Pour lire « Mariyam al hakâyâ »
Préliminaires
Le roman Mariyam al hakâyâ d'Alawiyya Sobh que comporte le programme inclut un grand nombre de termes levantins qui posent problème aux étudiants d’origine maghrébine. Il nous a paru bon de leur faciliter la tâche en rédigeant ce petit lexique.
Pour ce faire, nous avons demandé à un de ces étudiants de surligner dans le texte les expressions et mots étrangers à son dialecte, et qui lui posaient des problèmes de compréhension. Nous en donnons une traduction. Ce lexique est donc « empirique » et approprié au roman traité ; certains mots peuvent revêtir d’autres acceptions dans d’autres contextes. Nous ne mentionnons pas les mots qui se trouvent dans le H. Wehr (ex : sankari, kabas, fa$ax, etc.).
Pour les consonnes, nous avons utilisé une transcription adaptable à tout ordinateur, ainsi, chacun peut rajouter à son fichier et réordonner automatiquement. Cela implique l’usage de quelques symboles non standards, mais faciles à assimiler :
? = ء
& = ع
g = غ
x = خ
H = ح
h = هـ
$ = ش
Z = ظ
T = ط
D = ض
S = ص
N.B. le q du classique est prononcé ? en arabe levantin et donc transcrit ?.
On repère tout de suite que la différence majuscules/minuscules est employée pour rendre les emphatiques et la différence h/H. Le ? est employé par les phonéticiens, le x par les allemands. Le & ressemble effectivement à un ع. Donc ...
Pour les voyelles, nous emploierons e pour schwa (ex. : $efet), ce qui implique que é sera rendu par é (ex. : gassél). Le â objet d’imâla sera transcrit par ê (ex : bêb). Si l’on écrivait en arabe, on ne pourrait pas rendre ces nuances. Donc, un petit effort...
L’ordre dans lequel sont rangés les mots est celui que donne l’ordinateur à la commande Trier (qui figure sous Tableau).
Lexique
$abbaH se procurer
$alaT arracher, déraciner (ye$loT dînak = yeHro? dînak, injure)
$allax déchirer (ses vêtements, pour exprimer un chagrin, la détresse)
$ammés avoir mauvaise réputation
$armîz sorte de tissu
$eHHâTa babouche
$emer dégoûtant
$ere$ les origines, la race
$fêtîr grosses lèvres
$i byiTla& min Tîzak wbi?ellak be& m. à m. quelque chose est sorti de ton cul et te dit beuh.
Vouloir en imposer à plus fort que soi (Abela, 1981)
$û kerdték t?îlé Comme tu es antipathique, casse-pieds
$û$é touffe de cheveux sur les tempes
&a?waS piquer, aiguillonner
&al?arD ya Hakam le sens : elle ne possède plus rien, elle est dépourvue de tout.
Titre d’un recueil de Marcel Khalifé composé pendant la guerre du Liban
&ala lHâ$yé en tête (de la dabké, danse folklorique orientale, sorte de farandole)
&ama bi?albo puisse son esprit être aveuglé ! Malédiction
&arba$ grimper, de là : s’accrocher
&arîs la?Ta le mari idéal (à saisir)
&aSâyé bâton (ici le sexe en érection)
&elet chicorée
&ind el&e?dé xeri nnejjâr « arrivé au noeud, le menuisier a chié. Un menuisier scie facilement, mais quand il trouve un noeud ou une loupe
ses efforts doivent redoubler. On dit cela d’un travail qu’on juge facile au premier abord mais dont il faut bientôt
assumer les difficultés » (Abela, 1981)
?&adi law?a weHki jâlis « assieds-toi de travers, mais parle droit, qu’importent les manières, pourvu que l’on tienne des propos sensés »
(Abela, 1981).
?a$aT ôter, racler (par exemple, la crème au dessus du lait)
?add pour le classique qadr
?aHbé putain (injure grave !)
?allâ ma &endo Hjârét t$âla? Dieu n’a pas de pierres qui cassent. Dieu ne punit pas directement : il laisse le méchant être puni par là où il a
péché (Abela 1981).
?anja? à peine (=ya dob)
?ar?eTa grignotée =en lambeaux, en charpie
?awwa$ aller au diable
?aymata = matâ, quand
?ebbârî comme te?berni : puisse-tu m’enterrer = me survivre.
