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«Como agua para chocolate» de Laura Esquivel

Par Anne-Marie Molin : Etudiante - Université Lumière Lyon 2
Publié par Christine Bini le 19/10/2011

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Fiche de lecture du roman Como agua para chocolate, de l'écrivain mexicaine Laura Esquivel.

Cette œuvre est un roman d'amour qui s'inscrit dans la tradition latino-américaine du réalisme magique. L'histoire se situe vers la fin du 19ème siècle, au nord du Mexique, au début de la révolution mexicaine. L'intrigue prend place dans le ranch de la famille De la Garza, famille matriarcale depuis la mort du chef de famille. La maîtresse de maison, Mamá Elena, se retrouve seule pour élever ses trois filles : Rosaura, Gertrudis, et Josefita (Tita) dans un contexte socio-politique instable. La cadette, Tita, naît et grandit au sein de la cuisine sous la bienveillante tutelle de Nacha, cuisinière attitrée de la famille depuis deux générations. La petite dernière s'épanouit donc au milieu d'un monde où les connaissances ancestrales et les combinaisons de saveurs sont infinies. La jeune fille grandit, devient belle et rencontre un beau prétendant, Pedro Muzquiz. Cependant, il existe une tradition familiale à laquelle Mamá Elena n'entend pas déroger qui oblige la cadette de la famille à renoncer au mariage, à l'amour et aux enfants pour s'occuper de sa mère jusqu'à ce que celle-ci meure. La passion qui naît entre nos deux protagonistes est donc vouée à l'échec, la frustration et la clandestinité. Lorsque Pedro vient demander la main de son aimée, la chef de famille lui propose d'épouser en échange sa fille aînée Rosaura. Pedro accepte, non par inconstance, mais parce qu'il pense que cette solution lui permettra de vivre toute sa vie aux côtés de son unique amour, Tita. Celle-ci, vexée et déçue, sent une vague glaciale envahir son corps et vit à partir de cet instant dans une tristesse et une colère constante. Ses sentiments, aussi divers que puissants, s'exacerbent dans la nourriture qu'elle prépare. Etant devenue à son tour la cuisinière familiale, elle influence les émotions et les comportements de ses commensaux à travers les plats qu'elle leur propose. Sa cuisine peut guérir mais elle peut aussi rendre malade et même parfois tuer. Ce pouvoir, dont elle n'a pas conscience, devient sa seule façon de s'exprimer, car elle est enfermée dans ce carcan familial immuable et cruel contre lequel elle peine à faire face.

L'œuvre présente donc le perpétuel affrontement de deux mondes : le monde de la tradition et de la raison et le monde de la révolution et de l'affectif. Il s'agit respectivement du monde interne : celui réfléchi et rigide du ranch de Mamá Elena que Tita tente de changer, et du monde externe : celui spontané, un peu fou, de la créativité culinaire dans lequel notre héroïne s'évade. Celui-ci est similaire au contexte historique révolutionnaire de l'époque et à son instabilité. Le parallélisme se traduit parfaitement dans l'histoire : la vie du ranch est immuable, la vie en dehors n'est que désordre. Tita est un élément perturbateur dans ce monde rigide et doit en sortir pour s'affirmer, se révolter et enfin pouvoir tout changer.

Par ailleurs, le lecteur trouvera dans ce roman tout un panel de recettes culinaires et d'astuces de grand-mère qu'il pourra pratiquer chez lui. Bien loin de saccader le texte, ces modes d'emploi permettent au contraire le rebondissement des actions dans un va-et-vient constant entre le présent et les nombreux flash-back qui composent le récit, introduisent les les chapitres et participent à la composition et à l'enrichissement de l'ambiance culinaire et traditionnelle de l'histoire.

 

Pour citer cette ressource :

Anne-Marie Molin, Como agua para chocolate de Laura Esquivel, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), octobre 2011. Consulté le 21/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/litterature/litterature-latino-americaine/bibliotheque/como-agua-para-chocolate