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Le quotidien des femmes républicaines dans deux romans de Dulce Chacón

Par Zoé Noël : Étudiante de Master 1 - ENS de Lyon
Publié par Elodie Pietriga le 26/05/2021

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Ce travail a pour objectif de montrer comment l'écrivaine espagnole Dulce Chacón présente la vie quotidienne des femmes républicaines dans deux de ses romans.
Couverture du livre de Dulce Chacón, Cielos de barro
Chacón, Dulce. 2000. Cielos de barro, Barcelona: Planeta.
Couverture du livre de Dulce Chacón, La voz dormida
Chacón, Dulce. 2002. La voz dormida, Madrid: Alfaguara.

Introduction 

Dulce Chacón Gutiérrez, autrice de nombreux romans et de poésie est née à Zafra en 1954 et décédée en 2003, à Madrid, des suites d’un cancer. Tous ses poèmes sont réunis dans le recueil Cuatro gotas (2003). Avant de publier Cielos de barro (2000) et La voz dormida (2002), elle a écrit trois autres romans qui forment une trilogie : Triología de la huida, composée de Algún amor que no mate (1996), Blanca vuela mañana (1997) et Háblame, musa, de aquel varón (1998).

Dans ses deux derniers romans, il est question de la résistance des femmes républicaines à partir des années trente jusqu’à la fin du franquisme. Cielos de barro débute juste avant la guerre civile et se termine plusieurs années après la mort de Franco. L’action de La voz dormida est davantage centrée sur l’après-guerre. La résistance des républicaines et plus généralement leur sort durant la guerre et l’après-guerre a longtemps été oublié. Mais un travail de récupération de la mémoire a commencé dans les années 1990/2000, notamment dans la littérature, pour rappeler leur rôle fondamental à cette époque. Cela a même pris la forme d’un « boom » littéraire, à tel point que la récupération de la mémoire s’est apparentée à une véritable industrie. 

Nous explorerons la façon dont les deux romans montrent la dureté de la vie des femmes républicaines ainsi que les différents types de résistances qu’elles ont mis en place.

I- Une réalité complexe et violente

1.Confusion idéologique

Au sortir de la guerre, en 1939, l’Espagne est séparée en deux : d’un côté les nationalistes qui sont les vainqueurs et de l’autre les républicains, les vaincus. Rappelons que la guerre se termine officiellement le premier avril 1939 avec un bulletin écrit à Burgos par Franco lui-même. La situation était plutôt complexe car chacun avait lutté pour un idéal et pensait être meilleur que l’autre. Le personnage de Reme dans La voz dormida l'exprime clairement : “Yo creía que los rebeldes eran ellos. Yo no entendía nada.” (p.60). En effet, au début de la guerre, les rebelles étaient les nationalistes qui s'étaient soulevés contre le régime de la seconde République. Mais par la suite ce sont les républicains qui sont considérés comme les rebelles, les perdants de la guerre.

Le personnage de Pepita, dans La voz dormida, incarne cette confusion et cette incompréhension qui résulte de la guerre. Elle ne souhaite pas prendre part au débat politique entre les deux Espagne, car selon elle, l’une et l’autre ont commis des erreurs et ont contribué à la situation complexe qu’elle vit, et elle refuse de s’allier au Parti communiste, alors que sa sœur et son beau-frère en font partie ainsi que Doña Celia, sa patronne, avec qui elle entretient de très bonnes relations : 

Pepita comenzó a pensar en los muertos cuando las mujeres anunciaban que el próximo año será Jacobeo. Pensó en los muertos. Y pensó en el dichoso Partido que había mantenido la guerrilla inútilmente, durante años, para demostrar su fuerza, para hacerse notar, para que muchos de ellos murieran más valientes que nunca, sin sentido. (p.380).

Elle met en avant le résultat désastreux de la guerre en répétant plusieurs fois le mot “morts” ou le verbe “mourir”, témoignage d’une dure réalité qui a affecté les deux camps. En effet, selon Max Gallo la guerre d’Espagne aurait fait 560 000 morts (Gallo, 1975). L’utilisation de l’adjectif “dichoso” montre à quel point Pepita tient le Parti communiste pour responsable des morts de la guérilla, c’est pourquoi elle ne souhaite pas y adhérer.

