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Le couple Obama incarnation de l'American Dream ?

Par Pierre-Marie Loizeau : Maître de conférences - Université d'Angers
Publié par Clifford Armion le 29/03/2010

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En novembre 2008, Barack Obama a fait un triomphe auprès des minorités et plus particulièrement auprès de la communauté noire. Mais il n'est pas le seul Obama. Son épouse Michelle bénéficie aussi d'une grande popularité, auprès des femmes et chez les Afro-Américains auxquels elle s'identifie pleinement. Figure icônique, elle est modèle et miroir. Mais au-delà des qualités individuelles propres de ces deux personnages hors du commun, c'est bien le couple présidentiel qui fait vibrer l'Amérique. Cette union, par ses différences et ses complémentarités, son exemplarité et l'image du bonheur qu'il inspire, incarne bel et bien le rêve américain.

Introduction

En tant qu'institution, la présidence est un symbole national puissant, chargé d'histoire, elle est l'emblème du pouvoir et incarne "l'âme" du pays. En tant que chef d'état, le président représente la stabilité et la souveraineté. Lorsqu'il s'installe au pouvoir, il succède à son aîné avec un souci de continuité, un peu comme un prince hérite de la monarchie que lui lègue son père. La marque identitaire présidentielle transcende les contingences politiques et ne subit qu'une lente évolution. La Maison Blanche n'aime guère la brutalité du changement, facteur de fragilisation. C'est pourquoi, comme le rappelait Gary Wills durant la première campagne de Bill Clinton, le profil du chef de l'exécutif américain est prioritairement resté conforme au modèle WASP depuis George Washington: "a white male, married protestant, middle to upper class, with children and dogs. he comes straight out of central casting. the exceptions only underline the rule. one bachelor (Buchanan). One Catholic - and not till 1960. No divorced man till 1980. No woman, Jew or African American." (1992, 6) Jusqu'à novembre 2008, l'axiome enseigné dans toutes les écoles américaines selon lequel "anyone can grow up to be President of the United States." ne s'était pas vraiment vérifié. Mais malgré un conservatisme politique certain, la société américaine n'est pas une société fermée. Le débat social ne cesse d'explorer les idées neuves et d'ouvrir de nouveaux horizons. L'espace présidentiel ne peut se soustraire à cette évolution. L'élection du premier président de couleur en a été la meilleure preuve.

Candide et CassandreCandide et CassandreUn autre élément important de la présidence américaine, longtemps passé sous silence, est celui de la place de la First Lady: "Woman as decoration," (Gutin, 1989, 60) ou bien femme politique à part entière; discrète, voire invisible, ou femme publique parfois controversée, ou encore idolâtrée comme une rock star, elle laisse rarement indifférent. Les descriptions diverses et divergentes reflètent la variété des personnalités et la complexité des rôles soumis à l'évolution des changements sociaux, notamment de la place des femmes dans la société. La Première Dame joue en effet un rôle symbolique puissant dans la communauté féminine. La presse a aussi contribué à faire d'elle une personne de tout premier plan et son influence est de plus en plus marquée en politique. Elle fait partie intégrante de l'équipe présidentielle et le peuple ne tolèrerait qu'une First Lady demeure effacée ou inactive.

Ce sont donc bien deux personnes qui entrent à la Maison Blanche tous les quatre ans. Bien que non élue, la Première Dame influe inévitablement sur le verdict des urnes. Son indice de popularité est un des facteurs clés de la victoire de son mari. Un président célibataire ne saurait se faire élire aujourd'hui. Le couple présidentiel répond à un désir populaire. Il revêt une dimension idéale et morale à laquelle le peuple aime se rattacher. Malgré le cynisme d'une société et d'une époque de plus en plus gagnées par la recherche du plaisir futile et instantané, le couple présidentiel est perçu comme un symbole identitaire national très fort, une valeur sûre de l'Amérique... Il occupe toute sa place dans la symbolique du rêve américain, ou des rêves américains, qui ont reflété ou formé l'identité de la nation depuis les premiers colons.

1. A skinny kid with a funny name

Il semble qu'une ère nouvelle ait vu le jour avec l'arrivée au pouvoir de Barack Obama en janvier 2009. Ce jour a indiscutablement marqué voire bouleversé la vie politique américaine. Un président noir à la Maison Blanche? Peu de gens y croyaient encore en 2004 lorsque le républicain George W. Bush fut reconduit à la tête du pays. C'est pourtant durant la campagne de 2004 qu'un jeune noir, âgé de 43 ans, candidat au sénat américain, fit une apparition remarquée -doux euphémisme- à la convention démocrate de Boston en juillet. Jusqu'alors inconnu du public américain, si ce n'est des citoyens de l'Illinois, son état d'adoption, Barack Obama galvanise la foule de délégués littéralement sous le charme. Grand, élégant, brillant orateur, il impressionne le public par son apparente décontraction et sa capacité à communiquer un message politique clair et rassembleur. "There's not a liberal America and a conservative America, there's the United States of America." A un moment où la guerre en Irak commençait à diviser le pays, cet appel à l'unité exprimait une nouvelle vision, une plus grande cohérence et surtout un besoin de redonner à la nation tout son dynamisme et à son peuple son traditionnel optimisme. Son discours, intitulé "The Audacity of Hope," le catapulte vers la célébrité:

