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La disparition des bisons des Grandes Plaines nord-américaines

Par Frédéric Moreau
Publié par Marion Coste le 14/05/2020

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Ce texte est la traduction du chapitre "The Vanishing New World", tiré de l'ouvrage ((Beyond Geography: The Western Spirit against the Wilderness)) de Frederick Turner. Dans cet extrait, l'auteur évoque le rapport des colons au bison, animal emblématique réduit à un trophée de chasse ou exploité de manière industrielle, au cours du 19ème siècle dans les Grandes Plaines nord-américaines.

Introduction

Frederick Turner est l’auteur d’une thèse dans le cadre du programme « Folklore and Folklife » de l’université de Pennsylvanie. Après avoir enseigné dans plusieurs universités américaines, il s’est tourné vers l’écriture. Auteur de six ouvrages, il s’est principalement intéressé à l’histoire américaine : il a notamment publié en 1996 une édition révisée et annotée de l’autographie du guerrier apache Geronimo, parue en 1906. Il est également l’auteur d’une biographie du naturaliste John Muir, Rediscovering America: John Muir in His Time and Ours (1985).

Beyond Geography: The Western Spirit Against the Wilderness, paru en 1980, s’interroge sur l’influence des mythes occidentaux, issus du christianisme, dans la conquête de l’Ouest. Selon Turner, la destruction des milieux naturels et des populations amérindiennes, orchestrée notamment par les grandes figures de la conquête du Nouveau Monde telles que Christophe Colomb ou Buffalo Bill, était symptomatique d’un mal-être spirituel.

Turner commence par examiner l’histoire du Proche Orient et la naissance du christianisme, qui aurait façonné la civilisation occidentale ; la thèse centrale de son ouvrage repose sur le fait qu’au XVème siècle, les occidentaux auraient perdu la ferveur initialement inspirée par le christianisme. Ce vide spirituel aurait été comblé par la conquête progressive des Amériques, menée par des pionniers et colons au nom du christianisme, et le développement de nouvelles technologies permettant d’exploiter de vastes territoires. Le deuxième chapitre, « Rites of Passage », retrace la conquête de l’Ouest et la pénétration de territoires vierges ; Turner y montre comment le mode de vie des colons et des pionniers a façonné l’identité américaine.

Pour certains critiques, cette étude de la soif de conquête et de domination des milieux naturels, vue par le seul prisme d’un malaise spirituel, aurait pu être accompagnée d’une analyse des effets destructeurs du nationalisme, de l’impérialisme et du capitalisme. L’ouvrage trouve cependant sa force dans l’analyse de l’impact environnemental de la conquête de l’Ouest : Turner décrit en détail la déforestation des territoires et ses conséquences, comme l’extinction du pigeon migrateur, ainsi que l’impact de la chasse intensive des bisons.  

L’extrait traduit ci-dessous est tiré du dernier chapitre « The Vanishing New World », dans lequel Turner analyse la spoliation des terres amérindiennes ainsi que l’impact de l’arrivée du chemin de fer sur l’environnement. Cet extrait traite plus particulièrement de l’exploitation des bisons par les colons : Turner détaille le passage au XVIIIème siècle d’une exploitation individuelle à une exploitation industrielle, facilitée par les innovations technologiques et l’arrivée d’armes à feu sophistiquées. Si cette chasse intensive a permis de développer le commerce de fourrures à grande échelle, elle a également contribué à la politique d’extermination des Amérindiens, en les privant de  précieuses ressources. L’exploitation des bisons fut telle que dès les années 1880, les troupeaux avaient disparu des Grandes Plaines.

 

BEYOND GEOGRAPHY: The Western Spirit against the Wilderness, by Frederick Turner

Copyright © 1980 by Frederick Turner.
Published by The Viking Press, New York, 1980.
Reprinted by permission of Brandt & Hochman Literary Agents, Inc.

 

Part three: Haunts, Chapter The Vanishing New World, pages 265 to 269

Traduites de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Moreau, avec la permission de Brandt & Hochman Literary Agents, Inc., et de l’auteur Frederick Turner.
Copyright © 2019 Frédéric Moreau pour cette présente traduction française.
 

