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Variations et innovations phonétiques en anglais américain

Par Olivier Glain : Maître de conférences - Université Jean Monnet de Saint-Étienne
Publié par Clifford Armion le 16/03/2015

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Un article pour découvrir les spécificités du General American et ses variations régionales, ainsi que ses évolutions phonétiques récentes.

Introduction

Le contact direct et régulier avec des locuteurs originaires des États-Unis n’est peut-être pas encore une réalité pour les apprenants de l’anglais en France. Néanmoins, les prononciations américaines sont de plus en plus accessibles, relayées par les médias au travers des films et des séries qu’il est désormais facile de regarder en version originale. L’explosion d’Internet contribue encore davantage à exposer les jeunes Français à l’anglais américain, qui règne sans véritable partage sur la toile. La prononciation de l’anglais américain est moins sujette aux variations spatiales et sociales que celle de l’anglais des îles Britanniques. Néanmoins, elle est loin d’être uniforme. Il semblerait d’ailleurs que les différents accents américains soient en train de diverger petit à petit les uns des autres (Labov, 2006).

Cet article a pour but de présenter les principales variations et innovations dans la prononciation de l’anglais des États-Unis. En préambule, le système des ensembles lexicaux de Wells (1982) sera présenté. L’avantage de l’utilisation de celui-ci est qu’il permet de décrire efficacement et de comparer les voyelles à travers les différentes variétés d’anglais, et ce, à partir de références communes. La seconde partie s’attachera à définir les principales régions dialectales des États-Unis. Les caractéristiques de l’accent de référence connu sous le nom de General American seront ensuite présentées. Dans un quatrième temps, les principales variations spatiales et sociales seront recensées. Enfin, cet article traitera d’un certain nombre d’innovations récemment observées par les linguistes américains.

1. Description et comparaison des voyelles : les ensembles lexicaux de J.C. Wells

Aux États-Unis comme ailleurs, les principales variations phonétiques et phonologiques concernent les voyelles, les consonnes étant en comparaison plus stables. De plus, de considérables changements vocaliques sont actuellement en train de se produire dans les principaux accents américains. Or, la transcription phonétique est problématique dès lors que l'on commence à étudier et à comparer les systèmes vocaliques ou les réalisations des voyelles à travers les variétés d’anglais. Pour gagner en efficacité, on utilisera ici le système des ensembles lexicaux (standard lexical sets), mis au point par Wells (1982). Les ensembles lexicaux sont des groupes de mots qui ont une voyelle en commun, dans un même contexte et en syllabe accentuée. Chaque ensemble lexical se défini par rapport à la prononciation de cette voyelle en Received Pronunciation (RP, l’accent britannique standard) et en General American (GA, l’accent de référence aux États-Unis). L’ensemble lexical porte le nom d'un mot clé représentatif de l'ensemble de la classe de mots en question. Il est coutumier d’écrire le nom d’un ensemble lexical en lettres majuscules. Ainsi, BATH désigne tous les mots dont la voyelle est /ɑː/ en RP et /æ/ en GA en syllabe accentuée. Une comparaison des mots appartenant à l’ensemble lexical BATH permet de rendre compte de la variation dans la prononciation de cette voyelle à travers les accents de l'anglais. L’utilisation des ensembles lexicaux permet en outre de ne pas entrer dans le détail du statut phonémique ou phonétique des voyelles étudiées et de simplifier ainsi la description. La liste des principaux ensembles lexicaux, adaptée de l’ouvrage de Wells (1982 : 127-168) et simplifiée pour les besoins de cet article, se trouve ci-dessous.

NB :

*Certains accents de l’anglais sont dits rhotiques, d’autres sont non rhotiques. Dans un accent non-rhotique, le /r/ post-vocalique (c'est-à-dire un /r/ figurant après une voyelle et dans la même syllabe que celle-ci) n’est pas prononcé. Au contraire, le même /r/ est prononcé dans un accent rhotique. Ainsi, hard est prononcé /hɑːd/ dans un accent non-rhotique et /hɑːrd/ dans un accent rhotique. En ce qui concerne la transcription du /r/  post-vocalique , on utilisera dans cet article le symbole /r/ plutôt que le symbole diacritique de la rhoticité (par exemple, /nɜːrs/sera préféré à /nɝːs/ pour transcrire nurse). Par ailleurs, le symbole diacritique de longueur /ː/ sera maintenu, même si l’on peut considérer que la présence du /r/ bloque l’allongement de la voyelle.

*Pour vérifier à quel son correspond n’importe quel signe de l’Alphabet Phonétique International, on peut se rendre sur le site Paul Meier Dialect Services (http://www.paulmeier.com). Dans « IPA charts », il faut alors cliquer sur le symbole de son choix (dans les tableaux des voyelles et des consonnes), de façon à entendre le son correspondant.

*KIT : les mots dont la voyelle est /ɪ/ en RP et en GA (ex : kit, ship, kid, limp, myth, build ...)

*DRESS : les mots dont la voyelle est traditionnellement /e/ en RP et /ɛ/ en GA (ex : dress, step, ebb, tent, bread, friend ...)

*TRAP : les mots dont la voyelle est /æ/ en RP et GA (ex : trap, bat, cat, tap, rag, hand, lapse ...)

*LOT : les mots dont la voyelle est /ɒ/ en RP et /ɑː/ en GA (ex : lot, job, stop, odd, box, swan, wash ...)

*STRUT : les mots dont la voyelle est /ʌ/ en RP et en GA (ex : strut, bus, cup, bud, lump, come, touch …)

*FOOT : les mots dont la voyelle est /ʊ/ en RP et en GA (ex : foot, put, bush, good, wolf, could ...)

*BATH : les mots dont la voyelle est /ɑː/ en RP et /æ/en GA (ex : bath, staff, class, ask, fasten, laugh ...)

*CLOTH : les mots dont la voyelle est /ɒ/ en RP et traditionnellement /ɔː/ en GA (ex : cloth, off, cross, soft, cough, Austin ...)

*NURSE : les mots dont la voyelle est /ɜː/ en RP et /ɜːr/ en GA (ex : nurse, first, hurt, birth, church, verb, word ...)

*FLEECE : les mots dont la voyelle est /iː/ en RP et en GA (ex : fleece, reep, need, cheese, brief, field ...)

*FACE : les mots dont la voyelle est /eɪ/ en RP et /eɪ/ ou /eː/ en GA (ex : face, tape, fade, waist, play, reign ...)

*PALM : les mots dont la voyelle est /ɑː/ en RP et en GA sauf s’ils sont suivis de /r/ en GA (voir START) (ex : palm, calm, ma, hurrah, façade, Java …)

*THOUGHT : les mots dont la voyelle est /ɔː/ en RP et en GA sauf s’ils sont suivis de /r/  en GA (voir NORTH) (ex : thought, cause, taunt, hawk, chalk, broad ...)

*GOAT : les mots dont la voyelle est /əʊ/ en RP et /oʊ/ en GA (ex : goat, no, soap, joke, host, toe, mauve ...)

*GOOSE : les mots dont la voyelle est /uː/ en RP et en GA (ex : goose, shoe, loop, mood, tomb, two, fruit ...)

*PRICE : les mots dont la voyelle est /aɪ/ en RP et en GA (ex : price, my, ripe, side, child, try, eye ...)