I'm not talking about blind optimism here -- the almost willful ignorance that thinks unemployment will go away if we just don't talk about it, or the health care crisis will solve itself if we just ignore it. No, I'm talking about something more substantial. It's the hope of slaves sitting around a fire singing freedom songs; the hope of immigrants setting out for distant shores; the hope of a young naval lieutenant bravely patrolling the Mekong Delta; the hope of a millworker's son who dares to defy the odds; the hope of a skinny kid with a funny name who believes that America has a place for him, too. Hope in the face of difficulty. Hope in the face of uncertainty. The audacity of hope.

Ce discours servira ensuite de point de départ à son livre (Obama, 2006) qui en développera l'argumentaire et en empruntera jusqu'au titre. Indiscutablement, le "phénomène Obama", comme ne cessèrent alors de le proclamer commentateurs, historiens et analystes politiques dans tous les médias nationaux, est né ce soir du 27 juillet 2004.

Quatre ans plus tard, c'est la consécration. Le 20 janvier 2009 voit l'investiture du 44ème président des Etats-Unis. Le premier noir élu aux plus hautes fonctions du pays prête serment sur la même bible que son illustre prédécesseur Abraham Lincoln en 1861. Le symbole est puissant par sa portée historique. De l'esclavage à la présidence, c'est toute l'histoire du pays qui défile devant un peuple réconcilié. Une émotion extraordinaire se lit sur les visages des spectateurs. Mais c'est surtout au sein de la population noire que jaillit un incommensurable sentiment de fierté. Quelle victoire en effet, quelle reconnaissance pour ces millions d'Africains-Américains dont les ancêtres au milieu du 19ème siècle étaient encore exclus de la citoyenneté et du droit de vote et avaient encore le statut constitutionnel de 3/5ème d'existence humaine ((La plupart des  rédacteurs de la Constitution  étaient eux-mêmes  propriétaires d'esclaves et ne croyaient pas en l'égalité raciale. Pour des raisons purement politiques et financières, et non par souci de justice sociale,  concept très équivoque à l'époque, un compromis fut trouvé entre les états du nord et du sud afin de régler les questions de représentation et de taxation des états. Il fut alors inscrit dans la constitution américaine que chaque noir correspondrait aux 3/5èmes d'une personne dans le recensement de la population de chaque état. L'Article 1, Section 2, stipulait que: "The House of Representatives shall be composed of Members chosen every second Year by the People of the several States . . . Representatives and direct Taxes shall be apportioned among the several States which may be included within this Union, according to their respective Numbers, which shall be determined by adding to the whole Number of free Persons, including those bound to Service for a Term of Years, and excluding Indians not taxed, three fifths of all other Persons." (c'est moi qui souligne) http://www.white-history.com/hwr52.htm)) ! Leurs sacrifices et leurs rêves semblent trouver en ce jour une résonance extraordinaire. Comme en témoigne le Pasteur T. D. Jakes, à la tête de l'église Potter's House de Dallas, le moment est vraiment historique: "My great-grandmother, who sat with me as a child, was born a slave. She died in Mississippi not seeing massive change, as did my parents and grandparents. I can't believe that I was chosen, left here alive, a witness to history (("Personal reflections on a historic moment." USA Today. 20 janvier 2009. http://www.usatoday.com/news/opinion/personal-reflections.htm))." Cette investiture apparaît comme "a moment of healing," une guérison pour tous ceux qui ont rêvé de voir la diversité sans cesse croissante de l'Amérique représentée au plus haut niveau.

L'élection de Barack Obama est bien plus que la consécration d'un homme. C'est le rêve de tout un peuple qui se réalise.

2. Michelle : Le Miroir

La campagne de 2008 fut aussi l'occasion de découvrir l'épouse de Barack Obama, Michelle. Elle non plus ne laissa indifférents les observateurs politiques et médiatiques qui notèrent d'emblée le rôle éminemment précieux qu'elle jouait auprès de son mari candidat. "Barack's Rock" titrait Newsweek, reprenant la métaphore maintes fois utilisée par le futur président à l'égard de Michelle (Wolffe, 2008). Avec son homologue Cindy McCain, ce furent deux conceptions du rôle de First Lady qui se profilèrent. L'épouse du candidat républicain s'inscrivait dans un univers très traditionnel, dans le sillage de Mamie Eisenhower, Nancy Reagan ou Laura Bush. Elle annonça à plusieurs reprises qu'elle n'occuperait pas de place politique dans l'administration de son mari. Déjà à la tête de plusieurs organisations, elle poursuivrait ses missions à vocation sociale et humanitaire mais n'interviendrait en aucune façon dans les affaires politiques si son mari était élu. Elle se cantonnerait donc dans un rôle plus conventionnel de représentation auprès du président et de "homey hostess", épouse attentionnée et bonne maîtresse de maison.

