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Projet de programme d'enseignement de spécialité (classe de première)

Publié par Alison Carton-Kozak le 12/11/2018
Projet de réforme
Le Conseil Supérieur des Programmes a publié les projets de programme d'enseignement des langues vivantes A et B (enseignements communs) pour les classes de seconde et de première. Les projets complets sont disponibles sur education.gouv.
 

Préambule spécifique à l’enseignement de spécialité d’italien

Dans une perspective humaniste, le programme de l’enseignement de spécialité de langues, littératures et cultures en italien entend contribuer à la compréhension du monde, àl’ouverture à l’altérité et à la consolidation des valeurs de citoyenneté européenne. Résolument ancré dans le patrimoine culturel et historique propre à l’Italie sans pour autant négliger sesrapports avec les autres cultures, il vise à faire comprendre la place singulière qu’occupent lalangue, la littérature et la culture italiennes dans et hors le territoire italien. Il permet en outre d’acquérir un registre de langue soutenu et vise à impliquer les élèves dans leur formation intellectuelle de façon active.

Thématiques, axes d’étude, objets d’étude

En classe de première, le programme de langue, littérature et culture est décliné selon deux thématiques : « Imaginaires » et « Pouvoirs et contre-pouvoirs ».

La thématique « Imaginaires » privilégie une approche métaphorique et esthétique du réel tandis que la thématique « Pouvoirs et contre-pouvoirs » adopte une approche philosophique, historique, sociologique et politique du réel.

Aussi les deux thématiques n’ont-elles pas vocation à être traitées de manière consécutive dansle courant de l’année mais de manière croisée pour développer une pensée analytique, indépendante, créative et critique. Les choix sont opérés également en fonction d'une progression linguistique raisonnée.

Chaque thématique comprend quatre axes d’étude pour lesquels des suggestions d’objets d’étude sont proposés en annexe.

Les axes d’étude permettent d’aborder les grands courants littéraires comme les épisodeshistoriques fondateurs de la langue et de la culture italiennes. Ils ont vocation à inscrire lesobjets d’étude dans une problématique destinée à nourrir la réflexion individuelle et collective.

Les objets d’étude, sur lesquels un regard distancié est porté, sont éclairés par une approche historique et socio-culturelle qui permet, par la diachronie, de les situer dans une société vivante et dans une chronologie porteuse de sens. Ils rendent compte des paradoxes du pays et non de véhiculer les stéréotypes.

L’étude de la langue et de la culture italiennes prend appui sur une grande variété de langages artistiques d’hier et d’aujourd’hui propres au patrimoine littéraire et culturel italien : littérature (récit, théâtre, poésie, etc.), arts plastiques, graphiques et visuels (cinéma, peinture, sculpture, bande dessinée, photographie, etc.), musique, chanson et opéra.

L’objectif essentiel consiste à faire comprendre la singularité du regard que la langue, la littérature et la culture italiennes portent sur le monde et sur elles-mêmes.

L’étude d’une œuvre intégrale

Dans le même dessein, on propose en classe de première l’étude d’une œuvre intégrale en langue italienne.

Le professeur choisit les moyens jugés les plus pertinents pour procéder à cette étude qui doit servir les principes et objectifs du programme de spécialité.

Ainsi l’étude d’une œuvre complète contribue-t-elle à l’exploration approfondie de la langue tant du point de vue lexical que grammatical. Elle dote en outre les élèves de compétencesméthodologiques dans la perspective de l’enseignement supérieur. Par les exercices qu’ellesuppose, elle constitue enfin un support de choix pour les activités de réception, de productionet d’interaction.

D’une manière générale, l’étude d’une œuvre complète doit développer le goût de lire en langue italienne en faisant découvrir aux élèves une œuvre significative du patrimoine littéraireitalien.

Dans le cadre de sa liberté pédagogique, le professeur choisit l’œuvre qui est étudiée. Il trouve dans la liste ci-dessous une sélection d’ouvrages à même de lui permettre d’atteindre lesobjectifs poursuivis.