*CHOICE : les mots dont la voyelle est /ɔɪ/ en RP et en GA (ex : choice, boy, noise, spoil, employ, hoist...)

*MOUTH : les mots dont la voyelle est /aʊ/ en RP et en GA (ex : mouth, brown, out, crowd, cow, round, bough …)

*NEAR : les mots dont la voyelle est /ɪə/ en RP et /ɪr/ en GA (ex : near, hear, ear, beer, here, pier, fear, pierce ...)

*SQUARE : les mots dont la voyelle est /ɛə/ en RP et /ɛr/  en GA (ex : square, hair, air, share, fair, bear, where, scarce ...)

*START : les mots dont la voyelle est /ɑː/ en RP et /ɑːr/ en GA (ex : start, far, sharp, carve, heart, safari ...)

*NORTH : les mots dont la voyelle est /ɔː/ en RP et /ɔːr/ en GA (ex : north, orb, form, norm, quart, cord ...)

*FORCE : les mots dont la voyelle est /ɔː/ en RP et /ɔːr/en GA (ex : force, fore, soar, floor, court, sword ...)

*CURE : les mots dont la voyelle est traditionnellement /ʊə/ en RP mais /ʊr/ en GA (ex : cure, moor, your, sure, gourd, fury ...)

2. Les principales régions dialectales des Etats-Unis : entre tradition et modernité

NB : dialectes – accents – variétés

Pour la plupart des sociolinguistes européens, les différences entre dialectes se situent au niveau de la grammaire et du lexique. Les différences entre accents concernent uniquement la prononciation (variations phonologiques et phonétiques). À une région dialectale particulière correspond bien sûr un accent. Le terme variété englobe toutes les caractéristiques répertoriées ci-dessus (lexique, grammaire, prononciation).

Le paysage linguistique des États-Unis s’explique en partie par les différents schémas de colonisation qui ont historiquement contribué à la création et au développement de ce pays. Ce principe, connu en anglais sous le nom the founder’s effect, peut expliquer les différences linguistiques qui subsistent en anglais américain malgré l’importance croissante de la communication et de la mobilité dans la société américaine. Les premiers colons arrivèrent à Jamestown, en Virginie, en 1607. Une seconde colonie fut ensuite établie en 1620 à Plymouth, en Nouvelle-Angleterre, par les dissidents anglais connus sous le nom des « Pères pèlerins ». Ces premiers colons importèrent dans le Massachussetts et en Virginie une forme d’anglais assez cultivée et des prononciations typiques du sud de l’Angleterre (Schneider, 2011 : 78). Au cours de la seconde partie du XVIIème siècle, des Quakers et d’autres colons originaires des Midlands et du nord de l’Angleterre s’installèrent entre les deux précédentes colonies, au niveau de la Pennsylvanie. Ils étaient issus de milieux socio-culturels plus modestes que leurs prédécesseurs et ils apportèrent avec eux un anglais moins marqué socialement et différent phonétiquement de celui de la haute société londonienne. Au cours du siècle suivant, des vagues d’immigration du nord de l’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande contribuèrent à renforcer cette tendance linguistique. Ces nouveaux arrivants s’installèrent davantage à l’intérieur des terres.

Ces premiers schémas de colonisation expliquent en partie les différences régionales que l’on trouvera par la suite en anglais américain. Les dissidents de Virginie, du Massachussetts et leurs descendants s’installèrent durablement sur les terres qu’ils avaient colonisées. Plus tard, certains habitants de la Nouvelle-Angleterre se dirigèrent vers la région des Grands Lacs, tandis que certains Sudistes partirent s’implanter le long du Golfe du Mississippi et au Texas. Ces premières vagues d’immigration ont grandement influencé les dialectes de l’est de la Nouvelle-Angleterre et ceux des classes sociales les plus favorisées du sud du pays. Cela explique par exemple pourquoi les accents traditionnels de ces deux régions sont non rhotiques et sont considérés comme plus proches d’un accent anglais « cultivé », c'est-à-dire standard. Pendant longtemps, les grandes familles du sud eurent l’habitude d’envoyer leurs enfants faire leurs études en Angleterre, ce qui fit subsister l’influence linguistique de l’anglais britannique standard dans cette région (Fridland, 2015 : 50). En revanche, les vagues d’immigration suivantes ont contribué à l’émergence d’une variété américaine distincte. En effet, les descendants des locuteurs originaires des Midlands et du nord de l’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande éprouvèrent petit à petit le besoin de pénétrer davantage à l’intérieur du continent, dans le Midwest puis en direction de l’ouest, à la recherche de meilleures conditions de vie. Au-delà de la seule immigration britannique, un nombre important de locuteurs germanophones se sont très tôt installés sur le nouveau continent, notamment en Pennsylvanie. L’histoire du peuple américain se caractérise d’ailleurs par des vagues d’immigration venues du monde entier, une immigration souvent voulue mais parfois subie, à la manière de celle des esclaves du sud. On note d’ailleurs un certain nombre de similitudes entre les variétés du sud et l’anglais afro-américain (African American Vernacular English ; cf. section 4.6).

L’idée du « melting pot » culturel américain a souvent été évoquée pour caractériser le mélange de cultures et d’origines diverses typique des États-Unis. Ce concept est particulièrement adapté à l’évolution de l’anglais américain pour les générations qui ont suivi les premiers colons, suite à un processus de koinéisation (une koinè est un dialecte issu de la fusion de plusieurs dialectes d’une même langue, par phénomène de contact). Les formes dialectales les plus marquées furent graduellement abandonnées, notamment dans le domaine de la prononciation, au profit de formes communes, nées par phénomène de contact linguistique et plus efficaces pour la communication. Ce processus de convergence linguistique s’accentua à mesure que la « frontière » se déplaçait vers l’ouest et que le contact entre locuteurs d’origines diverses se faisait de plus en plus important. Par la suite, des innovations phonétiques eurent lieu dans les régions colonisées le plus tôt, tandis que le processus de convergence des accents continuait à l’ouest. Ainsi, il est intéressant de noter que, en matière de prononciation, les différences sociales et régionales sont les plus nettes dans le nord-est du pays, là où les premiers colons se sont implantés. Plus on se rapproche de la côte ouest, plus les différences de prononciation sont limitées car elles ont eu moins de temps pour se développer. Le temps étant un élément nécessaire à la création de différentes prononciations, la variation spatiale (tout comme la variation sociale, dont il est moins question dans cet article) est moins développée à l’échelle du continent américain qu’à celle des îles Britanniques. Aujourd’hui, les différents accents des États-Unis s’éloignent petit à petit les uns des autres (Labov, Ash & Boberg, 2006).

Au cours des dernières décennies, des changements de sons ont contribué à redéfinir quelque peu les isoglosses (les frontières entre les régions dialectales). Ainsi, Labov (1994) et Labov, Ash et Boberg (2006) définissent en partie les accents régionaux en fonction de certaines innovations, particulièrement de certains changements vocaliques en chaîne (un changement au niveau des voyelles en entraînant un autre). La situation linguistique des États-Unis aujourd’hui est donc le reflet des schémas de colonisation initiaux, du processus de koénisation ayant participé à la création de l’anglais américain, ainsi que d’innovations récentes ayant contribué à modifier la carte des accents du pays. En cela, elle est à la fois synonyme de tradition et de modernité.