A l'opposé, Michelle Obama apparaît comme une force politique à part entière, s'inscrivant par là-même, toutes proportions gardées, dans le modèle mis en place par Rosalyn Carter ou Hillary Clinton. Comme son mari, elle est jeune, 44 ans, belle, grande, intelligente, diplômée de Princeton et Harvard. Pour se lancer dans la campagne de son mari, elle a accepté de se mettre en congé du poste prestigieux de vice-présidente de l'Hôpital universitaire de Chicago, pour lequel elle recevait un salaire substantiel de 300.000 dollars l'année. La "Jackie Kennedy noire," comme l'ont désignée de nombreux médias américains mais aussi étrangers, fait la une des magazines ((Parmi les plus célèbres couvertures, citons Vogue (mars 2009), US Weekly (juin 2008), Ladies Home Journal (septembre 2008), Ebony (septembre 2008), More (octobre 2008), Essence (Janvier 2009), New York (Mars 2009), O (avril 2009), Glamour (novembre 2009).)). La représentation iconographique est abondante et souligne tout le charme, la grâce, et l'élégance de Michelle Obama. Même Vogue accepte de faire sa couverture avec une femme noire, ce qui est très rare. Vêtue d'une robe magenta sans manche, elle y dévoile ses longs bras d'athlète que les médias semblent exploiter comme trait pertinent de la First Lady et rien de moins qu'un "symbole de la puissance américaine" (Dowd, 2009) ((Les bras dénudés de Michelle Obama ont déclenché de nombreux commentaires dans la presse. Celle-ci a cherché à définir le sens de cette exposition, entre liberté, scandale ou simple goût vestimentaire personnel. Robert Givhan du Washington Post les a qualifiés de "Post Title-IX arms." (Givhan, 2009))). "America icon," "glamorous model," "gorgeous," "beautiful," "graceful," "altogether brilliant," etc., etc., autant de qualificatifs flatteurs, parfois même exagérés, qui reflètent l'aura de célébrité qui a accompagné l'épouse du candidat et qui se poursuit avec l'épouse du président.

Le phénomène n'est pas nouveau. D'autres First Ladies ont bénéficié de ce sentiment d'exaltation populaire. Jackie Kennedy, "queen of elegance," (Noonan, 1996, 33) "elegant pop-art princess" (Ingrassia, 1994) n'était pas la première non plus. Dès le 19ème siècle, les femmes de présidents se distinguèrent comme modèles de séduction, inspiratrices de mode et de tendances. Dolley Madison, "the Queen of Hearts," faisait sensation avec ses chaînes en or, ses coiffures affriolantes et son célèbre turban de satin orné de plumes d'oiseau de paradis. Son maquillage se voulait aussi ostentatoire que l'opulence de sa silhouette dans ses robes à taille haute et au décolleté profond: "She rouged her cheeks like a jolly jezebell," écrit Naomi Barry (1989, 234). Le New York Herald conféra à Julia Tyler le titre de "Lovely Lady Presidentress," clin d'œil à la glorieuse Dolley mais aussi caractéristique de la fascination exercée par sa beauté exubérante durant les Fabulous Forties qui marquèrent la période antebellum. On la nommait aussi "the Rose of Long Island." La presse et le tout-Washington appelaient la très séduisante Elizabeth Monroe "Queen Elizabeth" qui était aussi connue comme "la Belle Américaine" lors de ses voyages en France. La jeune et gracieuse Harriet Lane, qui n'avait que 27 ans lorsque son oncle célibataire James Buchanan arriva au pouvoir et la recruta comme hôtesse de la Maison Blanche, devint très vite la coqueluche de Washington et gagna le cœur des Américains. Selon un député, "White House functions rose to their highest degree of elegance." (Watson, 110) Dans une société qui louait de plus en plus beauté et jeunesse, elle symbolisait la femme modèle et, comme Dolley Madison, inspira fortement la mode féminine. "Her preference for wide, lacy collars and full, stiff skirts soon dictated fashion across America. . . . [The . . .] young, beautiful, vivacious Harriet Lane was received by Washington as a welcome breath of spring." (Skarmeas, 1995, 26). Il y eut aussi Frances Cleveland, Grace Coolidge, Mamie Eisenhower, ou Nancy Reagan que le couturier James Galanos décrivit comme "the glamorous paragon of chic" (Bennetts, 1981, 6K)... Elles réussirent, à divers degrés certes, à séduire et donner le ton à la nation en matière d'élégance, de grâce et de distinction ((A cet égard, il faut mentionner l'existence caractéristique d'une exposition leur étant entièrement consacrée dans une galerie de la célèbre « Smithsonian Institution » de Washington D. C. Le « First Ladies Hall » rassemble toute une collection de robes, bijoux, éventails, chaussures qu'elles ont portés pour les grandes circonstances comme l'investiture de leur mari ou les différents galas et soirées mondaines de la Maison Blanche. La collection a débuté en 1912 grâce à Cassie Myers James et Rose Gouveneur Hoes, deux grandes admiratrices des Premières Dames, qui voulaient mettre en valeur leurs somptueuses tenues de cérémonie et les conserver au titre du patrimoine national. Symboliquement, elles cherchaient aussi à livrer au public une image concrète de ces « role models » et encourager chacun à devenir un bon citoyen. Fermé pendant plusieurs mois pour cause de rénovation, le musée a rouvert en septembre 2008 et la collection est de nouveau accessible au public. Plus récemment, une autre exposition du même type, bien que plus restreinte, s'est tenue à la National First Ladies' Library, à Canton, Ohio (2009). Noter aussi le livre de Mandi Norwood, "Michelle Style: Celebrating the First Lady of Fashion.")).