?êdami contraire de?az&ar : quelqu’un de bien (fils d’Adam...)
?eDhar je sors
?el?arDiyyé le pot de chambre
?erS m?arraS men da?n m&arraS une galette toute prête à la barbe (aux frais de) d’un coquin= être servi sans avoir à se fatiguer (Abela, 1981)
?erS chez les chiites, petite pierre que l’on pose devant soi pour prier.
?eSHa attention, prends garde
?essâ encore, aussi
?îmû enlevez, faites disparaître
?û&î prend garde, fais attention
?umbuz graine de chanvre
?zêz verre
ba&d mâ râH sâ?o wsemmâ?o après avoir tout perdu
ba&za?a prodigalité, gaspillage
ba??et lbaHSa elle a craché le morceau (= elle a avoué)
ba??ûsé coucou !
badâdî? /banâdî? bâtards
bajj casser, cogner
bala marta?a w?akl xara m. à m. sans rapiécer et bouffer de la merde = sans bavardage inutile
bala te?el dam/ ou : sa?îl ne sois pas insupportable, antipathique, pesant...
bala zegra sans sousestimer
ball$u commencez !
baram bûzo $ebrên il a tourné sa bouche deux empans = il m’a fait la gueule
barbas mumurer (= barbar) marmonner
bass seulement
bâtenjân aubergine
bâTôni en béton
behsâné molle
bexe$ trou
bezzeleT à poil
bfarjîki je vais te faire voir (menace)
bîjamto m?almé son pyjama a des rayures
bsayné chat
bûz gueule
byibseTek il te satisfait (sexuellement, dans le texte)
bzâz bsayné les « seins » de la chatte. Se dit d’une femme qui les seins comme des oeufs sur le plat
d?î?a wexleSna w?âmt essîré (ça a pris) une minute, on en a fini et on n’en parle plus (à propos du coït, dans le texte)
Dabb ranger
dablé/deblé abcès
dafa$ pousser
darb essadd ma tredd va au diable !
daxîlik ma b&ûd fiyyé je t’en prie, je ne pourrai plus (bander) (dans ce contexte)
daxîlik je t’en supplie
de?? we&Sâr remâcher constamment (les mêmes pensées)
dêyé sage-femme
dHa$i $$ar$af mnîH borde bien le lit
du&â?u ljaw$an[1] m . à m. «la supplique de la cuirasse », attribuée au Pro-phète, articulée sur les cents noms d’Allâh (voir google : jawshan)
ebn essêybé fils de pute
enza&abna être chassé ou se faire engueuler
fa$ar impossible que...
fa$êlîk (sing. fa$lûké) dérivé de fe$ek, crottin, choses sans valeur, billevesées
fa?$et mayt errâs elle a perdu ses eaux (au début de l’accouchement)
fa??a&tîli ?albi j’en ai marre, raz le bol, tu me fatigues
fa??ar crever (les yeux)
fadag se fendre le crâne
fal?ât fesses
fa-la$û et pourquoi donc
fantar uriner
far$ax écarter les jambes (pour accoucher, ici)
faraT égrener, métaph. : perdre les pédales
farjâ montrer
fawwaH rincer
fawwat l&az?a introduire une rondelle (plom-berie)
fe$ xel?i (je veux) me soulager en disant ce que j’ai sur le coeur
fe$$êt xel?i (fîki) j’ai passé ma colère sur toi
fe$ké crottin = sans valeur
feTés crever, suffoquer
foSS pêt
frâké/frîké plat à base de blé concassé
fTîs w$ob à crever de chaleur
fTîs chaleur étouffante
gala sekkar « faire bouilllir du sucre », se dit de la préparation épilatoire composée de sucre et de citron
ha$al s’expatrier, vagabonder
hâ$el vagabond
Hâj ou Hâjé assez, suffit !