Combien d’accents existe-t-il aux Etats-Unis aujourd’hui ? Cela dépend bien sûr du degré de précision de l’analyse, certains grands accents régionaux pouvant être divisés jusqu’à une échelle très locale. Pour répondre à cette question, cet article s’appuie sur les principales régions dialectales qui sont définies dans des ouvrages relativement récents (ex : Labov, Ash & Boberg, 2006 ; Schneider et al, 2008 ; Schneider, 2011 ; Glain, 2013a). On peut ainsi définir les variétés suivantes : le General American (caractérisé par une absence de régionalisme), la Nouvelle-Angleterre, les villes de la région des Grands Lacs (the Inland North), New York et les états Mid-Atlantic (situés entre la Nouvelle-Angleterre et le Sud), le Midland, le sud et l’ouest. Certains linguistes remettent en question la légitimité de  la région du Midland américain en tant que variété distincte, estimant qu’elle est une zone de transition dialectale. C’est l’approche qui sera retenue dans cet article : on considérera que le Midland peut être divisée en deux parties, le Lower North et le Upper South, deux régions dont la prononciation présente respectivement des caractéristiques du nord et du sud, mais de façon moins saillante (Schneider, 2011 : 83). Ces deux variétés ne seront donc pas traitées de façon indépendante du nord et du sud. De façon générale, il faut bien comprendre que les isoglosses ne sont pas des absolus. Le passage d’un accent à un autre se fait en réalité de façon progressive. En plus des variétés géographiques d’anglais américain définies ci-dessus, on s’intéressera aux marqueurs de la variété connue sous le nom de African American Vernacular English, une variété bien plus sociale que régionale.

3. Le General American (GA)

Le processus de koinéisation qui a caractérisé le développement de l’anglais américain(cf. section 2) a contribué à donner l’impression d’une prononciation homogène de la région des Grands Lacs jusqu’à l’ouest du pays. Ainsi, le terme General American a été créé au 20ème siècle pour désigner un accent qui exclurait principalement tout marqueur de l’est, du sud ou de l’ouest et qui correspondrait à cette prononciation censée former un ensemble cohérent. Néanmoins, les dialectologues et les sociolinguistes ont toujours remarqué qu’il existait des différences de prononciation au sein de cette grande région dialectale supposée homogène (Schneider, 2011 : 81). L’existence même du GA est parfois remise en question (Preston, 2008).  Dans tous les cas, « les définitions négatives du GA (un accent qui ne serait ni de l’est, ni du sud, ni de l’ouest) en font une « abstraction phonologique » (Jobert, 2009 : 99). Au terme General American, certains linguistes préfèrent le terme Standard American English, qui reflète davantage la réalité : dans des contextes formels et non-régionaux, les locuteurs les plus éduqués ont tendance à éliminer de leur prononciation toute caractéristique régionale ou sociale (Kretzcschmar, 2008 : 42). C’est l’accent qui correspond à cette dernière définition qui est décrit dans cet article. Par tradition, et par souci de conformité avec ce qui se pratique dans nombre d’universités européennes, l’appellation General American est cependant conservée.

Il est possible d’entendre des locuteurs de toutes les régions des États-Unis sur le site IDEA (International Dialects of English Archives)((Remerciements à IDEA (International Dialects of English Archive))) (http://www.dialectsarchive.com). Il faut pour cela choisir un état. Des enregistrements de plusieurs locuteurs sont alors à la disposition de l’internaute.

3.1 Principales caractéristiques des voyelles du GA

*LOT correspond à la voyelle [ɑː], désarrondie et allongée par rapport à son équivalent en RP. Il existe une variante [ɔː], mais la tendance semble être à la diffusion de [ɑː] (ex : plot [plɑːt] ; job [dʒɑːb] ; province [ˈprɑːvɪns])

*CLOTH : La prononciation la plus fréquente est [ɔː] (Wells, 1982 : 136). Cette voyelle est un peu plus courte et un peu plus ouverte que son équivalent en RP. La prononciation [ɑː] existe aussi (Wells, 2008) (ex : cloth [klɔːθ], [klɑːθ] ; Australia [ɔːˈstreɪliə], [ɑːˈstreɪliə] ; gone [gɔːn], [gɑːn]).

*BATH fusionne la plupart du temps avec TRAP pour donner [æ] (ex : after [ˈæftər] ; ask [æsk] ; answer [ˈænswər]). Cette prononciation est certainement le reflet de la prononciation britannique d’avant l’indépendance américaine. En RP, au contraire, cette voyelle a évolué vers [ɑː].

*START, NURSE, NORTH, FORCE : Le GA étant rhotique, le /r/ post-vocalique est prononcé dans ces quatre ensembles lexicaux, qui sont respectivement réalisés [ɑːr], [ɜːr], et [ɔːr] pour les deux derniers (ex : far [fɑːr] ; star [stɑːr] ; burn [bɜːrn] ; stern [stɜːrn] ; north [nɔːrθ] ; force [fɔːrs] ; adore [əˈdɔːr]).

*PALM a pour voyelle [ɑː], comme en RP (ex : calm [kɑːm] ; spa [spɑː]).

*FLEECE, FACE, GOAT : Ces voyelles traditionnellement considérées comme longues ont une réalisation qui dépend de leur environnement phonétique. Kretzschmar (2008 : 46) explique que, en position finale, elles sont véritablement allongées et ont tendance à diphtonguer. Elles sont alors respectivement prononcées [ɪi], [eɪ] et [oʊ] (le premier élément de GOAT est prononcé avec les lèvres arrondies, ce qui n’est pas le cas pour son équivalent en RP [əʊ]). Devant des consonnes voisées, ces voyelles demeurent relativement longues mais la tendance à la diphtongaison est moins courante. FLEECE, FACE, GOAT peuvent alors respectivement prendre la forme de [iː], [eː] (voyelle antérieure semi-fermée) et [oː] (voyelle postérieure semi-ouverte). Enfin, devant des consonnes muettes, elles ont tendance à être raccourcies. Bien sûr, un degré important de variation existe, à la fois d’un locuteur à l’autre et chez un même locuteur (ex : flee [flɪi] ; feed [fiːd] ; say [seɪ] ; fade [feːd] ; go [goʊ], goad [goʊd], [goːd]).

*THOUGHT est une voyelle qui peut être articulée avec ou sans arrondissement des lèvres.  Les variantes sont donc /ɔː/ et /ɑː/ (ex : law /lɔː/, /lɑː/ ; cause /kɔːz/,/kɑːz/ ; taught /tɔːt/, /tɑːt/ ; author /ˈɔːθər/,  /ˈɑːθər/).

*GOOSE est une voyelle sujette à d’importantes variations (Kretzschmar, 2008 : 46). Les principales variantes sont une voyelle postérieure [uː] et une voyelle centralisée [ʉː] (ex : news [nuːz], [nʉːz] ; boot [buːt], [bʉːt]).

*NEAR,  SQUARE, CURE : En RP, la perte du /r/ post-vocalique a donné naissance à des diphtongues centralisantes (dont le deuxième élément est /ə/). Le GA étant demeuré un accent rhotique, ces diphtongues n’y existent pas. Ces trois ensembles lexicaux sont donc respectivement prononcés avec [ɪr], [ɛr] et [ʊr]. CURE présente des prononciations alternatives avec [ɔːr] et [ɜːr] (ex : here [hɪr] ; zero [ˈzɪroʊ] ;  hair [hɛr] ; Mary [ˈmɛri] ; sure [ʃʊr], [ʃɔːr] , [ʃɜːr] ; tournament [ˈtʊrnəmənt], [ˈtɔːrnəmənt], [ˈtɜːrnəmənt]).

