Le 3 octobre comme fête nationale : histoire d’un choix
Début novembre 2004, le chancelier Gerhard Schröder et son ministre des Finances Hans Eichel, appuyés par le ministre de l'Economie Wolfgang Clement, annonçaient officiellement leur volonté de "déplacer" la fête nationale du 3 octobre au premier dimanche du mois d'octobre, afin de relancer la croissance de 0,1 pour cent et de contribuer ainsi à combler une partie du déficit budgétaire de l'Allemagne. Cette proposition a finalement échoué, mais difficile d'imaginer, pour un public français, que des représentants de l'Etat puissent songer à "déplacer" - pour ne pas dire "supprimer" - une fête nationale. Par ailleurs, le 9 novembre 2009, l'Allemagne fêtait le vingtième anniversaire de la chute du Mur, commémoration qui fut l'objet d'une très large couverture médiatique, aussi bien en Allemagne que dans d'autres pays d'Europe, et plus particulièrement en France. Le public étranger et peu connaisseur de l'histoire allemande avait du mal à comprendre qu'une date soulevant un tel enthousiasme médiatique ne corresponde pas à une fête nationale, ou que cette date ne se traduise pas au moins par un jour férié en Allemagne. Pourquoi choisir la date d'entrée en vigueur du traité d'adhésion de la RDA à la RFA comme fête nationale, et pourquoi précisément le 3 octobre 1990 ?
Tout choix indique une préférence, et donc un rejet dans l'oubli d'autres propositions envisagées. Il s'agit dans cet article de comprendre le choix de l'événement commémoré le jour de la fête nationale, mais également de replacer ce choix dans son contexte - celui du processus d'unification - afin de mieux saisir les spécificités du 3 octobre.
1. Un choix qui crée l'événement
Avant de songer à la date d'adhésion de la RDA à la RFA comme fête nationale de l'Allemagne unifiée, la question de l'événement à commémorer lors de cette fête nationale avait fait l'objet de discussions publiques. Plusieurs événements et dates avaient été envisagés, comme le montrent les résultats d'une enquête publiée par l'hebdomadaire Die Zeit dans ses éditions de juin 1990 et qui interrogeait une quarantaine de personnalités (hommes politiques, écrivains, historiens et journalistes de RDA et de RFA) sur le choix du nom à donner au futur Etat, de l'hymne national ainsi que de la fête nationale (cf. éditions de Die Zeit 25/1990, Die Zeit 26/1990, Die Zeit 27/1990). Les résultats de cette enquête nous renseignent sur le débat autour de l'événement à commémorer et sur le sens donné par les représentants de l'Etat à la fête nationale allemande.
a. L'idée d'une fête nationale commune
Il est peu connu que l'idée d'une fête nationale commune aux deux Allemagnes avait déjà germé avant même la chute du Mur, à la fin des années 70. Un groupe de citoyens de RFA, appartenant pour la plupart aux Verts et au SPD, avaient en effet lancé une initiative dont l'idée consistait à supprimer le 17 juin, proclamé en RFA "Jour de l'Unité allemande" en mémoire des soulèvements de 1953 en RDA (cf. article sur le 17 juin 1953), comme fête nationale et à le remplacer par une fête nationale commune à l'Est et à l'Ouest : le 18 mars. L'"action 18 mars" fut ainsi fondée en 1978 sous l'égide de l'écrivain Ingeborg Drewitz et de l'ancien maire de Berlin-Ouest, Heinrich Albertz, avec pour but d'introduire le 18 mars comme fête nationale commune à la RFA et à la RDA. Ces citoyens souhaitaient commémorer ainsi les soulèvements des ouvriers et des citoyens pour une libéralisation du régime, contre les troupes de Frédéric-Guillaume IV, à Berlin le 18 mars 1848. Du temps de la division des deux Allemagnes, le 17 juin n'a finalement jamais été remplacé parce que, d'après les sondages, la population ouest-allemande, contre toute attente, tenait à cette fête nationale. Pourquoi ne pas avoir conservé le 17 juin en 1990, au moment où ce "Jour de l'Unité allemande" prenait enfin tout son sens ?
b. 17 juin ou 9 novembre ?
