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«Two for the Road» / «Voyage à deux» (Stanley Donen - 1967)

Par Lionel Gerin : Professeur d'anglais et cinéphile - Lycée Ampère de Lyon
Publié par Marion Coste le 16/02/2017
Tout le monde connait le Stanley Donen de ((Singing in the Rain)) (((Chantons sous la pluie)), 1952), ou de On ((the Town)) (((Un jour à New York)), 1949), comédies musicales brillantes et hautement toniques, à revoir évidemment. On connaît moins le Stanley Donen de ((Charade)) (1963), et pas davantage celui de ((Two for the Road)) (((Voyage à deux)), 1967). Le film raconte une quinzaine d'années de la vie d'un couple, en l'occurence Albert Finney et Audrey Hepburn. Thème simple, banal même. Pourtant, il pose d'emblée le problème de la forme. Faut-il opter pour la linéarité et user de stratagèmes pour évoquer le passage du temps, ou bien recourir aux bons vieux flash-backs ?

Bande annonce

Tout le monde connait le Stanley Donen de Singing in the Rain (Chantons sous la pluie, 1952), ou de On the Town (Un jour à New York, 1949), comédies musicales brillantes et hautement toniques, à revoir évidemment. On connaît moins le Stanley Donen de Charade (1963), et pas davantage celui de Two for the Road (Voyage à deux, 1967).

Le film raconte une quinzaine d'années de la vie d'un couple, en l'occurence Albert Finney et Audrey Hepburn. Thème simple, banal même.

Pourtant, il pose d'emblée le problème de la forme. Faut-il opter pour la linéarité et user de stratagèmes (calendriers, horloges aux aiguilles qui tournent, défilement des saisons, fondus-enchaînés) pour évoquer le passage du temps, ou bien recourir aux bons vieux flash-backs?

Donen opte pour la surprise, le dynamisme, la collision, car le temps ici est trajet. En effet, le titre l'annonce, la vie est un voyage, une route à parcourir. Et c'est donc la route et les voitures qui vont être, entre autres, le fil rouge de ce film.

Dans une dynamique qui lui est propre, le film jongle constamment entre les époques de la vie de ce couple sans que jamais l'on ne s'y perde. C'est brillant, virtuose, inventif. Des chemins qui se croisent, au propre comme au figuré, c'est une idée simple mais féconde. Le spectateur repère très vite le type ou la couleur d'une voiture et en vient à identifier l'épisode de la vie de ce couple, qui à quatre reprises refait peu ou prou le même itinéraire.

Le deuxième repère est la mode. On ne fait pas tourner Audrey Hepburn en négligeant l'élégance. Nous avons donc droit à un défilé de tenues (de Mary Quant à Paco Rabanne), qui sont autant de marqueurs temporels, en même temps qu'un régal visuel.

Tout cela est d'une grande vivacité, d'une énergie communicative. Mais là où le film fait mouche, c'est qu'il arrive, sous des sommets de légèreté et d'élégance, à évoquer l'usure d'un couple, ses phases dépressives, ses tensions au bord de la rupture, sans passer par le sempiternel pathos hollywoodien, sa musique appuyée, ses larmes obligatoires.

Tout ici est tableau subtil, pointilliste, équilibre des sentiments, va-et-vient entre les époques. Rien n'est mièvre ou convenu.

"One for the road!" évoque la gaieté forcée de l'alcoolique solitaire. "Two for the Road", au contraire, propose un programme plus séduisant et plus grisant: L'amour ("What else?"), dont Céline disait que comparé à lui, "la cocaïne est un passe-temps pour chef de gare".

Donen réinvente la comédie romantique (et grave).

Audrey Hepburn est lumineuse, un soleil dont le sourire cache les orages.

Albert Finney est charmeur.

La musique d'Henri Mancini a la simplicité de l'évidence.

En route !

 

Pour citer cette ressource :

Lionel Gerin, "«Two for the Road» / «Voyage à deux» (Stanley Donen - 1967)", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), février 2017. Consulté le 19/03/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/arts/cinema/two-for-the-road-voyage-a-deux-stanley-donen-1967-