Quelles évolutions pour les concours de recrutement des enseignants ?
Le rapport “Quelles évolutions pour les concours de recrutement des enseignants ?”, rédigé par Monique RONZEAU et Bernard SAINT-GIRONS, a été remis au ministre le 18 février 2019 en complément du rapport d’étape en date du 30 octobre 2018.
Le rapport complet, dont nous reproduisons ci-dessous l'introduction, est disponible sur le site de la SAES, dans le dossier consacré aux réformes du CAPES.
Introduction
Par lettre conjointe en date du 9 juillet 2018, les ministres en charge de l’éducation nationale, d’une part, et de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’autre part, ont souhaité confier une mission dans le cadre du suivi de la réforme de la formation des enseignants, en vue de faire des recommandations sur plusieurs questions essentielles liées à la place du concours de recrutement. Sans remettre en cause la mastérisation qui consacre un niveau d’études requis pour enseigner dans l’école de la République, il est demandé aux deux experts désignés de se prononcer sur la pertinence du maintien du concours à la place qu’il occupe aujourd’hui dans le processus de recrutement, sur l’opportunité d’adopter des modalités différentes entre les concours de recrutement de professeurs du premier degré et ceux du second degré ; et d’examiner quelles seraient les conséquences d’une éventuelle modification de la place du concours sur les ESPE2 et la formation qu’elles délivrent.
Chacun sait aujourd’hui que le bilan de la réforme de juillet 2013 mettant en place les ESPE et la formation de master préparant aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, fait tout à la fois apparaître des réussites reconnues en réponse aux enjeux deformations universitaires professionnalisantes, mais aussi de fortes interrogations qui ont été relayées dans de très nombreux rapports : on ne citera ici que les plus récents tel que le référé de la Cour des comptes en 2017 sur la contribution des ESPE à la formation initiale des enseignants du secteur public, ou le rapport des sénateurs Françoise Laborde et Max Brisson de juillet 2018 pour le compte de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, sur le métier d’enseignant.
Même si la mastérisation ou encore l’ancrage au sein des universités de la formation initiale des enseignants portée par les ESPE ne sont aucunement remises en question, les interrogations, voire les critiques, sont multiples et se concentrent souvent sur l’articulation déficiente entre une logique de formationet une logique de recrutement des futurs enseignants, avec en arrière-plan, une prise en compte insuffisante des attentes de l’Etat employeur. Dans leur lettre de mission précitée, les ministres constatent sur ce point que la «mastérisation» des concours de recrutement des personnels enseignants dans le 1er comme dans le 2nd degré a abouti à une situation dont l’efficacité est contestée, au croisement de deux logiques de diplomation et de titularisation. Afin de répondre à ces questionnements, la mission a défini ainsi ses objectifs :
- effectuer un diagnostic des faiblesses du dispositif actuel de recrutement des enseignants et de son articulation avec la formation de master MEEF ;
- évaluer les évolutions possibles sur le positionnement et la nature des concours de recrutement en analysant les conséquences sur l’architecture de la formation initiale des enseignants du 1er et du 2nd degré ;
- analyser les conditions nécessaires à la mise en œuvre des évolutions préconisées, en particulier sur le rôle des différents acteurs en charge du dispositif de formation initiale des enseignants.
Pour ce faire, elle s’est attachée à prendre connaissance ou à recueillir les positions des principaux acteurs, à analyser les ressources disponibles ainsi que tous éléments d’appréciation utiles à l’approfondissement des réflexions en lien avecl‘objet de la mission.
Il convient de préciser enfin le périmètre sur lequel portent prioritairement les analyses, car si les modes de recrutement des enseignants par voie de concours sont divers (externe, interne, troisième voie, réservé), seuls les deux premiers sont traités dans le cadre de la mission.