*Le GA présente un certain degré de neutralisation des phonèmes vocaliques devant /r/ lorsque celui-ci figure entre deux voyelles (ex : hurry, furry [ˈhɜːri, ˈfɜːri] ; marry, merry, Mary [ˈmɛri]).

3.2 Principales caractéristiques des consonnes du GA

*/t/ : En position intervocalique et en syllabe inaccentuée, le /t/ est souvent prononcé comme une battue alvéolaire voisée (un [r] roulé avec un seul battement, tapped [r]), que l’on peut transcrire [t̬] ou [ɾ] (ex : potato [pəˈteɪt̬oʊ], [pəˈteɪɾoʊ] ; total [ˈtoʊt̬l], [ˈtoʊɾl]). NB : Après /n/, ce /t̬/  est souvent élidé (ex : winter [ˈwɪnər] ; center [ˈsenər] ; twenty [ˈtweni]).

*Le /l/ est presque toujours sombre en anglais américain, qu’il soit en position post-vocalique  (après la voyelle) ou pré-vocalique (avant la voyelle). Cette consonne, notée [ɫ], a une articulation secondaire vélarisée : l’arrière de la langue remonte en direction du palais mou (ex : loose  [ɫuːs] ; lollipop [ˈɫɑːɫɪpɑːp]). En RP, le [l] est clair devant la voyelle.

*/r/ : Tous les <r> graphiques sont prononcés en GA, quelle que soit leur position. Le [r] est rétroflexe : la langue se contracte et se creuse, sa pointe adopte une position plus élevée que pour le [r] RP, se situant au niveau du palais dur.

3.3 Autres caractéristiques du GA

*Les terminaisons en <-ile> et <-ization> sont « faibles » en GA. La séquence <-ile> est prononcée [ɪl], [əl] ou [l], et non pas [aɪl] comme en RP (ex : missile, hostile). La terminaison <-ization> est prononcée [ɪˈzeɪʃn] et non pas [aɪˈzeɪʃn] comme en RP (ex : civilization, realization).

*A l’inverse, les terminaisons en <-ary, -ery, -ory, -ony> contiennent une voyelle forte en GA alors qu’ils ont une voyelle faible en RP (ex : momentary [ˈmoʊmənteri] en GA vs. [ˈməʊmənt(ə)ri] en RP ; cemetery [ˈsɛməteri] en GA vs. [ˈsemətri] en RP ; category [ˈkæt̬əɡɔːri] en GA vs. [ˈkætəɡ(ə)ri] en RP ; ceremony [ˈsɛrəmoʊni] en GA vs. [ˈserəməni] en RP).

- L’élision de /j/ : en GA, des mots comme tune, dune, assume, presume, news sont presque systématiquement prononcés sans la glissée palatale [j] dans les syllabes accentuées après /t, d, s, z, n/ (ex : tune [ˈtuːn], dune [ˈduːn], assume [əˈsuːm], presume [prɪˈzuːm], news [ˈnuːz].

- Après /w/, la graphie  <a> est prononcée [ɑː] en GA (vs. [ɒ] en RP) (ex : quality [ˈkwɑːlɪt̬i], watch [ˈwɑːtʃ]).

4. Principales variations spatiales aux États-Unis

Les sections ci-dessous rapportent les principales prononciations pour chaque région. Bien sûr, ces quelques lignes ne peuvent à elles-seules rendre compte de toutes les variations phonétiques. Les traits sélectionnés l’ont été en fonction de l’écart qu’ils constituent par rapport à la prononciation du GA. Pour plus d’informations, on pourra se reporter à l’ouvrage fondateur de Wells (1982). Celui-ci ayant été écrit il y a plus de trente ans, on consultera avantageusement des ouvrages tels que Trudgill et Hannah (2008), Glain (2013a), ou encore Schneider et al (2008), ce dernier étant plus complet mais plus complexe.

4.1 La région des Grands Lacs (the Inland North)

La région des Grands Lacs s’étend jusqu’au nord de l’état de New York. Il s’agit de l’une des régions les plus peuplées des Etats-Unis qui se caractérise par de grandes zones urbaines autour des villes de Cleveland, Toledo, Detroit, Chicago, Green Bay, Syracuse, Buffalo, Rochester et Milwaukee.

Doc 1 : le Inland North.
Source : Wikipedia.

Principales caractéristiques des voyelles de la région des Grands Lacs

Traditionnellement, le système vocalique de la région était proche des voyelles standard de type GA. Néanmoins, on assiste depuis plusieurs décennies à un changement en chaîne des voyelles des villes de la région, le Northen Cities Vowel Shift (NCS). Cette évolution, décrite dans la section 5, est si prononcée qu’il est possible de considérer la prononciation du Inland North comme un accent particulier.

*MOUTH : Outre le NCS, le principal écart par rapport aux voyelles du GA concerne cet ensemble lexical. Suite au phénomène de Canadian raising, et en raison de la proximité avec le voisin canadien, le premier élément de la diphtongue est réalisé de façon centrale et devient proche du schwa. La diphtongue se prononce alors [əʊ] (ex : about [əˈbəʊt], round [rəʊnd]).

4.2 La Nouvelle-Angleterre

La Nouvelle-Angleterre est composée de six états : le Vermont, le New Hampshire, le Maine, le Massachussetts, le Connecticut et le Rhode Island. Il s’agit de l’une des régions dialectales les plus anciennes du pays. Elle a gardé certains traits linguistiques liés aux premiers schémas de colonisation (cf. section 2). Le Northern Cities Vowel Shift a une certaine influence dans la région, même s’il est moins développé que dans le Inland North (cf. section 5 pour une description de ce changement vocalique en chaîne).
 


Doc 2 : la Nouvelle-Angleterre.
Source : Wikipedia.
 

Principales caractéristiques des voyelles de la Nouvelle-Angleterre

*LOT et THOUGHT ont systématiquement fusionné dans la partie est de la Nouvelle-Angleterre, et ont comme prononciation commune [ɑ] (Nagy et Roberts, 2008 : 57). Dans le reste de la région et dans la ville de Providence, il est possible de trouver des prononciations communes, comme des prononciations distinctes [ɑ] (pour LOT) et [ɔː] (pour THOUGHT) (ex : plot [plɑt] ; thought [θɑt], [θɔːt]).

*CLOTH est prononcé [ɑ] selon Nagy et Roberts (2008 : 55) (ex : off [ɑf] ; cloth [klɑθ]).

*BATH : En plus d’une prononciation [æ] de type GA, cet ensemble lexical peut correspondre à une voyelle plus ouverte de type [a] (ex : bath [bæθ], [baθ] ; after [ˈæftə(r)], [ˈaftə(r)]).

*PALM  a une réalisation antérieure [aː] comme principale variante. La prononciation [ɑː] existe aussi mais elle est moins traditionnelle dans la région (ex : palm [paːm], [pɑːm] ; calm (kaːm], [kɑːm]).

