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Le Monde en Crise(s). Langue(s) et Société(s) en Mouvement

Publié par Marion Coste le 15/12/2023
Appel à communications
Quand ? Du 15/12/2023 à 14:15 au 22/01/2024
Où ? Université d'Orléans

COLLOQUE

APPEL A COMMUNICATIONS

Orléans, les 23 et 24 mai 2024

(avec le soutien de l’Université d’Orléans, de l’Université de Poitiers, des laboratoires REMELICE et MIMMOC ainsi que de la FE2C)

(Langues de travail : français, anglais, allemand, espagnol et italien)

 

Le Monde en Crise(s)

Langue(s) et Société(s) en Mouvement

Le mot crise, dérivé du mot grec krisis, signifie jugement, décision. Conceptuellement parlant, « la crise est une maladie » (métaphore conceptuelle justifiée en diachronie d’ailleurs par son sens étymologique de « phase décisive d’une maladie ») ou bien « c’est une guerre », si nous nous attachons au sens de « accès avec manifestations violentes ». Il s’agit, donc, d’un moment de changement majeur.

Nos sociétés sont traversées par des crises qui se succèdent et, bien souvent, se superposent, pour leur permettre - si ce n’est de les y contraindre - d’évoluer, de se transformer.

Le colloque s'intéressera aux deux axes parallèles et complémentaires suivants : La crise économique / L'économie de la crise et Le discours à l'heure de la crise.

Axe 1 : La crise économique / L’économie de la crise

La notion de « crise économique » est relativement récente et il en est de même concernant son étude. La première « crise économique » serait la crise des tulipes du 17ème siècle.

La notion de « crise économique » apparaît ainsi comme une évidence matérialisée par des mesures mathématiques, statistiques objectives. Selon le dictionnaire Larousse, il s’agit d’une « rupture d'équilibre entre la production et la consommation, caractérisée par un affaiblissement de la demande, des faillites et le chômage. ». Il est désormais accepté que c'est bien plus.

Bien qu'il soit difficile de saisir pleinement l'ensemble des facteurs et des impacts d'une crise économique, nous nous proposons d'explorer trois versants :

- La crise économique : au-delà de l’économie

La crise économique ne peut être réduite à une dimension mathématique. Il nous suffit, par exemple, de penser à « l'effet de crise », à l'impact sur la population, en termes psychosociaux, mais également, en amont, à la posture prise par la population, à son influence, sur la crise elle-même, à son déclenchement conscient mais aussi et surtout inconscient. Anticiper la crise peut précipiter la crise, les appréhensions en période de crise établie peuvent avoir et ont un effet qui l'accentue et la prolonge. La crise économique est une question qui intéresse ainsi bien plus que les sciences économiques.

- Économie « en crise », économie « de crise »

Présentée comme un dérèglement, un effondrement, la crise économique peut-elle être simplement perçue comme un autre état, une autre phase du cycle économique qui, malgré la situation, ne s'arrête pas et se ré-organise, générant une « économie de crise » ?

D'un côté se trouveraient ainsi ceux qui exploitent la crise, la misère. Pensons, par exemple, à l'activité nouvelle qui s'est créée autour des mouvements migratoires très importants des dernières années : l'approvisionnement et la gestion des camps de réfugiés.

De l'autre côté se trouveraient alors ceux pour qui le contexte est un facteur positif d'amorce de reprise. A l'instar de la crise financière qui retentit comme un big bang tout en semant les germes de sa renaissance, la crise économique conduirait alors à leur chute les entreprises qui présentent des faiblesses trop importantes tout en créant simultanément un environnement propice à l'émulation et à l'émergence des piliers de la reprise à venir.

La crise économique est-elle multiculturelle ?

Plutôt que de parler de la crise économique, ne faudrait-il pas, pour un même événement, parler des crises économiques ? Un même phénomène connu et rencontré à des époques ou dans des zones géographiques différentes peut-il être réduit à une même modélisation, à une même acceptation, à un même vécu ? La crise économique nous ramène ainsi au débat sur l'uniformisation planétaire des cultures et / ou la persistance, la cohabitation, d'identités culturelles passées, présentes et en formation.

