«Yerma» de Federico García Lorca
Titre : Yerma
Auteur : Federico Garcia Lorca (Fuente Vaqueros, 1898 - 1936)
Première publication : 1934
Éditions : Alianza Editorial
Année de publication : 1984
Pages : 85
Né près de Granada en 1898, Federico García Lorca est l'un des poètes espagnols les plus connus du XXe siècle, et l'un des membres les plus illustres de la « Residencia de Estudiantes », centre d'études par lequel sont passés tous les grands noms des arts et des lettres de l'époque : Luis Buñuel, Manuel de Falla, Unamuno, mais aussi Paul Claudel, Valéry ou Le Corbusier. Il a également fait partie de la « Generación del 27 », qui prônait un retour à la poésie du Siècle d'Or et rendit un grand hommage aux textes de Góngora lors du troisième centenaire de sa mort, en 1927...
Ses nombreux voyages, son amitié avec S. Dalí et son destin tragique lui ont valu, presque autant que la qualité et la diversité de son œuvre, d'être célébré dans le monde entier. Lorca est poète et dramaturge, il est aussi un excellent musicien. Chacun de ces aspects se retrouve dans son œuvre, et la densité des images et de l'expression fonde toute la richesse du texte.
Le poème tragique Yerma (1934) est l'une de ses pièces majeures ; il appartient avec Bodas de sangre (1933) et La casa de Bernarda Alba (1936) à une trilogie qui repose sur la fusion entre un univers à la fois mythique, poétique et réel : chacune de ces œuvres s'enracine dans les mystères des mœurs populaires et des traditions, de la vie et de la mort, de l'amour et des passions. Yerma a reçu une vive acclamation lors sa parution, a été mise en scène à de nombreuses reprises par différents directeurs de théâtre et ce, dès 1935, par Margarida Xirgu (1888-1969), grande actrice qui a joué un rôle important dans le monde théâtral de l'époque. Un film a également été réalisé en 2001 par Pilar Tavora.
Cette pièce raconte la vie de l'héroïne éponyme et surtout son malheur face à l'impossibilité d'enfanter ; le poète y exprime la puissance de ce désir charnel par des images poignantes mais aussi récurrentes dans toute son œuvre : la lune, l'eau, le sang et les plantes, tous symboles de vie et de mort, d'érotisme et de fécondité. Le tourbillon dans lequel est pris la protagoniste la fera sombrer progressivement dans une folie, qui la conduira à tuer son mari, stérile, afin de pouvoir réaliser son rêve le plus grand.
Yerma est d'une grande force symboliste, l'intensité de l'action et la croissance de l'angoisse face à la situation que vit la protagoniste sont mises en valeur par un style concis, subtil et riche en significations. Cette pièce se présente telle une tragédie grecque classique ; elle est, entre autres, parsemée de chants qui rythment le texte et témoignent du goût du poète pour le folklore, à savoir : la poésie du peuple, de leurs croyances et de leurs traditions, de leur musique également. Ce trait est caractéristique de l'auteur et se retrouve en outre dans des œuvres telles que le Romancero Gitano (1928) et le Poema del cante jondo (1931).
L'étude de Yerma présente de nombreux intérêts, malgré son extrême difficulté : les élèves pourraient aborder un des plus grands noms de la littérature espagnole et apprécier la richesse de son œuvre. De plus celle-ci pourrait être accompagnée par la reproduction du film de Pilar Tavora, et ainsi permettre un approfondissement sur les questions du théâtre, de l'écriture, de la mise en scène et du cinéma...
Pour citer cette ressource :
Marta Martinez Valls, "«Yerma» de Federico García Lorca", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2008. Consulté le 09/10/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/arts/theatre/theatre-classique/yerma