Antonio, le narrateur de Cielos de barro, républicain convaincu, exprime lui aussi des doutes sur la situation politique. Ses réserves commencent avant même la guerre, avec la seconde République qui, selon lui, n’a pas pu mener à bien toutes les réformes promises. Et lorsqu’il évoque les incendies provoqués par les républicains dans les églises, il ajoute : "¿Qué habría de estar conforme yo con eso? Y sólo Dios sabe cuántas cosas peores. Cosas malas. Cosas malas." (p.55). Au sein même du camp des républicains il existait aussi une sorte de confusion car tout le monde n’était pas d’accord avec les actions les plus violentes.

2. Violences psychologiques

a. Perte des proches

L'un des thèmes importants, commun aux deux œuvres, est celui de la perte des proches et du deuil. Les femmes sont les plus touchées par ce sujet car ce sont, le plus souvent, les hommes qui partent à la guerre. Toutes les protagonistes, quel que soit le camp auquel elles appartiennent, ont perdu un mari, un frère ou encore un fils. Dans Cielos de barro, Carmen aussi, d’une certaine manière, perd son mari, dans la mesure où ce dernier n’a plus aucune envie de vivre après la mise en place de la dictature et surtout après la mort de leur fille, Aurora.

Certaines restent dans le doute car elles n’ont pas de nouvelles et ne savent pas si elles doivent faire leur deuil ou non, comme Elvira, dans La voz dormida, qui passe toute son enfance sans savoir si son père est mort ou non. Mais cela ne concerne que les femmes républicaines qui n’ont pas toujours accès à l’information. De manière générale celles qui se trouvent en prison ne peuvent pas réellement savoir où sont leurs proches : ils sont le plus souvent en prison aussi, ou alors ils ont intégré l’un des mouvements de la résistance. Elles ne peuvent donc pas se mettre en contact avec eux, car cela les exposerait à trop de dangers. Au cours d’un dialogue entre plusieurs femmes dans Cielos de barro, l’une d’elle dit : “Y que no dan su permiso para darles entierro, y que los van a quemar, que son ateos y no merecen cristiana sepultura” (p.119). Ces femmes, qui pour leur part ont accès à l’information, ne peuvent pas préparer l’enterrement de leurs proches ni les voir une dernière fois et ont donc du mal à faire leur deuil

b. Ne pas pouvoir se marier

Le fait de ne pas pouvoir se marier à cause de ses opinions politiques apparaît dans les deux œuvres. Dans Cielos de barro, cela concerne Isidora et El Modesto :  

“Y se casaron, en la sacristía de la iglesia, donde ambos juraron previamente la renuncia a sus ideas socialistas cumpliendo las exigencias de don Matías, que se negó a oficiar el sacramento del matrimonio si los contrayentes no adjuraban de sus convicciones” (p.154). 

Dans La voz dormida les protagonistes concernés sont Pepita et Paulino :  

“El último disgusto de Pepita se lo dio el arzobispado, hace un mes, cuando le negó el sacramento del matrimonio porque su novio era comunista” (p.376).  

Le problème pour les deux couples est donc le même, mais El Modesto accepte de renoncer à son idéologie, ce que Paulino refuse. Pepita doit supplier le prêtre et lui expliquer son histoire pour qu’il accepte de les marier. Le mariage qui est normalement un acte permettant de célébrer l’amour de deux personnes, se transforme en un privilège pour les gagnants. Le mariage, à l’époque, était aussi socialement fondamental, car sans ce sacrement les enfants n’étaient pas reconnus. De plus le mariage apportait une légitimité au couple, lui conférant un statut social plus important. Il était très mal vu de vivre en concubinage ou d’avoir des enfants sans être mariés comme le montre les nombreuses revues de la Sección femenina ou la littérature de l'époque. 

c. Le discours des vainqueurs et le chantage

Les femmes nationalistes font partie du camp des gagnants, elles profitent donc de certains avantages : elles n’ont pas besoin de se cacher ni de se faire discrètes. Dans Cielos de barro, Carmen et Victoria profitent de ce pouvoir  : elles réussissent à contrôler la vie des autres grâce à un discours qu’elles sont capables d’adapter à la situation. Carmen utilise le fait qu’Isidora a combattu dans la milice pour l’empêcher de dénoncer les hommes qui l’ont violée. Sa fille, Victoria, récupère cette histoire pour obliger Isidora et son mari à lui donner leur enfant.

