de glottalling.)). C’est le second type de glottalisation (/t/-glottalling) qui marque les esprits par l’étendue et la rapidité de sa diffusion : « The glottalling of intervocalic and wordfinal /t/ is one of the most dramatic, widespread and rapid changes to have occurred in British English in recent times » (Trudgill 1999 : 136). C’est de lui seul que l’on traitera ici. 

Immédiatement perçue même par un public non entraîné (Parsons 1998 : 30), la réalisation glottale de /t/ est susceptible de brouiller l’intelligibilité du message (McAllister 1938 : 70). C’est probablement pourquoi les variantes glottales de /t/ ont engendré de multiples critiques ((Ces remarques ne peuvent être appliquées à la pré-glottalisation, considérée depuis longtemps comme un phénomène commun en RP. Dès les années 1950, Christophersen (1952) suggérait qu’il pouvait être souhaitable de présenter des variantes pré-glottalisées des plosives sourdes aux apprenants d’anglais langue étrangère.)). Aujourd’hui, leur diffusion abondante s’accompagne de la perte progressive de leur stigmatisation dans certains environnements linguistiques (Wells 1982, 1994b ; Fabricius 2000). Le phénomène est désormais observé dans la quasi-totalité des accents de l’anglais des îles Britanniques, y compris en RP ((Cf. p. ex. Foulkes & Docherty (1999) ; Britain (2002a) ; Stuart-Smith (2000) ; Stuart-Smith et al. (2004, 2006) ; Kerswill (2003 ; 2006).)).

Selon Wells (1982 : 261), l’une des descriptions les plus précoces de la glottalisation apparaît dans Wright (1905 : §287). Ce dernier signale la présence du phénomène dans les environs de Glasgow, dans le Lothian et à Édimbourg, principalement avant la suite /ə/ + consonne liquide, comme dans kettle ou water (la plupart des accents écossais sont rhotiques). Jones (Trofimov & Jones 1923 ; Jones 1932) observe pour sa part la glottalisation de /t/ en RP dès les années 1920 ((Cf. aussi O’Connor (1948) et Christophersen (1952).)). Selon Andrésen (1968 : 18), les variantes glottalisées pourraient s’être diffusées géographiquement de la manière suivante : a) ouest de l’Écosse (1ère attestation en 1860) ; b) est de l’Écosse (1889) ; c) nord de l’Angleterre (1908) ; d) Midlands et Londres (1909) ; e) Kent (1913). 

Les environnements linguistiques dans lesquels se produit la glottalisation de /t/ forment un objet d’étude complexe (Wells 1982 : 260). Ils varient notamment en fonction des régions et de la classe sociale des locuteurs. Wells (1982 : 260) répertorie de la manière suivante les environnements dans lesquels le remplacement glottal de /t/ est observé en RP au début des années 1980 : 

  1. en position finale avant une consonne obstruante ou nasale (p. ex. quite difficult => ['kwaɪʔ 'dɪfɪkəɫt] ; quite nice => ['kwaɪʔ 'naɪs]) ;
  2. en position finale avant une liquide ou une semi-voyelle (p. ex. quite likely => ['kwaɪʔ 'laɪkli] ; white wall => ['waɪʔ 'wɔːɫ])
  3. à l’intérieur d’un mot, avant une consonne obstruante ou nasale (p. ex. football => ['fʊʔbɔːɫ] ; batman => ['bæʔmən]). 

Un peu plus récemment, Wells (1990b : 6) et Cruttenden (2001 : 83) admettent la possibilité que l’on puisse aussi observer en RP des variantes glottales de /t/ en position finale prépausale et/ou prévocalique (p. ex. take it => ['teɪk ɪʔ] ; quite easy => [ˈkwaɪʔ 'iːzi]) ((Ces usages s’opposent à celui de la glottalisation intervocalique à l’intérieur d’un mot (p. ex. dans city, water), que Wells (p. ex. 1982 ; 1997) considère comme caractéristique, entre autres, de l’accent cockney.)). La progression des variantes glottalisées de /t/ en RP suggèrent que l’accent « standard » tend aujourd’hui à se « démocratiser » (Parsons 1998 : 50). 

1.2. La vocalisation de /l/ sombre 

Il s’agit de la réalisation phonétique des variantes vélaires de /l/ (en position finale et/ou préconsonantique) ((En RP, la réalisation de /l/ final ou préconsonantique est traditionnellement décrite comme impliquant une double articulation, alvéolaire et vélaire.)) par une voyelle et non une approximante latérale (p. ex. bell => [beɣ] ; milk => [mɪɣk] ((Généralement, la transcription étroite des variantes vocalisées de /l/ sombre est [o] (Wells 1994a), [ʊ] (Cruttenden 2001 : 83) ou [ɣ] (Britain 2002a : 83 ; cf. Wells 1982 : 258). (Cf. Section 3.3.)))) Cette innovation, moins saillante que la glottalisation de /t/, est vraisemblablement souvent passée inaperçue, et les premiers commentaires relatifs au phénomène n’apparaissent qu’au XXe siècle (Britain 2002a : 83). 

Des variantes vocaliques de /l/ sont recensées en 1903 par Kjederqvist (1903) à Pewsey, dans le Wiltshire. Trudgill (1974) répertorie les premiers signes du phénomène vers le comté de Norfolk au début des années 1970. A la fin des années 1990, des variantes vocalisées de /l/ sont recensées à Londres (Tollfree 1999), Milton Keynes (Williams & Kerswill 1999), dans le comté d’Essex (Spero 1996 ; Przedlacka 2002), dans les West Midlands (Mathisen 1999 ; Newbrook 1999), à Newcastle (Watt & Milroy 1999), Hull (Williams & Kerswill 1999), Cardiff (Mees & Collins 1999), Glasgow (Stuart-Smith 1999), Édimbourg (Chirrey 1999) et même, plus rarement, en Irlande du Nord (McCafferty 1999). Un peu plus tard, des variantes vocaliques de /l/ sont également repérées à Colchester (Meuter 2002), dans les Fens (Britain 2002a), à Leeds (Khattab 2002) et à Stornoway (Wilhelm 2005). Au début des années 2000, Cruttenden (2001 : 83) considère la vocalisation de /l/ sombre comme légèrement en marge du RP (« on the verge of RP »). Cette analyse tend à nouveau à corroborer l’hypothèse d’une évolution « démocratique » du RP (Wright 1989 : 355).