Mais la beauté ne peut se réduire aux seuls canons éphémères de l'esthétisme lié à telle ou telle époque. Pour séduire, la Première Dame doit aussi offrir une image de femme sensible et sentimentale dans la perception du public. Elle touche le cœur peut-être plus que l'esprit. On ne la veut pas essentiellement rationnelle et douée d'une intelligence supérieure, ce qui en l'occurrence ne constitue pas un handicap, mais cela est plutôt une faculté exigée pour le mari, l'élu. Betty Ford fit remarquer un jour que "si l'Aile Ouest était l'esprit de la nation, alors l'Aile Est en était le cœur." (Rosebush, 1987, 38) Margaret Truman confirme ces propos:

Simply by being there, creating, as Martha Washington did, the tone, the emotional aura of a president's administration, the First Lady reminds us that the American politics has been different from the start. It has always recognized the need to win hearts as well as minds. (1995, 354)

L'image de séduction n'est pas seulement politique. La Première Dame doit plaire parce qu'elle est une femme et on ne tolèrerait pas qu'elle apparaisse négligée ou sans grande beauté. Elle ne doit pas être une personne quelconque. Entre la reine du raffinement et Madame-Tout-le-Monde, elle doit trouver sa place et tenir le rang qui est le sien: Première Hôtesse de la Nation.

C'est bien le rôle que tient Michelle Obama et qui lui vaut un grand succès, notamment auprès des femmes. Elle apparaît en effet comme le modèle à suivre, l'image rêvée d'une femme à double responsabilité, à la fois suprême et commune, souveraine et accessible. Les femmes s'identifient à elle. Malgré le décalage que crée inévitablement le statut de First Lady, il se crée un rapport de sororité, de solidarité. Perçue comme un modèle, elle se fait aussi miroir de la communauté féminine. En effet, comme l'écrit Samantha Critchell, "women see themselves in Michelle Obama's mirror." (2009). Mais c'est peut-être dans ses choix vestimentaires et ses mises les plus ordinaires, au-delà des couvertures de magazines et des réceptions mondaines, que se révèle la véritable First Lady et qu'elle symbolise la femme américaine libérée. "Sometimes she gets it right and sometimes she gets it wrong, but we don't mind because we all get it wrong sometimes. I think she's appropriate for her age and her physical body and for her position. I think she's breaking through a glass ceiling..." La norme du protocole perpétuel semble abandonnée. Michelle brise le "plafond de verre" qui enfermait la First Lady dans un rôle de représentation et la forçait à jouer les belles princesses. Cette aspiration à la liberté et l'indépendance ne remet pas en cause son rôle de First Lady, qui lui tient à cœur, au contraire elle le renforce. Elle exprime juste une évolution sociale qu'elle authentifie en tant que femme de président. "It's more comfortable for me to be Michelle than it is for me to be the first lady" confie Michelle. "And I think I am a better first lady when I'm Michelle than when I'm somebody else that is in a magazine." (Critchell, 2009)

Betty Friedan soutient que la "seconde Révolution américaine" a eu lieu à partir des années 1960, tandis que les femmes se jetèrent dans la lutte pour les droits civiques et les droits des femmes, à la poursuite de l'"American Dream": liberté et justice pour tous, hommes et femmes. C'est bien cette révolution silencieuse qui se met en place peu à peu et que Michelle Obama incarne aujourd'hui. Les femmes sont plus instruites, plus présentes économiquement et plus actives sur la scène politique qu'il y a vingt ou trente ans. Elles ont gagné en confiance. Dans leur diversité, elles forment un bloc solide et puissant que Michelle Obama, par la multiplicité et la complexité de son image, sans oublier la tonicité de ses bras, ne cesse d'affirmer.