“Y lo que nadie ha visto es que no ha pasado, ni has matado a un hombre ni has luchado en el frente”(p.146). Carmen modifie l’histoire dans un but purement personnel : que le futur époux de sa fille ne soit pas dénoncé.  

Dans La voz dormida, nous voyons qu’en prison aussi certains discours sont très dégradants, comme celui du curé lors de la messe de Noël, à laquelle toutes les détenues sont obligées d’assister : “Sois escoria, y por eso estáis aquí. Y si no conocéis esa palabra, yo os voy a decir lo que significa escoria. Mierda, significa mierda.” (p.137). Cette phrase est très dure et d’autant plus humiliante que le curé utilise des mots qu’il doit expliquer (“escoria”), ce qui rappelle à ces femmes qu’elles n’ont pas beaucoup d’éducation, ou des mots grossiers qu'il répète avec insistance. Cela nous permet de voir quel regard portent les vainqueurs sur les vaincus.

Cette scène n’est pas exempte de chantage :  

“El culto religioso forma parte de su reeducación. No han querido comulgar y hoy ha nacido Cristo. Van a darle todas un beso, y la que no se lo dé se queda sin comunicación esta tarde” (p.139).  

Les prisonnières attendent avec impatience le jour de Noël pour voir leur famille, elles n’ont donc pas d’autres choix que d’embrasser la figure du Christ, alors que beaucoup se disaient athées. Le mot « rééducation » est caractéristique des régimes totalitaires (cf. Arendt, 1951). Cela fait partie de la stratégie mise en place par le franquisme afin de façonner les vaincus à l’image des vainqueurs, de les faire renoncer à leur idéologie, de les dominer. De fait, celle qui refuse d’embrasse la statue de la Vierge est punie très sévèrement.

3. Violences physiques

a. Torture 

La torture physique a lieu en prison, de manière quasi quotidienne, car les détenues sont punies pour des raisons très diverses, parfois futiles. Ainsi les gardiennes de la prison rasent le crâne d’Elvira car cette dernière a pleuré. Dans la prison de Ventas, la torture la plus pratiquée est celle des pois chiches sur lesquels les femmes doivent s’agenouiller pendant des heures. Elvira est la première à révéler cette pratique lors d’une visite de son grand-père durant laquelle elle tente de lui faire comprendre qu’elle a été torturée mais qu’elle n’a rien révélé sur l’activité de son frère. Hortensia aussi a subi cette torture : “Ya están casi curadas [sus rodillas], aunque le da la sensación de que un garbanzo se ha quedado dentro.” (p.150). La torture passe aussi par des gifles ou des coups assenés par les gardiennes aux détenues. Cette description de la torture est très réaliste et correspond aux témoignages de nombreuses femmes (Cuevas Gutiérrez, 2005). Mais la réalité pouvait être encore plus atroce et provoquer la folie des détenues comme le raconte Nieves Waldemer Santiesteban (Cuevas Gutiérrez, 2005) évoquant sa sœur, qui à la suite de plusieurs mois de torture perd totalement la raison : “la llevaron a Gobernación en Madrid y la sometieron a tres meses de castigo [...] dejándola en un estado desastroso, perdiendo la razón y estando diez años sentada, postrada y atentida solamente por su marido” (p.38).  

b. Les viols 

Les républicaines qui n'ont pas été emprisonnées peuvent aussi subir des violences physiques et même être victimes de viols. Dans Cielos de barro, plusieurs femmes en sont victimes, comme Isidora, Quica et Inma. Ces viols sont pratiqués par des hommes nationalistes, comme Felipe, qui, eux aussi, utilisent le chantage pour empêcher leurs victimes de les dénoncer :  

“que la hija de Catalina [Inma] murió de parto sin haber confesado quién era el padre del niño tullido. Y que no lo dijo nunca porque él la amenazó con la medalla de la Virgen de Guadalupe, aún manchada de sangre reseca y con el nombre de Quica grabado” (p.270). 