Le 17 juin a certes été évoqué comme possible fête nationale. Ses défenseurs dans l'enquête de Die Zeit mettaient particulièrement en avant la revendication des manifestants du 17 juin 1953 d'obtenir plus de liberté ainsi que la force de la démocratie en RFA mise en évidence lors de ces soulèvements. Mais cette date avait été instrumentalisée par les différents partis politiques au pouvoir en RFA et avait déjà été fort remise en question en RFA (cf. Wolfrum 1999). Finalement, le 17 juin comme fête nationale disparaît sans faire de bruit au moment où il est remplacé par le 3 octobre.
L'idée de faire de la chute du Mur la fête nationale aurait déjà germé dans la nuit même du 9 novembre 1989, avec une proposition de rebaptiser la "rue du 17 juin" à Berlin-Ouest "rue du 9 novembre" [1]. Des personnalités politiques auraient ensuite repris cette idée et proposé rapidement de faire du 9 novembre la fête nationale. Les défenseurs du 9 novembre soulignaient le côté très symbolique de la chute du mur de Berlin qui a fortement marqué les esprits, grâce notamment aux images qui ont fait le tour du monde. Mais avec un tel choix, l'Allemagne aurait été dès lors confrontée aux autres événements qui ont eu lieu ce même jour, et en tout premier lieu la "Nuit de cristal" (Reichskristallnacht) : il s'agit du nom donné cyniquement au pogrom contre les Juifs qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. Les autres "9 novembre" de l'histoire allemande sont le 9 novembre 1918 (révolution de novembre et avènement de la première République en Allemagne) et le 9 novembre 1923 (putsch fomenté par Hitler à Munich). Pour les défenseurs du 9 novembre, c'était justement pour confronter le peuple allemand aux hauts et aux bas de son histoire que cette date était pertinente, mais peut-on convoquer un peuple à une fête nationale sur de telles bases ?
Au-delà de cette ambivalence du 9 novembre, cette date ne faisait pas l'unanimité parmi les anciens citoyens de RDA car elle correspond à un événement avant tout berlinois. Certes, la chute du mur de Berlin est une date symbolique, qui rappelle l'ouverture des frontières, la fin de la Guerre froide. Mais d'autres lieux et d'autres dates sont associés aux événements de 1989, et rendraient mieux compte, pour certains, de l'"événement 1989". Ainsi, la date du 9 octobre 1989 a également été évoquée, date à laquelle les événements ont pris une nouvelle ampleur et une autre tournure par le nombre de manifestants qui ont osé descendre dans la rue lors de la manifestation du lundi à Leipzig. Mais les Allemands de l'Ouest pourraient-ils s'identifier à cet événement ?
Pour conclure, le 9 novembre en tant que symbole de l'"événement 1989" est resté très controversé et n'a pas été retenu.
c. D'autres événements encore...
D'autres dates encore ont été avancées, renvoyant à divers événements de l'histoire allemande. Le 23 mai par exemple, en mémoire de l'adoption de la Loi fondamentale le 23 mai 1949. Les critiques principales présentées dans Die Zeit tournaient autour de l'idée que les citoyens de RDA n'avaient pas de lien particulier avec cette date, et qu'elle renvoyait à l'adoption d'une constitution pour un Etat provisoire en 1949.
Le 18 mars fit également partie des propositions. Les défenseurs de cet événement s'appuyèrent sur les arguments de l'"action 18 mars" pour expliquer leur choix. Le 18 mars leur paraissait particulièrement pertinent, car les deux Etats allemands s'étaient toujours positionnés positivement par rapport à la révolution de 1848. L'héritage libéral et démocratique de cette révolution pourrait être mis à l'honneur si le 18 mars devenait fête nationale. Cette date ne s'est finalement jamais imposée, ni avant la chute du Mur, ni après.