1.3. La labiodentalisation de /r/

Il s’agit de la réalisation de /r/ au moyen d’une approximante labiodentale ([ʋ]) et non post-alvéolaire : (ex. France => [fʋɑːns], red => [ʋɛd]). Les variantes labiodentales de /r/, quoique recensées assez tôt dans des études descriptives de l’anglais oral ((Cf. Pegge (1844) ; D’Orsey (1882), in Matthews (1938).)), étaient encore récemment considérées comme relevant d’une prononciation fautive. Au début des années 1980, Gimson (1980 : 207) assimilait leur usage à un défaut de prononciation ou à une marque d’affectation déplacée ((Cf. O’Connor (1973 : 150) ; Crystal (1995 : 245). Voir aussi, pour des observations plus anciennes, Rippmann (1906 : 46) ; Wyld (1914 : 55) ; Ward (1936 : 30).)) On note pourtant une évolution favorable de leur perception, notamment en raison de leur présence dans la production de personnalités médiatiques ou politiques telles que Jonathan Ross, Kate Bush, Isobel Lang ou même Margaret Thatcher (Foulkes & Docherty 2000 : 4, 33). 

Plusieurs études témoignent de la diffusion étendue et rapide du phénomène. Dans les années 1980, Trudgill (1983) rapporte que la labiodentalisation de /r/, déjà observée à Norwich en 1968, est désormais présente dans la production d’un tiers de ses informateurs. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, la labiodentalisation de /r/ est largement observée à Middlesbrough (Llamas 1998), Londres (Tollfree 1999), Norwich (Trudgill 1999 : 133), Milton Keynes (Kerswill & Williams 1999 : 147), Reading (ibid. 147), Derby (Foulkes & Docherty 1999 : 51), Hull (Kerswill & Williams 1999 : 147), Newcastle (Watt & Milroy 1999 : 30), Colchester (Meuter 2002) et dans les Fens (Britain 2002a). Cruttenden (2001 : 83) considère la labiodentalisation de /r/ comme « récemment intégrée » en RP

Les variantes labiodentales de /r/ sont surtout observées dans la production des adolescents. Williams & Kerswill (1999 : 159) les classent au nombre des normes distinctives de prononciation adoptées par les jeunes, tout comme l’antériorisation de /θ/ et de /ð/ ((Ou TH-fronting. On ne traitera pas ici de ces fricatives antériorisées systématiquement considérées comme étrangères au RP. )).

1.4. L’antériorisation de /uː/

L’antériorisation de /uː/ ((Par souci de concision, on ne parlera pas des variantes antériorisées et désarrondies de /uː/ et de /ʊ/, considérées au début des années 2000 par Cruttenden (2001 : 83) comme « en marge du RP ».))  c’est-à-dire, sa réalisation par [ʉː] (cf. p. ex. Cruttenden 2001 : 83) ou [Yː] (cf. p. ex. Britain 2002a : 84) – observée dans certains accents de l’anglais britannique s’inscrit probablement dans le cadre d’une concaténation de changements nommée modification des diphtongues (Diphthong Shift – Wells 1982 : 256-257, 307-3081 ((Ces changements résultent de l’opération de mécanismes de chaîne dont le principe a été mis en lumière p. ex. par Labov (1994 : 113-291). Dans nombre d’accents du sud-est de l’Angleterre ainsi, par exemple, qu’à Birmingham, le premier élément des diphtongues fermantes d’avant et de la longue voyelle d’avant fermée tend à se « déplacer » sur le trapèze vocalique dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, alors que le premier élément des diphtongues fermantes d’arrière et de la longue voyelle fermée d’arrière se déplace dans le sens des aiguilles d’une montre. On obtient ainsi les concaténations de changements suivantes : [iː] => [ɪ̞ɪ] ou [əɪ] ; [eɪ] => [ʌɪ] ou [aɪ] ; [aɪ] => [ɑɪ] ou [ɒɪ] ; [ɔɪ] => [ɔ̝ɪ] ou [oɪ] ; [aʊ] => [æʊ] ; [əʊ] => [ʌʊ] ou [aʊ] ; et [uː] => [əʉ] ou [ʉː].))). On traitera néanmoins ce phénomène à part, pour deux raisons : 

  1. Plusieurs études consacrées aux innovations récemment observées dans les accents de l’anglais britannique ou à l’Estuary English ((P. ex. Trudgill (2001) ; Britain (2002a) ; Przedlacka (2002) ; Kerswill (2006).)) traitent l’antériorisation de /uː/ indépendamment de la modification des diphtongues ;
  2. De multiples accents de l’anglais britannique se caractérisent entre autres par des variantes avancées de /uː/ sans comporter de diphtongues modifiées. C’est par exemple le cas dans certaines parties du nord de l’Angleterre (Wells 1982 : 359), en Écosse ou en Irlande du Nord (Wells 1982 : 400, 441). Britain (2002a : 87) observe également des variantes antériorisées de /uː/ dans la région des Fens, bien que l’accent local ne comporte pas de diphtongues modifiées. 

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, des variantes antériorisées de /uː/ sont observées à Londres (Tollfree 1999 : 165, 168), Milton Keynes (Williams & Kerswill 1999 : 144), Reading (ibid. 145), Norwich (Trudgill 1999 : 130), Hull (Williams & Kerswill 1999 : 146) et la région des Fens (Britain 2002a : 87). On en observe également à Leeds et à Settle (Wilhelm 2011 : 339-340). L’antériorisation de /uː/ est répertoriée par Cruttenden (2001 : 83) au nombre des changements « bien établis » en RP

1.5. La tension de /ɪ/ en position finale non accentuée (HappY tensing

Cette innovation consiste en l’emploi de variantes tendues (très fermées et impliquant un avancement de la masse de la langue) des voyelles fermées d’avant correspondant aux graphèmes <y>, <ie>, <ey> ; et parfois <i> en position finale non accentuée (p. ex. happy => [hæpi], [hæpiː] ou [hæpɪi]) ((Y compris dans les mots suivants inaccentués : he, she, we, me, be ainsi que the avant une voyelle. La tension de /ɪ/ est également observée en position prévocalique dans les syllabes non accentuées, notamment : dans les suffixes de type -ious, -iate, etc. (p. ex. tedious, appreciate) ; en fin de morphème lorsque les unités comportant les graphèmes <y> ou <ey> en position finale sont affectées de suffixes commençant par une voyelle (p. ex. happier, easiest) ; dans des préfixes tels que re-, pre-, de- lorsque ceux-ci précédent une voyelle (p. ex. react, preoccupied, deactivate). On observe le même phénomène pour /ʊ/ dans certains environnements similaires (thank you, graduation) (cf. Roach 2000 : 85). Par souci de concision, on commentera essentiellement ici la réalisation de la voyelle finale des unités lexicales terminées par les graphèmes <y> ou <ey>.)).