Les viols de Quica et Isidora ont eu lieu en même temps devant un groupe de soldats. Ils peuvent donc être considérés comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens où l’entend l’ONU ((Résolution 1820.)). Le viol d’Inma, en revanche, n’est pas un crime de guerre, mais une vengeance personnelle de Felipe. Néanmoins il découle des viols commis pendant la guerre civile et de l’enchaînement des règlements de compte qui ont affecté les deux camps pendant des générations.

Malgré cette réalité très rude, ces républicaines sont présentées comme des femmes courageuses et résistantes qui semblent n’avoir jamais de doutes ni de faiblesses. Leurs conditions de vie difficiles ne les empêchent pas de défendre leurs idées. 

II- Une résistance invisible 

1. Les actes de résistance concrets 

a. En prison  

Seulement deux des femmes de La voz dormida ont pratiqué une résistance armée : “Porque Hortensia fue miliciana. Y guerrillera también, se fue a la guerrilla poco después de la muerte de su padre, aun estando embarazada de cinco meses” (p.29). Elvira aussi entre dans une milice après la guerre. Les autres femmes pratiquent une résistance non violente, c’est le cas de Reme et Tomasa. Reme coud des vêtements pour les envoyer aux républicains. C’est une résistance très habile car elle se sert de l’atelier de couture de la prison, normalement destiné à coudre des vêtements pour les nationalistes :  

“Hacía tiempo que el taller de Ventas aprovisionaba de ropa de abrigo a la guerrilla. Reme había descubierto la forma de engañar a la funcionaria que contaba la tela, el hilo y el tiempo que se empleaba a confeccionar una pieza.” (p.282).  

Quant à Tomasa, elle résiste en refusant l’enseignement religieux donné en prison ; elle préfère être punie plutôt que de renoncer à ses convictions. En effet l’Église catholique fut l’un des fondements du franquisme, elle contrôlait l’enseignement primaire mais aussi les universités avec la loi de "Ordenación de la Universidad española" du 29 juillet 1943 : “l’Université adaptera son enseignement au dogme et à la morale catholiques et aux normes du droit canonique en vigueur” (Gallo, 1975). Max Gallo estime que l’Église catholique a une telle importance qu’à partir de 1943, on peut parler de la politique du pays comme d’un national-catholicisme, dans laquelle l’Église a une place centrale.  

b. À l’extérieur  

On pourrait penser que la résistance à l’extérieur était plus simple, mais ce n’est pas le cas car après la guerre, les anciens combattants du camp républicain étaient très souvent arrêtés. Il fallait donc agir dans la clandestinité.  

Le personnage de doña Celia, dans La voz dormida, résiste en permettant aux autres femmes de s’occuper de leurs morts, ce qu’elle-même n’a pas pu faire avec sa fille. Pour cela elle s’introduit dans les cimetières, récupère un morceau de vêtement des personnes qui viennent d’être exécutées, puis le montre aux familles qui attendent à l’extérieur afin de savoir  ce qui est arrivé à leurs proches et faire leur deuil :  

“Y por eso va todas las mañanas al cementerio del Este, y se esconde con su sobrina Isabel en un panteón hasta que dejan de oírse las descargas. Por eso corre después hacia los muertos, y corta con unas tijeras un trocito de tela de sus ropas y se los muestra a las mujeres que esperan en la puerta, las que han sabido a tiempo el día de sus muertos, para que algunas de ellas los reconozcan en aquellos retales pequeños, y entren al cementerio. Y puedan cerrarles los ojos. Y les laven la cara.” (p.108) 

Les femmes dans Cielos de barro s’organisent aussi et s’entraident pour essayer d’avoir une vie meilleure, par exemple, elles volent du blé pour pouvoir manger :  

“Justa se apresuraba a coser el borde de una esquina de un saco de trigo, y Catalina hacía lo propio con otro. De cada uno de ellos habían extraído unos cuantos granos que ya habían escondido en la alacena cuidadosamente envueltos en papel de estraza.” (p.216).  