Axe 2 : Le(s) discours de la crise

Dans la perspective de l’analyse du discours, la crise représente un moment de rupture du discours public habituel pour se concentrer sur les aspects provoquant la situation à résoudre et sur les solutions possibles. Au niveau discursif, on voit presque dans toutes les crises une tendance à amplifier les visions pessimistes, maintes fois soutenues par des procédés stylistiques comme la métaphore, utile à rendre plus transparents des concepts difficiles ou, au contraire, à exprimer d’une manière euphémistique une réalité dure.

Le discours de la crise peut devenir excessif dans les médias et l’expression linguistique choisie par les locuteurs peut influencer la perception du public. Dans les crises où il y a aussi des réactions sociales aux événements, les discours servent même à manipuler.

Pendant les crises les plus récentes, on a vu généralement quatre types de discours publics, selon le type de locuteurs et la relation établie avec le grand public :

- Le discours des hommes politiques, pour lesquels la crise peut être, à la fois, un désastre d’image ou bien une occasion pour se faire remarquer et, éventuellement, se poser en sauveur de la Nation

- Le discours des experts, surtout pendant l’épidémie de COVID-19, lorsque les représentants de la politique n’ont pas eu ni la compétence, ni l’autorité de s’exprimer sur l’évolution de la pandémie

- Le discours des journalistes, très varié quant à l’expression de l’information et au but de la transmission

- Le discours des « citoyens », parfois interviewés dans la rue pour obtenir une réaction qui se voudrait un miroir de l’opinion publique, mais qui la représente rarement vraiment

Étant donné la variété des types de discours possibles pendant les crises, cet axe du colloque a pour objectif de réfléchir, à partir des différents corpus de discours publics, sur les possibles interférences du discours public sur la crise avec, par exemple, d’autres types de discours spécialisés comme le discours politique. Les points de vue seront multiples, en allant des unités lexicales aux procédés pragmatiques complexes comme l’ironie et la construction de l’éthos ou du pathos. On s’intéressera aux contributions qui étudient les aspects lexicaux, syntaxiques, sémantiques ou pragmatiques des discours sur la crise, dans la langue parlée, dans les discours transmis au grand public ou bien dans la communication par les médias.

Le présent colloque s’inscrit dans la philosophie de la recherche de spécialité en LEA (Langues Etrangères Appliquées aux affaires, au commerce et à la traduction) en favorisant la rencontre entre :

  • disciplines dont le commun dénominateur est la langue maternelle ou étrangère et la civilisation appliquées aux sciences économiques, à la gestion, à la communication et à la politique notamment (les champs disciplinaires ne sont pas ici limitatifs) ;
  • différentes familles de spécialistes, qu’ils soient chercheurs, enseignants-chercheurs, enseignants (du supérieur ou du secondaire), professionnels ou encore étudiants initiés à la recherche, à même de questionner un sujet sous différents angles afin d’enrichir le débat ;
  • participants internationaux qui s’intéressent à une / des aire(s) géographique(s) des cinq continents, du monde contemporain (XX-XXIème siècles).

 

Date limite d’envoi des propositions : 22 janvier 2024

Les langues de travail sont : le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Les actes du colloque donneront lieu à publication (convention déjà établie).

Les propositions (max. 500 mots), CV courts et éventuelles questions sont à adresser au comité d’organisation aux adresses électroniques suivantes : claire.decobert@univ-orleans.fr ; rodolphe.pauvert@univ-poitiers.fr

Frais d’inscription au colloque :

Enseignants-chercheurs et assimilés : 75 euros

Doctorants : 50 euros

Etudiants : gratuit

Bibliographie indicative :

BENSIDOUN Isabelle et COUPPEZ-SOUBEYRAN Jézabel, « La crise du Covid-19 ouvre-t-elle la voie à une mondialisation moins débridée ? », The Conversation [En ligne], 3 janvier 2022, URL : https://theconversation.com/la-crise-du-covid-19-ouvre-t-elle-la-voie-a-une-mondialisation-moins-debridee-174293

BONNETON Valérie, Les discours de la crise, ENS LSH Lyon, collection Revue Mots, 2017.