Danse avec les Loups (1990), avec Kevin Costner.
Les Sioux découvrent, effarés, les carcasses de bisons, écorchés par des chasseurs blancs, jonchant la plaine.

[…] Et là, enfin, une dernière photographie prise alors que s’achevait la ruée vers l’Ouest. Elle montre un petit homme au beau milieu d’un espace ouvert jonché par ce qui semble être au premier abord des morceaux ou des débris de nature indéterminée. Il s’avère que ce sont des os de bison, et la destruction de cet animal, bien connue autant que déplorée, illustre bien ce que l’Amérique s’est vue infliger, comme on va le découvrir. Car si les références datées et chiffrées sont limitées, elles n’en sont pas moins suffisantes pour révéler toute l’ampleur de cette destruction.

Jusque tardivement au cours du 18e siècle, on trouvait en grand nombre des bisons dans les forêts qui s’étendaient à partir des rives orientales de l’Amérique du nord. Mais ainsi qu’on l’a vu, au milieu du siècle le bison sylvestre s’était raréfié, pour finalement disparaître de ces régions au tournant du siècle suivant, les chasseurs de Pennsylvanie exterminant les derniers au cours de l’hiver 1799-1800.

À l’époque, bien peu avaient eu connaissance des récits de Vaca et Coronado qui décrivaient les troupeaux rencontrés dans l’Ouest, mais Daniel Boone et ses amis avaient vu des bisons en quantité au Kentucky, et ils se doutaient de ce qu’on pourrait découvrir au-delà. Lewis et Clark confirmèrent alors ce qui n’était encore qu’une supposition lorsqu’ils revinrent des confins de l’Ouest, décrivant des troupeaux de bisons paissant dans les plaines si immenses qu’ils s’étendaient jusqu’à l’horizon, à perte de vue. Ils évaluèrent l’un de ces troupeaux à vingt mille têtes, et cette estimation fut plus d’une fois confirmée par des voyageurs affirmant avoir chevauché pendant des jours au travers d’un seul troupeau. Ils relataient avoir vu des plaines littéralement noircies par ces bêtes crépues, broutant paisiblement au vent, réunies en troupeaux gigantesques pouvant atteindre cent mille individus.

Au début, personne ne trouvait de véritable débouché pour valoriser durablement cette ressource. Les premiers Blancs à s’aventurer dans l’Ouest exploitaient le bison à peu près de la même manière que l’avaient fait les Indiens avant eux pendant des siècles. Ils mangeaient sa viande, s’enveloppaient dans sa fourrure, et utilisaient ses excréments pour alimenter leurs feux. Toutefois, un commerce des peaux de bison émergea progressivement au rythme de l’extinction d’autres espèces chassées pour leur fourrure. En 1835, on embarqua sur le Missouri plus de peaux de bison que de castor, leur nombre atteignant presque cinquante mille par an. Un peu moins de vingt ans plus tard, on comptait au total soixante-dix mille peaux annuellement, et à la même époque cette tuerie générale vit le nombre de victimes augmenter encore avec la chasse sportive. De riches chasseurs, venus de l’Est ou du vieux continent, parcouraient les Grandes Plaines pour vider leur chargeur sur ces cibles énormes et complaisantes. David Dary rapporte une longue expédition, menée par un noble irlandais, au cours de laquelle ce dernier abattit plus de deux mille bisons, ainsi que cent cinq ours et mille six cents cerfs et élans.