Trudgill (1990 : 77), qui décrit une diffusion rapide du phénomène, pense que les variantes concernées se diffusent du sud vers le nord de l’Angleterre. Dans la mesure où la voyelle finale de HappY est traditionnellement ouverte dans nombre de zones du nord de l’Angleterre (p. ex. dans le Yorkshire [Wales 2006 : 166] et autour de Sheffield [Stoddart, Upton & Widowson 1999]), la présence de variantes fermées à Liverpool, Hull et Newcastle le conduit à émettre l’hypothèse d’un « saut » géographique effectué jusqu’à ces agglomérations.

À Leeds, où la tension de /ɪ/ en position finale non accentuée était encore considérée comme exceptionnelle voici quelques années (Foulkes, communication personnelle, 2005), le phénomène semble gagner du terrain rapidement, de telle sorte que les variantes tendues sont désormais majoritaires chez les adolescents (Wilhelm 2011 : 344-346).

En RP, Gimson observe dès les années 1960 une propension de certains locuteurs à « remplacer » /ɪ/ par /iː/ en fin de mot. Au début des années 1980, il reconnaît que, chez les plus jeunes locuteurs utilisant l’accent « standard », cette voyelle tend à être remplacée par une voyelle tendue courte (Gimson 1980 ; cf. Windsor Lewis 1990 : 159). Wells (1982 : 294) estime en 1982 que l’innovation commence à affecter le RP. En 1990, Ramsaran (1990 : 185-186) considère la progression de ces variantes comme témoignant de l’évolution de l’accent « standard ». Au début des années 2000, Cruttenden (2001 : 83) affirme que l’innovation y est bien établie. 

2. La diffusion en perspective

On l’a dit en introduction, nombre de travaux décrivent les changements répertoriés plus haut comme se diffusant géographiquement dans les îles Britanniques ((Cf. aussi Trudgill (1986 : 46-57) ; Chambers & Trudgill (1998) ; Docherty & Foulkes (1999 : 10-15) ; Collins & Mees (1996 : 175-187) ; Trudgill (2001 : 176-180) ; Britain (2002a, 2002b) ; Kerswill (2003 : 223-243).)). Le tableau 1, qui met en relation les innovations avec les zones géographiques dans lesquelles elles sont observées, semble corroborer cette conception du phénomène. 

Tableau 1 : Présence (ou absence) des innovations par zones géographiques ((La division de la Grande-Bretagne a été effectuée en s’inspirant des choix opérés par Wells (1982, vol. 2).))

  Remplacement glottal de /t/ Vocalisation de /l/ Labiodentalisation de /r/ Antériorisation /u:/ Tension de /ɪ/ en position finale non accentuée
Sud-est (i) Oui Oui Oui Oui Oui
East Anglia (ii) Oui Non Oui Oui Oui
Sud-ouest (iii) Oui ? ((Aucune donnée n’est apparemment disponible sur la présence ou l’absence de ces variantes dans le sud-ouest (Sampson ; Coveney ; Langer, communications personnelles, 2005).)) ? Oui Oui
West Midlands (iv) Oui Oui Oui (Peu) Non Oui
Merseyside (v) Oui Rare ou absent Non Non Oui
Nord "central" (vi) Oui Oui Oui Oui Oui
Tyneside (vii) Oui Oui Oui (rare) Non Oui
Sud du Pays de Galles (viii) Oui Non Non Non Oui
Sud de l'Écosse (ix) Oui Oui Non Oui Non
Hébrides (x) Oui Oui Non Oui Oui
Irlande du Nord (xi) Oui Oui (rare) Non Oui Oui
République d'Irlande (xii) Non Non Non Non Oui
(i) Tollfree 1999 (South-east London)  (vii) Watt et Milroy 1999 (Newcastle) ; Foulkes & Docherty 1999 (Newcastle) 
(ii) Trudgill 1999 (Norwich)  (viii) Mees & Collins 1999 (Cardiff) 
(iii) Wells 1982 ; Hughes & Trudgill 1996  (ix) Stuart-Smith 1999 (Glasgow) ; Chirrey 1999 (Édimbourg) 
(iv) Mathisen 1999 (Sandwell)  (x) Wilhelm 2005 (Stornoway) 
(v) Sangster 2001 ; Hamer 1999 (Liverpool) ; Newbrook 1986 et 1999 (West Wirral)  (xi) McCafferty 1999 ([London]Derry) 
(vi) Stoddart, Upton & Widdowson 1999 (Sheffield) ; Khatthab 2002 ; Wilhelm 2011 (Leeds) ; Kerswill & Williams 1999 (Hull)  (xii) Hickey 1999 (Dublin) 

Cette analyse doit toutefois être nuancée. Tout d’abord, comme on l’a souligné plus haut, les données fournies ici ne doivent pas être interprétées comme si elles témoignaient systématiquement de la diffusion géographique des innovations répertoriées. L’antériorisation de /uː/, par exemple, caractérisait déjà la plupart des accents écossais ou nord-irlandais avant que ce phénomène attire l’attention des variationnistes. 

D’autre part, le caractère novateur de la plupart des variantes recensées ici doit être relativisé. Ainsi, bien que la présence limitée de variantes glottalisées en anglais australien, néo-zélandais et sud-africain laisse parfois penser que leur diffusion n’a commencé qu’au XXe siècle, après les grandes vagues d’émigration vers l’hémisphère sud (Wells 1982 : 260 ; Trudgill 1986 : 141), Milroy et al. (1994 : 3-4) estiment que la glottalisation pourrait avoir été présente dans les îles Britanniques dès le XVIIe siècle, interprétant la présence de variantes glottales en scots d’Ulster comme témoignant potentiellement ((Milroy et al. (1994 : 3) nuancent leurs propos, conscients que les populations nord-irlandaises d’origine écossaise ont eu depuis de nombreux contacts avec des ressortissants écossais.)) de leur présence dans certaines variétés de scots en usage avant les plantations. Mees & Collins (1996 : 185) mentionnent pour leur part des enregistrements de locuteurs utilisant le RP réalisés à la fin du XIXe siècle dans lesquels on observe des occurrences de remplacement et de renforcement glottaux. Il devient alors plus difficile d’envisager la glottalisation comme une innovation stricto sensu

De même, Johnson & Britain (2004 : 7) montrent que la vocalisation de /l/ est observée depuis des siècles non seulement en anglais, mais encore dans de nombreuses langues du monde, rappelant notamment que la prononciation actuelle de mots tels que calf, psalm, ou talk résulte de processus de vocalisation de /l/ intervenus au XVIe siècle. 