*START, NURSE, FORCE et NORTH sont respectivement prononcés [ɑː(r)], [ɜː(r)] et [ɔː(r)]. La Nouvelle-Angleterre étant désormais variablement rhotique, le /r/ post-vocalique peut être plus ou moins prononcé dans ces ensembles lexicaux. Il l’est de façon plus systématique dans les mots de type NURSE que dans les autres (ex : hard [hɑː(r)d], word [wɜː(r)d], order [ɔː(r)də(r)]). START a une variante plus antérieure [aː(r)] (ex : hard [haː(r)d]).

*NEARSQUARECURE : Les locuteurs de la Nouvelle-Angleterre utilisent souvent de vraies dipthongues, respectivement [ɪə], [ɛə] et [ʊə], que leur accent soit rhotique ou non (ex : near [nɪə(r)] ; square [skwɛə(r)] ; cure [kjʊə(r)]).

Les consonnes de la Nouvelle-Angleterre

*La région est traditionnellement non rhotique. Sous l’influence des autres variétés d’anglais nord-américaines, le /r/ post-vocalique devient aujourd’hui de plus en plus fréquent. La Nouvelle-Angleterre est à présent une région à rhoticité variable (ex : hard [haː(r)d]). Contrairement à la majorité des variétés nord-américaines, un [r] « intrusif » apparaît parfois entre deux mots en position intervocalique lorsque la voyelle finale est [ə], [ɑː] ou [ɔː] (Cruttenden, 2008 : 305). Ce [r] sert alors de liaison entre les deux voyelles. D’après Wells (1982 : 520), ce [r] « intrusif » est utilisé dans les milieux populaires de la Nouvelle-Angleterre, mais pas dans les milieux cultivés (ex : law and order [ˌlɔːrən(d)ˈɔː(r)də(r)]).

4.3 New York et les états Mid-Atlantic

Les commentaires sur l’anglais des villes de New York et de Philadelphie sont particulièrement développés dans les lignes à venir. Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, ces villes étant parmi les plus anciennes des États-Unis, la prononciation a particulièrement eu le temps d’y évoluer. En outre, ce sont certainement les deux villes du pays sur lesquelles le plus de recherches ont été effectuées. Bien sûr, les accents sont aussi nombreux et variés que les communautés qui résident dans ces grandes villes (ex : Chinatown, Little Italy ou Brooklyn à New York, le quartier irlandais de Kensington à Philadelphie). Les caractéristiques principales listées ci-dessous ne peuvent donc résumer à elles-seules la variation dans cette région. Par ailleurs, l’influence que peut avoir le Northern Cities Vowel Shift n’est pas répertorié ici (voir section 5sur les innovations).

Doc 3 : les états mid-Atlantic.
Source : Wikipedia.

Principales caractéristiques des voyelles de la région mid-Atlantic

*TRAP peut avoir plusieurs prononciations monophtonguées ou diphtonguées dans la région (Gordon, 2008a : 70, 76). Les principales sont [æ], [æə] et [ɛə] (ex : trap [træp], [træəp] ou [trɛəp] bad [bæd], [bæəd] ou [bɛəd]).

*BATH est généralement diphtongué dans cette région. Les prononciations les plus ancrées sont [æə] et [ɛə] (ex : bath [bæəθ] ou [bɛəθ], class [klæəs] ou [klɛəs]).

*STARTFORCE et NORTH : pendant longtemps, l’anglais de la ville de New York n’était pas rhotique. Sous l’influence de l’accent standard, le /r/ post-vocalique est désormais la norme chez les locuteurs les plus jeunes. On peut encore parler de variabilité, en fonction des générations et des milieux socio-économiques (les prononciations avec /r/ étant plus prestigieuses). Le reste de la région est rhotique.

*NURSE a une prononciation singulière à New York. Hormis une réalisation de type [ɜːr], on rencontre une variante diphtonguée dont la caricature est le célèbre « toidy toid » pour thirty-third. En fait, la diphtongue peut varier de [ʌə(r)] (Meier, 2009 : 192) à [ɜɪ(r)] (Gordon, 2008a : 72) (ex : burn [bɜː(r)n], [bʌə(r)n] ou [bɜɪ(r)n] ; thirty [ˈθɜː(r)ti], [ˈθʌə(r)ti] ou [ˈθɜɪ(r)ti]).

*LOT : En plus d’une prononciation [ɑː] de type GA pour l’ensemble de la région, LOT est souvent prononcé comme la diphtongue [ɑə] à New York (ex : job [dʒɑːb], [dʒɑəb] ;  posh [pɑːʃ], [pɑəʃ]).

*CLOTH et THOUGHT sont souvent prononcés [ɔː] ou [ɔə] dans la région, notamment dans les villes de New York et de Philadelphie (ex : off [ɔːf], [ɔəf] ;  loss [lɔːs], [lɔəs], often [ˈɔːfən], [ˈɔəfən].

*PALM : La variation principale se trouve à New York, où cet ensemble lexical peut correspondre à la monophtongue [ɑː] ou à la diphtongue [ɑə] (ex : calm [kɑːm], [kɑəm] ; spa [spɑː], [spɑə]).

*NEARSQUARECURE : Les réalisations de la région se rapprochent de celles du GA, à l’exception de la ville de New York. En effet, les locuteurs new-yorkais utilisent de vraies dipthongues, respectivement [ɪə], [ɛə] et [ʊə], que leur accent soit rhotique ou non (ex : near [nɪə(r)] ; pier [pɪə(r)] ; square [skwɛə(r)]; cure [kjʊə(r)]).

Les consonnes de New York

La ville de New York présente les principales différences consonantiques par rapport au GA.

*La restauration du /r/ post-vocalique est en cours et semble irrémédiable, en dépit du fait que la ville soit traditionnellement non-rhotique (Labov, Ash & Boberg, 2006).

*À New York, le /t/ et le /d/ intervocaliques en syllabe inaccentuée sont parfois réalisés sous la forme d’un [d] dentalisé, c'est-à-dire articulé contre les dents (le [d] est alvéolaire en GA). L’alphabet Phonétique International utilise le symbole [d̪] (ex : potato [pəˈteɪd̪oʊ] ; excited [ɪkˈsaɪd̪ɪd]).

*Les deux <th> sont davantage dentalisés à New York que dans le reste du pays (ex : thick [t̪ɪk] ; heather [ˈhed̪ə(r)]).

4.4 Le sud

L’immense région dont le dialecte est connu sous le nom de Southern American English comprend le quart sud-est des États-Unis, à l’exception du sud de la Floride, de l’ouest et du sud du Texas. Elle regroupe tout ou partie des états suivants : Alabama, Géorgie, Tennessee, Mississippi, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Louisiane, Arkansas, Texas, Virginie, Oklahoma, Kentucky, Virginie Occidentale, Missouri et Floride (Labov, Ash & Boberg, 2006). D’un point de vue linguistique, on peut définir la région dialectale du sud en fonction de deux facteurs importants : la neutralisation entre pin et pen et la monophtongaison de /aɪ/ en [aː] dans certains contextes (voir cartes ci-dessous).


Doc 4 : neutralisation entre pin et pen en Southern American English (Labov, Ash & Boberg : 2006).
Source : Wikipedia.
 