Peaux de bison en attente d’être acheminées vers les tanneries.
Rath & Wright's buffalo hide yard in 1878, showing 40,000 buffalo hides, Dodge City, Kansas.
Source : Wikimedia, Domaine public
Au cours des années 1860, les compagnies de chemin de fer et les militaires avaient entamé leur progression vers l’Ouest, et on avait besoin de viande pour se nourrir. Les unes comme les autres firent appel au service de chasseurs de bison professionnels pour les ravitailler, au rang desquels on trouve William Frederick Cody, quelques années avant d’être élevé au rang de héros national, une réputation obtenue dans une large mesure grâce à ses exploits de tueur de bisons qui lui valut également son surnom de Buffalo Bill. Pour cinq cents dollars par mois, Cody tuait donc des bisons, et au cours des dix-huit mois durant lesquels il chassa pour le compte de la Kansas Pacific, il en décima environ quatre mille deux cent quatre-vingts. Il commença alors à jouir d’une renommée régionale assez semblable à celle dont jouissaient les célèbres tueurs de l’Est, élevés au rang de héros. Et lors d’un concours organisé en vue de départager ceux qui pourraient abattre le plus de bisons en une seule journée, il l’emporta sur un certain Billy Conistock sur le score de soixante-neuf à quarante-six.
William Frederick « Buffalo Bill » Cody, le plus célèbre des tueurs de bisons. Buffalo Bill standing with rifle, circa 1910
Source : Wikimedia, Domaine public
La réputation grandissante de Cody en tant que tueur de bisons, conjuguée aux rumeurs, qui commençaient à se répandre, disant que les ressources de cet imposant gibier ne seraient probablement pas illimitées, provoquèrent l’augmentation d’expéditions de chasse au départ de l’Est et de villes comme Chicago, St Louis et Kansas City. Les chasseurs enthousiastes se déplaçaient à présent dans le confort de wagons de luxe mis à disposition par les compagnies ferroviaires. Cody fut à une occasion le guide d’une expédition chamarrée qui partit de New York City, en 1871, et dont la première étape fut un arrêt à Chicago, au zoo du parc Lincoln, afin de montrer aux participants à quoi pouvait bien ressembler un vrai bison bien vivant. Au Nebraska, ils en débarquèrent pour s’enfoncer au cœur des plaines en formant un convoi hétéroclite composé d’ambulances de l’armée, reconverties en chenils roulants pour les lévriers, d’un chef cuisinier français, de serviteurs en livrée, de porcelaine de Chine et d’argenterie raffinées, ainsi que de trois cents soldats du 5ème de Cavalerie par mesure de précaution, au cas où ils seraient amenés à découvrir également à quoi pouvait bien ressembler de vrais Indiens bien vivants.

C’est au même moment que les tanneurs américains, britanniques et allemands arrivèrent à la conclusion que les bisons valaient bien plus que les trophées ostentatoires qu’en prélevaient les aristocrates, et même plus que les peaux brutes utilisées jusqu’alors pour les attelages, les déplacements en traîneau ou les chauds manteaux portés sur la Frontière. Ils avaient élaboré une méthode permettant de tanner les peaux de bison pour en obtenir du cuir de toute première qualité. Le Nouveau Monde trouvait ainsi là une autre manière d’être exploité, et la nouvelle que désormais les négociants achèteraient des peaux toute l’année, qu’elles aient ou non leur fourrure d’hiver, se répandit comme une traînée de poudre. Journaux et affiches contribuèrent à propager et amplifier cette information, et à l’été 1872 on assista à une ruée vers l’or d’un genre nouveau ; une ruée dont le théâtre était cette fois les Plaines, les chasseurs endossant le rôle des mineurs, les troupeaux tenant lieu de veines aurifères et les bisons celui de pépites.

C’est alors que surgit une technologie remarquablement sophistiquée qui allait rapidement faire passer cette nouvelle activité du stade artisanal à une véritable industrie. Les fabricants d’armes à feu Remington et Sharps mirent tous deux au point de puissants fusils, de gros calibre, qui devinrent les armes de prédilection des chasseurs. Aujourd’hui, quand on les voit aussi bien astiqués et entretenus qu’une batterie de cuisine, gisant inertes, telles des momies, dans les vitrines des musées de l’Ouest, on a une vision édulcorée de l’ingéniosité effrayante alors à l’œuvre en Amérique du nord. Surtout quand on sait que c’était là de véritables monstres, d’une redoutable efficacité dans leur vocation létale, dont le canon, approchant le mètre de long, concentrait assez de puissance pour stopper net un bison dans sa course. Les balles que ces fusils propulsaient, grosses et lourdes, étaient également molles, et elles causaient pour cela de terribles dégâts. En effet, lorsqu’elles touchaient leur cible, elles s’aplatissaient sous l’impact, puis, poursuivant leur course sous forme de galette, elles arrachaient les entrailles de l’animal rencontrées sur leur chemin. Équipées de lunette de visée, et montées sur des trépieds démontables, ces armes étaient des outils plus que satisfaisants pour accomplir la besogne qu’on en attendait.