Foulkes & Docherty (2000 : 37-38) suggèrent que la labiodentalisation de /r/ pourrait dater du XIXe siècle et trouver sa source dans l’accent des membres de la communauté juive de Londres. Ceux-ci, soucieux de ne pas attirer l’attention sur leurs origines par des variantes uvulaires de /r/ ([ʁ]) caractéristiques de la prononciation Yiddish, auraient eu recours à la labiodentalisation (cf. aussi Wells 1982 : 303). Cette hypothèse, qui s’appuie entre autres sur des passages dans lesquels Charles Dickens transcrit la production orale de personnages d’origine juive en substituant le graphème <w> à <r> (Foulkes & Docherty 2000 : 37-38), incite à nouveau à relativiser le caractère novateur du phénomène.

Peu de sources historiques sont disponibles quant à la progression des variantes antériorisées de /uː/. Si ce phénomène se rattache à la modification des diphtongues, on peut envisager qu’il remonte à la première moitié du XIXe siècle. L’observation de diphtongues modifiées et de variantes antériorisées de /uː/ dans les accents australien, néozélandais et sud-africain témoigne de sa présence dans la production de nombre de sujets britanniques lors des vagues d’émigration vers l’hémisphère sud (cf. Wells 1982 : 257, 596, 607, 616) ((Cf. aussi Ellis (1889) et Kurath & Lowman (1970).)).

Enfin, si la tension de /ɪ/ en position finale non accentuée est considérée comme une innovation relativement récente par Wells (1982 : 294) et Trudgill (1990 : 77), Windsor Lewis (1990 : 166) et Beal (2000 : 483-494), s’appuyant sur les écrits de Sheridan (1780) et Walker (1791) ainsi que sur les travaux de Dobson (1957), estiment que des variantes tendues de ces voyelles étaient déjà observées dès le XVIIIe siècle dans de nombreux accents du nord de l’Angleterre tout comme en RP.

Il n’est pas question de remettre en cause le fait que l’on assiste actuellement à une progression des phénomènes recensés ici, mais on voit que leur émergence n’est pas aussi récente qu’on le pense parfois.

2.1. Des facteurs plus « naturels » ?

Johnson & Britain (2004 : 7) soulignent que la vocalisation de /l/ a souvent été observée dans les langues du monde ((Johnson & Britain (2004 : 7-12) fournissent des exemples de vocalisation de /l/ observés dans diverses langues : l’évolution de la forme catalane alba vers auba, et celle du mot méhri [ɫoːləθ], forme masculine du chiffre trois, vers [ɫəwθeːt] au féminin (2004 : 17). Parsons (1998 : 33-34) s’appuie elle aussi sur des exemples empruntés à plusieurs langues pour démontrer que la vocalisation de /l/ n’a rien d’un phénomène inédit. Elle cite notamment le mot néerlandais koud (apparenté à cold), le terme français sauter, qui dérive du latin saltare), la prononciation des mots feuille et mouillé avec [j] (on a ici affaire à la vocalisation de /l/ clair) et la transformation de [ɫ] en [ʊ] en polonais lorsque ce son correspond au graphème <l>.)) et suggèrent que le succès des variantes vocalisées de /l/ sombre pourrait trouver son origine dans leur caractère « naturel » et peu marqué. Lors de l’acquisition d’un certain nombre de langues, en effet, les enfants tendent initialement à produire des variantes vocalisées des liquides (Kerswill 1996 : 189 ; Johnson & Britain 2004 : 7). Johnson & Britain (2004 : 7-12) considèrent d’ailleurs que la récente recrudescence des variantes vocalisées de /l/ dans le sud-est de l’Angleterre constitue la résurgence d’un phénomène régulièrement observé en linguistique diachronique (« the recent upsurge of a phenomenon that has often been present in the histories of languages »). L’opération de facteurs naturels s’applique aussi aux variantes labiodentales de /r/, fréquemment observées dans la production des enfants anglophones (Kerswill 1996 : 189 ; Cruttenden 2001 : 209 ; Johnson & Britain 2004 : 15). Le remplacement glottal des plosives non voisées s’apparente, lui, à une forme de lénition (Carr 1999 : 118) et sa popularité a vraisemblablement été favorisée par le principe d’économie. 

Pour ce qui est des innovations vocaliques, en revanche, une motivation liée au caractère « naturel » des variantes innovantes ne peut être envisagée, non plus qu’une explication liée au principe d’économie (([ʉ] reste une voyelle tendue, au même titre que [u]. Le HappY tensing implique par définition une tension musculaire accrue.)). L’antériorisation de /uː/, en tant que composante de la modification des diphtongues, s’inscrit par contre probablement dans la continuation tardive du Grand Changement Vocalique (p. ex. Britain & Sudbury 2008). Quant à la tension de /ɪ/ en position finale non accentuée, elle illustre l’évolution du RP vers la régularité. Les voyelles périphériques de l’anglais sont, en effet, généralement tendues lorsqu’elles apparaissent dans des syllabes ouvertes.

2.2. L’hypothèse de l’origine londonienne 

À l’instar de Wells, qui considère l’accent de la capitale britannique comme étant à l’origine de la plupart des innovations observées non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi dans l’ensemble du monde anglophone ((« In view of its position in England as the political capital and the largest city, it is not surprising that London is also its linguistic centre of gravity. Not only did its courtly and upper class speech lay the historical basis for Standard English and – in many respects – for RP, but its working class accent is today the most influential source of phonological innovation in England and perhaps the whole English-speaking world. » (Wells 1982 : 301))), divers sociolinguistes considèrent les innovations répertoriées dans cet article comme originaires de Londres. 