3. L'avènement du couple présidentiel

Mais le tableau ne se limite pas aux portraits séparés des deux membres du couple présidentiel. Il existe bel et bien une image familiale, cultivée avec soin, mettant en scène nos deux protagonistes dans un rôle composite où s'estompe souvent la ligne de démarcation entre vie publique et vie privée. Les mariages, qu'ils soient présidentiels ou non, ont une dimension singulière, fragile ou volatile qui interdit toute modélisation générique. Au cœur de l'institution, le constat ne diffère pas. L'histoire révèle d'énormes disparités au fil des administrations. La Maison Blanche a en effet connu des mariages réussis, d'autres moins. Mais peut-on vraiment établir une définition du "mariage réussi"? Le couple Truman, souvent présenté comme un modèle du bonheur familial, a connu de grandes tensions durant son passage à la Maison Blanche. Inversement, leurs successeurs semblent y avoir surmonté leurs multiples problèmes conjugaux (infidélité de Ike/alcoolisme de Mamie). De plus, il n'existe pas de véritable corrélation entre la cohésion d'un couple présidentiel et la qualité d'un mandat. Les frasques de Bill Clinton ont pu certes écorner temporairement son image mais n'ont pas fondamentalement mis en péril ses stratégies politiques ou son statut de Chef de l'Exécutif.

"Buy one, get one free" proclamait le candidat Clinton durant sa campagne présidentielle de 1992. "If you elect Bill, you get me" lui répondait en écho une Hillary pétillante et déterminée à ne pas jouer les seconds rôles. L'avènement présidentiel ponctua alors le succès de "l'entreprise Clinton", du composé "Billary." D. Herbert Lipson écrivit ironiquement: "With Bill Clinton, we truly elected the First Couple." (1993, 1) Ce concept de partenariat présidentiel s'est développé parallèlement à l'évolution de la presse. Bien que celle-ci ne l'ait pas directement "fabriqué", elle a largement contribué à sa recon-naissance. Dans un monde dominé par l'omniprésence des médias, Le "First Couple" est un produit de la culture médiatique.

C'est surtout au niveau politique que cette création est la plus remarquée. L'idée de "team presidency" mise en avant par le couple Clinton n'est pas si nouvelle. Un examen des rôles politiques tenus par les Premières Dames montre qu'elles sont nombreuses à avoir exercé une influence politique. En témoignent les accusations et les quolibets à leur égard: "Mrs. President" (Abigail Adams), "90% of the administration" (Grace Coolidge), "President-in-fact" (Edith Wilson), "Empress Eleanor" (Eleanor Roosevelt), pour ne citer que quelques exemples de ces unions perçues comme des coprésidences et dénoncées par certains comme "petticoat government," traduisant ainsi l'ingérence du domaine privé dans la sphère publique. L'article II, section 1 de la Constitution stipule clairement que "the executive power shall be vested in a president of the United States of America." (C'est moi qui souligne). Aucun partage n'est donc possible dans l'exercice du pouvoir exécutif. L'idée de coprésidence que laisse planer la notion de couple présidentiel engendre alors une confusion. En outre, l'absence de définition du rôle de la Première Dame ouvre la voie à toutes les interprétations, contradictoires ou incohérentes, et donne libre cours à la controverse. En fait, l'exercice politique de la dualité présidentielle doit garder une certaine discrétion. Sinon, une influence trop explicite de la Première Dame s'assimile à une usurpation de pouvoir. L'histoire montre d'ailleurs que les Premières Dames les plus discrètes n'étaient pas forcément les moins influentes.

L'art de la diplomatie ou du langage diplomatique fait partie intégrante du fonctionnement du couple présidentiel. Prudente et avisée, Sarah Polk débutait souvent ses phrases ainsi: "Mr Polk believes ..." (Fields, 1994, 35) Même Hillary Clinton, pendant ses démêlés judiciaires, se réfugiait adroitement derrière son mari: "My husband and I believe..." ou bien "the president believes..." (Jong, 1996, 3) Rosalynn Carter employait régulièrement un registre familier: "Jimmeh thinks...," "Jimmeh feels...," "Jimmeh says..." (Troy, 1997, 256) Inversement, ce recours à la valorisation du couple, ou de l'autre au sein du couple, peut être à l'initiative du président lui-même, notamment dans un contexte de popularité peu favorable. George Bush Sr., par exemple, dont l'épouse discrète sans être effacée n'a jamais cessé d'être plébiscitée par les Américains, savait faire valoir la présence de sa chère "Barbara." Les formules comme "Barbara and I care...." lui permettaient, sinon d'échapper à la critique, du moins d'en atténuer la virulence. Après ses révélations d'adultère à la nation en août 1998, Bill Clinton montra aussi de manière emphatique la proximité de "Hillary" dans sa communication, sans doute pour invoquer son pardon et aussi certainement pour "rassurer" le peuple américain: "Hillary and I, we're doing fine. We're working on what we need to be working on, and we're doing fine." (Harris, 1998, A20). La récurrence du pronom personnel "we" comme recours à la normalité après une situation privée et publique embarrassante, est symptomatique de l'exigence du couple présidentiel. Il arrive pourtant, provisoirement, que toute référence au couple soit proscrite afin de ne pas compromettre la popularité du partenaire. Ce fut le cas encore avec Mrs. Clinton pendant les primaires de 1996. "Gone were the pronouns 'we' and references to 'Bill and Hillary.' There were no more hints that she might serve in the Cabinet." (Brock, 1996, 267)

