Analyse d'oeuvre - «Les trois âges de la femme», 1905. Gustav Klimt
Quelques repères biographiques et artistiques
Gustav Klimt (1862-1918) est né à Baumgarten près de Vienne. Fils d’un ciseleur de métaux précieux, il rentre très jeune aux Beaux-Arts de Vienne et reçoit sa première grande commande publique à 17 ans avec son frère. Il fait d’abord des fresques monumentales autour de thèmes antiques ou historiques. Son style est alors très réaliste. Mais cette peinture conventionnelle ne l’intéresse pas. Devant exécuter trois fresques pour l’université en 1894, Klimt réalise des peintures sombres qui dénoncent les écueils de la Médecine, la Philosophie et de la Jurisprudence au lieu de louer ces sciences.
D’un des peintres favoris de l’empereur et du gouvernement, il devient un opposant. En 1897, il fonde la Secession viennoise et en devient le président. Ce groupe d’artistes revendique un renouvellement de l’art et de la société par les arts. Dorénavant, Klimt vit surtout des faveurs de la grande bourgeoisie, en faisant des portraits des femmes de ses mécènes.
Ses tableaux sont célèbres pour l’utilisation de feuilles d’or, le mélange entre les figures d’un réalisme choquant au premier plan et les nombreux détails et symboles colorés des arrière-plans. Il peint surtout des femmes distantes ou des nymphes aquatiques, souvent nues. Il aborde le plus souvent de façon symbolique et par évocations des questions autour de l’amour, du corps, de la vie et de la mort, des thèmes très présents dans la Vienne angoissée du tournant du siècle.
Description du tableau
Dans ce tableau peint en 1905, on voit au premier plan une femme pâle portant sa petite fille. Ses jambes sont prises dans un voile d’eau plein de vie et on voit à l’arrière un motif de tourbillon qui renforce cette idée. Cependant, derrière elle, un autre femme plus âgée, au corps disloqué, se cache les yeux. Il y a une forte démarcation entre ces deux parties, renforcée par le contraste entre les couleurs rouge, or et ocre à gauche, et le bleu à droite. Les trois personnages ont les yeux fermés ou se les cachent. On pourrait croire qu’il s’agit d’un moment de repos ou de souvenir, mais l’atmosphère est tout autre. Cela ressemble plutôt à de l’insouciance ou de la désolation face à la vieillesse ou la mort, symbolisés par l’arrière plan très sombre, mais il peut également s'agir d'une critique du monde contemporain. En effet, dans Die Jurisprudenz, Klimt avait déjà utilisé le contraste entre un arrière plan sombre et la paleur du personnage au premier plan, un vieillard vulnérable, pour dénoncer la pression exercée par le système judiciaire. Ici, le haut de la toile est complètement noir, comme s’il menaçait d’engloutir le petit îlot sur lequel sont les trois femmes. Comme souvent lorsqu’il traite des questions existentielles, Klimt choisit une toile carrée, parce que sa régularité lui confère une dimension mystique, utilisée plus tard par Kasimir Malevitch dans Carré blanc sur fond blanc.
Inspiration et hommage
Avec cette peinture, Klimt s’attaque à un thème traditionnel, beaucoup évoqué à l’époque baroque, qui est la vanité de la beauté féminine face à la mort. Ainsi, il reprend mot pour mot le titre du tableau Die drei Lebensalter que Hans Baldung peint au XVI ème siècle. Il en reprend certains éléments, comme le voile presque translucide de la femme qui fait le lien entre elle, l’enfant et la mort, mais aussi la blonde chevelure du personnage principal. Cependant, il a pu être également influencé pour le personnage de la vieille femme par la sculpture de Rodin Celle qui fut la belle Heaulmière (1886). Les deux artistes se rencontrent en effet en 1902 et on sait qu’ils ont eu une grande influence l’un sur l’autre.
Utilisation en classe
Parallèles entre les arts
Bien que le tableau traite de thèmes difficiles à aborder comme la vieillesse et la mort, il est pourtant très parlant et la nudité quoique présente n’est pas très choquante. Ce tableau peut donc accompagner une séquence sur les vanités, au collège comme au lycée. En effet, si le poème le plus connu sur ce thème est « Es ist alles eitel » d’Andreas Gryphius (1637), Goethe et Matthias Claudius ont aussi écrit deux poèmes sur le temps qui passe. Ceux-ci sont beaucoup plus faciles d’accès et ils ont l’avantage d’avoir été mis en musique par Schubert !
« Wandrers Nachtlied », Johann Wolfgang von Goethe, mis en musique par Schubert
Texte original allemand Über allen Gipfeln |
Traduction française Sur tous les sommets, |
« Der Tod und das Leben», Matthias Claudius, mis en musique par Schubert
Texte original allemand Das Mädchen |
Traduction française La jeune fille |
Apprentissage du commentaire d'image
On peut bien sûr utiliser ce tableau pour apprendre la description d’image. En effet, il est particulièrement riche en couleurs et en contrastes, ce qui permet de mobiliser beaucoup de vocabulaire ainsi que les comparatifs ou la construction des subordonnées. Vous trouverez ci-dessous un petit lexique de la description d’image ainsi qu’un exemple de description en allemand.
Bildbeschreibung
Dieses Bild ist 1905 entstanden. Im Vordergrund sieht man eine Frau, die ihr kleines Kind in den Armen hält. Um ihre Beine ist ein Schleier aus lebhaftem Wasser zu sehen. Das Wirbelmuster hinter ihr gibt auch den Eindruck der Lebendigkeit. Doch hinter ihr steht eine andere Frau, die älter ist als sie. Sie ist gebückt, ihr Körper ist ganz krumm und sie versteckt ihre Augen. Es gibt eine Grenze zwischen diesen zwei Teilen, die von dem Farbkontrast zwischen den roten und goldenen einerseits und den blauen Farben andererseits betont wird. Man könnte glauben, dass es sich um ein Moment der Ruhe oder um eine Zeit des Erinnerns handelt, doch die Stimmung ist ganz anders. Der dunkle Hintergrund scheint eher eine Bedrohung zu sein und die Frauen versuchen, sie zu vergessen : Die drei Figuren haben geschlossene Augen oder sie verstecken sie. Der Hintergrund symbolisiert vermutlich den Tod, das Älter-Werden, oder vielleicht auch die damalige Gesellschaft. Klimt war nämlich sehr gesellschaftskritisch. Der obere Teil des Gemäldes ist ganz schwarz, als würde er die kleine Insel, auf der die drei Frauen sind, bald von oben herab überschwemmen. Klimt hat ein quadratisches Bild ausgewählt, weil er sich mit einem existenziellen Thema befasst. Später benutzt Kasimir Malevitch auch ein Quadrat für Weißes Quadrat auf weißem Hintergrund, weil die Regelmäßigkeit des Quadrats etwas mystisches hat.
Vocabulaire de la description de tableau
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Pour citer cette ressource :
Iris Cussac, Analyse d'oeuvre - Les trois âges de la femme, 1905. Gustav Klimt, La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), juin 2020. Consulté le 22/11/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/allemand/arts/peinture-et-sculpture/dossier-gustav-klimt/les-trois-ages-de-la-femme-1905-gustav-klimt-huile-sur-toile-180x180cm-rome-galleria-nazionale-d2019arte-moderna