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«The Night of the Hunter» / «La nuit du chasseur» (Charles Laughton - 1955)

Par Lionel Gerin : Professeur d'anglais et cinéphile - Lycée Ampère de Lyon
Publié par Clifford Armion le 28/11/2014

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Pour inaugurer cette rubrique, je ne pouvais choisir aucun autre film. C'est une œuvre qui m'est chère, unique, dans tous les sens du terme, un diamant noir dans la cinéphilie mondiale, une pierre noire dans la nuit de l'enfance. Charles Laughton, immense acteur (de ((Mutiny on the Bounty)) à ((Quasimodo)), de ((Hobson's Choice)) à ((Spartacus)), passant de la comédie au drame, du film noir au péplum) réalise là son seul film, qui est depuis une des références absolues des cinéphiles. Les films uniques ont toujours une saveur particulière (que l'on se souvienne de ((Honeymoon Killers)) de Leonard Kastle, ou d'((Electra Glide in Blue)) de James William Guercio, par exemple) et cette ((Nuit du chasseur)) ne fait pas exception.

https://video.ens-lyon.fr/eduscol-cdl/2014/ANG_2014_Hunter.mp4

Pour inaugurer cette rubrique, je ne pouvais choisir aucun autre film. C'est une œuvre qui m'est chère, unique, dans tous les sens du terme, un diamant noir dans la cinéphilie mondiale, une pierre noire dans la nuit de l'enfance.

Charles Laughton, immense acteur (de Mutiny on the Bounty à Quasimodo, de Hobson's Choice à Spartacus, passant de la comédie au drame, du film noir au péplum) réalise là son seul film, qui est depuis une des références absolues des cinéphiles.

Les films uniques ont toujours une saveur particulière (que l'on se souvienne de Honeymoon Killers de Leonard Kastle, ou d'Electra Glide in Blue de James William Guercio, par exemple) et cette Nuit du chasseur ne fait pas exception.

"To begin at the beginning" comme disait Dylan Thomas: un ciel étoilé, des visages d'enfants, une vieille dame qui raconte. D'emblée le ton est donné. Il s'agit d'une fable, d'une "bedtime story", mâtinée de bible. Il y est question de loup et d'agneaux, de prophètes. Amateurs de réalisme, de véracité, passez votre chemin. C'est de conte qu'il est question. Quant à la vieille dame, elle est jouée par Lilian Gish, immense star du muet. Cinéma de l'enfance, enfance du cinéma, tout se tient. Immédiatement classique, car d'une grande modernité.

Seconde scène: La caméra part du ciel (point de vue moral, divin?) descend et découvre une ferme, des enfants qui jouent. Enfin, la caméra zoome sur la cave. Des pieds dépassent. Une femme est morte. Là encore, tout est clair: il s'agit de la découverte du mal/crime par l'enfant/innocence. Une topographie est mise en place: au cours du film, descendre sera toujours dangereux.

Troisième scène: plongée (encore!) sur une voiture, zoom sur son conducteur, Robert Mitchum / Harry Powell qui s'adresse à dieu. Il est "prêcheur", assassin de riches veuves, un des premiers "serial-killers" de l'histoire du cinéma, avec le "M" de Fritz Lang.

Nous étions dans l'annonce du programme, l'histoire peut commencer. Même plongée, même champ; mêmes enfants? Non, nous découvrons John et Pearl, jouant. Leur père arrive suivi de la Police. Il a commis un hold-up et doit cacher le butin. Où? Seuls les enfants savent. Ils doivent jurer, garder le secret.

Le père, emprisonné dans la même cellule qu'Harry Powell, est condamné à mort. Désormais, ne restent que ses deux enfants, sa veuve et son butin, et Harry Powell, haïsseur de veuves et d'enfants, amateur de butin.

La suite?

Ah, la suite!

Carnaval d'ombres et de visions, chambres / cathédrales, caves sépulcrales, lièvres guettés par les hiboux, une rivière de livre d'images, une rivière des mille et pourtant uniques nuits, des enfants fuyards embarqués sur les étoiles, le chant de la proie, à l'unisson du prédateur.
Où est l'ombre, où est la lumière?

Charles Laughton connaît sa bible sur le bout des doigts, Stanley Cortez, son directeur photo, connaît lui l'expressionnisme sur le bout de l'objectif.

Tout fait sens et écho. John en apôtre, il sait et révèle. Pearl en chose pure et précieuse et bien entendue cachée. Powell en faux prophète et sa fausse puissance (power). Icey Spoon en vendeuse de glaces prête à tout avaler. Miss Cooper en mère-poule couveuse (coop). Le temps est suspendu entre deux montres, celle dont John rêve au début et qu'il obtiendra à la fin. Une fois qu'il aura libéré sa parole, expulsé la bête, l'argent, le monstre. Car bien sûr toute fable a son monstre et ce loup-là dévore les femmes et les enfants.

Bien sûr, je n'ai rien dit de la main droite ou de la main gauche, des algues qui flottent avec les morts, de Mark Twain auquel on pense (roman de l'enfance, enfance du roman américain), des victimes expiatoires, des braves gens devenus fanatiques par temps de crise (toute référence à la situation actuelle serait évidemment fortuite). Bref, je n'ai rien dit de la magie, de ce qui résiste, d'une main posée sur une autre et des plus simples offrandes.

Faut-il tout dire?

Il s'agit d'abord de tout voir. Pour cela plusieurs visions seront nécessaires.

Il n'y a pas d'age pour les bonnes histoires. Malgré tout, ceux qui, enfants, auront vu cette nuit et son chasseur ne l'oublieront sûrement jamais.

 

Pour citer cette ressource :

Lionel Gerin, The Night of the Hunter / La nuit du chasseur (Charles Laughton - 1955), La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), novembre 2014. Consulté le 21/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/arts/cinema/the-night-of-the-hunter-la-nuit-du-chasseur-charles-laughton-1955