Hala$ faucher
Hala$ tirer (par les cheveux)
halla? maintenant
harhar user
HaTT placer, poser, caser
Hayl force (du syriaque)
Hebra voile de femme
Hell &anni dégage, fiche-moi la paix
hessé comme sehyêné : sournoise
hiyyâkon me$ sêddîn taba&kon et vous, vous ne bouchez pas le vôtre, à savoir, le sexe, donc, vous continuez de faire des enfants (dans le texte ; ailleurs, vous ne fermez pas votre gueule)
Husayniyyât invocation à Husayn
jalles redresser. S’il s’agit des dents : faire un traitement ortho-dontique
jarras diffamer en tous lieux
jâTât saladiers, plats creux (du français jatte)
jawâz elgaSîbé mariage sous la contrainte
jawla? mâcher gloutonnement, de là, parler pour ne rien dire
je?ér effronté
jenfîS ou jenfâS toile grossière d’emballage
jeser un pont = un bridge ou une couronne (pour les dents)
jkâra fîk malgré toi, en dépit de toi, pour le plaisir de t’enquiquiner
jorjèt nom d’un tissu
kaddûmét snânha prognathisme de la mâchoire supérieure
kamên encore
kanzé pull-over
kara& bezlê&îmo se rengorger
kara& avaler à grandes gorgées et vite
keb$ ettût les mûres
kebbé nayyé préparation à base de viande pilée crue, de boulgour, d’oi-gnon et de basilic.
kermâl pour
kermâl pour l’amour de...
kîf lakan et comment donc
la bhe$$ wla bke$$ je m’en moque !
la?? osciller
lagan (écrit : lakan) bassine dans laquelle on lave le linge sale (du persan, via le turc)
laHadan à quelqu’un
laka$ donner un coup
latt w&ajen bavardage inutile
lazzatt à jeter
lbessé btêkol &a$âha le chat mange son dîner (elle est simplette)
lê$ rawkab &layyé pourquoi il est obsédé par moi
lhay?a apparemment
m$aHHar malheureux
m&am$a? agrippé, accroché
m?al&aT wjerbân crado et galeux
m?alled « qui suit la tradition », chez les chiites, homme de religion qui conseille les fidèles
m?ay?abé que l’on ne peut arrêter
ma fi menno il n’y a pas mieux que lui, c’est la crème des hommes
ma leHHa?te$ je n’ai pas eu le temps de...
ma&lûk froissé
ma.... mnôb absolument pas
majîdiyyât pièces d’argent (en référence au Sultan Abdelmajîd)
man tazawwaj ?emmi n?ello ya &ammi « J’appellerai « mon oncle » (en fait, mon beau-père) celui que ma mère épousera ; on est indifférent aux événements qui peuvent survenir et nous toucher même de près ; de toute façon, on est prêt à les adopter » (Abela, 1981)
manâ?î$ galettes saupoudrées d’un mélange à base de thym, avec graines de sésame et huile d’olive
manha hamm &alweHdé (tu crois que ) ce n’est pas un souci pour toute femme
mannak ?alîl tu peux faire plus (ironique)
manno raH kaffî laisse-moi continuer (mon discours)
marto, marti sa femme, ma femme
me$ &am bi?ûm ma&i je n’arrive pas à bander
me$ ?êdamiyyé =za&ra (?az&ar)
me$ men$ân $i pour rien
me$ raH fîk tu ne pourras plus (bander)
meggayTa un élastique
mejwéz sorte de flûte qu’utilisent les bergers
men elfajer lannajer du matin au soir
mesta?etlé &ajjawâz elle meurt d’envie de se marier
metel el?arb&a bneSS eljem&a au mauvais endroit
metel ma reHna jîna (variante : tî tî tî metlma reHté metlma jîté) rien de changé, la même chose, gros-jean comme devant.
metl lxûtân comme des fous
mîn dâzzek &layyé qui t’a excité contre moi, qui t’a monté la tête contre moi
mkabtal qui fait des plis, des boules, mal rangé
mnallon d’où tiennent-ils ...
mrawbaS qui a des cauchemars (dans le texte, veut dire aussi : som-nanbule)
msaTTal sous l’effet de la drogue
mTawTaH qui dodeline
mûn &layhon j’obtiens d’eux tout ce que je leur demande ; j’ai de l’ascendant sur eux
mwannsé moucheté (se dit d’un tricot ou d’un tissu)
mxâwaz faire défection, trahir
mzallam =Sâr zalamé : il est devenu un homme
n?az&ét ra?ebtik avoir le torticolis
na?af donner un petit coup
nabrî$ tuyau d’arrosage en plastic, si on ne précise pas (on dit aussi : nabrîj)
nâr whâbbé bén ?ejrayyé j’ai le feu au cul
nâTrîn qui est en train d’attendre
ndafa$ être poussé
nî& la gueule
niyyêl yalli heureux celui qui...