  • Aleramo S., Una Donna, 1906

  • Ammaniti N., Io non ho paura, 2001, Io e te, 2010

  • Baricco A., Novecento, 1994

  • Bassani G, Il giardino dei Finzi Contini, 1962

  • Benni S., Il bar sotto il mare, 1987 ; Elianto, 1996

  • Buzzati D., Il Deserto dei Tartari, 1940 ; I Racconti, 1958 ; Il Colombre 1966

  • Calvino I., Il visconte dimezzato, 1952 ; Il barone rampante, 1957 ; La nuvola di smog, 1958 ; Il cavaliere inesistente, 1959 ; Marcovaldo, 1963

  • Collodi C., Le avventure di Pinocchio, 1883

  • De Luca E., Non ora non qui, 1989 ; Montedidio, 2001

  • De Amicis E., Cuore, 1886

  • Ginzburg N., Lessico famigliare, 1963

  • Levi P., Se questo è un uomo, 1947 ; La tregua, 1963

  • Loy R., Cioccolata da Hanselmann, 1995

  • Lussu E., Un anno sull’altipiano, 1938

  • Maraini D., La lunga vita di Marianna Ucrìa, 1990, Bagheria 1993

  • Morante E., L’isola di Arturo, 1957

  • Moravia A., Agostino, 1943

  • Pirandello L., Il fu Mattia Pascal, 1904 ; Novelle per un anno, 1922 ; Uno, nessuno e centomila, 1926

  • Pratolini V., Cronaca familiare, 1947

  • Sciascia L., Il giorno della civetta, 1961 ; Una storia semplice, 1989

  • Tabucchi A., I volatili del Beato Angelico, 1987

  • Vittorini E., Conversazione in Sicilia, 1941

Le dossier personnel

Le dossier personnel ou “carnet de culture” permet aux élèves, en autonomie, de conserver la trace des connaissances et compétences acquises au cours de l’enseignement de spécialité tout en développant les réflexions que cet enseignement a suscitées.

Sorte de carnet de bord, il appartient avant tout à son auteur, régulièrement incité à l’enrichiret conduit à établir des liens pertinents entre les différents champs disciplinaires découvertstant dans l’enseignement de spécialité que dans les autres disciplines travaillées.

Débuté en classe de première et poursuivi en terminale, le dossier personnel n’a pas vocation àêtre objet d’évaluation. Il permet aux élèves un retour réflexif et autonome sur leur formation intellectuelle. Il contribue ainsi à préparer l’évaluation des compétences orales et écrites etaide l’élève à se projeter dans l’enseignement supérieur.

Thématique "Imaginaires"

Étroitement liée à l’imagination, la thématique est sous-tendue par les concepts de ratio et imaginatio, et leur opposition souvent constructive entre pratique de la raison et encouragement de la faculté imaginative. En tant que processus et pouvoir intérieur de façonner des images, l’imagination — de même que les imaginaires qui en découlent — établit un rapport particulier et médiatisé avec la réalité : en partant bien de cette réalité et des images sensibles qu’elle a offertes et permis de constituer, la force imaginative crée un autre monde. C’est ainsi que fonctionne la distinction établie dans l’Antiquité entre mimesis et phantasia, la première soucieuse d’imiter la réalité, la seconde de la modifier, de la recréer ou d’en créer une autre. Aux images de ce qui a été perçu (phantasia) la faculté de l’imagination ajoute, dans sa pratique la plus créatrice,les images d’images (phantasmata). Les représentations imaginaires créent ainsi un écran entre le réel et son image.     

Immagine / immaginazione / fantasia / fantasma : autant de termes de la langue italienne qui ont fructueusement nourri la tradition littéraire et culturelle en se rapportant à la représentation d’objets sensibles et / ou à l’élaboration de figures et réalités fantastiques, construites par l’esprit humain, et ce, éventuellement hors de tout contrôle de la conscience.

De l’adjectif immaginario qui renvoie habituellement à des choses vivant uniquement dans le monde des images, dotées seulement d’une réalité psychique, dérive le concept d’imaginaire. Selon les cas, il est utilisé pour indiquer les constructions mentales, les désirs, les besoins physiques, les espoirs, les songes, par lesquels les individus et les sociétés interprètent l’existence, dans ses aspects quotidiens, hors de toute activité pratique, hors de toute connaissance critique et rationnelle.

Enfin, l’imaginaire, composante fondamentale de l’activité psychique de chaque individu, est également à l’œuvre dans les systèmes culturels et dans la sensibilité collective.

Ainsi, de façon plus large, par imaginaire, on peut entendre l’ensemble des éléments imaginés et fantastiques, les figures et personnages, les inventions et les désirs, les situations narratives sur lesquels s’est construite, à différentes époques, la représentation que l’Italie propose d’elle- même.

Axe d’étude « Espaces imaginés »

Cet axe d’étude cherche à cerner les limites et à explorer les frontières de l’espace imaginaire italien, collectif et intime, empreint de moralité chrétienne ou païenne, qu’il soit chanté, rêvé, projeté, peint, construit ou incarné.