4. Candide et Cassandre

Le couple Obama diffère-t-il de ses prédécesseurs? Le statut et la fonction même du président, mais aussi la présence nécessaire de son épouse, son action, ses causes, rapprochent immanquablement l'expérience de la famille Obama de celle des précédents locataires de la Maison Blanche. De la lutte contre la drogue chez les jeunes (Nancy Reagan et son programme "Just Say No") à l'action menée par Michelle Obama contre l'obésité, il existe bien un certain continuum nécessaire à la stabilité de l'institution qui rejaillit sur la nation tout entière. Par ailleurs, les impératifs politiques et gouvernementaux demeurent primordiaux, ce qui entraîne nécessairement une normalisation des comportements, qu'il s'agisse des obligations protocolaires et diplomatiques, d'un emploi du temps minuté, une communication soignée, le tout afin de conforter l'image présidentielle. Vivre à la Maison Blanche ne laisse guère de place à l'initiative personnelle ou à l'improvisation. L'image du couple présidentiel, que perpétue le couple Obama, est inexorablement soumise aux lois de la popularité que dicte, en partie, la presse. Les difficultés rencontrées par Barack Obama après un an de mandat ont quelque peu refroidi l'enthousiasme de ses admirateurs/électeurs de novembre 2008. Pour autant, l'effet Obama s'est-il soudain volatilisé avec un indice de popularité en baisse?

S'il est un indice positif qui lui ne varie pas aux yeux du public américain, c'est celui de la relation entre les deux époux. Si les nuages s'accumulent à l'horizon politique, la solidité du couple présidentiel demeure un "role model" exemplaire. L'image de Barack et Michelle continue de séduire le plus grand nombre à une époque où l'absence de tels modèles se fait cruellement sentir dans la société américaine. C'est sûrement l'un des aspects les plus importants de la présidence et pourtant peu mis en avant hormis les traditionnels reportages de propagande ou de la presse "tabloïd." A y regarder de plus près, il est aisé de déceler dans ce couple des attitudes que peu de couples présidentiels ont adoptées avant eux. Dans leurs interviews télévisées, comme l'ont montré les émissions 60 Minutes ou Good Morning America, l'homme et la femme parlent d'égal à égal. Quand Michelle s'exprime, Barack ne se contente pas d'écouter, il la regarde avec un intérêt non dissimulé. Quand il parle, elle aussi prête une oreille très attentive. A-t-on jamais vu George W Bush parler ou même écouter Laura sur un plateau de télévision? A-t-on jamais entendu cette dernière exprimer son désaccord, pourtant bien réel, avec son mari sur les droits des femmes? Non, Laura Bush, comme beaucoup de First Ladies avant elle, semblait muselée et contrainte d'afficher en permanence le sourire figé de l'épouse présidentielle -trop- parfaite. Son attitude semblait emboîter le pas aux propos de l'ancien président Richard Nixon: "If the wife comes through as being too strong and too intelligent, it makes her husband look like a wimp." (Wills, 1992, 10). Mrs. Nixon, que les médias avaient surnommée Plastic Pat, faisait figure de potiche, contrainte à l'effacement et au retrait, visiblement déconnectée de la nation et insensible aux préoccupations politiques et sociales du moment. Son attitude correspondait assez bien aux protagonistes du roman d'Ira Levin, The Stepford Wives, où la femme robotisée réprime son identité au profit du tout-puissant mari. "I blame the President's side of the White House for making her a nothing," s'indigne l'historienne Betty Boyd Caroli (Wilhelm, 1987, 100). Le regard amoureux, voire extatique, de Nancy Reagan envers Ronnie fut également l'objet de nombreux commentaires dans la presse, le plus souvent sur un ton ironique. "The Gaze" s'accompagnait en effet d'un sourire d'adoration qui confinait à la béatitude. Ce qui différait de l'attitude des Obama, c'était l'absence de réciprocité. L'intérêt semblait à sens unique. En fait, il n'est guère d'exemples dans l'histoire présidentielle où l'on voit le président poser le même regard sur sa femme ou prêter une attention aussi soutenue à ses propos. Or le couple Obama semble briser cette tradition avec naturel et spontanéité. On les voit facilement rire l'un de l'autre et on devine aisément, mais sans effet d'ostentation, leur attraction mutuelle. "Contrast that with other presidential marriages," remarquent Kathlyn et Gay Hendricks, "in which the sexual attraction to each other was not visible but their sexual attraction to others became highly visible!" Or une étude approfondie du "langage corporel" des Obama montre sans équivoque deux personnes qui communiquent d'égal à égal et se révèlent comme de vrais partenaires, empreints de "respect, d'affection et d'authenticité." (Hendricks, 2010)