 Doc 5 : monophtongaison de /aɪ/ en [aː] (Labov, Ash & Boberg : 2006)

Principales caractéristiques des voyelles du sud

*KIT prend souvent la forme de la diphtongue [iə] (ex : din [diən], Tim [tiəm], kids [kiədz]).

*DRESS est prononcé [ɪ] par un grand nombre de locuteurs du sud, particulièrement devant /n/ et /m/. On parle de pin-pen merger, c'est-à-dire de neutralisation entre pin et pen (ex : men [mɪn] ; pen [pɪn] ; ten [tɪn]).

*STRUT peut être prononcé [ɜː], en plus de [ʌ] (ex : bus [bɜːs], [bʌs] ; love [lɜːv], [lʌv], country [ˈkɜːntri], [ˈkʌntri]).

*CLOTH est fréquemment prononcé comme la diphtongue [ɑʊ] (ex : cloth [klɑʊθ] ; off [ɑʊf] ; loss [lɑʊs] ; often [ˈɑʊfən] ; gone [ˈgɑʊn]).

*BATH fusionne avec TRAP. Les deux voyelles ont une réalisation commune qui tend vers la diphtongaison en [æɛ] (Glain, 2013a : 113) (ex : cap [kæɛp] ; man [mæɛn] ; after [ˈæɛftə(r)] ; ask [æɛsk]).

*FLEECE est souvent diphtongué en [ɪi] (ex : Steve [stɪiv] ; please (plɪiz] ; cheese [tʃɪiz]).

*GOOSE est souvent une diphtongue de type [ʉu], dont le premier élément est central (ex : news [nʉuz], move [mʉuv], boot [bʉut]).

*PRICE prend souvent la forme de [aː], une monophtongue antérieure ouverte, surtout en fin de mot, devant les occlusives voisées /b, d, g/ et devant les consonnes continues /m, ð, v, z, ʒ/. La chose est plus rare dans les autres contextes (ex : lime [laːm] ; sky [skaː] ; prize [praːz]). Cette monophtongaison a entraîné un changement en chaîne : le Southern Vowel Shift (voir plus bas).

*De façon globale, le Southern Drawl (une caractéristique de la région) est une modification de certaines voyelles et diphtongues, qui ont tendance à être allongées et accompagnées d’une montée de la hauteur de la voix (Thomas, 2008 : 92). C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les locuteurs du sud ont la réputation de parler de façon relativement lente. Sans vouloir entrer dans la caricature, cette généralisation comporte très certainement une part de vérité.

*Il existe un changement vocalique en chaîne (cf. section 5) dans la région : le Southern Vowel Shift (SVS). Celui-ci affecte les voyelles d’avant. D’après Fridland (2015 : 66), cette évolution a été déclenchée par la monophtongaison de PRICE à la fin du 19ème siècle. Suite à ce changement initial, la diphtongue de FACE a été prononcée de façon plus ouverte, se rapprochant ainsi de la place laissée « vacante » dans l’espace articulatoire par la monophtongaison de PRICE. Ensuite, FLEECE et FACE sont devenues des voyelles plus ouvertes et ont été centralisées. KIT et DRESS sont devenues des voyelles plus fermées et plus antérieures. Loin d’être une innovation récente, le SVS disparaît peu à peu, notamment sous l’influence des prononciations urbaines (Fridland, 2015 : 67).

Autres phénomènes

*Le /r/ post-vocalique : La région est historiquement non rhotique. Aujourd’hui, la prononciation du /r/ post-vocalique est variable. Sous l’influence de la norme de la plupart des accents américains, et par phénomène de prestige, les locuteurs qui prononcent le /r/ post-vocalique deviennent de plus en plus nombreux et la région devient peu à peu rhotique.

*L’intonation montante en fin d’assertion - qui se rencontre notamment chez les locuteurs les plus jeunes aux États-Unis - est particulièrement développée dans le sud, et notamment chez les jeunes femmes. Le phénomène est connu sous le nom de High Rising Terminal (cf. section 5 pour une description de ce schéma intonatif).

*La prononciation du sud se caractérise également par un placement de l’accent lexical sur la première syllabe dans un certain nombre de mots qui ont une accentuation différente dans d’autres variétés d’anglais (ex : ˈcement, ˈpolice, ˈhotel, ˈpecan, ˈJuly, ˈDecember, ˈinsurance, ˈDetroit, New ˈOrleans, ˈMonroe). Ce phénomène a peut-être tendance à disparaître chez les locuteurs les plus jeunes, notamment dans les milieux urbains.

4.5 L’ouest

La région dialectale correspondant au Western American English comprend une vaste portion du territoire américain (voir schéma ci-dessous). L’uniformité n’est pas totale mais un certain nombre de traits sont communs à l’essentiel de la région et se distinguent d’une prononciation plus standard de type GA.

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Doc 6 : la région dialectale de l’ouest

Principales caractéristiques des voyelles de l’ouest

*TRAP a plusieurs allophones dans la région. Devant une nasale , il s’agit d’une voyelle plus fermée (Gordon, 2008b : 132) qui se rapproche de [e], voire de la diphtongue [eə]. Dans les autres environnements phonétiques, la voyelle est plus ouverte et devient [a], ce qui est particulièrement frappant en Californie (ex : pan [pen], [peən] ; Pam [pem], [peəm] ; mango [ˈmeŋɡoʊ], [ˈmeəŋɡoʊ], trap [trap], mat [mat]).

*La neutralisation de LOTTHOUGHT est particulièrement répandue dans la région. Ainsi, caught est homophone de cot (on parle de caught/cot merger ou de low back merger). Dans une moindre mesure, toutes les voyelles ouvertes d’arrière sont touchées. Cela inclus aussi les ensembles lexicaux CLOTH et PALM. La prononciation commune est souvent proche de [ɑː] (ex : lot [lɑːt] ; thought [θɑːt] ; cloth [klɑːθ] ; palm [pɑːm]).

*Le degré de neutralisation des voyelles devant /r/ est plus élevé que dans le reste du pays (Trudgill & Hannah, 2008 : 49). Cela est valable pour les oppositions /æ/ vs. /e/ vs. /eə/ (ex : marry, merry, Mary [ˈmeri]), comme pour l’opposition /ʌ/ vs. /ɜː/ (ex : hurry, furry [ˈhɜːri, ˈfɜːri]).

*Dans la zone dialectale de l’ouest, on assiste à une neutralisation des oppositions de longueur et de tension KIT vs. FLEECE et FOOT vs. GOOSE devant /l/. Ainsi, des mots tels que feel/fillpeel/pillpool/pull et fool/full deviennent homophones (Fridland, 2015 : 69). Selon Gordon (2008b : 136), les voyelle produites sont très proches de [ɪ] et de [ʊ].