Nous voyons qu'elles sont solidaires et assez astucieuses pour ne voler qu'une petite quantité de blé dans chaque sac afin de ne pas attirer les soupçons. Elles ont également fabriqué un moulin en bois pour pouvoir moudre les grains dérobés puisqu'elles ne peuvent les confier au meunier.

À ces actes de résistance individuels, s’ajoute un mouvement plus collectif : la guérilla, surtout évoquée dans La voz dormida. Elvira rejoint le mouvement tout de suite après être sortie de prison. Elle suit alors son frère dans les actions qu’il mène avec d’autres hommes engagés. L'amour fraternel qui unit les deux personnages est aussi un moteur pour Elvira. Son frère est prêt à tout, même à mourrir, pour protéger sa soeur.

2. L’importance de l’amour 

L’amour est une composante indispensable des deux romans de Dulce Chacón. La résistance ne pourrait pas se faire sans le soutien et l’amour des familles. L’amour le plus évident est celui entre hommes et femmes hétérosexuels. Dans chaque œuvre, nous trouvons un couple très soudé : Antonio et Catalina dans Cielos de barro, et Hortensia et Felipe dans La voz dormida. Catalina reçoit un appui sans faille de la part de son mari. Nous nous en rendons compte lorsque lui-même raconte leur histoire. Antonio n’est pas dans la résistance à proprement parler, mais Catalina réalise des actes de rébellion qu’il approuve de manière plus ou moins directe. Elle empêche que Felipe ne viole Isidora, en l’assommant avec une pierre. Hortensia et Felipe combattent tous deux dans la milice républicaine pendant la guerre. L’amour qu’ils se portent l’un l’autre les protège jusqu’à ce qu’Hortensia se fasse prendre :  

“Pero Hortensia no volvió. No volvió. Y ahora se pregunta de nuevo, como tantas veces lo ha hecho desde que la apresaran, cómo no se alarmó con el ladrido de los perros al llegar a la huerta. Felipe la esperaba, y ella no volvió. Los perros ladraban de una forma extraña, y ella no se dio cuenta. Sólo se fijó, como le habían indicado, en que la hortelana llevaba un pañuelo atado en la cabeza y se lo desató al verla llegar." (p.149). 

L’amour de Felipe permet à Hortensia de résister quand elle se trouve en prison, ses lettres sont son seul réconfort. Il était très important pour les prisonnières de pouvoir garder un contact avec leurs proches mais ce n’était pas toujours le cas.  

L’amour fraternel est aussi présent dans La voz dormida, incarné par Paulino et Elvira. Paulino est le grand frère d’Elvira, et il va la protéger quand cette dernière décide de faire partie de sa milice. Paulino avait déjà perdu une fois sa sœur et il ne souhaite pas que cela recommence : 

“-Has estado a punto de reventar la operación, los intereses personales deben quedar fuera de esta historia, parece mentira que todavía no sepas eso, coño. -Tú hubieras hecho lo mismo, Mateo, no me jodas. Tú hubieras hecho lo mismo, y lo sabes. -A lo mejor lo sé y a lo mejor no lo sé. Pero lo que tengo por seguro es que esto le va a costar caro a la chiquilla. Deberías dejar que se la lleve Amalia. -Ni hablar, se queda conmigo.” (p.287).  

Paulino sauvera la vie d’Elvira au moment où leur camp est attaqué et Felipe tué.  

