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«Le temps des cendres» de Jorge Volpi

Par María-Jesús Therond : Professeur d'Espagnol - Lycée Condorcet de Saint-Priest, Jorge Volpi
Publié par Christine Bini le 25/06/2008

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Présentation du roman de l'écrivain Jorge Volpi.

Auteur : Jorge VOLPI
Titre : Le temps des cendres
Titre original : No será la tierra
Editeur : Santillana Ediciones generales, S.L, Madrid
Année de publication : 2006
Traduction : Gabriel Iaculli
Editeur : Seuil
Année de publication : 2008
Pages : 525
L'AUTEUR
Jorge Volpi, né à Mexico en 1968, écrit depuis l'âge de douze ans. Il a étudié la littérature et le droit. Il a été diplomate et a séjourné deux ans à Paris à la direction de l'Institut du Mexique. Il a été, en 1996, l'un des cinq fondateurs du groupe littéraire « la generación del crack » dont l'objectif est de proposer des thématiques, des narrations et une écriture qui sont en rupture avec la littérature hispano-américaine contemporaine. La generación del crack a, parfois, été opposée, de part ses caractéristiques, au « realismo mágico ».
L'œuvre romanesque de Jorge Volpi s'inscrit et illustre, parfaitement, ce nouveau courant de la littérature mexicaine. Ses principaux romans sont A pesar del oscuro silencio (1993), La paz de los sepulcros (1995), El temperamento melancólico (1996). Mais, c'est surtout avec La trilogía del siglo XX (1999-2006),dont No será la tierra (le temps des cendres) est le dernier volet, que JorgeVolpi s'est définitivement imposé comme un écrivain de premier plan.

LE ROMAN
Le destin de trois femmes, qui ne se connaissent pas, sert de fil conducteur à l'intrigue du roman. Chacune d'elle illustre un ou plusieurs aspects de la comédie humaine telle qu'elle se joue dans la deuxième moitié du XX siècle.
La première, Jennifer Moore est américaine et fonctionnaire au FMI. Sa réussite professionnelle est inversement proportionnelle au marasme d'une vie personnelle qui la condamne au despotisme, à l'égocentrisme et à la solitude. La deuxième, Irina Nikolaïevana Granina est russe et biologiste dans un laboratoire militaire. La chute du communisme fera d'elle une citoyenne déclassée qui se refuse à renoncer aux idéaux démocratiques dans une Russie rêvant, les yeux ouverts, aux joies de l'économie de marché et de l'enrichissement personnel. Quant à la troisième, Eva Halász, hongroise vivant aux Etats-Unis, c'est une scientifique qui a été une E.I.P (enfant intellectuellement précoce). Elle facilitera le séquençage du génome humain, grâce à son génie informatique, et contribuera, ainsi, à approfondir la connaissance que l'Homme a de lui-même. Mais elle sera, cependant, incapable de connaître et de comprendre les mécanismes qui régissent sa vie personnelle.

LE PARADOXE HUMAIN
Dans ce roman, Jorge Volpi semble vouloir exposer et illustrer l'immense paradoxe que constitue l'Histoire de l'humanité tout au long du XX siècle.
En effet, au cours de ces décennies, l'Homme n'aura eu de cesse d'élever sa pensée à un degré de sophistication jamais égalé et ceci grâce, notamment, aux différents progrès scientifiques comme la théorie de la relativité et surtout les biosciences. Mais, parallèlement, l'Homme n'aura eu de cesse de laisser s'exprimer ses pulsions les plus primaires. Celles-ci semblent avoir choisi le champ de l'économique et du politique pour se manifester. Pour Jorge Volpi, la recherche forcenée du profit et la globalisation à outrance qui l'accompagne peuvent être assimilées à une pulsion incontrôlable, à un instinct de possession, à une avidité agressive qui mettent en péril la survie de l'espèce. De fait, l'auteur paraît s'interroger  sur cet éternel paradoxe : comment l'Homme peut-il affirmer son humaine condition s'il ne parvient pas à s'extraire de son animalité ?

NARRATION GLOBALE ET GLOBALISATION DE L'HISTOIRE DU XXème SIECLE
Lorsqu'on lit No será la tierra de Jorge Volpi, on est d'abord frappé par sa volonté de présenter une intrigue qui puisse contenir une Histoire globale du siècle qui vient de s'achever. En effet, pour l'auteur, le peu de distance qui nous sépare des évènements évoqués, ne semble, en aucun cas, être un obstacle à la compréhension et interprétation de ceux-ci. Pour y parvenir, il utilise une narration éclatée qui multiplie les personnages et les lieux de l'intrigue donnant à son lecteur la sensation d'une course effrénée à travers l'espace et le temps. Cette détermination à rendre compte de la globalité d'une Histoire aussi récente ne peut que conduire le lecteur à s'impliquer émotionnellement car il retrouvera dans cette narration globale des sensations et des souvenirs qui lui appartiennent en propre. D'autre part, l'économie de moyens, la précision et la vivacité du rythme de la phrase ne peuvent que maintenir en haleine. On est fasciné par un roman qui donne des clés pour réfléchir à une Histoire que l'on vient juste de terminer de vivre.
 

 
Pour citer cette ressource :

María-Jesús Therond, Jorge Volpi, Le temps des cendres de Jorge Volpi, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), juin 2008. Consulté le 24/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/litterature/litterature-latino-americaine/la-dictature-dans-la-litterature/le-temps-des-cendres