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«La enfermedad» d'Alberto Barrera Tyszka

Par Caroline Bojarski : Titulaire d'un Master 2 Pro (Traduction littéraire et édition critique) - Université Lumière Lyon 2
Publié par Christine Bini le 12/03/2012

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Présentation du roman ((La enfermedad)) de Alberto Barrera Tyszka.

enfermedad_1354547435564-jpgAlberto Barrera Tyszka, La enfermedad, Anagrama, Barcelona, 2006 / La maladie, Gallimard –  Du monde entier , Paris, 2010, traduit de l'espagnol (Vénézuela) par Vincent Raynaud.

 

Quand Andrès, médecin, apprend que son père est atteint d'un cancer du poumon, il ne sait pas quoi faire. Lui, le grand médecin dont la photo figure dans les magazines spécialisés et qui a toujours prôné la franchise envers les patients n'est plus très sûr de lui, il se trouve confronté à un choix : dire la vérité ou mentir. Enfant, sa mère est morte dans un accident d'avion. Son père s'est alors occupé de lui, les obligeant à sans cesse déménager pour ne pas que l'absence ait le temps de les rattraper et les empêche de vivre ce qu'ils avaient à vivre. Seulement aujourd'hui, ils ne peuvent plus fuir, ou plus pour longtemps, car irrémédiablement, la maladie se fera une place dans leur vie, quelle que soit la décision d'Andrès.

Il cherche, dans ses livres, autour de lui, un indice, un ordre, une solution qui soulagerait son mal-être, sa douleur de vivant face au mourant. Les articles en font état, tout dire peut être contre-productif, mais ce n'est pas non plus éthique de cacher des informations. Il ne sait pas comment son père va réagir, ni comment lui révéler l'inévitable vérité. Est-il nécessaire de savoir tant de choses sur le corps, de pousser si loin les analyses, si nous savons très bien que malgré tous les soins prodigués, la mort nous attend ? Pourquoi, dans nos sociétés, préférons-nous étirer nos vies, les prolonger au maximum, sans demander leur avis aux malades, comme si la douleur physique avait supplanté en eux  toute capacité de réflexion ?

Andrès sait que dès qu'il annoncera à son père la triste nouvelle, rien ne sera plus comme avant. « La douleur physique neutralise immédiatement tout autre désir qui ne soit la disparition de celle-ci. Cette vie que nous récusons parce qu'elle nous paraît courte, médiocre ou absurde, acquiert immédiatement une valeur inestimable : nous l'acceptons en bloc, avec tous ses défauts, pourvu que nous ne la recevions pas dans la plus humiliante de ses formes qui est la douleur » dit Julio Ramón Ribeyro. 
 

Andrès et son père ne sont pas les seuls personnages du livre confrontés à la maladie. Karina, la secrétaire d'Andrès, reçoit très régulièrement des lettres d'un patient nommé Ernesto Durán faisant part au docteur de son mal-être croissant : nausée, tachycardie, vertiges, essoufflement... alors que ses analyses ne révèlent rien. Apparaît alors la figure d'un homme hypocondriaque, un malade imaginaire, dont les maux se répandent au fil des messages de plus en plus nombreux et pressants. Merny, elle, la femme de ménage des quartiers pauvres, vit le changement d'attitude de son fils comme une maladie, dont les symptômes seraient l'angoisse continuelle, la froideur, le peur, l'empressement... Finalement, les « vrais » malades sont loin d'être les seuls à souffrir.

En 2006, Alberto Barrera Tyszka reçoit pour La maladie le prix Herralde du roman décerné par les éditions Anagrama. C'est un roman avec peu de personnages et à vocation universelle. Un livre intime et épique. Il nous rappelle que la maladie fait partie de la condition humaine et que la vie est un hasard. Cet ancien infirmier est aujourd'hui professeur à l'Université Centrale du Venezuela mais aussi chroniqueur, romancier, nouvelliste et auteur de telenovelas. Il écrit régulièrement pour le journal El Nacional du Venezuela, et collabore avec Letras Libres, El País ou Etiqueta Negra. En 2004, il a d'ailleurs publié un livre en collaboration avec Cristina Marcano, Hugo Chávez sin uniforme. Il est auteur du roman También el corazón es un descuido (2001), du recueil de nouvelles Edición de lujo (1990) et du recueil de poèmes Coyote de ventanas (1993) et Tal vez el frío (2000). Son dernier roman s'intitule Rating (2011) et traite de la télé-réalité dans tous ses états.

 
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Pour citer cette ressource :

Caroline Bojarski, La enfermedad d'Alberto Barrera Tyszka, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mars 2012. Consulté le 21/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/litterature/litterature-latino-americaine/bibliotheque/la-enfermedad