ESCANDE-GAUQUIE Pauline, « La crise : les mots pour la dire », Communication & langages, 2009/4 (N° 162), p. 67-74, URL : https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2009-4-page-67.htm

GRJEBINE Thomas, « Dettes publiques : quel est le risque d’une nouvelle crise ? », Alternatives économiques [En ligne], 20 janvier 2021, URL : https://www.alternatives-economiques.fr/thomas-grjebine/dettes-publiques-risque-dune-nouvelle-crise/00095182

IMBERT Louis, Fabrique d’un discours de crise, 10/18, collection Amorce, 2022.

KIRMAN Alan, « La théorie économique dans la crise », Revue économique [En ligne], 2012/3 (vol.63), pages 421 à 436, URL : https://www.cairn.info/revue-economique-2012-3-page-421.htm  

LEON Florian et JACOUTON Jean-Baptiste, « Pacte financier mondial : quel rôle pour les banques publiques de développement face aux crises ? », The Conversation [En ligne], 20 juin 2023, URL : https://theconversation.com/pacte-financier-mondial-quel-role-pour-les-banques-publiques-de-developpement-face-aux-crises-205523

LESSUISSE Pierre, « En cas de choc, comment le marché du travail s’ajuste-t-il dans l’Union européenne », La Tribune [En ligne], 2 février 2023, URL : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/en-cas-de-choc-comment-le-marche-du-travail-s-ajuste-t-il-dans-l-union-europeenne-950147.html

LONGUET Stéphane, MARQUES PEREIRA, Jaime, « Discours de la crise, crise du discours », Économie et institutions [En ligne], 22 | 2015, URL :

http://journals.openedition.org/ei/971

ORDIONI Natacha, « Le concept de crise : un paradigme explicatif obsolète ? Une approche sexospécifique », Mondes en développement [En ligne]  2011/2 n°154 p137-150 URL : https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2011-2-page-137.htm

TOURAINE Alain, Après la crise, Seuil, 2010

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ENGLISH

CONFERENCE

CALL FOR PAPERS

Orléans (France), May 23rd and 24th, 2024

Le Monde en Crise(s)

 

The World in Crisis(es)

Language(s) and Society(ies) in Motion

The word crisis, derived from the Greek word krisis, means judgment, decision. Conceptually speaking, "a crisis is an illness" (a conceptual metaphor justified diachronically by its etymological meaning of "the decisive phase of an illness"), or "it is a war", if we focus on the meaning of "an outbreak with violent manifestations". It is, therefore, a moment of major change.

Our societies are plagued by successive and often overlapping crises, enabling them - if not forcing them -  to evolve and transform themselves.

The conference will focus on two parallel and complementary themes: The economic crisis / The economy of the crisis and Discourse in a time of crisis.

Focus 1: The economic crisis / The economics of the crisis

The notion of "economic crisis" and its study are both relatively recent. The first "economic crisis" was the tulip crisis in the 17th century.

Thus the notion of " an economic crisis" appears as self-evident, materialized by objective mathematical and statistical measurements. According to the Larousse dictionary, it is "a breakdown in the balance between production and consumption, characterized by a weakening of demand, bankruptcies and unemployment." It is now accepted that it is much more than that.

Although it is difficult to fully grasp all the factors and impacts of an economic crisis, we propose to explore three aspects:

- The economic crisis: beyond the economy

The economic crisis cannot be reduced to a mathematical dimension. We need only think, for example, of the "crisis effect," the impact on the population, in psychosocial terms, but also, upstream, of the position taken by the population, its influence on the crisis itself, of its conscious but also, and above all, unconscious outbreak. Anticipating the crisis can precipitate it, and apprehensions during an established crisis can and do have an effect that accentuates and prolongs it. The economic crisis is thus a question that interests much more than economics.