4.6 African American Vernacular English (AAVE)

La variété d’anglais connue sous l’appellation AAVE est parlée à travers tous les États-Unis et dans certaines parties du Canada, principalement par des locuteurs d’origine afro-américaine, notamment par ceux qui sont issus de milieux socio-économiques peu élevés et de milieux urbains (Edwards, 2008 : 181). La vaste majorité des locuteurs afro-américains des classes sociales intermédiaires alternent entre l’AAVE et une variété d’anglais américain standard en fonction du contexte, par phénomène d’alternance stylistique. Il est généralement admis que l’AAVE est né dans les plantations de coton du sud avent la guerre de Sécession et qu’il partage un certain nombre de traits linguistiques avec les dialectes du sud du pays. Au début du 20ème siècle, suite à d’importants mouvements de population, un grand nombre d’Afro-américains s’installèrent dans les villes du nord du pays et y implantèrent l’AAVE. Edwards (2008 : 182) explique que la séparation des populations noires et blanches dans les grands centres urbains a toujours contribué à une certaine isolation de l’AAVE. Celui-ci n'a donc pas évolué parallèlement aux autres dialectes américains en raison de la ségrégation raciale historique du pays. L’AAVE est en fait le versant linguistique d’une culture commune à un très grand nombre d’Afro-américains à travers le pays entier. C’est la raison pour laquelle il s’agit d’un dialecte véritablement social – et non régional – qui présente un certain degré d’uniformité dans toutes les régions des États-Unis. Il est caractérisé par un ensemble de traits qui existent dans d’autres dialectes américains, mais séparément (Fridland, 2015 : 152). Outre les caractéristiques de la prononciation de l’AAVE, ces traits peuvent être grammaticaux ou lexicaux.

Principales caractéristiques des voyelles de l’AAVE

*KIT prend souvent la forme d‘une diphtongue de type [iə] ou [iɪ] (ex : din [diən], [diɪn] ; kids [kiədz], [kiɪdz]).

*DRESS : Selon Edwards (2008 : 184-185), cet ensemble lexical est fréquemment prononcé [i], [iɪ]. Cela semble particulièrement fréquent devant les nasales. La prononciation [ɛɪ] se rencontre aussi (ex : when [win], [wiɪn] ; gem [dʒim], [dʒiɪm] ; dress [drɛɪs]).

*TRAP a tendance à fusionner avec BATH en étant diphtongués en [æɛ] (Edwards, 2008 : 185) (ex : cap [kæɛp] ; man [mæɛn] ; after [ˈæɛftə] ; ask [æɛsk]). Devant une nasale, TRAP est assez fortement nasalisé. Wells (1982 : 557) note une tendance à la fusion avec KIT devant /ŋ/ (ex : drink = drank [dræ̃ŋk] ; ring = rang [ræ̃ŋ] ; man [mæ̃n] ; bang [bæ̃ŋ] ; [ ̃] est le symbole diacritique de la nasalité).

*FLEECE est souvent diphtongué en [ɪɪ] (Edwards, 2008 : 185 ; ex : Steve [stɪɪv] ; please [plɪɪz] ; cheese [tʃɪɪz]).

*PRICE prend souvent la forme des monophtongues [aː] ou [ɑː], particulièrement devant les nasales, les occlusives voisées et en position finale  (ex : lime [laːm], [lɑːm] ; pride [praːd], [prɑːd] ; sky [skaː], [skɑː]).

*START, NURSE, FORCE et NORTH : Le AAVE est généralement non rhotique. Ainsi, START est réalisé [ɑː], NURSE [ɜː] et FORCE / NORTH [ɔə] (ex : hard [hɑːd] ; word [wɜːd] ; form [fɔəm] ; floor [flɔə]). Le /r/ est plus souvent réintroduit dans NURSE.

*NEARSQUARECURE : Les locuteurs de type AAVE-Angleterre utilisent souvent de vraies dipthongues, respectivement [iə] (avec une variante monophtonguée en [i]), [æə] et [ʊə] (ex : near [niə], [ni] ; square [skwæə]; cure [kʊə]).

Les consonnes de l’AAVE

*L’AAVE est généralement non rhotique.

*La réduction des agrégats consonantiques est l’une des principales caractéristiques de l’AAVE. Bien d’autres dialectes la pratiquent aussi, mais de façon moins systématique et dans un moindre degré. Le phénomène est plus susceptible d’être effectif si le mot suivant commence par une voyelle et si la réduction n’entraîne pas de perte sémantique (Fridland, 2015 : 152). Par exemple, le /t/ final est moins susceptible d’être élidé dans worked que dans test car cela entraînerait la perte de la marque du passé, un changement sémantique important (ex : test [tes] ; and [æn] ; desk [dɛs]).

*Le <th> est souvent prononcé comme un [t] ou un [d] dentalisés ([t̪] et [d̪]) en position initiale et [f] ou [v] en position médiane ou finale  (ex : thick [t̪ɪk] ; they [d̪eɪ] ; heather /ˈhevə(r)/, bath [bæf]).

*Le /l/ est souvent vocalisé (réalisé comme une voyelle) ou purement effacé après une voyelle, devant une consonne ou en position finale (Edwards, 2008 : 186). Le phénomène est particulièrement marqué en AAVE (ex : help [hɛp] ; school [skuːo] ; bell [bɛo]).

*Dans les agrégats consonantiques de type /str/ et devant /r/ le /s/ est souvent remplacé par [ʃ] en AAVE (Glain, 2013b). Ce phénomène semble se diffuser dans d’autres accents américains (ex : street, string [ʃtriːt, ʃtrɪŋ] ; anniversary, classroom, estuary, grocery, nursery, restaurant [ˌænɪˈvɜːʃri, ˈklɑːʃruːm, ˈeʃtjʊri, ˈgrəʊʃri, ˈnɜːʃri, ˈreʃtrɒnt]).

Phénomènes supra-segmentaux

*Comme dans le sud, l’accent lexical est placé sur la première syllabe dans un certain nombre de mots qui ont une accentuation différente dans d’autres variétés d’anglais (ex : ˈpolice, ˈDetroit, ˈTennessee).

*Les locuteurs AAVE ont tendance à utiliser un timbre de voix très haut (voix de tête, falsetto) pour exprimer colère, humour ou scepticisme (Tarone, 1972).

5) Innovations récentes

5.1 Les voyelles

Des changements différents opèrent au niveau des voyelles d’avant des principaux accents du pays. Ces innovations des voyelles antérieures se remarquent assez facilement. C’est la principale raison pour laquelle on s’accorde à dire que les accents américains s’éloignent les uns des autres aujourd’hui. En revanche, certains changements affectant les voyelles d’arrière agissent de façon similaire à travers les accents du pays (Fridland, 2015 : 65).

Facteurs de divergence

Un nombre important de changements vocaliques isolés a été remarqué dans les années 1970. À partir des années 1990, les linguistes américains ont noté que certains de ces changements interagissaient les uns avec les autres, formant ainsi des changements vocaliques en chaîne (Fridland, 2015 : 57). Cela peut être expliqué par le phénomène phonétique connu sous le nom de zones de dispersion. Les « points » d’articulation correspondant aux phonèmes sont en réalité des zones d’articulation. Duchet (1998 : 93-94) explique que « chaque réalisation d’un phonème est en effet dissemblable, que cette variation soit due à l’entourage (à sa distribution) ou qu’elle soit due à des facteurs aléatoires qui font que, dans le même mot et sous la même intonation, le locuteur prononcera cependant le même phonème avec deux variantes légèrement différentes (…) Pour que le caractère distinctif des oppositions soit assuré, il suffit que les zones de dispersion constituées par chaque cible n’interfèrent pas ». Cela est particulièrement vrai pour les voyelles, qui sont moins catégorielles que les consonnes. En d’autres termes, pour que les diverses réalisations de différents phonèmes restent distinctives, certains changements ont tendance à en provoquer d’autres.