Mentionnons aussi le 8 mai (en mémoire du 8 mai 1945) et le 20 juillet (en mémoire du 20 juillet 1944, jour de l'attentat manqué contre Hitler), deux dates également présentes dans l'enquête. Mais le 8 mai est une date complexe à commémorer car elle a cristallisé pendant des années les tensions de la séparation entre les deux Allemagnes. En RFA, les avis étaient partagés sur l'interprétation du 8 mai 1945 qui signifiait à la fois libération et défaite. En RDA, le 8 mai était commémoré comme "Jour de la libération du peuple allemand du fascisme d'Hitler" (Tag der Befreiung des deutschen Volkes vom Hitlerfaschismus) et la RDA prétendait pouvoir elle seule revendiquer le 8 mai comme journée commémorative. Commémorer le 8 mai permettait de renforcer le mythe fondateur antifasciste de la RDA. A l'instar du 8 mai, le 20 juillet est une commémoration difficile et complexe, car elle a été diversement interprétée et commémorée à l'Est et à l'Ouest. Les différentes interprétations et instrumentalisations de cet événement expliquent pourquoi cette date n'a pas véritablement appartenu aux débats sur la fête nationale. Dans l'Allemagne unifiée, elle fait partie des "journées commémoratives qui jouent un rôle important dans la représentation de l'Etat" (Gedenktage, die bei der Repräsentation des Staates eine wichtige Rolle spielen), comme l'indique le ministère de l'Intérieur allemand.
Enfin, des voix se firent également entendre en faveur de la date à laquelle une nouvelle constitution allemande, votée par référendum, entrerait en vigueur, ou alors en faveur de la date à laquelle l'unification des deux Allemagnes serait accomplie.
Ainsi, l'"événement" finalement choisi - la date d'entrée en vigueur de l'adhésion de la RDA à la RFA - correspond à un acte purement politique, dont l'initiative revient aux hommes politiques et dans lequel les citoyens n'ont joué qu'un rôle indirect, par opposition à d'autres événements dans lesquels les citoyens ont joué un rôle moteur (le 9 novembre 1989, le 18 mars 1848 ou encore le 17 juin 1953). De plus, le choix s'est porté sur un événement jugé positif, qui ne possède pas l'ambivalence d'autres événements (le 9 novembre renvoyant à des épisodes sombres de l'histoire allemande ou le 17 juin pouvant être interprété comme un échec des soulèvements). Enfin, on peut lire dans ce choix une volonté de ne pas se positionner par rapport au passé est-allemand ou au passé ouest-allemand, en choisissant une date qui ne correspond pas à un événement révolu mais qui scelle le début d'un avenir commun. Pour conclure, dans le cas de la fête nationale allemande, il ne s'agit pas d'un événement que la mémoire a choisi de retenir, mais c'est plutôt le choix de la date qui crée l'événement.
2. La date d'adhésion en débat
Lors d'une séance qui s'est prolongée tardivement dans la nuit du 22 au 23 août 1990, plus des deux tiers des représentants de la Chambre du peuple de RDA votèrent en faveur du 3 octobre comme date d'entrée en vigueur du traité d'adhésion de la RDA à la RFA selon l'article 23 de la Loi fondamentale (cf. article sur La réunification de l'Allemagne 2.c.). La date précise du 3 octobre ne s'est imposée qu'après de nombreux débats sur la scène politique des deux côtés de l'Allemagne, qui se sont encore multipliés durant l'été 1990. Les atermoiements autour de cette date sont caractéristiques du palpitant processus de réunification et en soulignent à la fois l'extrême rapidité et la complexité. Le choix du 3 octobre résulte de la confrontation de plusieurs logiques - politique, conjoncturelle, internationale et symbolique - qu'il s'agit ici de mettre en évidence.
a. Adhésion et élection commune
La première élection libre de la Chambre du peuple, qui eut lieu le 18 mars 1990, vit la victoire des partis de centre-droit, favorables à une unification rapide. Mais encore fallait-il s'entendre sur l'avenir plus ou moins proche et les conditions dans lesquelles cette unification pourrait avoir lieu. La décision prise en faveur du 3 octobre fut précédée d'une querelle politique de plusieurs semaines sur la question de l'ordre chronologique dans lequel l'adhésion de la RDA à la RFA et la première élection d'un parlement allemand unifié devaient avoir lieu. Fallait-il faire précéder l'élection de l'adhésion, ou inversement ? Pour commencer, à l'Est, le ministre-président et chef du gouvernement de RDA Lothar de Maizière et le groupe parlementaire est-allemand de la CDU favorisaient l'idée d'un vote organisé séparément dans les deux Allemagnes pour élire les députés du premier parlement commun. A l'inverse, les partis opposés à la CDU, le SPD de l'Est et le BFD (Bund Freier Demokraten) présentèrent l'adhésion comme une condition préalable à l'élection commune. Dans les partis ouest-allemands, le ministre de l'Intérieur Wolfgang Schäuble et la CDU exprimaient leur préférence pour une adhésion après le vote, et inversement pour le SPD et le FDP. Ces préférences étaient largement motivées par les espérances électorales de l'un ou l'autre parti politique. Ce contexte particulier de disputes politiques, retransmises dans la presse, a sans doute joué une rôle dans la manière dont les citoyens allemands ont perçu l'unification des deux Allemagnes (et par conséquent leur nouvelle fête nationale). Elle est née dans un climat de lassitude et de critiques envers les dirigeants de RFA et de RDA et leurs manœuvres électorales.