Ici encore, l’examen des faits incite à la prudence. Bien que le remplacement glottal des plosives non voisées soit souvent considéré comme caractéristique de l’accent cockney (Cruttenden 2001 : 170), son origine géographique semble être l’Écosse et non le sud-est de l’Angleterre, comme on le suggère plus haut (section 1.1). Par ailleurs, le caractère « naturel » des variantes vocalisées de /l/ pourrait constituer la véritable raison de leur émergence dans des régions éloignées de la capitale britannique, indépendamment de leur fréquente association à l’accent cockney ((« [T]he presence of […] these forms well away from the south of England may well, of course, not be due to diffusion at all, but to independent developments in different locations, again supported by their lack of markedness. » (Britain 2002b : 18))) (Gimson 1980 : 202-203 ; Wells 1982 : 313-315). Cette explication pourrait de même s’appliquer aux variantes labiodentales de /r/ (section 2.1). Les variantes antériorisées de /uː/, quant à elles, semblent avoir été traditionnellement présentes dans de nombreuses zones du Royaume-Uni et pas seulement dans le sud-est de l’Angleterre (section 2). Enfin, si plusieurs estiment que la tension de /ɪ/ final non accentué tire sa source des accents du sud de l’Angleterre et particulièrement de Londres (Wells 1982 : 106 ; Ramsaran 1990 : 179 ; Trudgill 1990 : 77, 2001 : 175), Beal (2000) démontre que ces variantes étaient depuis longtemps bien plus répandues en Angleterre que les travaux de Wells et Trudgill le laissent supposer (section 2). 

Les éléments exposés ici n’infirment pas catégoriquement l’hypothèse du rôle de la capitale dans la progression des phénomènes recensés ici. Comme on le souligne en introduction, il est indéniable que la mobilité sociogéographique accentue considérablement les échanges entre locuteurs de milieux différents et favorise la progression de certaines variantes phonétiques (Britain 2002a ; Wilhelm 2011 : 20-23, 77). Il paraît donc inévitable que Londres exerce une influence linguistique sur la Grande-Bretagne, ne serait-ce que pour des raisons géographiques et sociales (convergence des réseaux de transports, transit fréquent par la capitale dans le cadre d’une mobilité professionnelle accrue) (Wilhelm 2011 : 507) ((Le rôle linguistique de la capitale apparaît en réalité assez complexe, à l’instar de celui de l’accent RP, et on ne peut exclure que Londres agisse entre autres en tant que réceptacle de variantes qui se diffuseraient ensuite – ou se renforceraient – vers d’autres zones géographiques, depuis lesquelles elles se diffuseraient à nouveau, selon divers modèles géographiques. (Parsons 1998 : 40-41 ; Britain 2002a : 75 ; Wilhelm 2011 : 534).)). Il convient cependant de relativiser une vision trop univoque d’une diffusion géographique depuis Londres qui conduirait à négliger la présence de certaines variantes dans divers accents locaux traditionnels. Cette négligence masquerait le fait qu’il existe entre ces accents et le RP une relation complexe et dynamique. On reviendra sur ces considérations dans les sections suivantes. 

2.3 L'Estuary English, vecteur de toutes les innovations ? 

Une autre hypothèse, très populaire dans les années 1990, est que la diffusion des variantes identifiées ici doit être attribuée à la conquête d’une bonne partie de la Grande-Bretagne par un accent dérivé du RP, mais tirant son origine de l’accent des classes populaires de Londres, connu sous l’appellation d’Estuary English ((« London regional RP, i.e. a hybrid between General RP and Cockney, popularly called Estuary English, is now widely used in south-east England and may be spreading to other urban areas. » (Cruttenden 2001 : 88).)).

Cette explication, qui rejoint partiellement l’hypothèse de l’origine londonienne, s’avère sujette à caution. D’une part, on l’a vu (section 2.2), l’origine londonienne des variantes ne fait pas consensus. D’autre part, l’association de chacune des innovations à l’Estuary English n’est pas reconnue par tous, ce qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où bien des auteurs ne conviennent pas de l’existence de l’Estuary English en tant qu’accent unifié ((P. ex. Foulkes & Docherty (1999 : 11) ; Watt & Milroy (1999 : 43) ; Przedlacka (2002 : 97-98) ; Wilhelm (2011 : 35-45). Une comparaison des sources relatives à l’Estuary English suggère que les phénomènes désignés par cette appellation semblent en réalité êtres dus : a) aux évolutions d’un ensemble d’accents du sud-est de l’Angleterre partageant certaines caractéristiques communes ; b) à la diffusion supposée d’innovations phonétiques isolées dans un nombre non négligeable d’accents de l’anglais britannique ; et/ou c) à l’évolution contemporaine du RP (Wilhelm 2011). La définition du RP est elle-même à bien des égards paradoxale. Utilisé par une minorité négligeable de locuteurs britanniques (de 3 à 5% selon Trudgill [1974 ; 1981]), cet accent réputé non localisable est en fait indissolublement lié au sud-est de l’Angleterre et évolue si rapidement que sa description contraint désormais les phonéticiens à le décomposer en différentes variétés.)).

Si Rosewarne (1984, 1994a, 1994b) rattache la glottalisation de /t/ à l’Estuary English, on a vu que ce phénomène est observé depuis assez longtemps dans bien d’autres accents (section 1.1). Bien que Rosewarne (1984) et Wells (1994a ; 1997) associent la vocalisation de /l/ au même accent novateur, Trudgill (1974 : 182 ; 1999 : 133) considère pour sa part que cette innovation se diffuse de manière isolée. 

Rosewarne (1984, 1994a) inclut dans sa description des caractéristiques de l’Estuary English une prononciation « inhabituelle » de /r/ ((Il ne fournit toutefois pas de celle-ci une description caractéristique de variantes labiodentales.)), mais Cruttenden (2001 : 83) considère que la labiodentalisation de /r/ doit davantage être associée aux changements affectant le RP : « [/r/-labiodentalisation] has been described as one of the features of Estuary English, but it seems more likely that it is general tendency within RP and not something particularly typical of the London area. »

L’antériorisation de /uː/, considérée par Wells (1994b) et peut-être ((Rosewarne (1994b : 5) décrit le /uː/ de l’Estuary English comme une diphtongue au premier élément centralisé.)) par Rosewarne (1994b : 5) comme caractéristique de l’Estuary English, est observée dans nombre d’accents traditionnels de Grande-Bretagne (Kerswill 2006).

Enfin, Wells (1997) et Rosewarne (1994a : 6) associent tous deux la tension de /ɪ/ en position finale non accentuée à la progression supposée de l’Estuary English, mais Windsor Lewis (1990 : 163-164) la traite comme l’une des trois ou quatre réalisations possibles de /ɪ/ en fin de mot et attribue sa résurgence à des conventions considérées comme « dans l’air du temps » par les jeunes étudiantes issues des classes aisées. Cette explication diverge radicalement des analyses qui insistent sur le statut populaire de l’Estuary English.