L’entraide entre les femmes, qui peut être perçue parfois comme une sorte d’amour maternel ou sororal, est très présente aussi dans les deux romans. Dans Cielos de barro, l’amour que porte Isidora à Catalina, qui n’est pas sa fille biologique, est très fort et les unit. Cet amour pousse Catalina à protéger Isidora lorsque Felipe tente de la violer. Isidora protège aussi Catalina en décidant de ne pas lui raconter comment sa mère est décédée. En prison, l’entraide entre les femmes est d’autant plus présente qu’elles en ont besoin pour survivre. Elles vivent en collectivité, ce qui les pousse à tout partager, comme elles le font toujours avec la nourriture qu’on leur apporte de l’extérieur. Elles partagent aussi leurs vêtements. L’acte d’entraide le plus poignant est celui que réalise Tomasa et Reme en aidant Sole et Elvira à s’évader de la prison : “Sin más contratiempos, los dos falangistas franquearon la puerta de salida llevándose a las dos presas. Reme y Tomasa sonrieron al ver cómo se alejaban sus compañeras, caminando despacio.” (281). Reme et Tomasa font preuve d’un grand courage, car elles aident à mettre en place ce plan qui permet à Sole et Elvira de sortir de prison, tout en sachant qu’elles-mêmes devront rester enfermées. Cette entraide extrême n'apparaît pas dans les témoignages historiques que nous avons lus. Elle semble plutôt faire partie du processus romanesque et participer à la création du personnage de la femme républicaine héroïque.

3. Une résistance involontaire : le personnage de Pepita 

Pepita est l’un des personnages centraux de La voz dormida. Elle souhaite rester le plus loin possible de la résistance et des affaires politiques du pays, mais cela devient compliqué quand il s’agit de sa sœur ou de son beau-frère. En effet, elle ne peut pas se résoudre à refuser de les aider, mais ce faisant elle participe à la résistance. Elle commence par faire passer des lettres de Felipe à sa sœur, et elle termine par assister aux réunions du Parti communiste. Les actions qu’elle mène sont de plus en plus importantes et de plus en plus dangereuses pour sa sécurité personnelle. Elle va même passer quelques heures à la "Gobernación”, endroit qui a réellement existé et qui servait aux franquistes de salle d’interrogatoire et de torture s’ils n’obtenaient pas les réponses souhaitées ((Ce lieu apparaît dans le témoignage de Paquita Molina (Cuevas Gutiérrez, 2005, 56) : “me trasladan a Madrid, a Gobernación, donde soy bestialmente golpeada, desnuda.”)). Même si elle refuse d’être associée au Parti communiste, le narrateur considère que "Pepita sin pretenderlo, se convertirá en un miembro más del Partido Comunista en la clandestinidad, aunque jamás se afiliará” (p.375).  

III- Les limites de la résistance 

1. Les difficultés de la prison 

a. Conditions insalubres 

La réalité des prisons franquistes était très dure, les femmes vivaient les unes sur les autres. Nieves Torres raconte (Cuevas Gutiérrez, 2005) que lors de son emprisonnement à la prison de Ventas à Madrid, elles étaient douze mille, alors même que la prison était conçue pour recevoir cinq cent personnes. L’eau étant manquante, elles n’avaient pas de quoi se laver et ne pouvaient pas donner d’eau à leurs enfants. Nieves Waldemer Santiesteban (Cuevas Gutiérrez, 2005) raconte qu’après la naissance de son fils, les gardiennes de prison les ont mis avec plusieurs femmes malades, sans se soucier de la dangerosité de ces maladies pour le nouveau-né, qu’elle tentait de protéger en tournant le dos à ces dernières. La Voz dormida reflète très bien cette réalité et donne un exemple frappant : “- Lo que quiero son sábanas limpias, y más mantas. - Eso no sé si va a poder ser.” (p.204). Le docteur Ortega demande quelque chose d'élémentaire : des draps propres. Cela montre à quel point l’hygiène dans l’infirmerie et dans la prison en générale est mauvaise. Cela met en danger la vie des femmes car elles attrapent plus facilement des maladies et ne peuvent pas être soignées dans de bonnes conditions. De plus, avant l’arrivée du docteur Ortega, la personne en poste n'était pas compétente car selon Hortensia il s'agissait d'un dentiste âgé ayant des problèmes de vue.

“Este médico no ve bien. Está viejo, y tiene legañas amarillas. Además es dentista, que ha de saber él. [...] Alcohol le frotó el dentista en las heridas y fue peor que cuando le echaban vinagre allí, en el segundo piso de gobernación” (p.150).  

Ce dentiste ne peut pas soigner les femmes parce qu'il n’est pas qualifié pour cela et parce qu'il voit mal. De fait, au lieu de les soigner, il les blesse davantage. Par ailleurs, l'expression "legañas amarillas" laisse penser qu'il est lui-même malade et susceptible de contaminer ses patientes. Cela prouve que la santé, et de manière plus générale la vie, des femmes emprisonnées importait peu au régime franquiste. 