Mais c'est surtout vis-à-vis de la communauté noire que le couple Obama suscite une grande admiration. Lorsque Barack a été taxé d'élitisme culturel par un commentateur, Michelle est alors intervenue en faisant référence à ses origines sociales modestes de la classe ouvrière à Chicago. C'est aussi elle qui permet à Barack de tenir un discours crédible et assuré sur les valeurs familiales malgré les vicissitudes qui ont émaillé son expérience personnelle (abandon de son père et celui, partiel, de sa mère). Lorsqu'il déplore l'absence trop fréquente des pères dans la culture familiale noire (abandons, fuites, divorces), malgré ses propres insuffisances liées aux pressions de la vie politique, sa parole n'est nullement remise en cause car "Michelle et lui ont réussi à donner solidité et stabilité à leur foyer." (Mundy, 2009, 22) Ainsi, le couple Obama est véritablement perçu comme un modèle au sein de la communauté africaine. Or la force de ce modèle, c'est qu'il réside dans la sphère du possible, du réalisable. La proximité culturelle des Obama, du fait de leur couleur de peau mais aussi de leurs origines et de leurs parcours respectifs, a valeur d'espoir pour de nombreux Afro-Américains. Leur pouvoir de séduction est certainement accru par la présence de Michelle dont l'histoire personnelle représente une histoire typiquement afro-américaine.

Pur produit du South Side, issue de la classe ouvrière, elle a bénéficié de la mobilité qui a accompagné la fin de la seconde guerre mondiale et de l'émancipation noire inspirée par le mouvement des droits civiques. Mais cela aurait sans doute été insuffisant sans ses propres qualités. Intelligente et courageuse, dotée d'une forte personnalité et d'un tempérament de feu, Michelle a partagé l'ambition de son mari et contribué à sa réussite. Parfois victime de sa franchise et de sa causticité, elle a néanmoins joué un rôle essentiel dans la victoire de électorale de 2008. Barack le reconnaît volontiers en admettant qu'il lui doit son ancrage dans la réalité américaine, particulièrement celle de la minorité noire. S'il appelle Michelle son "rocher," c'est bien le sens qu'il confère à cette expression, comme une forme de gratitude.

Leur succès est dû aussi à ce sentiment de complémentarité qui transparaît en permanence. "Direct and plain-spoken, with an edgy sense of humor uncommon in a political spouse, she complements her husband's more grandiose style... If his loftiness can set him apart from the crowd, her bluntness draws them in." (Wolffe, 2008) Comme l'affirme Liza Mundy dans la biographie consacrée à la First Lady, "Michelle sera toujours Cassandre là où son mari est Candide." (2009, 31) Barack dégage une puissance intellectuelle, une présence physique impressionnante qui participent de son charisme, de son charme et de son succès populaire, mais ses propos consensuels surtout pendant la campagne présidentielle, ou trop abstraits, analysant les problèmes avec une grande complexité, l'ont rendu/le rendent parfois insaisissable ou imperceptible. Michelle est tout le contraire. Son franc-parler et son humour viennent humaniser l'image parfois trop élusive de Barack.