Récits, photos et gravures d’époque ont permis de reconstituer cette scène de Dead Man (1995), le film de Jim Jarmusch avec Johnny Depp.

Et satisfaits, les hommes qui traquaient les bisons, bien tapis quand ils mettaient en joue leur proie en les alignant avec le collimateur de leur lunette, l’étaient aussi. Un bon chasseur de bisons et son équipe d’écorcheurs pouvaient en traiter jusqu’à soixante par jour. Au début des années 1870, ils mirent au point la méthode de la chasse immobile, une manière plus efficace et rentable de tuer un grand nombre de bêtes sans avoir à les poursuivre. Le chasseur, soigneusement dissimulé, choisissait une cible potentielle et la touchait à l’abdomen, infligeant une blessure qui, bien que mortelle, prolongeait l’agonie de l’animal avant qu’il meure. Les affres de sa mort avaient pour effet d’attirer les autres membres de cette curieuse espèce qui s’attroupaient autour de la victime pour observer ce qui se passait. Le chasseur pouvait alors faire feu sur un autre bison, choisi dans le même périmètre au sein du groupe ainsi formé, et continuer ainsi jusqu’à ce que tous ceux qui s’étaient attroupés soient tués, ou qu’il tombe à court de munitions. Un certain Thomas C Dixon, mentionné par David Dary, aurait ainsi tué cent vingt bisons en quarante minutes avec cette méthode de chasse immobile.

Naturellement, les tribus des Plaines se plaignirent de ce carnage, autant auprès des autorités qui représentaient le gouvernement que des militaires, mais ceux-ci balayèrent ces doléances d’un revers de main. En effet, la politique d’extermination des Amérindiens était alors à l’œuvre, et ils voyaient dans l’extermination des bisons un raccourci évident pour parvenir à cette fin. Les Blancs faisaient presque toujours remarquer aux chefs venus se plaindre que de nombreux membres de leur propre peuple faisaient aussi du commerce de peaux, ajoutant que leurs craintes de voir les bisons disparaître étaient insensées. Lorsque des chasseurs de Dodge City demandèrent à l’officier commandant Fort Dodge s’il pensait qu’ils pouvaient ou non pénétrer en territoire indien pour y poursuivre un troupeau, ils s’entendirent répondre : « Les gars, si j’étais un chasseur de bisons, je les chasserais où qu’ils se trouvent. »

Chasseur embusqué au cours d’une « chasse immobile ».
Cowboy aiming rifle at a herd of buffalo while horse grazes.
Source : Wikimedia, Domaine public.
Ecorcheur au travail, dans le nord du Montana, en 1878.
In the track of the skin hunters 1878, Timber Creek, North Montana.

Ce même officier, le colonel Richard I Dodge, nous a laissé un témoignage de première main sur l’extermination des troupeaux du sud du pays :

- En 1872, j’étais en poste à Fort Dodge, en Arkansas, et j’ai participé à de nombreuses parties de chasse. On ne prêtait pas particulièrement attention aux bisons, quand bien même nos sorties nous en faisaient traverser des groupes innombrables, et on n’en abattait qu’un ou deux, pour la viande, quand c’était nécessaire, à moins d’être accompagné par des étrangers. À l’automne de cette année-là, trois gentlemen anglais se joignirent à moi pour une brève sortie, et dans leur excitation ils abattirent plus de bisons qu’il en aurait fallu pour ravitailler tout un régiment. À des kilomètres à la ronde de notre position, ils étaient en fait si nombreux qu’ils gâchèrent notre plaisir de chasser, car ils nous empêchaient de traquer tout autre gibier.

À l’automne 1873, je repartis au même endroit avec les mêmes gentlemen. Là où l’année précédente il y avait des myriades de bisons, il y avait à présent des myriades de carcasses pourrissantes. L’air empestait d’une odeur fétide qui soulevait le cœur, et la vaste plaine […] n’était plus qu’un endroit putride, désolé, mort.

En octobre 1874, j’effectuai un bref déplacement à travers la région à bisons située au sud de la caserne Sidney. J’y croisai bien quelques bisons, mais il me sembla que les chasseurs les dépassaient en nombre.

Dodge estima qu’au cours des trois années dont il parle, « au moins cinq millions de bisons furent massacrés pour leur peau ».