Plutôt que de les rattacher à un accent dont l’existence même est controversée, il semble préférable de considérer que la progression des variantes répertoriées ici doit être attribuée non seulement à leur présence dans diverses variétés locales, mais aussi à l’évolution du RP. Pour illustrer ce fait, on a synthétisé dans le tableau 2 les informations disponibles quant à l’intégration des variantes novatrices dans l’accent « standard ». 

Tableau 2. Variantes innovantes et évolution du RP (synthèse de Wells 1982, Cruttenden 2001, Trudgill 2001 et Ramsaran 1990)

Innovation Commentaires (Source : *Wells 1982, 1997 ; **Cruttenden 2001,  †Trudgill 2001,  Ramsaran 1990)
 Remplacement de /ɪ/ par /i/ en position finale non accentuée (HappY tensing Bien établi en RP (*/**/‡) 
Antériorisation glottal de /t/ Bien établie en RP (*/**/†)
Remplacement glottal de /t/ Bien établi en RP avant une consonne (*/**/†/‡), en voie de développement en position finale avant une voyelle (*/**) et/ou avant une pause (*/**) 
Labiodentélisation de /r/ Récemment intégrée en RP (**)
Vocalisation de /l/ sombre À la "périphérie" du RP (**)

La présence de ces phénomènes à la fois en RP et dans un nombre non négligeable d’accents locaux témoigne de l’existence d’une relation entre ces accents locaux et le RP. Kerswill (2006 : 12) souligne ainsi que le RP, en perpétuelle évolution, finit par absorber certaines innovations lorsque celles-ci se répandent dans de multiples accents régionaux : « [A]lmost all of the ‘new’ RP features, such as the glottalling of /t/ before another consonant (as in let me) or the fronting of /uː/ (as in GOOSE) to [ʉː], are already widespread across regional accents. RP is following wider trends, perhaps a step or two behind. » Il existe donc un lien dynamique entre le RP et les accents locaux de l’anglais britannique ((Si les accents régionaux exercent une influence sur le RP, le RP exerce en contrepartie une influence sur ces mêmes accents régionaux. Cf. p. ex. Wilhelm (2011 : 104-105) pour un traitement plus approfondi de cette question complexe.)) et, comme on le suggère dans les sections qui suivent, ce lien paraît de nature à renforcer la légitimité d’une adaptation de la transcription phonémique de l’accent « standard » lorsque certaines évolutions affectent à la fois les accents locaux et ce dernier.

3. Question de transcription

Une des innovations traitées ici a déjà conduit à une évolution de la transcription phonémique de l’anglais. Il s’agit de la transcription de /ɪ/ final (ou prévocalique) non accentué par le symbole /i/. Roach, qui utilise systématiquement cette convention depuis la 15ème édition de English Pronouncing Dictionary (1997) (que l’on désignera désormais par l’abréviation EPD), a contribué à faire adopter cette modification ((Cette démarche avait été adoptée par Wells dans la 1ère édition de Longman Pronouncing Dictionary (1990). (On désignera désormais le Longman Pronouncing Dictionary par l’abréviation LPD.) Wells reconnaissait cependant l’influence des travaux de Roach ainsi que de Walsh, responsable des questions de prononciation dans la 1ère édition du Longman Dictionary of Contemporary English (cf. Windsor Lewis 1993 : 1).)). À l’instar de Cruttenden (2001), il considère en effet que dans les mots de type HappY, la distinction entre les phonèmes /i/ et /ɪ/ est neutralisée, et recommande l’emploi d’un symbole /i/ pour transcrire la voyelle que l’on y rencontre en position finale ((Gimson (1962) avait utilisé les symboles [i] et [u]. Les crochets indiquaient qu’il s’agissait d’une transcription phonétique – et non phonémique – destinée à compléter la transcription de /ɪ/ et de /ʊ/.)). Roach (2000 : 84) justifie sa décision en soulignant que des locuteurs natifs préfèrent cette convention à l’usage de l’un des deux symboles phonémiques /ɪ/ ou /i/. Cet argument revient à mettre en avant le fait que la transcription de la voyelle de HappY par /i/ est phonétiquement plus conforme aux caractéristiques de la voyelle majoritairement observée aujourd’hui en RP.

On ajoutera que la présence de cette innovation dans la plupart des accents de l’anglais parlé dans les îles Britanniques, de quelque façon qu’elle s’explique, justifie d’autant plus le recours à une transcription qui reflète cette évolution, même si la transcription utilisée dans les ouvrages consacrés à la prononciation de l’anglais britannique est officiellement celle du seul accent RP. On a vu, en effet, qu’il existe un lien dynamique entre celui-ci et les accents régionaux de l’anglais britannique (section 2.3), et qu’en vertu de ce lien, le RP intègre régulièrement des évolutions qui se manifestent dans une multiplicité d’accents locaux (Kerswill 2006). Si, globalement ((Par souci de concision, on ne s’étendra pas sur les phénomènes de nivellement linguistique (levelling) ou sur la formation de variétés supralocales actuellement observée en Grande-Bretagne (cf. p. ex. Trudgill 1986 : 98 ; 2001 : 180 ; Watt & Milroy 1999 : 43 ; William & Kerswill 1999 : 141-162).)), les accents locaux conservent leurs spécificités et demeurent distincts les uns des autres tout comme ils demeurent distincts du RP, les données présentées ici suggèrent que certains phénomènes affectent parfois la plupart des accents locaux aussi bien que l’accent « standard ». Il n’est alors pas absurde de parler d’une évolution globale de l’anglais britannique contemporain. Une adaptation de la transcription phonémique du RP apparaît d’autant plus souhaitable lorsque telle ou telle innovation s’inscrit dans ce cadre global. 

Si l’évolution récente des caractéristiques phonétiques de la voyelle de HappY a donné lieu à un changement dans sa transcription phonologique, il peut sembler curieux que l’on n’ait pas tenu compte d’autres évolutions, parfois tout aussi saillantes, dans la transcription phonémique du RP. On propose d’apporter au système de transcription en vigueur aujourd’hui des modifications motivées par la progression de plusieurs des phénomènes répertoriés ici. 