L’histoire longue et mouvementée de peuplements successifs et juxtaposés, de conquêtes et d’invasions, de dominations et d’assujettissements du territoire italien – un espace ouvert à la fois sur des mondes maritimes et continentaux – fait de l’Italie un objet d’étude passionnant à parcourir, car depuis toujours hanté par le besoin de se représenter ou de se projeter, et d’imaginer ou d’arpenter d’autres lieux. C’est ce désir de l’ailleurs qui anime aussi bien les auteurs des représentations utopiques, que les aventuriers au long cours, ou encore les laissés- pour-compte rêvant d’un monde meilleur dans le giron italien ou loin du sol natal – quitte parfois à prendre le risque de voir leurs illusions déçues ou détrompées.

À travers l’étude par exemple des espaces imaginés de la cité, idéale ou corruptrice, en explorant les mondes nouveaux (re)découverts par les hommes de lettres ou de sciences italiens à toutes les époques, en suivant les pas des pèlerins, des voyageurs et des migrants à toutes les échelles (interne à la cité ou à la société, en Italie, hors d’Italie), on peut s’interroger sur la part de l’imaginaire et du réel dans la construction et la représentation des chemins et des territoires qui s’offrent à leurs pionniers et messagers, et sur leurs résonnances dans le temps long.     

Axe d’étude « Re-présenter le réel »

Re-présenter le réel, c’est le porter à la conscience par une image, au sens large de ce terme, et donc l’imaginer.

Les enjeux culturels et politiques, esthétiques et philosophiques de la question de la représentation du monde alimentent la pensée italienne à travers l’histoire et méritent d’être observés dans leurs spécificités.

L’art italien est un généreux créateur d’images dans les domaines variés de l’iconographie (le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie, etc.) aussi bien qu’en littérature, au cinéma ou en musique. Loin de se limiter à la recherche de la reproduction, de l’imitation fidèle, il vise à imiter la nature pour en exalter la beauté autant que pour accéder à sa connaissance la plus parfaite possible.

Les apports italiens à « l’invention » et au développement des règles de la perspective illustrent par ailleurs la révolution de l’instauration d’un point de vue qui donnera au sujet, à l’homme, une position centrale dans le monde.

« La pittura è cosa mentale », écrivait Leonardo da Vinci. Entre l’objet représenté et son image, le rapport s’enrichit de la nécessité de re-présenter la complexité de la réalité la plus intime et de l’universel d’une italianité multiforme. Ainsi l’image peut-elle acquérir des valeurs symboliques, métaphoriques, mystiques, psychanalytiques, se faisant révélatrice de vérité, quitte à exagérer, ou rêver, les contours de ce qu’elle représente.

Axe d’étude « Le beau, une histoire d’imagination »

La quête du beau caractérise l’Italie dans son patrimoine artistique, dans son architecture, dans sa littérature, dans son rapport à la conception de l’objet manufacturé (Made in Italy). D’une certaine manière, « l’imaginaire » pourrait donc être la prémisse d’un syllogisme ayant comme conclusion la construction du beau : penser, imaginer, concevoir les principes ou les outils tant conceptuels que matériels qui président à la production d’une œuvre ; autant de questions qui peuvent guider la réflexion. Par ailleurs, imaginer le beau, ce n’est pas seulement le construire matériellement, c’est aussi le conceptualiser, le projeter sur des figures mythiques qui sont à même de l’incarner. Il semble donc important de bien comprendre combien le processus créateur du beau (et du laid, son indissociable corollaire) ne peut se départir de l’imaginaire, de comprendre combien il est étranger au hasard ou à l’arbitraire.

La quête du beau est ainsi, en Italie particulièrement, à l’origine d’une inventivité inédite des moyens d’expression littéraires et artistiques.     

Axe d’étude « Du passé imaginaire au futur imaginé »

Cet axe d’étude est l’occasion de plonger dans les mythes, figures et images qui préexistent à la fondation de l’Italie et qui aujourd’hui encore peuplent l’imaginaire et structurent la culture commune des Italiens, leur permettant de se connaître et de se reconnaître comme tels. Le très riche passé historique, artistique, littéraire de l’Italie pré-unitaire offre une multitude de chemins à parcourir pour comprendre sur quelles bases mythiques, mythologiques, s’est construite cette Nation et vers quel avenir elle se projette, suivant des dynamiques souvent complexes de permanence, de résilience ou de renversement.