Michelle s'identifie profondément à l'expérience des Noirs, comme en témoigne sa thèse de sociologie à Princeton, université alors peuplée presque exclusivement de riches étudiants blancs, dans laquelle elle écrivit "it often seems as if, to them, I will always be Black first and a student second." (Wolffe, 2008) A Harvard, elle éprouva le même sentiment. Alors emportée par la passion, il lui est arrivé d'exprimer la colère d'un peuple face à l'héritage de l'oppression, de la discrimination, du racisme. Lorsque les sondages montrèrent que les démocrates se ralliaient à son mari durant la campagne, elle déclara dans un discours à Milwaukee, Wisconsin, le 18 février 2008: "People in this country are ready for change and hungry for a different kind of politics and ... for the first time in my adult life I am proud of my country because it feels like hope is finally making a comeback." ((http://www.youtube.com/watch?v=7WNGjawtP48&feature=related)) (C'est moi qui souligne) S'en est suivi un tollé dans les milieux conservateurs qui fustigèrent son manque de patriotisme et de reconnaissance pour une nation qui lui avait justement permis d'accéder à une vie professionnelle confortable. Certains medias la définirent alors comme "la millionnaire la plus malheureuse de l'Amérique," le stéréotype de la femme noire toujours en colère, anti-blancs, influencée par le mouvement "Black Separatism." Ils la surnommèrent "Mrs. Grievance" (Mme Doléances/The National Review) ou "Obama's Baby Mama" (Fox News). Or la réalité du discours se voulait tout autre. Loin d'une diatribe anti-américaine, son message exprimait sa fierté de voir que des milliers d'Américains jusqu'à présent peu enclins à la politique, se réunissaient maintenant en nombre pour construire un mouvement populaire en faveur du changement.

En quelque sorte, en raison de ses origines et de son empathie avec les laissés-pour-compte, Michelle incarne une certaine colère, un certain désarroi (Cassandre) en défendant une certaine Amérique alors que Barack représente davantage l'espoir comme le souligne son livre The Audacity of Hope. Mais cette bipolarité ne recouvre que partiellement l'identité réelle de ce couple. Car c'est ensemble qu'il faut les définir et non séparément. Ils partagent en effet un dialogue authentique sur les questions raciales, ethniques, sociales, en résumé, sur le sens de la vie en Amérique. Leur soif de changement et leur capacité de conviction les ont conduits à la Maison Blanche avec le succès que l'on sait.

Il est symptomatique que la caricature ne les ait pas épargnés non plus en tant que couple. La palme du mauvais goût est sans doute à remettre au magazine The New Yorker, pourtant classé comme progressiste, dans son édition du 21 juillet 2008. On y voit un portrait de Barack 'Hussein' Obama en terroriste musulman en compagnie de sa femme Michelle, coiffée façon afro telle une activiste des Black Panthers, munie d'une kalachnikov, dans le bureau ovale où un drapeau américain brûle dans la cheminée au dessus de laquelle est accroché un portrait de Ben Laden. La caricature avait soi-disant une fonction pédagogique destinée, selon la rédaction, à tourner en dérision les accusations douteuses et allusions grotesques des Républicains à l'encontre du couple Obama.

Ce que révèle toute cette agitation médiatique, caricaturale ou non, c'est bien l'intérêt que suscite ce couple présidentiel à la fois singulier et familier dans une Amérique au nouveau visage. Comme le déclara Michelle dans son adresse à la convention démocrate de Denver en septembre 2008:

Barack and I were raised with so many of the same values: that you work hard for what you want in life; that your word is your bond and you do what you say you're going to do; that you treat people with dignity and respect, even if you don't know them and even if you don't agree with them. And Barack and I set out to build lives guided by these values and pass them on to the next generation, because we want our children and all children in this nation to know that the only limit to the height of your achievements is the reach of your dreams and your willingness to work for them.

Au-delà même du couple, c'est la famille Obama qui séduit tant car il s'en dégage un bonheur communicatif. Avec les petites Malia et Sasha, joyeuses et sautillantes, c'est l'image simple d'un foyer comme l'aiment les Américains, pour qui rien n'est plus important que le plaisir d'être et de construire ensemble et d'assurer un avenir serein aux enfants. C'est bien là aussi une part du rêve américain qui est renvoyée symboliquement au public. Elle s'affiche en multicolore et invite toutes les classes sociales à y adhérer. Au fil des jours, elle gagne en force par son authenticité. A leur manière, les Obama font écho à John Winthrop qui sur le pont de son Arabella exhortait un groupe de pèlerins à créer une société idéale, pleine d'espoir et de promesses: "... wee shall be as a Citty upon a Hill, the eies of all people are upon us." (Miller & Johnson, 1963, 199) 

Références bibliographiques

Articles de presse :

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Livres :

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Pour aller plus loin

Caricature du couple Obama comme terroristes: http://www.bivouac-id.com/2008/07/14/un-magazine-qui-soutient-barack-h-obama-le-caricature-en-terroriste/

Sur le rêve américain :

EVEN, Martin. 2008. Obama - Le Nouveau Rêve Américain. Paris: Fayard.

KASPI, André, dir. 2000. New York 1940-1950. Terre promise et corne d'abondance : l'emblème du "rêve américain." Paris: Autrement.

SERINA, Guillaume. 2008. Barack Obama : le Nouveau Rêve Américain. Paris: Editions de l'Archipel.

 

Pour citer cette ressource :

Pierre-Marie Loizeau, Le couple Obama incarnation de l'American Dream ?, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mars 2010. Consulté le 23/12/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/civilisation/domaine-americain/le-reve-americain/le-couple-obama-incarnation-de-l-american-dream-