3.1 La transcription des variantes glottales de /t/

Dans le cas des variantes glottales de /t/ (dans les environnements répertoriés en 1.1), on pourrait arguer que l’« innovation » est désormais devenue « la norme » en RP dans certains environnements phonétiques (Wells 1998-2000) et qu’à nouveau, un souci d’adéquation entre réalité phonétique et transcription phonémique milite en faveur d’une évolution des conventions de représentation ((On pourrait objecter qu’il n’existe pas, dans les environnements phonétiques où la glottalisation de /t/ se produit, de neutralisation entre deux phonèmes, comme c’est dans le cas pour la voyelle de HappY. Dans la mesure où l’on admet que les variantes tendues de /ɪ/ préfinal non accentué se diffusent en RP, il est cependant concevable qu’il ne faille envisager cette « neutralisation » de /ɪ/ et de /iː/ que comme une simple phase de transition dans le processus d’intégration des variantes tendues. L’évolution des conventions de transcription ne devrait alors pas être envisagée comme la marque d’un compromis entre deux voyelles neutralisées, mais comme motivée avant tout par un souci d’adéquation entre traits phonétiques et transcription phonémique.)). À l’instar de la réalisation tendue de la voyelle de HappY, cette « innovation » s’est en outre répandue dans un si grand nombre d’accents de l’anglais des îles Britanniques qu’il paraît souhaitable d’adapter sa transcription. Une fois encore, si la transcription phonémique utilisée dans les dictionnaires et les ouvrages consacrés à la prononciation de l’anglais britannique est celle de l’accent RP, on pense qu’elle s’avère d’autant plus utile qu’elle donne aussi une idée juste de certaines caractéristiques communes à un grand nombre d’accents locaux de Grande-Bretagne.

Pour ces raisons, on proposera d’incorporer le symbole /ʔ/ dans la transcription du RP, au moins dans les environnements où Wells (1982 : 260 ; 1990b : 6) et Cruttenden (2001 : 83) considéraient voici plusieurs années l’innovation comme « bien intégrée », à savoir, en position finale ou à l’intérieur d’un mot, entre : a) une voyelle, /n/ ou /l/, et b) une consonne (sauf /r/). Cette modification entraînerait, certes, une complexification du système de transcription phonémique. Son adéquation avec la réalité phonétique du RP et de la plupart des accents britanniques locaux constituerait toutefois un progrès. Dans les années 1990, Wells (1994a) recommandait d’ailleurs à certains enseignants d’anglais langue étrangère d’adopter comme modèle l’Estuary English ((Dans les années 1990, Wells recommandait aux enseignants d’anglais langue étrangère de continuer à présenter le RP comme le modèle de référence, mais insistait aussi sur le fait que la variété de RP présentée aux apprenants devait être modernisée. Ailleurs, Wells (1994a) envisage aussi que certains enseignants d’anglais langue étrangère puissent être « déçus » du RP (« disenchanted with RP ») et gagnent à présenter l’Estuary English comme un modèle de référence plus en adéquation avec la réalité contemporaine, voire plus à même de favoriser l’intégration des apprenants dans une communauté de locuteurs britanniques en raison de son statut sociolinguistique.)) et, dans des environnements linguistiques donnés, préconisait de représenter /t/ au moyen du symbole /ʔ/ ((Wells (1994a) considérait qu’en Estuary English, [ʔ] n’était qu’un allophone de /t/. Il recommandait pourtant d’utiliser le symbole glottal pour représenter /t/ lorsque ce phonème était à la fois précédé d’une voyelle (y compris /o/ en tant que réalisation vocalique de /l/) ou de /n/, et directement suivi de la fin d’un mot ou d’une consonne, excepté /r/. On notera avec intérêt que ces préconisations pourraient tout aussi bien s’appliquer à sa description actualisée du RP en 1990 : « The phonetic environments in which this replacing [[ʔ]] is used are those where the preceding sound is a vowel, /n/ or /l/ and the following sound is a consonant (particularly a plosive or a fricative). In these positions the glottal stop as a replacement for syllable-final /t/ is by now very general, at least in casual RP speech » (Wells 1990b : 6).)). Si l’on admet que bien des phénomènes attribués à la progression de l’Estuary English découlent en réalité de l’évolution du RP, on trouvera là un encouragement supplémentaire à transcrire /t/ au moyen de /ʔ/ dans les environnements où une réalisation glottale constitue la norme en RP contemporain.

3.2. Transcription des variantes contemporaines de /uː/

Pour les mêmes raisons de conformité phonétique avec les caractéristiques contemporaines du RP, on pourrait aussi recommander la transcription du /uː/ traditionnel au moyen de /ʉː/. On pourrait objecter que cette modification entraînerait le recours à un symbole vocalique ne représentant pas une voyelle cardinale et n’appartenant pas, du reste, à l’alphabet latin. Cette situation ne serait pourtant pas gênante dans la mesure où la transcription phonémique actuelle de l’anglais fait déjà appel à plusieurs symboles qui partagent ces mêmes caractéristiques (ɑː, ə, ɜ, ɪ, ɒ, ʊ, ʌ). En outre, tout usager de l’alphabet phonétique international perçoit immédiatement qu’aujourd’hui, la réalisation de /uː/ en RP ainsi que dans une majorité d’accents de l’anglais britannique est fort différente de la voyelle cardinale n°8 ([u]) (cf. p. ex. Kerswill 2006), de laquelle s’approche, par exemple, le /u/ français. Ici encore, le nombre significatif d’accents de l’anglais britannique dans lesquels on observe les variantes antériorisées (cf. tableau 1) constitue une raison supplémentaire d’encourager cette modification. 

3.3. Transcription des variantes contemporaines de /l/ sombre 

Dans la même logique, on pourrait envisager que l’évolution de la prononciation de /l/ en position finale et/ou préconsonantique conduise à promouvoir sa transcription par [o], [ʊ] ou [ɤ] (on reviendra dans les paragraphes suivants sur le choix d’un symbole approprié). Le recours éventuel à un symbole vocalique pour transcrire le /l/ sombre du RP pourrait sembler plus avant-gardiste que les évolutions de la transcription des variantes glottales de /t/ et de /uː/ préconisées ci-dessus, puisque Cruttenden (2001) considérait voici une dizaine d’années que la vocalisation de /l/ ne se situait qu’à la marge du RP (tableau 2), alors que les deux autres innovations y étaient bien intégrées. L’impression de l’auteur de cet article est cependant que le recours à des variantes vocalisées de /l/ s’est largement répandu au cours de la dernière décennie. Cette impression corrobore l’intuition de Wells (1998-2000), qui, en 1999, suggérait déjà à certains pédagogues d’anglais langue étrangère d’enseigner une « forme moderne » de RP (dont il sous-entend qu’elle pourrait s’apparenter à l’Estuary English) caractérisée entre autres par des variantes vocaliques de /l/ sombre. Or, dans le cadre de ses recommandations pour la transcription de l’Estuary English, Wells (1994a) préconisait un peu plus tôt l’emploi du symbole /o/, c’est-à-dire le symbole correspondant à la voyelle cardinale n°7, pour transcrire /l/ en position finale et préconsonantique.  