A ce débat sur l'ordre et la date possible de l'adhésion s'ajoutait une contrainte constitutionnelle : la Loi fondamentale impose un délai minimum de quarante-six mois et maximum de quarante-huit mois entre deux élections du Bundestag (sauf en cas de dissolution). Indépendamment de la question de l'adhésion, l'élection du nouveau parlement était donc prévue pour le 2 décembre 1990.
b. Le revirement de Lothar de Maizière
La question de l'adhésion subit un nouveau rebondissement lorsque Lothar de Maizière, qui s'était toujours déclaré strictement contre une adhésion avant l'élection du 2 décembre, et cela jusqu'en juillet 1990 encore, changea radicalement d'opinion début août 1990. Le ministre-président est-allemand se rendit en urgence sur le lieu de villégiature du chancelier Kohl le 1er août pour lui faire part de ses inquiétudes concernant la situation de la RDA. Evoquant les forts risques d'"effondrement économique" (wirtschaftlicher Kollaps) et de "chaos" qu'encourait son pays cinq semaines après l'introduction du Deutsch Mark, de Maizière se disait désormais convaincu de la nécessité d'unifier le plus rapidement possible les deux Allemagnes. Il proposa d'avancer la date des élections communes au 14 octobre, date que la Chambre du peuple proposerait également pour l'adhésion de la RDA à la RFA et à laquelle devaient déjà avoir lieu les élections d'un Landtag dans les cinq Länder de l'Est. Mais ce projet d'anticipation des élections communes se solda par un échec : le ministre de l'Intérieur Wolfgang Schäuble annonçait quelques jours plus tard qu'il n'y aurait pas la majorité des deux tiers au Bundestag en faveur d'un changement constitutionnel permettant une élection le 14 octobre plutôt que le 2 décembre. Mi-août 1990, la date d'adhésion de la RDA à la RFA était toujours l'objet de débats sur la scène politique est-allemande.
c. La séance extraordinaire de la Chambre du peuple (22.08.1990)
C'est finalement lors de la séance extraordinaire de la Chambre du peuple qui s'est tenue à l'initiative de Lothar de Maizière le 22 août 1990 à 21 heures qu'une décision a pu être prise, non sans difficultés et discussions entre les groupes parlementaires (cf. vidéos de cette séance www.mdr.de). Le groupe parlementaire de la DSU (Deutsche Soziale Union) proposa de voter pour une adhésion immédiate de la RDA à la RFA le jour même. Mentionnons que la DSU avait déjà fait une telle proposition d'adhésion immédiate lors de la séance du 17 juin 1990, tant il était urgent d'après ce parti d'unifier les deux Allemagnes. Les arguments avancés à la Chambre du peuple contre cette proposition rappellent la dimension internationale dans laquelle s'inscrivait le processus d'unification et qui a pesé sur le choix de la date définitive. En effet, il n'était pas envisageable d'unifier les deux Allemagnes avant d'avoir levé les droits des quatre grandes puissances et d'avoir rendu à l'Allemagne sa pleine souveraineté avec la signature du traité "2 + 4". Ainsi, le groupe du SPD se prononça quant à lui en faveur du 15 septembre lors de cette séance extraordinaire, afin d'attendre la signature du traité "2 + 4" qui devait avoir lieu à Moscou le 12 septembre. Mais cette date ne convenait pas non plus car il était diplomatiquement préférable d'attendre la fin de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats de la CSCE (Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe) qui devait se tenir à New York les 1er et 2 octobre 1990 et lors de laquelle les Etats devaient prendre position sur le traité "2 + 4". C'est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral de RFA s'était exprimé publiquement en faveur de toute date d'adhésion qui se trouverait après le 2 octobre.