Il s’agit par exemple de rappeler et d’interroger quelques-uns des grands mythes fondateurs du Belpaese, comme celui de la fondation de Rome, de l’Humanisme, de la Renaissance ou encore celui des pères fondateurs de l’Unité italienne.

On peut également explorer certaines figures mythiques récurrentes dans la sphère politique ou véhiculées par des représentations de la famille, telle l’opposition entre les figures maternelle ou paternelle et leurs pendants séducteurs, dont les trajectoires viennent parfois bousculer les cadres rassurants des conventions sociales, ou bien s’intéresser à certaines particularités italiennes comme la structure économique de la petite entreprise familiale, selon le modèle du « Piccolo è bello ».

Il convient enfin de s’interroger sur les images de l’Italie, d’hier et d’aujourd’hui, sur leurs ruptures et continuités : comment vit-on all’italiana ? Quels sont les contours du Belpaese où l’on s’adonne à la dolcevita et au farniente dans l’imaginaire européen ? Quelle image l’Italie et les Italiens souhaitent montrer d’eux-mêmes ? Autant de stéréotypes et de projections à questionner pour déterminer la part de phantasme et de réalité.

Thématique « Pouvoirs et contre-pouvoirs »

Pouvoirs et contre-pouvoirs sont les deux éléments indissociables d’un même espace politique,social, économique, la Cité. Ils interrogent toutes les sociétés et toutes les périodes historiques, de la sphère la plus intime au groupe le plus large.

Les épisodes fondateurs, les grands hommes, les formes et lieux de pouvoir, la constitution de territoires politiques et linguistiques, les idéologies, sont autant de composantes d’une identitéen perpétuelle transformation.

Aussi cette thématique offre-t-elle la possibilité de multiples objets d’étude et ouvre des problématiques permettant une compréhension de la réalité de l’Italie, dans ses frontières et hors d’elles, aujourd’hui et dans des périodes révolues. On ne se prive pas pour autant d’utiles comparaisons avec d’autres réalités culturelles dès lors qu’elles s’avèrent pertinentes.

Pour ce faire, on convoque tous les champs de la connaissance humaine : les champs historiques, philosophiques, sociologiques et politiques sont autant de grammaires dont on se saisit pour apprendre à nuancer le regard et la réflexion.

Cette thématique permet, d’une part, de prendre en considération les interrogations que l’Italie porte sur son passé et sur son avenir, et d’autre part, de comprendre ces interrogations à l’échelle d’un monde globalisé. Dès lors, proposer des objets d’étude problématisés et inscrits dans une perspective diachronique est indispensable pour sortir d’une équivoque délétère.

Cette thématique s’efforce opportunément de rendre compte de la singularité du modèle italien en reconnaissant les propositions expérimentales et innovantes italiennes et la fortune qu’elles ont connue dans l’Histoire et dans le monde.

L’on comprend d’autant mieux cette singularité que l’on s’interroge sur les moyens d’expression inédits, qu’ils soient littéraires ou culturels, qui la soutiennent. On analyse par exemple avec profit les rapports entre littérature et politique, comme on s’interroge sur le rôledes intellectuels dans la cité ou encore sur le statut de l’œuvre d’art.

Ainsi peut-on appréhender les continuités et les ruptures qui ont jalonné l’histoire de la langue, de la littérature et de la culture italiennes.

Axe d’étude « Incarnations du pouvoir »

Incarner le pouvoir, c’est l’habiter, lui donner corps, vie et forme, « chair et os », le présenter et le représenter, mais aussi s’en emparer, le forcer, l’amadouer. Or l’Italie, considérée par denombreux historiens comme un laboratoire des modèles politiques européens, est à bien des égards et de longue date concernée par cette question de la représentativité du pouvoir et de la légitimité sur laquelle il croît et forge son image.

L’exercice du pouvoir ne se limite pourtant pas à la sphère politique, puisqu’il peut s’incarnerdans la religion, la finance, les milieux d’affaires, les médias ou même encore les lobbies ; ainsi la question de la propagande, sous toutes ses formes, peut être abordée comme moyend’exercer un pouvoir sur les individus et de s’imposer dans l’opinion par la force ou laconviction.

Certaines manifestations d’abus de pouvoir émanant de l’ordre établi peuvent également entretenir des collusions avec des forces anti-institutionnelles comme le pouvoir souterrain de la mafia entre autres. La littérature et le cinéma interrogent abondamment cet aspect del’histoire récente italienne.