En 1880, la chasse était terminée dans les Plaines du Sud. Pour incroyable que ça puisse paraître, tous les bisons avaient disparu. Mais au nord, de l’autre côté de la voie de chemin de fer, subsistaient de grands troupeaux au Montana, au Wyoming, et dans les régions occidentales du Territoire du Dakota. Les chasseurs partirent alors là où se trouvaient les bisons. À compter de ce moment, comme si on réalisait que la fin était proche, la tuerie reprit de plus belle. Deux cent mille peaux prirent la route des tanneries en 1882. Mais ce fut à peu près tout, car dès 1883 seul un quart emprunta le même chemin, et l’année suivante ce chiffre dégringola à trois malheureuses centaines.

L’affiche d’une fabrique de fertilisants réclamant os de bison et cornes diverses.
Newspaper Ad Buffalo bones 1870-1890.
Source : State Historical Society of North Dakota and North Dakota Studies.
Les os ramassés dans les plaines sont d’abord entassés le long des voies ferrées avant d’être chargés dans les wagons.
Buffalo bones gathered from the Prairie for shipment, at Gull Lake, N.W.T,
Matthews, James Skitt
Source : City of Vancouver Archives
 

Au début, les chasseurs avaient tellement de mal à le croire qu’ils se comportèrent comme les bisons lors d’une chasse immobile : ils restèrent figés sur place, dans ces plaines jonchées de détritus en décomposition, à attendre le retour des troupeaux. Ils étaient sûrement partis paître au nord, au Canada, et allaient bientôt revenir. Ce qu’ils ne firent jamais. Résignés, les chasseurs et les écorcheurs remballèrent donc leurs affaires et quittèrent les lieux, pour être remplacés par les derniers hommes qui allaient à leur tour tirer leur subsistance des bisons, à savoir les collecteurs d’os. Ceux-ci ramassaient les ultimes déchets blanchis de cette immense orgie pour les expédier vers les fabriques de colle, les raffineries de sucre et les usines produisant des fertilisants. C’est sur ce final macabre que le bison d’Amérique vint allonger la liste des espèces endémiques au Nouveau Monde en voie d’extinction, ou déjà disparues. Une liste sur laquelle on trouve le grand pingouin, la tortue verte, le jaguar, le lynx à lunettes, le pigeon voyageur, l’esturgeon de lac, le canard des sables, le vison de mer, et plusieurs variétés de moutons à grandes cornes, pour n’en citer que quelques-unes. En dehors de quelques pathétiques reliques préservées dans le parc de Yellowstone grâce à des défenseurs de l’environnement, les derniers vestiges des grands troupeaux de bisons furent ces tas d’ossements qui attendaient patiemment le long des voies ferrées au début des années 1880. À la fin de la décennie, même ceux-ci s’étaient finalement volatilisés, et c’est seulement occasionnellement qu’un pauvre bougre ramène encore un os à la surface avec son soc de charrue et lance un dernier juron à l’adresse de ces étendues sauvages désormais disparues. […]

Empilement de crânes de bisons près d’une usine, visible dans le fond à droite, qui les utilisera dans le cadre d’une application industrielle.
A gauche : Photograph 1892 of a pile of American bison skulls waiting to be ground for fertilizer. Source : Wikimedia, Domaine public.
A droite : 1935 Buffalo Nickel. Wikimedia, Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported.

Pour aller plus loin :

Bibliographie

Archer, I. Christon. 1982. « Beyond Geography: the Western Spirit against the Wilderness by Frederick Turner (review) », The Canadian Historical Review, volume 63, numéro 1, pp.81-82.

Nice, Joan. 1981. « Beyond Geography: The Western Spirit Against the Wilderness by Frederick Turner (review) », Western American Literature, volume 16, numéro 2, pp. 142-143. 

« Beyond Geography: The Western Spirit Against the Wilderness », Kirkus. https://www.kirkusreviews.com/book-reviews/a/frederick-w-turner/beyond-geography-the-western-spirit-against-the/

Pour citer cette ressource :

Frédéric Moreau, La disparition des bisons des Grandes Plaines nord-américaines, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2020. Consulté le 22/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/civilisation/domaine-americain/la-disparition-des-bisons-des-grandes-plaines-nord-americaines