*Le Northern Cities Shift (NCS), observé depuis les années 1960, constitue certainement l’innovation ayant l’impact le plus important sur la prononciation de l’anglais américain aujourd’hui. Le premier changement remarqué concernait la voyelle de TRAP, qui a commencé à être prononcée de façon plus fermée (Labov, 1994). Ce changement initial a entraîné un changement en chaîne dans le système vocalique des villes de la région des Grands Lacs, dans le Inland North. Le changement de TRAP entraîne le déplacement de LOT qui tend à prendre la place articulatoire de TRAP en étant désormais prononcé de façon plus antérieure et un peu mois ouverte. Ensuite, THOUGHT devient une voyelle plus ouverte en prenant la place de LOT dans le système vocalique des villes du Nord. STRUT vient occuper la place de THOUGHT en étant articulé en position plus postérieure. A son tour, DRESS se rapproche de la zone articulatoire précédemment occupée par STRUT. Ce changement en chaîne peut être illustré comme suit :

Doc 7 : le Northern Cities Shift

Ce phénomène est particulièrement développé dans les grandes villes du Inland North (ex : Cleveland, Toledo, Detroit, Chicago, Green Bay, Syracuse, Buffalo, Rochester et Milwaukee) et dans le sud du Wisconsin. Il touche dans une moindre mesure la Nouvelle-Angleterre, l’état de new York et le Upper Midwest.

Les principales variantes entrainées par le NCS sont les suivantes : TRAP : [ɛ], [eə] ou [ɪə] (ex : pan [pɛn], [peən] ou [pɪən]) ; DRESS se rapproche de [ʌ] (ex : step [stʌp]) ; STRUT [ɔ] (ex : bus [bɔs]) ; THOUGHT [ɑː] (ex : law [lɑː]) ; LOT [aː] (ex : job [dʒaːb]).

Il est intéressant de noter que le NCS est absent de la prononciation des locuteurs qui parlent le African American Vernacular English (AAVE), y compris chez ceux qui résident dans les grandes villes du nord (Fridland, 2015 : 68). Il s’agit donc d’un marqueur identitaire important.

*Le California Vowel Shift (CVS) est un changement des voyelles antérieures. Originaire de Californie, il semble se diffuser dans la région dialectale de l’ouest et peut-être au-delà. L’élément déclencheur est peut-être une prononciation plus ouverte de TRAP (Fridland, 2015 : 69). Cette voyelle tend alors vers [a] (ex : trap [trap], bat [bat]). Les voyelles de KIT et de DRESS sont rétractées et sont ainsi produites de façon plus centrale, se rapprochant de [ɪ̈] et de [ë].

Les facteurs de convergence

*Les ensembles lexicaux LOT et THOUGHT ont de plus en plus tendance à fusionner pour donner lieu à une réalisation commune [ɑː]. Ainsi, cot et caught deviennent homophones à [kɑːt]. La zone géographique dans laquelle cette neutralisation est effective ne cesse de grandir. En dehors des États-Unis, la neutralisation de ces deux ensembles lexicaux a atteint un degré d’évolution particulièrement élevé au Canada.

*On assiste à une antériorisation de GOOSE et GOAT. Cette évolution atteint principalement la voyelle de GOOSE, pour laquelle l’antériorisation a lieu dans tous les accents du pays (Labov, Ash & Boberg, 2006). La prononciation est alors la voyelle centrale [ʉː]. L’antériorisation de GOAT a principalement lieu dans le sud et, de façon transitionnelle, dans le Midland. Elle semble gagner du terrain. Sa réalisation est alors proche de [æʉ] (Schneider, 2008 : 390).

5.2 Les consonnes

*Le <th> est parfois dentalisé aux États-Unis. La réalisation est alors proche du [t] français pour /θ/ et du [d] français pour /ð/ (en français, ces occlusives sont dentales alors qu’elles ont alvéolaires en anglais). Ces prononciations sont caractéristiques des milieux urbains et semblent être en train de se diffuser considérablement. Les symboles de l’alphabet Phonétique International sont [d̪] et [t̪] (ex : potato [pəˈteɪt̪o]/, those [d̪oʊz], fourth [fɔːrt̪]).

*Dans les agrégats consonantiques de type /str/, le /s/ est fréquemment remplacé par [ʃ]. Ce phénomène semble se diffuser dans la majorité des accents du pays (Glain, 2013b), les mots les plus fréquent étant affectés les premiers (ex : street, string [ʃtriːt, ʃtrɪŋ]).

*Les cas où /s/ est réalisé [ʃ] devant /r/ semblent se généraliser plus rapidement aux États-Unis que dans la plupart du monde anglophone (ex : anniversary, classroom, estuary, grocery, nursery, restaurant [ˌænɪˈvɜːʃri, ˈklɑːʃruːm, ˈeʃtjʊri, ˈgrəʊʃri, ˈnɜːʃri, ˈreʃtrɒnt], cf. Glain, 2013b).

5.3 Phénomènes supra-segmentaux

*Le phénomène de High Rising Terminal se généralise en anglais américain. En effet, une intonation montante en fin d’assertion se rencontre parfois chez les locuteurs les plus jeunes, et plus particulièrement chez les jeunes femmes. A la manière des questions fermées, l’accent nucléaire est montant et la montée se poursuit sur la fin du groupe intonatif. Le contour général de la phrase affirmative est donc ascendant. Le High Rising Terminal est aussi connu sous le nom moins scientifique de uptalk ou de upspeak. Chez certains locuteurs, il semble être devenu le schéma assertif neutre / non marqué.

*L’utilisation d’une voix craquée (creaky voice) se généralise également chez les jeunes femmes américaines, notamment en fin d’assertion (simple phénomène de mode ou évolution durable ?). Ce phénomène est connu sous le nom de vocal fry. Une démonstration intéressante est proposée sur YouTube. Il faut taper « the vocal fry epidemic » et choisir la vidéo présentée par Abby Normal.

Conclusion

Cet article a présenté les principales variations et innovations phonétiques en anglais américain. Le système des ensembles lexicaux de J.C. Wells a été utilisé pour aborder la comparaison des voyelles à travers plusieurs accents. On a défini les régions dialectales des États-Unis de façon historique, en tenant compte des schémas de colonisation initiaux et des déplacements de population qui ont suivi. Néanmoins, on a vu que certaines innovations récentes contribuent à redéfinir ces zones dialectales historiques. En dépit d’une tendance à la convergence des voyelles d’arrière (et peut-être des consonnes) des différents accents du pays, les différences de prononciation sont plus en plus importantes en anglais américain (Labov, 2006). Les principales différences sont dues à des changements au niveau des voyelles d’avant et à des changements en chaîne, des phénomènes dont les locuteurs américains ont généralement conscience et dont les médias se sont emparés. Par contraste, les phénomènes de convergence semblent davantage opérer au-dessous du niveau de la conscience des locuteurs non spécialistes. Du poids relatif de ces deux tendances de fond (convergence vs. divergence) dépendra certainement l’avenir du paysage linguistique américain.

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Paul Meier Dialect Serviceshttp://www.paulmeier.com

 

Pour citer cette ressource :

Olivier Glain, "Variations et innovations phonétiques en anglais américain", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mars 2015. Consulté le 29/03/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/anglais/langue/phono-phonetique/variations-et-innovations-phonetiques-en-anglais-americain