Enfin, si cette dernière nous aide à comprendre le rapport critique du peuple italien face à sonÉtat et à l’autorité, il importe ici encore de questionner plus largement ce lien, entre distance et engagement, bien en amont de la constitution de cet État, et d’ouvrir la réflexion sur d’autres jeux d’influence qui régissent le quotidien des Italiens, au travail ou dans le cadre familial.

Axe d’étude « Pouvoirs symboliques »

Cet axe d’étude trouve ses déclinaisons dans de nombreux domaines et ses incarnations auprès d’acteurs aux profils divers, hommes et femmes d’État et gens d’église, lettrés et intellectuels, artistes et humanistes, en somme toutes celles et ceux qui ont exercé ce pouvoir en lien avec une institution, une discipline, une langue, un savoir-être ou un savoir-faire.

Comment s’exprime un pouvoir, qu’exprime-t-il, quelles sont ses représentations ? Commentexpliquer que l’on s’y soumette ou s’y oppose, qu’il fascine, qu’il répugne, qu’il inclue ou exclue ?

En marge du pouvoir institutionnel, il est possible de définir une série de pouvoirs symboliques dont les incarnations préexistent ou se fondent parallèlement au pouvoir constitué. Par exemple, on peut s’intéresser à la place souvent paradoxale qu’occupent la religion et l’Égliseen particulier dans la société italienne, que l’on songe à la vivacité des débats nés dudéveloppement des Ordres Mineurs en Italie au Moyen Âge, à la « question romaine » à la fin du Risorgimento ou à la fonction symbolique incarnée encore aujourd’hui par le Pape.

On peut également se pencher sur le rôle majeur joué par la voix des hommes et femmes delettres comme des artistes dans l’affirmation d’un pouvoir symbolique en rapport aux institutions et à l’ordre social.

La question linguistique et le maniement de la langue (italienne, nationale, régionale,dialectale) comme instrument de pouvoir et vecteur (ou non) d’unification donne lieu à d’autres réflexions, que l’on peut relier à l’héritage tantôt encensé, tantôt contesté, des valeursnées des courants humanistes.

Axe d’étude « Les formes d’engagement de la société civile »

Le citoyen, en tant que membre de la polis, vit protégé par les institutions et la force du groupe, mais il est aussi un acteur conscient de la vie de cette cité, de la vie en commun.

« En Italie, la spécificité du rapport du citoyen à l’État, pour des raisons essentiellement historiques, conditionne les formes variées d’engagement de la société civile ». Il convient de considérer la spécificité du pouvoir de la société civile à la fois comme complémentaire de la force de l’État et comme contre-pouvoir à un État dans lequel les citoyens se reconnaissent difficilement.

Aussi constate-t-on, en Italie, un engagement fructueux, ancien et multiforme du citoyen dans la vie de la cité. Il se manifeste par des formes singulières, multiples et riches : la vie associative, les manifestations et actions de solidarité, les revendications progressistes pour la défense oul’acquisition de droits.

Cet engagement particulier a donné naissance à des propositions inédites et des mouvementsalternatifs qui ont favorisé la créativité et l’idée de progrès et connu pour la plupart un succèsconsidérable.

Axe d’étude « Désobéissances et résistances »

Au fil de l’histoire, la désobéissance et la résistance ont pris, en Italie, des formes collectives et ont contribué à la naissance de la conscience individuelle, qui deviendra progressivement un des socles des démocraties européennes modernes. Le droit de résister et de désobéir est eneffet un des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen, une des expressions de sa liberté.

La désobéissance civile ou civique se traduit par le refus de respecter la loi au nom de saconscience. La résistance, quant à elle, naît de l’instauration d’un pouvoir auquel s’oppose un contre-pouvoir pourvoyeur d’actes visant à se défendre d’une agression, d’une contrainte, d’une oppression, parfois au moyen d’actions violentes. Ceux qui trouvent la force de désobéiret de résister face à un pouvoir qu’ils jugent illégitime peuvent inventer un autre pouvoir, celuide la contestation et de l’imaginaire ; ils allument des contre-feux pour transgresser ou même rompre avec le discours dominant.

« Nous devons désobéir », écrivait Goffredo Parise. De la relation ambiguë et complexe auPouvoir, en général, et à l’obéissance, en particulier, sont nées, dans le courant de l’histoire de l’Italie et des Italiens, des formes d’expression originales et variées, qu’il s’agisse de passer lasociété au crible du rire pour révéler sa cruauté à travers une comédie plus satirique que divertissante ou que l’on décide de remettre en cause de façon radicale les paramètres ancestraux de la beauté.

 

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