«Distant Voices, Still Lives» (Terence Davis - 1988)
https://video.ens-lyon.fr/eduscol-cdl/2015/ANG_2015_Distant.mp4
Voix distantes parce que lointaines. Et vies bien vivantes (à l'opposé des natures mortes que suggérerait une traduction littérale). Instantanés plutôt, qui prennent/reprennent vie. Photos. Photos de famille. Mariages, baptêmes, décès.
Liverpool, années 40 et 50. Une famille ouvrière. Un père violent. Une mère aimante.
Premier long-métrage de Terence Davis, Distant Voices, Still Lives est un coup d'essai de maître. L'enfance, l'adolescence revisitées, on connaît. Pourtant ici une magie opère. Travellings avants pour rapprocher le temps retrouvé, un temps désarticulé par la mémoire. La chronologie est cahotique. Qu'importe! Voici une fresque intime et modeste, des lumières chaudes, des intérieurs, des visages.
Déjà vu tout cela?
Ce serait oublier les voix qui peuplent ces vies, qui rythment ces vies, qui les scandent et les rendent parfois supportables. C'est l'une des grandes trouvailles de Terence Davis: les chansons. Tous ces gens chantent. Au pub, à l'église, dans les trains, en famille. Ces chants sont leur âme, leur vie, leur ville, leur force. Ces chants sont les livres qu'ils ne savent pas écrire, les statues qu'ils ne sauraient façonner. Leurs grottes de Lascaux.
C'est profondément beau, profondément vrai, profondément émouvant.
On vit, on meurt, on se marrie, on enfante et quoiqu'il advienne, on chante. C'est tout.
Ce film est lui aussi un chant. C'est également une pépite.
Pour citer cette ressource :
Lionel Gerin, "«Distant Voices, Still Lives» (Terence Davis - 1988)", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), juin 2015. Consulté le 02/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/arts/cinema/distant-voices-still-lives-terence-davis-1988-