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The Salvation (Kristian Levring)

Par Clifford Armion : Professeur agrégé d'anglais - ENS de Lyon
Publié par Clifford Armion le 25/08/2014
Nous sommes dans les années 1870, quelque part dans le Far West américain. Jon (Mads Mikkelsen), un pionnier danois, vient de retrouver sa famille fraîchement immigrée après plusieurs années de séparation. Mais le fermier, qui se trouve être un ancien soldat, est brutalement tiré de sa vie laborieuse et tranquille par le frère d’un violent chef de gang… Avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan, Mikael Persbrandt et les participations d'Eric Cantona et Jonathan Pryce.
Avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan, Mikael Persbrandt et les participations d'Eric Cantona et Jonathan Pryce.
Sortie en salles le 27 août 2014

Nous sommes dans les années 1870, quelque part dans le Far West américain. Jon (Mads Mikkelsen), un pionnier danois, vient de retrouver sa famille fraîchement immigrée après plusieurs années de séparation. Mais le fermier, qui se trouve être un ancien soldat, est brutalement tiré de sa vie laborieuse et tranquille par le frère d’un violent chef de gang…

Avec The Salvation, Kristian Levring signe un Western original tout en s’inscrivant dans la tradition. Bien entendu, tous les codes du genre sont réunis : paysages arides, ville fantôme en carton pâte, colts et winchesters. L’hommage à Sergio Leone est appuyé ; on retrouve les éléments qui ont fait les beaux jours du Western spaghetti comme les plans fixes sur des regards, les bottes de cowboys et des armes pointées vers la caméra. Le schéma narratif, celui de la vengeance d’un homme qui a essayé d’être honnête, est aussi un clin d’œil au renouveau du Western et à des films comme Pendez-les haut et court (Hang ‘Hem High) de Ted Post. De plus on retrouve la thématique du progrès dont les moteurs sont aussi ceux de la corruption et de l’injustice.

Dès les premières minutes le film nous surprend néanmoins par son originalité. La violence et le macabre des scènes, lesquelles installent une situation initiale tragique et douloureuse, nous portent bien au delà des joyeuses fusillades du Western spaghetti. La représentation de l’Ouest américain, bien que très classique dans les décors et les costumes, est cependant poussée vers un certain réalisme par l’exploitation de la thématique de l’immigration, du multiculturalisme et même du multilinguisme puisque plusieurs scènes, et notamment un magistral huis clos dans une diligence, mélangent des dialogues en anglais et en danois. On entend même l’accent français de certains méchants (Eric Cantona fait partie du casting).

Néanmoins, comme dans tout bon Western, le silence prend souvent le pas sur les mots. Il est incarné dans le film par une jeune femme muette, l’intendante des gangsters, magnifiquement interprétée par Eva Green. Ce personnage défiant et mutique est une belle trouvaille et s’intègre parfaitement dans l’écrin du Western tout en lui conférant une certaine modernité. Vous l’aurez compris, The Salvation est un Western conventionnel, mais pas seulement. Plus européen que Sergio Leone et au moins aussi américain que John Ford, il fait renaître avec audace et sincérité un genre que nous regrettons tous. A voir sans modération !

 

Pour citer cette ressource :

Clifford Armion, "The Salvation (Kristian Levring)", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), août 2014. Consulté le 19/03/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/arts/cinema/the-salvation-kristian-levring-