 

b. Être une femme en prison 

La prison n’était pas un endroit adapté aux besoins des femmes car elles devaient faire face à des difficultés du quotidien telles que leurs menstruations. Le roman nous montre à quel point cela pouvait être compliqué :  

“Y porque ya no tiene edad para menstruar, y durante el último año se le retrasa todos los meses. Pero viene. Viene cada mes con más hemorragia y sólo tiene tres paños, y en invierno tardan demasiado en secar.” (p.46).  

Elles n’ont pas ce qu’il faut pour pouvoir être propres ce qui est humiliant pour elles et dangereux.

L’accouchement est aussi une difficulté majeure que les femmes peuvent rencontrer quand elles sont en prison. Hortensia est enceinte lorsqu’elle rentre en prison et elle y accouche. “Apenas sin fuerzas, Hortensia solloza en la camilla de reconocimiento de la enfermería. Mercedes le aprieta la mano y le seca el sudor de la frente dándole ánimos" (p.230). C’est un accouchement épuisant pour la mère et même dangereux pour elle et l’enfant car il n’y a pas d’obstétricien ni de sage-femme dans la prison. 

2. Les difficultés morales 

a. Difficultés familiales  

En plus des conditions insalubres de la prison, certains personnages sont confrontés à des difficultés d’ordre moral. Le franquisme a privé certaines femmes de leurs enfants :   

“- Soy vuestra madre. Y abrió los brazos, esperándolas. Pero las niñas no se soltaron las manos. No hicieron ademán de acercarse al abrazo ofrecido. - Soy yo, mamaíta. No esperó más, apretó a sus hijas contra sí cuando estas empezaron a llorar. El llanto desconsolado de la madre se oirá poco después en la galería número dos derecha. -Mis pequeñas no me conocen, se han asustado de mí. Las he asustado” (p. 272).  

Ce personnage, dont nous ne connaissons pas le prénom, n’a pas vu ses filles depuis quatre ans et leurs retrouvailles ressemblent plutôt à une scène entre inconnues. Il est difficile d’imaginer l’impact que cela pouvait avoir sur le moral de ces femmes. 

b. La vision traditionnelle du rôle des femmes  

Cielos de barro nous montre quelle était l’image que la société pouvait avoir des femmes à l’époque : “No, a ellas no, a los señoritos que son los que mandan” (p.86), “Ya sabe, las mujeres valen para la cocina” (p.197). Cette vision, très péjorative, voire dégradante, ne permettait pas aux femmes d’exprimer librement leurs pensées, ce que nous voyons dans le roman avec toutes ces femmes qui vivent dans la pauvreté et qui ne peuvent rien faire à part obéir aux ordres. La place de la femme dans la société espagnole avait commencé à évoluer avant l’avènement de la Deuxième République ((Mujeres en la República. En ligne : https://canal.uned.es/video/5a6f3829b1111fbd3a8b45ba [Consulté le 18 juin 2020].)). Mais le régime franquiste cherche à rétablir un ordre patriarcal et incite les femmes à rester à la maison et à s’occuper des enfants; il existait même des livres de bonnes conduites, de la parfaite femme au foyer. Les femmes étaient enfermées dans un rôle prédéfini qui ne leur permettait pas de revendiquer leurs droits. 

3. Une “défaite” finale 

a. La mort d’Hortensia 

Le sort d’Hortensia est énoncé dès le début du roman : “La mujer que iba a morir se llamaba Hortensia” (p.13), et il ne changera pas malgré sa résistance. Son jugement n’est pas exécuté à la date prévue car elle est enceinte. On lui permet donc d’accoucher et d’allaiter l’enfant pendant quelques jours mais elle sera fusillée quelques temps après. C’est une situation psychologique difficile à vivre pour Hortensia, et pour le lecteur, car elle sait qu’elle va mourir après avoir accouché et qu’elle ne pourra donc pas élever sa fille. Néanmoins, le fait d’avoir un enfant permet à Hortensia de lui transmettre une petite valise avec des affaires personnelles, ainsi que son prénom, sous la forme du diminutif « Tensi »Le travail de mémoire vis-à-vis des républicaines commence avec leurs propres enfants et se poursuit jusqu’à nos jours avec la « generación de los nietos » des années 2000. 