- Economy in Crisis / Crisis Economy

Presented as a disruption, a collapse, can the economic crisis simply be perceived as another state, another phase of the economic cycle which, despite the situation, does not stop and reorganizes itself, generating a "crisis economy"?

On the one hand, there are those who exploit crisis and misery. Think, for example, of the new business that has sprung up around the huge migratory movements of recent years: the supply and management of refugee camps.

On the other hand there would be those for whom the context is a positive factor for recovery. Just as the financial crisis resounds like a big bang, while sowing the seeds of its rebirth, the economic crisis would lead to the downfall of companies with excessive weaknesses, while simultaneously creating an environment conducive to emulation and the emergence of the pillars of the future recovery.

Is the economic crisis multicultural?

Rather than talking about the economic crisis, should we not talk about economic crises for the same event? Can the same phenomenon, known and encountered at different times and in different geographical areas, be reduced to the same model, the same acceptance, the same experience? The economic crisis thus brings us back to the debate on the global standardization of cultures and/or the persistence and cohabitation of past, present and emerging cultural identities.

Axis 2: The discourse(s) of the crisis

From the perspective of discourse analysis, a crisis represents a moment when the usual public discourse breaks away to focus on the aspects causing the situation to be resolved and on possible solutions. At the discursive level, in almost all crises there is a tendency to amplify pessimistic visions, often supported by stylistic devices such as metaphor, useful for making difficult concepts more transparent or, on the contrary, for euphemistically expressing a harsh reality.

The discourse(s) of crisis can become excessive in the media, and the linguistic expressions chosen by speakers can influence the public perception. In crises where there are also social reactions to events, discourse can even be used to manipulate.

During the most recent crises, we have generally seen four types of public discourses, depending on the type of speakers and the relationship established with the general public:

- The discourse of politicians, for whom the crisis can be both a disaster for their image and an opportunity to be noticed and, possibly, to present themselves as the nation’s’ saviors.

- The discourse of experts, especially during the COVID-19 pandemic, when political representatives had neither the competence nor the authority to express their views on the evolution of the pandemic.

- Journalists' views on the expression of information and the purpose of transmission vary widely.

- The discourse of "citizens", who are sometimes interviewed in the street to obtain a reaction that purports to mirror public opinion, but rarely truly represents it.

Given the variety of possible types of discourses during crises, on the basis of different corpora of public discourse, this axis of the conference aims to reflect on the possible interference of public discourse on the crisis with, for example, other types of specialized discourses such as political discourses. The points of view will be multiple, ranging from lexical units to complex pragmatic procedures such as irony and the construction of ethos or pathos. We will be interested in contributions that study the lexical, syntactic, semantic, or pragmatic aspects of discourse on the crisis, in spoken language, in discourse transmitted to the public or in the media.

This conference is in keeping with the philosophy of speciality research in LEA (Langues Etrangères Appliquées : Foreign Languages Applied to Business, Trade and Translation), bringing together :

  • disciplines whose common denominator is the mother tongue or foreign language and civilization applied to economics, management, communication and politics in particular (the disciplinary fields are not limitative here);
  • different families of specialists, be they researchers, professionals or students with a research background, able to question a subject from different angles in order to enrich the debate;
  • international participants interested in one or more geographical areas of the five continents of the contemporary world (XX-XXI centuries).

Submission deadline: January 22d, 2024

Working languages: French, English, German, Italian and Spanish. The proceedings will be published (agreement already obtained).

Proposals (max. 500 words), short CVs and any question should be sent to the organizing committee at the following e-mail addresses: claire.decobert@univ-orleans.fr; rodolphe.pauvert@univ-poitiers.fr