Après avoir passé en revue plusieurs solutions ((À savoir, l’emploi des symboles /ʊ/ et /w/.)), Wells (1994a) finit donc par opter pour /o/ pour transcrire les variantes vocalisées de /l/, tout en déplorant que celui-ci soit déjà utilisé dans la transcription de General American et Standard Scottish English pour la voyelle des mots de type goat, mole, etc. Pour éviter cette situation et ne pas donner l’idée que la vocalisation de /l/ donne systématiquement lieu à des variantes arrondies, on proposera une solution non envisagée par Wells, à savoir l’emploi du symbole /ɤ/. Ce choix, bien qu’il implique à nouveau une complexification du système de transcription, s’inscrit toujours dans une démarche d’adéquation entre réalité phonétique et transcription phonémique. 

3.4. Le cas des variantes labiodentales de /r/

Bien que Cruttenden (2001 : 83) estime que la labiodentalisation de /r/ doit désormais être considérée comme intégrée dans l’accent RP, on note qu’il est le seul à adopter cette position, ce phénomène n’étant observé que dans certaines variétés locales, surtout dans la production des adolescents, et encore, irrégulièrement (Watt & Milroy 1999 : 30-31 ; Docherty & Foulkes 1999 : 51 ; Newbrook 1999 : 98 ; Mathisen 1999 : 111 ; Williams & Kerswill 1999 : 147 ; Tollfree 1999 : 174 ; Meuter 2002, in Britain 2002a ; Wilhelm 2011 : 353-354). N’ayant à ce jour que peu d’éléments qui suggèrent que cette innovation ait véritablement entraîné une évolution du RP ((À Derby, Foulkes & Docherty (2000 : 44) notent que la labiodentalisation de /r/ caractérise surtout la production des locuteurs de milieux ouvriers. Si l’on considère le « modèle triangulaire » (cf. Hughes & Trudgill 1996 : 8), selon lequel les variétés basilectales sont plus marquées localement que celles des classes dites supérieures, il est donc vraisemblable que les variantes de /r/ labiodentales caractérisent davantage les accents régionaux que le RP. Il reste en outre à démontrer que la labiodentalisation de /r/ ne constitue pas avant tout une spécificité du parler des adolescents, utilisée ponctuellement, puis abandonnée lors de l’entrée dans la vie active (cf. Chambers & Trudgill 1998 : 77-79, 152-159 et Wilhelm 2011 : 492-493, 535-536 pour une réflexion plus développée sur ce sujet).)), on estime que les données disponibles ne sont pas de nature à justifier une adaptation de la transcription de l’accent « standard ». On pourrait simplement préconiser de maintenir le phénomène « sous surveillance ». 

Accepter les modifications de la transcription de l’accent RP proposées plus haut reviendrait à développer un système de transcription « systématique » plutôt que phonémique (Wells 1994a). Celui-ci ne constituerait cependant que le prolongement du système adopté par EPD et LPD, qui inclut déjà les deux symboles non phonémiques /i/ et /u/. En tout et pour tout, cette adaptation impliquerait l’adjonction de trois symboles supplémentaires (/ʔ/, /ʉ/ et /ɤ/) et le retranchement d’un symbole (/u/) au système actuel. Elle s’opèrerait donc au prix d’une complexification de la représentation, mais tiendrait compte des caractéristiques phonétiques actuelles du RP ainsi que de multiples accents régionaux de Grande-Bretagne et permettrait ainsi de rendre compte des évolutions de l’anglais britannique contemporain. 

Conclusion

On a décrit les caractéristiques phonétiques de cinq innovations récemment observées dans plusieurs accents de l’anglais britannique ainsi qu’en RP, et tenté de reconstituer l’historique de leur progression ou, tout au moins, de leur observation.

On a vu que, si les phénomènes répertoriés ici se diffusent de manière particulièrement marquée à l’heure actuelle, plusieurs d’entre eux étaient déjà recensés il y a longtemps et pourraient constituer la résurgence de phénomènes anciens ou récurrents, accentués et accélérés par la mobilité sociale et géographique. On a également souligné qu’il convenait de nuancer l’hypothèse de l’origine exclusivement londonienne de ces variantes, puis de leur diffusion depuis la seule capitale, isolément ou via l’accent connu sous le nom d’Estuary English. On a suggéré qu’un lien dynamique entre les accents locaux et le RP pourrait expliquer l’intégration de certains phénomènes observés dans de multiples accents régionaux dans l’accent « standard » d’aujourd’hui.

Dans la mesure où les innovations recensées ici sont désormais présentes dans la plupart des variétés d’anglais britannique aussi bien qu’en RP, on a proposé de tenir compte de leur progression dans la transcription phonémique de l’anglais britannique, ce qui constitue un prolongement de la démarche déjà entreprise pour transcrire /ɪ/ en position finale non accentuée. On a ainsi recommandé l’usage de /ʔ/ pour transcrire /t/ entre : a) une voyelle, /n/ ou /l/ et b) une consonne (sauf /r/), de /ʉː/ pour transcrire les variantes actuelles du phonème traditionnel /uː/, et de /ɤ/ pour transcrire /l/ en position finale ou préconsonantique. On ne préconise pas, en revanche, de transcrire /r/ au moyen d’un symbole représentant ses variantes labiodentales, dans la mesure où l’usage de celles-ci semble plus irrégulier que celui des autres variantes. Si ces modifications étaient adoptées, elles conduiraient à une transcription « systématique » plutôt que strictement phonémique de l’anglais britannique. Au prix d’une légère complexification du système, on donnerait ainsi aux usagers des dictionnaires, manuels et ouvrages traitant de la prononciation de l’anglais en Grande-Bretagne une représentation plus exacte de la réalité phonétique de la langue d’aujourd’hui. Cette dernière remarque s’applique en premier lieu au RP, mais aussi à divers accents locaux de l’anglais britannique. 

Notes

 

Pour citer cette ressource :

Stephan Wilhelm, Réflexions sur quelques innovations phonétiques observées en anglais britannique, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), novembre 2011. Consulté le 23/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/langue/phono-phonetique/reflexions-sur-quelques-innovations-phonetiques-observees-en-anglais-britannique