Au début de cette séance extraordinaire, vingt représentants du groupe parlementaire CDU/DA (Demokratischer Aufbruch) avaient déposé une requête proposant de décider lors de la séance du 9 octobre d'une adhésion le 14 octobre. Mais un argument symbolique fort jouait en défaveur de cette date : la majorité des représentants de la Chambre du peuple, de même que la scène politique ouest-allemande, ne voulaient pas fêter un 41e anniversaire de la RDA. L'adhésion devait donc avoir lieu avant le 7 octobre 1990.
Au fil des discussions de cette séance nocturne et avec ces deux dernières contraintes en tête (après le 2 et avant le 7 octobre), des voix se sont exprimées en faveur du 2 octobre, pour une adhésion la plus rapide possible. Mais pour laisser le temps à Hans-Dietrich Genscher, ministre des Affaires étrangères, de rentrer de New York, le 3 octobre a finalement eu la préférence.
Tout au long de cette séance, Gregor Gysi, chef du groupe parlementaire du PDS, a tenté de repousser à une prochaine séance le moment où les représentants arrêteraient une date susceptible de remporter la majorité des voix, mais en vain. Après de nombreuses interruptions de cette séance extraordinaire pour permettre aux différents groupes de se concerter, de discuter, de changer d'avis, une requête commune des groupes parlementaires de la CDU/DA, du FDP, du SPD ainsi que de la DSU proposant une adhésion le 3 octobre fut votée et remporta une écrasante majorité des voix (294 "oui" sur 363 voix, 62 "non" et 7 abstentions). A deux heures trente du matin le 23 août, la présidente de la Chambre du peuple pouvait annoncer ce résultat définitif.
Une fois la date du 3 octobre votée par la Chambre du peuple, et après s'être assuré qu'aucun événement tragique dans l'histoire allemande ne s'était produit un 3 octobre, le chancelier Helmut Kohl proposa de faire de cette date la fête nationale allemande. Cette idée remporta l'adhésion des chefs des gouvernements des différents Länder de l'Ouest, aussi la proposition fut-elle ajoutée dans le traité d'unification : le deuxième paragraphe de l'article 2 du traité stipule que le "3 octobre, Jour de l'Unité allemande, sera une fête légale" (« Der 3. Oktober ist als Tag der Deutschen Einheit gesetzlicher Feiertag », Einigungsvertrag, art. 2). Le traité d'unification de l'Allemagne fut ratifié par le Bundestag et la Chambre du peuple le 20 septembre 1990 - et le choix du 3 octobre ainsi accepté par les députés des deux Allemagnes - puis signé le 31 août 1990 par Wolfgang Schäuble pour la RFA et le secrétaire d'Etat Günther Krause pour la RDA.
La fête nationale allemande est donc un événement "fabriqué" dans un contexte politique particulier, ce qui est l'un des facteurs expliquant la distance avec laquelle la population allemande célèbre cet événement. Les commémorations du 3 octobre dans les vingt années qui ont suivi le choix de cette fête nationale le confirment : cette fête nationale constitue finalement plus un bilan de l'unification qu'un "Jour de l'Unité allemande".
Note
[1] En mémoire des événements de 1953, une rue du centre de Berlin-Ouest porte le nom de "rue du 17 juin". Elle traverse le Tiergarten d'est en ouest, de la Porte de Brandebourg à la Ernst-Reuter-Platz.
Quelques références bibliographiques
Laitenberger, Birgit et Bassier, Maria. Wappen und Flaggen der Bundesrepublik Deutschland und ihrer Länder: Allgemeine Einführung in die Staatssymbolik einschließlich Hymnen, Feier- und Gedenktage. Köln, Berlin, Bonn, München : Heymanns, 2000.
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Wolfrum, Edgar. Geschichtspolitik in der Bundesrepublik Deutschland: der Weg zur bundesrepublikanischen Erinnerung 1948-1990. Darmstadt : Wiss. Buchges., 1999.
Pour citer cette ressource :
Myriam Renaudot, Le 3 octobre comme fête nationale : histoire d’un choix, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), septembre 2011. Consulté le 24/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/allemand/civilisation/histoire/la-reunification/le-3-octobre-comme-fete-nationale-histoire-d-un-choix