niyyêla elle a de la chance
raytak t?awwé$ ?enta wiyyê puisses-tu aller au diable toi et lui !
rû$atta ordonnance (du médecin)
runjus narcisse, nom propre
Sâ&ûr /sâ&ûr chevreau
sab& elburumba le plus fort des hommes
saHbet ejrayha Tawîlé elle a de belles jambes
sarsabé obsession (de propreté)
sawda foie (le plus souvent : de mouton)
Saybét &ayna la force de son [mauvais] oeil
seHHâb fermeture Eclair
sehyêné men taHet la taHet sournoise
Sermêyé godasse
servîs taxi public
settik ta grand-mère
SîSân poussins
Stefél débouille-toi comme tu veux
ta$Tîf laver à grande eau, laver à l’eau seulement (dans le texte : le sexe)
Tabb renverser
Tarabîza guéridon (petite table)
TarTé$ éclabousser
taxtéx s’abîmer, pourrir
tDayyé& perdre la tête (de sénilité)
Te?? crever (abcès)
te?ebrîni puisses-tu m’enterrer (= vivre longtemps) ; expression d’af-fection formulée le plus souvent par les femmes à l’intention des plus jeunes qu’elles
terwî?a petit-déjeuner
testêhal elle mérite
texen grosseur, épaisseur
tjaHwan faire l’animal, se comporter bêtement
tlaTTe$ donner des petites claques
trakbî lî ?rûn tu me fasse pousser des cornes =tu me trompes, tu me cocufies
tsalbaT dominer, prendre le pouvoir
Tunbur charrette
w?enté l?âylé et vous de même
wa?a& benne?Ta avoir une crise d’épilepsie
wayn ba&dik où te trouves-tu encore, où traînes-tu encore
wejj eDDaw à l’aube
xerwâ? trou
xetyâr vieillard
xlê?în grandes marmites
xrâbîT dérangés (gens), incohérents (propos)
xuwét devenir fou ( axwat)
xuwwé cadeau que l’on impose à un tiers en échange de sa protection (allusion à une coutume bédouine)
y$axxexak qui te fait pisser
ya m$aHra/ ya $eHHâri pauvre de moi, misère de misère !
yânsûn anis
ygebb &a ?albé s’évanouir
yidawlé$ il s’occupe de
yifdaH Harî$o euphémisation de yifDaH Harîmo : que l’honneur de ses femmes soit bafoué ! = ce salaud, qu’il soit confondu, au diable cette saloperie de... peut aussi avoir un sens positif yifdaH Harî$ik $u me$ta?lik : Dieu, que tu me manques !
za&ab chasser, aussi : engueuler
za&rané grossièreté, vulgarité (l’adjec-tif : ?az&ar)
ZabaT convenir, tomber à point
ZabbaT ajuster
zaHaT glisser
zamaT glisser
zeHlayTa toboggan
zhûrât infusion (camomille, verveine etc.)
zîH ligne droite
zûm jus
On pourra remarquer que la plupart de ces mots se trouvent soit dans Barthélemy soit dans Denizeau, toutefois, il faut adaper le sens au contexte. Mais il est vrai que les étudiants maghrébins pratiquent peu ces dictionnaires, quand ils en connaissent l’existence... Certes, les étudiants orientaux ne les pratiquent pas plus. Pour les proverbes, on les trouve dans le livre d’Abela : Proverbes populaires du Liban sud (Maisonneuve et Larose, 1981).
Si quelque obscurité sémantique subsiste, on peut nous écrire, et nous tenterons de répondre, pourvu qu’on nous précise la page et la ligne du mot « incompréhensible ».
Note
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Pour citer cette ressource :
Georges Bohas, Salam Diab Duranton, Pour lire Mariyam al hakâyâ , La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), janvier 2012. Consulté le 05/02/2025. URL: https://cle.ens-lyon.fr/arabe/litterature/contemporaine/pour-lire-mariyam-al-hakaya