b. Le viol d'Inma 

Felipe finit par “gagner” la bataille qu’il y avait entre le groupe de femmes de “Los Negrales” et lui. Il viole Inma, la fille de Catalina, pour se venger de ce que cette dernière lui avait fait (il reste handicapé toute sa vie, après avoir reçu la pierre sur la tête). Inma ne pourra jamais le dénoncer car il la menace de révéler le secret de la mort de Quica, la mère de Catalina. Inma préfère se taire afin de protéger son amie et ce faisant elle préserve aussi Felipe d'une nouvelle vengeance.

c. La perte d’un enfant 

Isidora est un personnage au destin tout aussi tragique que celui d’Hortensia ou d’Inma. En effet, en dépit de tous ses efforts et de tout ce qu’elle a enduré, elle finit par se faire voler son enfant par la riche famille nationaliste pour laquelle elle travaille à “Los Negrales”. Son fils part donc vivre à Madrid avec Victoria qui le traite comme son propre enfant jusqu'à ce qu'elle devienne mère et se détourne de lui. Néanmoins ayant appris à lire et à écrire, il peut envoyer des letttres à ses parents biologiques  pour leur donner de ses nouvelles.

Pendant la période franquiste de nombreux enfants ont été volés. Certains enfants l'étaient même dès la naissance et il était alors impossible pour leurs mères de les retrouver d'autant que le plus souvent, elles les croyaient morts. En ce qui concerne les enfants déjà nés, ils restaient en prison avec leur mère jusqu’à l’âge de trois ans, après quoi ils étaient confiés à des centres sociaux (centros de auxilio social). Avec la loi de 1941 sur la disparition des enfants, il était possible de changer le nom des enfants qui se trouvaient dans ces centres ce qui empêchait les parents de les retrouver à leur sortie de prison. De plus dans certains centres, et davantage dans ceux tenus par l’Église, les enfants subissaient un véritable lavage de cerveau, ils devenaient alors des ennemis de leurs propres parents. ((Reportage RTVE. En ligne : https://www.rtve.es/alacarta/videos/informe-semanal/informe-semanal-ninos-robados-del-franquismo-reclaman-su-memoria/356136/ [Consulté le15 avril 2021].))

Conclusion 

Malgré cette défaite finale des républicaines, Dulce Chacón nous montre que face aux difficultés de l’après-guerre, les républicaines sont capables de déployer une solidarité et une générosité que les nationalistes ne possèdent pas. Les nationalistes n’ont rien à envier aux républicaines. En effet dans Cielos de barro, leur vie est tout aussi terrible voire peut-être pire que celle des républicaines. Si nous prenons l’exemple de la famille de Carmen nous nous rendons compte que leur vie est misérable. Certes, ils possèdent de l’argent et sont respectés mais leur vie personnelle est un désastre. Cette famille est totalement déchirée car il n’existe pas chez elle la solidarité que nous avons pu voir chez les républicaines. Dulce Chacón a passé plusieurs années à se documenter sur la réalité de ce qu’ont vécu ces femmes pendant la guerre et surtout après.  Les deux romans sont très vraisemblables et reflètent fidèlement le quotidien des prisonnières et des employées des grandes familles. Le travail de Dulce Chacón s’inscrit dans un processus de réhabilitation des femmes républicaines, qui pendant toute la période du franquisme et même après ont été réduites au silence, car personne, au nom de la paix, ne voulait les écouter.  

Notes

Références bibliographiques

I- Corpus et ouvrages sur le roman  

Corpus

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Chacón, Dulce (2000). Cielos de barro, Barcelona: Planeta.

Sur l’œuvre de Dulce Chacón 

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Pour aller plus loin 

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Pour citer cette ressource :

Zoé Noël, "Le quotidien des femmes républicaines dans deux romans de Dulce Chacón", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2021. Consulté le 20/04/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/ojal/articles-articulos/dulce-chacon